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EAN : 9782205085129
96 pages
Dargaud (18/11/2022)
3.49/5   150 notes
Résumé :
Depuis septembre 2017, 'Philosophie Magazine' publie chaque mois deux pages de Catherine Meurisse.
Cent pages de dialogues, de citations et de mises en scènes burlesques qui sondent et ébranlent les règles et les codes de la pensée philosophique universelle et l'image du corps. Socrate, Montaigne, Voltaire, Rousseau, Simone de Beauvoir, Barthes, Tocqueville, Simone Weil, Cioran, Deleuze, ... Ils sont tous là.
Pour appréhender ces philosophes, Catheri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Une BD découverte grâce à la critique très complète de Presence, que je vous conseille vivement.
C'est un ensemble instructif et hilarant, cela incite à la réflexion bien entendu, tout en satirisant notre société actuelle. Mes scénettes préférées sont celle sur Aristote (cf. ma citation), « Barthes au volant, mythe au tournant », « Baudrill'art », ou bien celle sur Emil Cioran.
Le clin d'oeil aux éditions « Gallimuche » qui publièrent le « lumineux » (sic !) « L'être et le néon » est aussi mémorable. Je ne connaissais pas Catherine Meurisse, mais si l'occasion se présente à nouveau, je tenterai volontiers l'expérience de lecture.
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La joie, c'est tout ce qui consiste à remplir une puissance.
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Ce tome est un recueil de scénettes de deux pages, chacune consacrée à un philosophe différent, qui était initialement parues dans Philosophie Magazine. Il comprend quarante-six entrées, toutes réalisées par Catherine Meurisse, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il se termine par une liste alphabétique des quarante-six philosophes ainsi évoqués. Les trois lignes de texte en bas de chaque deuxième page ont été rédigées par l'épicurienne Mathilde Chédru. L'autrice termine l'ouvrage en indiquant qu'elle sait qu'elle ne sait rien sinon ce qu'elle doit à René Pétillon.

Mépilation métaphysique : une dame pénètre dans l'institut de beauté Sois belle et tais-toi. Elle passe en cabine pour se déshabiller et va s'allonger pour une épilation des jambes puis du maillot. Dans le même temps, le récitatif invite à commencer par la considération des choses les plus communes, à savoir les corps qu'on touche et qu'on voit. Prendre par exemple un morceau de cire. Mais voici qu'on l'approche du feu. Ce qui y restait de sa saveur s'exhale, sa couleur change, sa figure se perd. Il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on toucher. La même cire demeure-t-elle après ce changement ? il faut avouer qu'elle demeure et personne ne peut le nier. Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? – Mauvaises herbes : Voltaire est assis à sa table de travail et il écrit. Ayant terminé, il part se promener dans le parc, dans un salon, dans la rue, au bal, puis il monte sur scène. Tout du long, il repense à son écrit : il faut cultiver notre jardin, en répétant cette phrase comme un mantra, jusqu'à hurler à plein poumon à l'adresse du public : Make jardin great again!

Abécédaire : bien installé dans son fauteuil, Gilles Deleuze discourt au profit de son interlocutrice. I, comme idée. L'idée traverse toutes les activités créatrices. Créer, c'est avoir une idée. L'idée, en philosophie, se présente sous forme de concepts. Un peintre n'a pas moins d'idées qu'un philosophe. L'artiste, lui, crée des percepts, c'est-à-dire un ensemble de perceptions et de sensations qui survient à ceux qui les éprouvent. D, comme désir. La philosophie du désir, ça consiste à dire aux gens : n'allez pas vous faire psychanalyser, n'interprétez jamais, expérimentez des agencements. - Les tweetées de Pascal : le philosophe est assis un banc dans un parc et il poste ses pensées sur les réseaux sociaux. L'amour-propre est un avertissement pathétique. Nous haïssons et la vérité et ceux qui la disent. Nous aimons qu'ils se trompent à notre avantage, et nous voulons être estimés d'eux. On nous traite comme nous voulons être traités. Nous voulons être flattés, on nous flatte. Nous aimons à être trompés, on nous trompe. La vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle : on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter. - Langue vivante : attablé à la terrasse du café Flore, Gottlob Frege s'adresse à la jeune femme assise avec lui. Elle se plaint qu'il l'a chauffée et que finalement il refuse d'aller plus loin.

Le titre constitue une déclinaison de l'ouvrage Humain, trop humain, un livre pour esprits libres (1878/1886) écrit par Friedrich Nietzsche (1844-1900), avec une connotation féminine L'autrice réalise quarante-six scénettes, mettant en scène des philosophes de tout horizon, de Héraclite (-541 à -480) à Jean Baudrillard (1929-2007), en passant par René Descartes ou Gottlob Fregge. Elle intègre également un mythe, celui d'Ulysse, et les trois singes de la sagesse. Chaque philosophe dispose de ses deux pages en vis-à-vis, une courte mise en scène indépendante de toutes les autres, avec un titre, une forme d'intrigue, une chute, et trois lignes en bas de la deuxième page, la première indiquant son nom, son métier, ses dates de naissance et de mort, les deux suivantes exposant de manière très synthétique le concept mis en scène et l'ouvrage dans lequel il apparaît. Chaque page est constituée de cases alignées en bande, leur nombre pouvant varier d'un unique dessin en double page pour Edmund Husserl (1859-1938), à deux pages en gaufrier de trois bandes de trois cases chacune pour chaque page dans l'entrée consacrée à René Descartes (1596-1650). Une poignée d'entrées sont construites sur des cases de la largeur de la page, telle celle de Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831). Pour chaque présentation, l'autrice choisit un thème précis ou un concept de l'oeuvre du philosophe considéré. Dans la majeure partie d'entre elles, elle prend le parti de mettre en scène ledit philosophe en train d'énoncer ce principe, en reprenant un texte extrait de son oeuvre. Ainsi Søren Kierkegaard déclame ses idées sur le concept de l'angoisse, en haut d'un promontoire rocheux, écouté par une femme dont la randonnée l'a amenée là. Elle peut également adapter le discours en y insérant des thèmes modernes, comme le développement d'Aristote (-384 à -322) sur le logos, appliqué aux logos des marques.

Sans surprise, le lecteur retrouve quelques grands classiques. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, d'Héraclite d'Éphèse (-541 à -480) : elle l'éclaire avec une dimension écologique, l'eau claire et pure du fleuve devenant un dépotoir pour déchets de toute sorte. La réflexion d'Henri Bergson (1859-1941) sur le rire donne lieu à une transposition sous forme de numéros de stand-up interprétés par d'autres philosophes. Emmanuel Kant (1724-1804) n'hésite pas à se donner en spectacle au karaoké ce qui permet d'illustrer sa vie studieuse et routinière, entièrement consacrée à ses recherches. Catherine Meurisse choisit également d'autres philosophes à la pensée complexe, et moins dissouts dans la culture populaire. En pages 30 & 31, le lecteur voit une femme enceinte s'allonger sur la table d'un médecin pour une échographie. Les traits de contour restent légers et secs pour définir rapidement les deux silhouettes féminines, l'appareil médical, le lit, et l'écran sur lequel apparaît le foetus en train d'écrire. Il évoque le point de vue du philosophe sur la mort : l'être humain ne court pas vers la mort, il fuit la catastrophe de la naissance. La mise en scène fait apparaître la force transgressive d'un tel point de vue au regard de la médecine moderne entièrement tournée vers la facilitation de ce qui est qualifiée de catastrophe. le lecteur se dit que Catherine Meurisse n'a pas choisi ce philosophe et ce concept par hasard, qu'il répond à la pensée dominante visant à sacraliser toute vie.

Dix pages plus loin, 40 & 41, le lecteur découvre l'avatar de l'autrice assise à une table de jardin dans un paysage campagnard vallonné. Face à elle se tient un monsieur qui lui expose sa théorie sur l'essence de l'homme, le Dasein. Elle intègre un élément humoristique jouant sur le personnage Charlie, créé par Martin Handford (Où est Charlie ?), tout en retranscrivant le caractère ardu de sa pensée qui remet fondamentalement en question la manière même de poser le problème de l'être et de sa vérité. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut voir dans cette démarche la volonté de l'autrice de dire, d'exposer la difficulté d'accessibilité de l'oeuvre de certains philosophes qui n'en sont pas moins fascinants pour autant. Il en va de même avec le petit théâtre d'Edmund Husserl (1859-1938) qui expose ses difficultés pour faire apparaître aux spectateurs venus à son petit théâtre dans un parc, un nouveau mouvement de pensée philosophique qui, avant lui, était comprise comme la science de l'apparaître, mais que désormais il voudrait présenter comme la science de ce qui n'apparaît justement pas à première vue, une phénoménologie de l'inapparent. le lecteur en vient à se demander si cette mise en scène du philosophe en prestidigitateur ne constituerait pas un commentaire pince-sans-rire de l'autrice, elle-même se demandant si cette phénoménologie sortie du chapeau ne serait pas à la fois séduisante et un tour de passe-passe.

Avec le titre, l'autrice affiche un point de vue d'humaine. le lecteur sourit en découvrant que l'exposé de René Descartes s'adresse à une femme qui partage son lit, et se déroule alors que le lecteur la suit au salon de beauté pour se faire épiler : il y a effectivement une composante féminine. Dans la troisième histoire, Deleuze s'adresse à une ophtalmologiste. Dans la cinquième, Frege prend un café en terrasse avec une femme qui s'énerve parce qu'il l'a allumée et qu'il se montre froid et distant. La sixième séquence est consacrée à Denis Diderot et à son discours sur les femmes. Ça commence fort : Les femmes : Impénétrables dans la dissimulation, cruelles dans la vengeance, sans scrupules sur les moyens de réussir. Animées d'une haine profonde contre le despotisme de l'homme. Les femmes portent au-dedans d'elles-mêmes un organe susceptible de spasmes terribles disposant d'elles, et suscitant dans leur imagination des fantômes de toute pièce. Les idées de justice, de vertu, de vice, de bonté, de méchanceté nagent à la surface de leur âme. Plus civilisées que nous en dehors, elles sont restées de vraies sauvages en dedans, toutes machiavéliques. le symbole des femmes en général est celui de l'Apocalypse, sur le front de laquelle il est écrit : mystère. La chute de l'histoire montre trois femmes débranchant cet automate et rédigeant l'article sur le clitoris dans la Nouvelle Encyclopédie. La position du philosophe est traitée avec humour. Il en va de même pour l'évocation de la condition féminine par Saint Augustin (354-430, Augustin d'Hippone), au travers du mythe d'Ulysse, par Fénelon (Fénelon (1651-1715, François de Salignac de la Mothe-Fénelon), par Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). L'autrice s'amuse bien également dans les deux pages consacrées à Simone de Beauvoir (1908-1986), pour renverser les rôles avec Jean-Paul Sartre. le lecteur ne peut que constater l'actualité des propos de Simone Weil (1909-1943) sur l'absence de sens du travail à la chaîne.

La philosophie en bande dessinée constitue un défi pour rendre compte de la complexité et de la richesse de la pensée, de son cheminement. Catherine Meurisse relève le défi, avec la gageure qui est de le faire en deux pages par philosophe. Dans un premier temps, le lecteur peut éprouver une sensation de désappointement : mettre en scène le philosophe, lui faire dire un extrait de son oeuvre, et le faire interagir avec une interlocutrice ou avec son environnement pour arriver à une chute en forme de gag. Il lui faut un peu de temps pour ressentir l'effet cumulatif : le choix des philosophes entre évidence et complexité, la mise en scène très synthétique de sa pensée sur un concept bien cadré, l'interaction entre la mise en situation et ledit concept, la variété des thèmes abordés dont certains très ambitieux, et des situations correspondantes. La personnalité de l'autrice se devine en filigrane dans le choix des philosophes, le choix des concepts, la forme d'humour toujours gentille, et les piques bien méritées sur quelques philosophes livrant leur réflexion sur la femme.
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Club N°51 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique
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Exercice difficile, partager un peu de philo des « penseurs » historiques et rendre ça intéressant, drôle et original.

Et le long de ces quelques 100 pages, l'exercice est réussi, l'auteure se mettant en scène de temps en temps face à certaines pensées qui nous apparaissent maintenant un peu ubuesques.

C'est rafraîchissant, pas si léger que le format laisse paraître et ça donne le sourire.

Belle découverte.

Greg
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De belles leçons de philosophies racontées avec humour et synthèse !

Mano
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Une double page pour présenter un philosophe, un écrivain...

N'ayant pas toutes les références, je me suis un peu (beaucoup) ennuyée.

Le dynamisme du dessin de Meurisse est toujours aussi rafraîchissant !

Morgane N.
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J'ai beaucoup aimé l'humour de C. Meurisse dans la présentation des philosophes.

Nolwenn
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Quelle bonne idée de rassembler dans un recueil les pages de Catherine Meurisse parues dans le Philosophie Magazine depuis 2017.

Si j'aime l'idée de la philosophie et que j'adore me triturer les méninges, l'âme et le coeur à me poser mille et unes questions, j'ai toujours une peine folle à m'intéresser aux philosophes et à leurs théories. Qu'ils soient modernes ou antiques, femmes ou hommes, croyants ou athées, ces penseurs que j'imagine dotés d'une intelligence et d'un verbe inaccessibles à la pauvre humaine que je suis, n'ont jamais réussi à m'attirer au coeur de leurs écrits. Des tentatives, j'en ai pourtant faites !

Et il a fallu ce cadeau de Noël sous le sapin, cette bande dessinée de Catherine Meurisse - dont ce n'est pas ma première approche - pour oser me laisser guider au fil des siècles à la rencontre de ces personnages hauts en couleur.
Chaque double page évoque avec un trait d'humour toujours pertinent et intelligent la pensée d'un philosophe, d'une sociologue ou d'un psychiatre.
Le dessin de Catherine Meurisse se charge d'inviter les époques avec leurs costumes, leurs coiffures, leurs coutumes et leurs ambiances. Tout y est !

Avec un plaisir non dissimulé, j'ai rencontré la Vierge Marie en train de passer l'aspirateur, Aristote animant un brainstorming, Henry David Thoreau guidant des touristes dans la montagne. J'ai ri devant la version du karaoké de Kant, le sentiment d'abandon de la Madeleine de Proust ou le sens de la synthèse de Machiavel. J'ai rêvé aux côtés de Rousseau et du promeneur solitaire. J'ai admiré une Citroën aux côtés de Roland Barthes et j'ai pleuré devant le désarroi de Don Juan.

Plus sérieusement, le court résumé à la fin de chaque tableau m'a permis de saisir en quelques mots la direction, le sujet ou le thème de prédilection du penseur. Un régal pour moi. Un défi pour l'auteure. Certainement.

Je recommande chaudement cette bande dessinée pédagogique et amusante qui vous donnera certainement envie d'aller creuser l'une ou l'autre théorie.

Et pour terminer cette chronique, je ne résiste pas à l'envie de vous partager ce slogan découvert sur la porte des toilettes d'un Biergarten berlinois, il y a quelques années :
To be is to do - Socrate
To do is to be - Jean-Paul Sartre
To be do be do - Frank Sinatra
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"La philosophie, c'est dur, on n'y comprend rien", "la philosophie, ça sert à rien, c'est nul", " la philosophie, c'est pour les intellos", pourrait-on entendre de certains, vraisemblablement nombreux. Je crois même avoir prononcé une de ces phrases, lycéenne, quand, vexée de ne pas avoir obtenu une excellente note, alors que j'étais persuadée d'avoir surpassé Leibniz et Kierkegeard réunis, je bouillonnais contre cette matière.

La Philosophie et ses grands penseurs, Blaise Pascal, Diderot, Shopenhauer, Socrate, Sartre, Rousseau, Simone de Beauvoir et tutti quanti, on les connaît un peu mais qui connaît véritablement leurs idées marquantes ?.

Heureusement, Catherine Meurisse est là avec son crayon, et sa truculence irrévérencieuse pour nous exposer tout ça avec une érudition non pédante, un brin de folie, beaucoup d'humour et de talent pour croquer chacun de ses personnages. Car on a le droit et le devoir de rire des choses sérieuses tout en se cultivant.

En deux pages, Catherine Meurisse met en scène une idée marquante d'un grand philosophe, une vingtaine en tout. C'est direct, drôle, burlesque et décalé mais... miracle, on comprend mieux. Un petit texte en bas de page explique l'idée en question. Cela donne envie d'aller plus loin et de se pencher sur ces philosophes.

Peu de femmes dans ce recueil, la faute aux hommes et pas à Catherine Meurisse ! Comme dans tous les arts (littéraires, picturaux, etc), les femmes ont été longtemps ignorées, invisibilisées ! Heureusement que cela bouge ! J'ai même comme l'impression que cette discipline se conjugue de plus en plus au féminin et c'est tant mieux !

Alors, la philo selon Catherine Meurisse, on en redemande. On se dit que c'est pas si chiant que ça finalement et que c'est même la vie tout court. Ça me fait penser à une récente intervention de Barbara Cassin, philosophe et académicienne, sur le plateau de la Grande Librairie, qui racontait que c'est sa prof de philo au lycée Lafontaine qui lui avait fait prendre conscience que ça pouvait être un métier de se demander si Dieu existe ou ce que veut dire aimer et, que, ça, c'était complètement dingue !




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critiques presse (4)
ActuaBD
02 janvier 2023
Dans Humaine trop humaine (l’allusion à Frédéric Nietzsche n’aura échappé à personne), Catherine Meurisse renoue en quelque sorte avec une veine plus documentaire qu’elle maîtrise à la perfection. Son principal talent dans ce domaine est de savoir croquer des personnages célèbres en seulement quelques traits avec une justesse de chaque instant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Liberation
02 janvier 2023
En inversant les rôles et en se moquant des philosophes hommes à la pensée parfois sexiste, Meurisse permet aux femmes d’échapper à cette éternelle seconde place. Ultime solution pour y parvenir : se mettre en scène. Celle qui a fait ses classes à Charlie se promène de case en case pour décrypter par une fenêtre féministe ces théories.
Lire la critique sur le site : Liberation
BDGest
27 décembre 2022
Ce recueil reste un travail de commande, avec tout ce que cela peut représenter de systématisme dans le procédé narratif et pour un résultat forcément inégal. Il se déguste pourtant avec une certaine délectation.
Lire la critique sur le site : BDGest
LigneClaire
02 décembre 2022
Un trait léger mais acéré, souriant et pertinent, charmeur et séduisant, décapant. Avec Humaine, trop humaine on reste dans ce registre avec ses quarante philosophes passés joyeusement au crible.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Nulle société ne peut être stable quand toute une catégorie de travailleurs travaille tous les jours, toute la journée avec le dégoût. Le corps est parfois épuisé, le soir, au sortir de l’usine, mais la pensée l’est toujours, et d’avantage. Un ouvrier ne peut rien s’approprier par la pensée dans l’usine. Les machines ne sont pas à lui ; il sert l’une ou l’autre selon qu’il en reçoit l’ordre. Il les sert, il ne s’en sert pas ; elles ne sont pas pour lui un moyen d’amener un morceau de métal à prendre une certaine forme, il est pour elles un moyen de leur amener des pièces en vue d’une opération dont il ignore le rapport avec celles qui précèdent et celles qui suivent. Il serait bon que chaque ouvrier voit, achevée, la chose à laquelle la fabrication de laquelle il a eu une part si minime soit-elle, et qu’on lui fasse saisir quelle part exactement il y a prise. Il faudrait que l’homme sache ce qu’il fait, mais si possible qu’il en perçoive l’usage, que, pour chacun, son propre travail soit un objet de contemplation. – Simone Weil (1909-1943)
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Commençons par la considération des choses les plus communes, à savoir le corps que nous touchons et que nous voyons. Prenons par exemple un morceau de cire. Mais voici qu’on l’approche du feu. Ce qui y restait de sa saveur s’exhale, sa couleur change, sa figure se perd. Il devient liquide il s’échauffe, à peine peut-on le toucher. La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer qu’elle demeure et personne ne peut le nier. Qu’est-ce donc que l’on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? N’est-ce pas que j’imagine que cette cire est capable de devenir carrée et de passer du carré à la forme triangulaire ? Non, certes, ce n’est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements, et je ne saurais parcourir cette infinité par mon imagination. Par conséquent cette conception que j’ai de la cire ne s’accomplit pas par la faculté d’imaginer. Il n’y a que mon entendement seul qui la conçoive. Quelle est cette cire qui ne peut être conçue que par l’entendement ou l’esprit ? Certes, c’est la même que je vois, que je touche, que j’imagine, et la même que je connaissais dès le commencement. Mais ce qui est à remarquer, sa perception, n’est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, mais seulement une inspection de l’esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, ou bien claire et distincte… - René Descartes (1596-1650), in Méditations métaphysiques
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DS 19. La nouvelle Citroën. Conçue passionnément par des artistes inconnus. Consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet magique. Les emboîtements de ses plans intéressent. Il y a dans la DS l’amorce d’une nouvelle phénoménologie de l’ajustement. Ses éléments, juxtaposés, tiennent par la seule vertu de leur forme merveilleuse. Point de vulgaires fenêtres, mais une mise en rapport de ans d’air et de vide, ayant la brillance des bulles de savon et le bombé d’un jeune sein. Les accessoires sont sensuels : petits leviers qu’on effleure d’un doigt, clignotants battant des cils, essuie-glaces torrides. C’est la sublimation de l’ustensilité qu’on retrouve dans les arts ménagers. La DS se tâte plus qu’elle ne se regarde. C’est la grande phase tactile de la découverte. On glisse la main dans les larges rigoles de caoutchouc qui relient les fenêtres. On se frotte au rétroviseur. La voiture témoin est visitée avec une application intense, amoureuse. L’objet est complètement approprié. Le petit-bourgeois exulte. Joints touchés, rembourrages palpés, sièges essayés, portes caressées, carrosserie éros-dynamique. – Roland Barthes (1915-1980)
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I, comme Idée. L’idée traverse toutes les activités créatrices. Créer, c’est avoir une idée. L’idée, en philosophie, se présente sous forme de concepts. Un peintre n’a pas moins d’idées qu’un philosophe. L’artiste, lui, crée des percepts, c’est-à-dire un ensemble de perceptions et de sensations qui survient à ceux qui les éprouvent. D, comme Désir. La philosophie du désir, ça consiste à dire aux gens : n’allez pas vous faire psychanalyser, n’interprétez jamais, expérimentez des agencements. L, come Littérature. Les personnages de littérature sont de grands penseurs. Ils nous font penser. Si bien qu’une œuvre littéraire trace autant de concepts en pointillés que de percepts. J, comme Joie. Évitons les passions tristes et vivons avec la joie pour être au maximum de notre puissance, dit Spinoza., qui a fait de la joie un concept de résistance. La joie, c’est tout ce qui consiste à remplir une puissance. Au contraire, la tristesse, c’est être séparé d’une puissance on se croyait capable. P, comme Philosophe. Un mauvais philosophe, c’est quelqu’un qui n’invente pas de concepts, qui ne pose aucun problème, qui se contente de donner des opinions. – Gilles Deleuze (1925-1995)
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La femme est un moyen terme entre l’homme et le reste du règne animal. Elle est un diminutif d’homme, à qui il manque un organe pour devenir autre chose qu’un éphèbe. L’infériorité intellectuelle de la femme est avérée, organique et fatale. L’être humain complet, c’est le mâle qui, par sa virilité, atteint le plus haut degré de tension musculaire et nerveuse, et, par-là, le maximum d’action dans le travail et le combat. La femme est un être passif, un réceptacle pour les semences que l’homme produit, un lieu d’incubation, comme la terre pour le grain de blé. Semence ! Elle n’entre en exercice que sous l’action fécondante de l’homme. Semence, semence ! La femme, comme l’homme, a cinq sens, elle marche, se nourrit, sent, agit. Mais il lui manque pour égaler l’homme, de produire des germes. Semence ! Semence ! Semence ! De même, au point de vue de l’intelligence, il lui manque de produire des germes, c’est-à-dire des idées. Sans l’homme, elle ne sortirait pas de l’état bestial. – Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865)
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