Prénom : Coltrane
Nom : Washington
Pas mal, non ? Surtout le prénom. Contemplez-le bien parce que c'est le truc le plus réussi de ce roman (avec la couverture du livre, faut reconnaître)
Coltrane Washington, donc, ce sont surtout ses parents qui aimaient le jazz, lui pas trop, c'est comme le blues, pas qu'il aime pas en fait mais plutôt qu'il n'y connait pas grand chose et ne s'y est jamais vraiment intéressé. Mais au début du bouquin, ça n'a pas grande importance ce qu'il aime et écoute comme musique, il a bien autre chose à penser : l'écriture d'un livre qui n'avance pas par exemple, alors que son précédent bouquin a reçu un accueil assez bon pour lui permettre d'être nommé écrivain résident dans une université sudiste. C'est d'ailleurs là-bas qu'il reçoit un appel d'un ami journaliste musical qui aurait justement besoin que quelqu'un se trouvant quelque part dans le Mississippi aille interviewer un vieux bluesman oublié qui crèche dans le coin, histoire de pondre un petit article dessus. Pour Coltrane Washington, de l'écriture c'est de l'écriture alors livre, article pour un magazine ou autre, c'est toujours ça de pris et il met pas longtemps à accepter.
Le voilà donc parti faire la connaissance de Morris Jones, Mojo pour tout le monde, et découvrir un peu ce qu'est la musique blues. Un peu seulement, et c'est bien par là que
Il était une fois Morris Jones pèche. Si le blues est au centre se ce roman, c'est surtout pour servir de prétexte à trois différentes histoires plus ou moins liées les unes aux autres et qui ont bien peu à voir avec la musique, quelle qu'elle soit. Entre Coltrane Washington qui se montre surtout captivé par la jeune et jolie "belle-fille" de Mojo, l'ado déraciné du coin qui s'intéresse à cette musique uniquement pour mettre sa voisine dans son lit et le fils que Mojo n'a jamais (re)connu mais qui débarque pour des raisons que je ne spoilerai pas, on se retrouve vraiment déçu pour peu que, se fiant naïvement au titre, on attendait un livre sur un bluesman parlant de sa passion dans l'étouffante humidité du bayou. Que nenni donc et si ce livre se lit malgré tout sans trop de déplaisir, rien de bien transcendant n'en ressort.
Finalement, vu la brièveté du bouquin que nous offre
Ran Walker, on se dit qu'il aurait eu mieux à sa place en tant que nouvelle dans une éventuelle anthologie sur le blues tout en sachant qu'une fois ledit recueil refermé, ce n'est sûrement pas cette histoire qui aurait continué à nous hanter de ses riffs torturés.