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EAN : 9782073003911
320 pages
Gallimard (04/01/2024)
4.05/5   3956 notes
Résumé :
On l’appelait le « mage du Kremlin ». L’énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d’émissions de télé-réalité avant de devenir l’éminence grise de Poutine, dit le Tsar. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu’à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre…
Ce récit nous plonge au cœur du pouvoir russe, où courti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (472) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 3956 notes
Giuliano Empoli conseiller politique et superbe écrivain italien dont j'avais énormément apprécié son essai très instructif «  Les ingénieurs du chaos » ( Dommage, très peu de lectrices et lecteurs sur Babelio ! ), nous revient avec un livre intéressant et un sujet actuel, les coulisses du Kremlin à travers un personnage librement inspiré de l'ex- éminence grise de Poutine, Vladislav Yuryevich Surkov. Cet homme appelé « Le mage du Kremlin », le « nouveau Raspoutine », contribuera de façon décisive à l'édification du pouvoir du Tsar durant les quinze années qu'il passera à son service. Mais….depuis mi-avril 2022 la rumeur est qu'il est en arrêt domiciliaire par ordre du Tsar.

Surkov se distingue de la plupart de ses semblables par son origine. L'homme vient d'une famille ancienne et aisée, il est cultivé et l'argent ne l'intéresse pas vraiment. A vingt ans il s'inscrit à l'académie d'art dramatique de Moscou et commence à vivre la vie désordonnée des théâtreux….de là il convertira son expérience théâtrale en carrière de producteur de télévision, dont le grand patron est un milliardaire qui s'appelle Boris Berezovsky. Ce dernier découvrant ses talents de performance artistique, lui propose de passer à la vitesse supérieur en cessant «  de créer des fictions pour commencer à créer la réalité ». Car Eltsine est mourant et Berezovsky qui en faites gouverne à sa place, a choisi un chef du KGB , un certain Vladimir Poutine pour lui succéder. Il demande à Surkov d'en faire la mise en scène et la régie pour la suite. Là je ne suis absolument pas dans l'ironie, tout ce qui va suivre est du théâtre d'avant-garde jusqu'à nos jours , même cette terrible guerre actuelle qui sévit tout un peuple et un pays, et dont malheureusement nous n'en connaissons presque rien de ses coulisses , bien que tout soit déjà cartes sur table. Car les choses comme dit Surkov sont beaucoup plus simples qu'elles ne paraissent, il suffit de voir et de les suivre. En tout cas pour lui ça était une expérience unique , celle de pouvoir suivre, jour après jour, un drame élisabéthain qui se déployait et continue à se déployer sur la scène mondiale…..

A part la terrible réalité qui se cache derrière le Pouvoir politique russe, ( valable actuellement à divers degrés pour tous les pays même pour ceux qui se déclament « démocratiques »), plus précisément celui de Poutine, ce livre livre aussi le chaos et l'absurdité de la situation qui règne en Russie, depuis la chute du communisme, où la réalité dépasse largement la fiction,
« Vous pouviez sortir de la maison un après-midi pour aller acheter des cigarettes, rencontrer par hasard un ami surexcité pour je ne sais quelle raison et vous réveiller deux jours plus tard, dans un chalet à Courchevel, à moitié nu, entouré de beautés endormies, sans avoir la moindre idée de comment vous étiez arrivé là. Ou bien, vous vous rendiez à une fête privée dans un club de strip-tease, vous commenciez à parler avec un inconnu, gonflé de vodka jusqu'aux oreilles, et le lendemain vous vous retrouviez propulsé à la tête d'une campagne de communication de plusieurs millions de roubles. »

Un livre passionnant et instructif qui fait écho à son précédent, dont le coeur du sujet reste l'ascension de Poutine. au pouvoir. Totalement pénétré par le rôle de l'intrigue de la pièce, devenue son histoire, il n'a nul besoin de jouer, celle-ci coule dans ses veines. Avec un tel acteur un metteur en scène n'a presque rien à faire. Il doit se contenter de l'accompagner. Et c'est ce que fera Surkov, tout en gérant un des courants de fond qui régisse la société, le flux de la rage, qui selon les périodes augmentent ou diminuent mais ne disparaît jamais…..

Tous les faits cités dans le livre on peut les retrouver sur internet. Est-ce-que l'auteur a rencontré Surkov Ou a-t-il obtenu ses confidences par un autre moyen ? Je n'en sais rien , mais l'ensemble colle parfaitement à la réalité, ce qu'il confirme lui-même par ailleurs. Un livre intéressant facile à lire et qui aide mieux à comprendre comment on en est arrivé à cette guerre terriblement violente aux portes de l'Europe grâce à une politique de fil de fer . « Comment fais-tu quand tu veux casser un fil de fer ? D'abord, tu le tords dans un sens, puis dans l'autre » . La suite n'est pas difficile à deviner . Un livre publié récemment que je conseille fortement ainsi que son précédent , « Les ingénieurs du chaos ».

« Les gens pensent que le centre du pouvoir est le coeur d'une logique machiavélique, quand en réalité c'est le coeur de l'irrationnel et des passions, une cour d'école, vous dis-je, où la méchanceté gratuite a libre cours et prévaut immanquablement sur la justice et même sur la pure et simple logique…. tout ce qui fait croire à la force l'augmente véritablement. »
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°°° Rentrée littéraire 2022 # 41 °°°

Achevé en janvier 2021 un an avant l'invasion de l'Ukraine, le Mage du Kremlin résonne de façon saisissante avec l'actualité géopolitique actuelle, l'éclaire avec une lucidité implacable, donnant au lecteur la troublante sensation d'être dans la tête de Poutine et d'approcher vers une compréhension, même partielle, de l'homme d'Etat à la tête de la Russie depuis 1999.

Tous les événements sont vrais. Si on s'intéresse à l'histoire et à l'actualité, la trame événementielle est connue : Poutine et son passé tchékiste du KGB soviétique à la direction du FSB ; les attentats terroristes visant Moscou en 1999 et la guerre en Tchétchénie ; la tragédie du sous-marin Koursk en 2000, les Jeux olympiques de Sotchi et l'annexion de la Crimée en 2014. Les noms sont tout autant familiers, des oligarques déchus Boris Berezovsky ou Mikhaïl Khodorkovski, en passant par le trublion Edouard Limonov ou encore Evgeni Prigojine, l'homme d'affaires fondateur du groupe paramilitaire Wagner. Mais Giuliano da Empoli, politologue ancien conseiller de Matteo Renzi lorsque ce dernier dirigeait le gouvernement italien, n'a pas choisi d'écrire un essai. Plutôt un roman vrai. Et il a bien sacrément bien fait tellement il est parvenu à trouver l'équilibre parfait entre roman et réel, toujours à la lisière des deux, puisant dans la force d'une documentation pointue comme dans le puissance évocatrice de la fiction.

Le Mage du Kremlin, ou le Raspoutine de Poutine, c'est Vadim Baranov, librement inspiré de l'ancien conseiller de Poutine, le vrai, Vladislav Sourkov. Vadim Baranov est un formidable personnage, éminemment romanesque, éduqué par un grand-père lui-même follement romanesque ( tsariste miraculeusement épargné la guerre civile et les purges staliniennes ) passionné de chasse et de livres, amoureux de la culture occidentale contemporaine, élevé par un père apparatchik disposant du privilège de la vertushka ( ligne téléphonique sécurisée du KGB ). Attiré par les arts d'avant-garde, metteur en scène de pièce de théâtre, Baranov devient producteur de télé avant d'intégrer l'entourage de Poutine.

Le roman s'ouvre sur la mystérieuse rencontre entre le narrateur et Baranov via une passion commune pour l'écrivain dissident Evgeni Zamiatine, pourfendeur du totalitarisme stalinien et inspirateur d'Orwell. Baranov, retiré de la vie politique, l'invite dans datcha et durant toute une nuit lui livre sa vie, son parcours. Si le démarrage est quelque peu survolé et que le procédé narratif de la longue confession-monologue est parfois un peu compact, sans l'aération que pourrait apporter un autre point de vue, tout est passionnant pour révéler les arcanes de l'ère Poutine et l'envers du décor et comprendre pourquoi la domination brutale de Poutine fonctionne sur le peuple russe.

Pour cela, Giuliano da Empoli apporte de la profondeur temporelle à son récit, mettant en lumière les éléments de continuité entre l'ère tsariste, l'ère soviétique et l'époque actuelle, Poutine se reconnectant par sa violence aux périodes suscités. Les pages consacrées aux années Eltsine qui ont suivi la chute de l'URSS, et précédées Poutine, sont particulièrement piquantes, période charnière particulièrement bien analysée par l'auteur : les Russes avaient une patrie, ils se retrouvent avec un supermarché. La seule expérimentation démocratique de l'histoire russe a été catastrophique, « entracte féodal » où les oligarques vont mettre en place un capitalisme échevelé et indécent.

Sous la plume fluide au classicisme soigné de Giuliano da Empoli, se dessine au fusain des scènes nettes, marquantes, qui montrent la métamorphose de Poutine, « blond pâle aux traits décolorés portant un costume en acrylique beige, arborant une mine d'employé » en "Tsar" absolu rétablissant la verticalité du pouvoir réclamé par le peuple, contrôlant la rage populaire pour la tourner vers le matérialisme occidental, maitrisant les terreurs des Russes face à la férocité du monde, le tout enrobé dans une vaste projet de mise en scène et de narration nationale théâtralisant les enjeux intérieurs et extérieurs tout en désinformant massivement. Jusqu'à une pulsion paranoïaque née d'un exercice du pouvoir devenu solitaire.

« Comme Dieu, le Tsar peut être objet d'enthousiasme, mais sans s'enthousiasmer lui-même, sa nature est nécessairement indifférente. Son visage a déjà acquis la pâleur marmoréenne de l'immortalité. A ce niveau, nous sommes bien au-delà de l'aspiration aux belles funérailles dont je vous parlais. L'idéal du Tsar serait plutôt un cimetière dans lequel il se découpe seul, vertical, unique survivant de tous ses ennemis et même de ses amis, de ses parents et de ses enfants. de tous les êtres vivants.(…) le seul trône qui lui apportera la paix est la mort. »

Je ne sais pas si la vision que l'auteur propose de Poutine est juste, mais ce qui est sûr, c'est qu'après la lecture de ce dense roman, à l'acuité vive et lucide, aux allures de méditation métaphysique du pouvoir, on se sent plus intelligents. Et certainement pas rassurés par les nouvelles qui viennent de l'Est.
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Absolument passionnant! Ce roman hypnotique et effrayant sur l'implacable accession au pouvoir de Vladimir Poutine se termine sur des pages aussi sublimes que glaçantes. Il relate l'édifiante trajectoire de Vadim Baranov, personnage de fiction s'inspirant largement du bien réel Vladislav Sourkov, le « Raspoutine du Kremlin», éminence grise de Poutine, un de ses plus proches conseillers celui qui l'aidera à accéder au pouvoir et à asseoir son autocratie avant de disparaître de la scène politique en 2020. Autour d'un verre de whisky près de l'âtre dans sa Datcha isolée où il vit en retrait Baranov va livrer au narrateur du roman le récit fascinant de ses années Poutine et nous embarque avec lui dans les coulisses glaciales du pouvoir russe. Loin des oligarques ou espions qui entourent d'ordinaire le président, ce Machiavel russe est issu lui de la télé-réalité et du théâtre d'avant-garde et justement c'est bien ce que Poutine attend de ce rusé manipulateur : de « mettre en scène le réel » et créer un théâtre politique. Pour parvenir à ses fins les coups les plus retors sont permis «pour construire un système vraiment fort le monopole du pouvoir ne suffisait plus, il fallait celui de la subversion ». Aux côtés de Baranov, qu'il a connu alors qu'il était directeur du FSB (ex KGB) bien avant d'être premier ministre et de succéder à Boris Eltsine, Poutine va rétablir une « verticalité du pouvoir » souhaitant restaurer la pleine souveraineté de la Grande Russie. Il gouverne par la terreur « nous avons compris que le chaos était notre ami, à dire vrai, notre seule possibilité ». Tous les faits sont réels et à travers ce personnage romanesque l'auteur nous éclaire sur le système Poutine alias le Tsar. Mégalomanie, corruption, faux opposants, meurtres, désinformation, propagande, lutte entre courtisans, manipulations de masse, contrôle des réseaux sociaux, complotisme et conspirationnisme …la perversité de ce système et ses conséquences sont finement évoquées dans ce thriller politique. le « Tsar » « fait partie de la race des grands acteurs », au fil du temps ce « fonctionnaire ascétique » en bon tchékiste se transfigure en « archange de la mort ». On le suit aussi dans les soirées mondaines côtoyant oligarques, généraux des services secrets, hommes politiques et courtisanes.
Le politologue et essayiste Giuliano da Empoli dont c'est le premier roman pénètre la psyché de ses personnages et d'une plume virtuose nous éclaire sur la vision du monde de Poutine sans être moralisateur ni sombrer dans la caricature. Ce livre prémonitoire a été achevé un an avant l'envahissement de l'Ukraine par l'armée russe. de la guerre en Tchétchénie à l'annexion de la Crimée, de la révolution orange à la tragédie du Koursk en passant par les attentats de 1999 contre des immeubles à Moscou et l'invasion de l'Ukraine on traverse l'Histoire de la Russie de ces 3 dernières décennies et on entrevoit les raisons de la guerre russo-ukrainienne. On s'immisce dans le quotidien très ritualisé du président de la Fédération de Russie de plus en plus solitaire qui n'aurait finalement pour seul vrai collaborateur que son labrador. le roman est ponctué de punchlines et d'aphorismes percutants.
Des pages visionnaires, philosophiques voire métaphysiques sur l'émergence d'une forme de pouvoir absolu lié à la « machine », aux nouvelles technologies, parasites de l'homme et qui pourraient le supplanter, parachèvent magistralement ce grand roman. Lisez le, vraiment. Ne passez pas à côté.
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Pour son premier roman, après avoir écrit de nombreux essais, Giuliano da Empoli réussit un prodigieux tour de force, réaliste, prémonitoire et regorgeant d'enseignements que tout un chacun doit connaître pour pouvoir appréhender correctement l'actualité de notre monde bien malade.
S'inspirant d'un personnage réel, Vladimir Sourkov, Giuliano da Empoli crée Vadim Baranov, affectueusement appelé Vadia ou plus précisément Vadim Alexeïevitch. Cet homme qui, après avoir durant vingt ans, inspiré celui qu'il nomme le Tsar, Vladimir Poutine, s'est retiré bien à l'écart de Moscou.
Si le livre débute par une présentation, une mise en ambiance qui m'amène chez Baranov et son impressionnante bibliothèque, le récit devient vite captivant dès que l'ancien conseiller de Poutine commence à parler de son grand-père, un formidable chasseur de loups dans le Caucase, pas d'accord avec les communistes, un aristocrate.
Quant au père de Vadia, Kolya, qui fut pionnier, puis membre du Komsomol, la jeunesse communiste, il se caractérise par une extrême prudence. Comme il est Directeur de l'Académie, il projette des films. Cela profite à son fils qui poursuit un récit de plus en plus captivant.
Voilà donc Baranov artiste, producteur d'émissions de télé-réalité, amoureux de Ksenia et grand ami de Mikhaïl Khodorkovski, un futur oligarque qui a réellement existé comme beaucoup d'autres dont le personnage autour duquel va tourner toute l'histoire, celui que l'on nomme : le Tsar.
Ainsi, Baranov parle de Boris Eltsine, d'Édouard Limonov que l'excellent Emmanuel Carrère m'avait fait découvrir mais aussi d'Igor Sechine, de Bill Clinton… La présentation de Baranov au chef du FSB, l'ancien KGB, concoctée par Boris Berezovsky, homme d'affaires magnat de la télévision, relève d'une extrême finesse dont les conséquences seront bien vite visibles.
C'est en août 1999 que les Russes apprennent qu'un nouveau premier ministre vient d'être nommé, un inconnu, un certain Vladimir Poutine… Alors, Vadim Baranov s'affirme peu à peu comme le Mage du Kremlin, travaillant plus de dix-huit heures par jour avec le Tsar.
L'irrésistible ascension de Vladimir Vladimerovitch se poursuit de jour en jour. Il sait à merveille exploiter chaque événement pour asseoir son autorité. La Tchétchénie, les deux immeubles de Moscou détruits par des explosions avec des centaines de victimes lui donnent l'occasion de tester la verticalité du pouvoir ce qu'il ne cessera de développer comme nous le constatons toujours aujourd'hui.
Très habilement, l'auteur, au travers du récit de Baranov, décrit parfaitement un engrenage inexorable qui permet de comprendre ce qui se passe en Ukraine depuis quelques mois. Dire que Giuliano da Empoli a terminé son manuscrit en 2021 et que ce qu'il écrit est d'une actualité brûlante !
J'ai été aussi très impressionné par l'organisation des J.O. d'hiver à Sotchi, « dans une ville subtropicale ». La mégalomanie est à son comble et le Mondial de foot au Qatar est du même acabit.
Dire qu'un Président de la République vient d'oser affirmer récemment : « Il ne faut pas politiser le sport »… alors qu'il me semble que c'est fait depuis longtemps…
Quand dira-t-on stop à ces organisations démesurées qui plombent de plus en plus notre planète ? Ah, vous avez dit : « JO de Paris ? »… Faudra voir et être d'une grande vigilance, mais c'est déjà trop tard.
L'annexion de la Crimée, celle du Donbass, tout y est. Si la Russie a fait sa Révolution puis a vécu soixante-dix ans de Communisme, elle sous la dictature d'un seul homme et cela l'auteur le fait parfaitement comprendre. Cela me fait penser au dernier roman signé Iegor Gran : Z comme Zombie.
De plus, Giuliano da Empoli me fait aussi toucher du doigt l'emprise des robots sur l'espèce humaine, jusqu'à ce que l'un d'entre eux prenne définitivement le pouvoir ?
Le Mage du Kremlin est un roman on ne peut plus réaliste qui m'a impressionné, qui m'a bien fait réfléchir sur ce qui se passe en ce moment et sur tous les risques qui planent sur nos têtes. C'est vraiment un roman parfaitement écrit et dont il faudrait citer des pages entières. Il se lit presque en apnée. C'est un livre indispensable pour comprendre à quoi jouent nos dirigeants mais, pour le reste, le compte à rebours semble déjà bien enclenché…

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Pour son premier roman, Giuliano da Empoli nous invite dans les coulisses du Kremlin afin de mieux comprendre la société russe, ainsi que la personnalité de son dernier dictateur en date. Ancien conseiller de l'homme d'État Matteo Renzi, Giuliano da Empoli est un politologue italien déjà connu en tant qu'essayiste, mais qui livre ici un ouvrage terminé en janvier 2021, un an avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, que l'on qualifiera donc volontiers de visionnaire.

Le mage dont il est question n'est autre que Vladislav Yuryevich Sourkov, l'ex-éminence grise du « Tsar » Vladimir Poutine. Rebaptisé Vadim Baranov dans le roman, ce personnage de l'ombre qui a passé quinze années au service de Poutine, nous éclaire sur les arcanes du pouvoir russe lors de ces trente dernières années. Depuis l'âtre de sa datcha en périphérie moscovite, où il vit isolé, voire caché depuis sa « retraite », le narrateur partage le récit captivant de ses années au sommet du pouvoir…

De la fin des années Eltsine aux prémices de la guerre en Ukraine, en passant par la crise tchétchène, l'annexion de la Crimée et les jeux Olympiques de Sotchi, celui que l'on surnomme « le Raspoutine de Poutine » raconte le parcours incroyable de ce chef obscur du FSB qui accède d'abord au poste de Premier ministre avant de devenir le tsar incontesté d'une Russie revenue aux avant-postes de la scène internationale. En dressant le portrait d'un mégalomane solitaire s'étant débarrassé de toute opposition au fil des années, il invite à comprendre cette politique de violence, de propagande et de désinformation, totalement incompréhensible pour la plupart des Occidentaux…jusqu'à la lecture de cette fiction au réalisme effrayant !

Coup de coeur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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critiques presse (10)
LeMonde
22 février 2024
De l’exil, Le Mage du Kremlin, roman acclamé de l’essayiste et conseiller politique franco-suisse Giuliano da Empoli nous offre un exemple captivant. Celui de l’oligarque Boris Berezovsky (1946-2013), pilier déchu du régime de Poutine qu’il a fini par conspuer, replié sur la Côte d’Azur et reclus dans le Xanadu labyrinthique d’une résidence à l’opulence absurde.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
22 décembre 2022
Un premier roman qui décrypte les rouages du pouvoir de Poutine et condense ses passions de toujours: la littérature et la politique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Marianne_
02 novembre 2022
Un roman qui aborde subtilement un réel impitoyable, proposant au lecteur occidental une version renouvelée de l’ascension de Poutine, aussi descriptive qu’emphatique.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Bibliobs
02 août 2022
L'ascension au pouvoir du président russe, telle que racontée par son ex-conseiller à un jeune étudiant. Un grand roman, écrit un an avant l'invasion de l'Ukraine.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
02 août 2022
Un roman captivant qui s'avère plus éclairant que bien des essais.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaPresse
06 juillet 2022
Dans un superbe premier roman qui fait fureur depuis sa sortie, un politologue italien nous propose quelques clés pour mieux comprendre le dictateur.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LePoint
10 mai 2022
Un roman met à nu l’exercice du pouvoir par le maître du Kremlin. Glaçant. [...] Ce roman d'une pénétration subtile et térébrante fait de son auteur le marionnettiste d'un manipulateur, portrait d'une sorte de Guy Debord pervers cannibalisant les neurones du tyran Poutine
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
08 mai 2022
Dans Le Mage du Kremlin, Giuliano da Empoli retrace fidèlement les grandes lignes de sa carrière politique, jusqu’au dossier ukrainien, dont il fut chargé quelques mois avant l’annexion de la Crimée par les Russes, en mars 2014, et l’intervention militaire dans le Donbass.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
08 mai 2022
Giuliano da Empoli déroule les dessous de son règne et médite sur la nature de son pouvoir.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
26 avril 2022
Nul doute, Giuliano da Empoli a eu le nez creux. Ecrit depuis deux ans, le roman de cet ex-conseiller de Matteo Renzi et directeur du think tank Volta relate l'étonnante trajectoire de celui qu'on appelait "le mage du Kremlin", Vadim Baranov dans la fiction, Vladislav Sourkov dans la vraie vie, ancienne éminence grise de Poutine.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (897) Voir plus Ajouter une citation
Crois-moi, la seule chose que tu peux contrôler c'est ta façon d'interpréter les évènements. Si tu pars dans l'idée que ce ne sont pas les choses, mais le jugement que nous portons sur elles qui nous fait souffrir, alors tu peux aspirer à prendre le contrôle de ta vie. Sinon tu es condamné à tirer sur des mouches avec un canon.
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Quand tu grandis auprès d'un personnage tellement hors du commun, la seule révolte possible est le conformisme.
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Ah ! C’est vous, Baranov, m’apostropha-t-il, le mage du Kremlin, le Raspoutine de Poutine. Vous savez ce que disent les gens de votre « démocratie souveraine » ? Qu’elle est à la démocratie ce que la chaise électrique est à la chaise. »
J’éclatais de rire. « Cela montre au moins que les Russes n’ont pas perdu le sens de l’humour ! Kasparov, sérieusement, savez-vous ce que signifie la démocratie souveraine ?
- Je ne suis pas un politologue, mais en tant que joueur d’échecs, je dirais que c’est plus ou moins le contraire d’une partie. Aux échecs, les règles restent les mêmes mais le vainqueur change tout le temps. Dans votre démocratie souveraine, les règles changent, mais le vainqueur est toujours le même. »
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Il faudrait toujours regarder l'origine des choses. Toutes les technologies qui ont fait irruption dans nos vies ces dernières années ont une origine militaire. Les ordinateurs ont été développés pendant la Deuxième Guerre mondiale pour déchiffrer les codes ennemis. Internet comme moyen de communication en cas de guerre nucléaire, le GPS pour localiser les unités de combat, et ainsi de suite. Ce sont toutes des technologies de contrôle conçues pour asservir, pas pour rendre libre. Seule une bande de Californiens défoncés au LSD pouvait être assez débile pour imaginer qu'un instrument inventé par des militaires se transformerait en outil d'émancipation. Et ils ont été nombreux à le croire.
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"[...] Kasparov, sérieusement, savez-vous ce que signifie la démocratie souveraine ?
- Je ne suis pas politologue, mais en tant que joueur d'échecs, je dirais que c'est plus ou moins le contraire d'une partie. Aux échecs, les règles restent les mêmes mais le vainqueur change tout le temps. Dans votre démocratie souveraine, les règles changent, mais le vainqueur est toujours le même."
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