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EAN : 9782332839664
384 pages
Edilivre-Aparis (07/01/2015)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Quelques vingt nouvelles, et autant de regards féminins portés sur le monde…
Des femmes d’ici et d’ailleurs, de toutes les conditions, de tous les temps -hors du temps !
Des ‘Intemporelles…’, donc !
A savoir s’il s’y agit d’enchantements, d’enchaînements, d’emportements ;
Ou de quelque sortilège d’un destin alchimiste se jouant des amants ?
D’étranges rivages…
Quelques sillons du temps…
Des rêve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La vie réserve de ces surprises : une analyse positive (parce que négative !), un rayon de soleil qui contredit les prévisions météos, et un « imprimeur » qui compte une « plume » dans ses produits à la chaîne !
L'auteur de « Intemporelles » en est – et une bonne!
Pour tout dire, je n'ai aucune confiance en ces éditeurs multipliant les publications, acceptant les livres sans vraiment les lire et monnayant de rares « services », mais là…
En fait, j'avais emprunté la tablette de ma femme pour patienter en salle d'attente (d'un toubib ou plus to be du tout…). Je n'aime pas attendre, pas les salles d'attente, pas cette angoisse latente, pas les tablettes, pas la guimauve, et pourtant ! J'ai lu la première nouvelle, agréablement surpris. Puis la seconde, qui m'a fait sourire. Puis la troisième (une heure et trente minutes de retard, le toubib !)… Au bout du compte, j'ai lu la moitié du bouquin là et l'autre moitié confortablement installé (et rassuré) chez moi. Un zeste de mystère ou de fantastique, ici et là. du romantisme (ce n'est pas trop mon truc, mais c'est joliment fait), de la nostalgie, quelques pas dans la science-fiction, de l'humour, des émotions…
J'ai beaucoup aimé ce livre, avec ses histoires "dites de femmes" mais qui sont autant d'histoire d'Homme (certains récits plus que d'autres mais ma femme partage différemment ses enthousiasmes et ses préférences, « fondant » sur la romance et la passion, s'attendrissant sur les liens mère-fille…).
Bref, ce livre est une petite perle que je conseille vivement !
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Des bulles d'émotion...
Des voyages...
Du rire aux larmes...
Un zeste de fantastique, parfois.
Chaque nouvelle comme un univers au regard d'une femme, pour l'amour d'un homme, d'un enfant ou des Hommes...
Un écrivain peu connu, à découvrir absolument : pour le fonds, la forme, l'imaginaire et le style.
Je ne la connaissais pas, suis tombée dessus par hasard et l'ai proprement adoptée : à lire, définitivement.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La maison est triste comme une porte de prison : une construction tout en angles droits, à déchirer l’insensé qui s’y frotterait.
Grise, tellement carrée, tellement fermée sur Dieu sait quoi ?
On se la prend, et je me la suis prise, comme un énorme poing sur la figure.
À la sortie d’une route paumée entre bois trop sombres et champs trop plats : entre rien et rien, disons-le tout net. Elle apparaît après un dernier virage, une menace au lointain d’une ligne droite : la fin du monde des hommes.
J’ai envie de freiner des deux pieds, c’est stupide –c’est surtout totalement inutile.
Et voilà, cent, cent-cinquante mètres et on y est.

Je la trouve comme oubliée au centre d’un parc sans âmes ni vives ni errantes : juste une rangée d’arbres dénudés, rien ne dépasse. Une fausse allée de gravier, du sable sale mêlé à la neige entassée sur le côté et le silence immobile des choses mortes. Il n’est pas même une ombre pour y frémir au vent : rien ne respire ici, et cela aussi m’oppresse.
Pour tout dire, passé la grande grille de fer forgé, le reste du monde –et la vie qui va avec !– disparaît complètement du champ des possibles.
On est plongé dans une autre dimension, sans relief : à parcourir encore vingt ou vingt-cinq mètres sur l’allée, entre quelques plaques d’une neige congelée obstinément accrochée.

Allez ma fille, quand faut y aller, faut y aller !
J’emprunte le petit escalier tout raide en me tenant à la rampe, pour éviter la chute. S’ils avaient voulu s’assurer que les vieux machins resteraient bien à l’intérieur, ils ne s’y seraient pas pris autrement : une répétition générale avant la dernière boite, je suppose ?
Oups !
La lourde porte de bois brunâtre s’ouvre sur un hall de marbre noir et blanc où les pas résonnent. Et où des ombres blanches passent en silence, portant qui un plateau-repas, qui une panne –parfois les deux en même temps.
L’ambiance est glaciale.
Pourtant, ce qui par-dessus tout domine, c’est l’odeur : métissée, prenante, écœurante. Qui joue des désinfectants piquants, des effluves de cuisines et des relents ammoniaqués. Ça sent la maladie, ça sent le vieux –j’en ai des haut-le-cœur. Mais déjà, je devrais dire seulement, une femme entre deux âges vient à notre rencontre, sourire forcé démenti par un regard d’acier –je pense à un gendarme ou à un garde-chiourme. Elle me conduit dans le «séjour» : sacré séjour, personne de sensé ne voudrait y faire plus qu’une halte pressée. Décidément, ce reportage fait dans les trois C : con, chiant, crispant.
Mais la vielle est là, qui sourit –sûrement dans le vide !
Elle est secouée de petits tremblements, sa voix chevrote :

– Bonjour, mon petit !
– Madame !
– Oh, vous pouvez m’appeler tante Lara, comme tout le monde !

Elle se penche vers moi, comme pour m’étreindre ; je reste aussi raide qu’un poteau tout en précisant sèchement :

– Moi, c’est MADAME Branstein !
– Vous savez, ma vue n’est plus ce qu’elle était, et mes oreilles sont fatiguées. Mais venez mon petit, installez-vous. Maria ? Apportez donc un café à la demoiselle, et un verre d’eau pour moi…

Hé bé, elle est gâteuse en plus !

– Je ne prendrai rien, merci !
– Si, si ! Et un petit gâteau, cela nous fera du bien.

Elle l’a apporté, la Maria : un café froid terriblement allongé dans une tasse douteuse, sans soucoupe. Et un spéculos tout mou, déballé comme s’il était destiné à un chien. Je déteste ces mouroirs. Je déteste ces personnels. Et je déteste ce reportage, merci Caro ! Sans compter cette vieille folle qui dit encore bien merci à ses bourreaux.

– Alors, qu’est-ce que vous voulez savoir ?
– Et bien, votre âge, déjà…
– J’approche les cent ans, mieux vaut oublier le décompte exacte.

C’est bien ce que je disais : Alzheimer !

– Vous avez de la famille ?
– J’ai eu une petite fille, là-bas…
– Là-bas ?
– Au camp.
– Vous pouvez me raconter ?
– C’est un peu pour cela que vous êtes ici, non ?

C’est fou ça, je jurerais avoir aperçu une petite lueur dans son regard, entre tendresse, allez savoir pourquoi, et franche ironie.

– Dites-moi les choses comme elles vous viennent, nous ferons le tri après.
– Dites-moi les choses comme elles vous viennent, nous ferons le tri après.
– Le tri ?
Oui, bien sûr, le tri…
Eh bien, on nous a embarqués en 42…
Non, en 43. J’emmêle un peu les dates, pardon.
Mais je me souviens du reste ; tout le reste !
Il faisait beau ce jour-là, le ciel était bleu comme il peut l’être aux premiers jours de février. Avec un froid piquant, de ceux qui nourrissent un sentiment de pureté : un froid sec, joyeux. C’était vraiment une belle journée –et j’avais à peine vingt ans ! Je venais de quitter mon amoureux ; nous nous étions embrassés et j’étais heureuse comme on l’est dans ces moments-là. Je n’avais peur de rien alors, j’avais plutôt envie de prendre le monde entier dans mes bras. On devait se marier en mars, normalement… Ma montre affichait 11heures et je rentrais à la maison avec quatre beaux œufs frais pondus. Parce que, mon galant, il gardait trois poules dans son grenier. Le vent jouait avec mes cheveux, le soleil caressait ma peau rougie –et je chantais. Je chantais au printemps prochain, à la vie, à l’amour et à ses toujours… Mais je n’étais pas rentrée de trente secondes, j’avais encore mon manteau sur le dos, et mes moufles, qu’on a tambouriné à la porte : des hommes en uniformes et deux messieurs de l’administration, des presque voisins qu’on croisait tous les jours depuis plus de quinze ans. Ils nous ont dit de les suivre sur le champ et nous ont conduits tous les quatre, avec mon petit frère, à la Salle des Fêtes où s’entassaient déjà la plupart des familles juives de la région. Et quelques autres, pas juifs : des suspects, des résistants qui n’en portaient pas encore le nom, des malades mentaux, des marginaux. Et puis des «déviants» comme on disait à l’époque : des homosexuels. Ou des trop seuls, des trop pauvres ou trop autres –même des handicapés ! C’était le rassemblement avant le grand départ : on ne savait pas pour où, pas pourquoi. En fait, on n’y comprenait rien. Et si les plus âgés s’inquiétaient, c’était bien plus du voyage, des affaires en attente ou des gouttes pour leur tension qu’ils n’avaient pas avec eux. Les enfants jouaient encore ; pas tous parce qu’il y avait aussi des pleurs (…)
Dans la nouvelle intitulée 'Origine'
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J’ai eu une veine de cocue pendue à tous les tonnerres de Dieu, et c’est peu dire.
Il devait être minuit, minuit trente.
J’étais déjà loin de la ville.
Loin de ses remugles souterrains, de ses bruits rauques et des vapeurs grasses laissant sur ma peau quelques moiteurs désagréables.
Pour tout dire, j’étais presque déconnectée ; avec un léger mal de tête, peut-être même une vague envie de vomir ?
Derrière, écrasant son ombre dans le rétroviseur, le bois de hêtres où s’encanaillaient quelques noisetiers s’était refermé sur Bruxelles, l’effaçant du monde d’ici. Devant, la route étendait son ruban à perte de vue ; imprimant sa marque policée sur des prés suspendus dans la parenthèse glacée : des mottes figées et des taches blanchâtres renvoyaient quelques pépites dans la lumière des phares.
Danger du gel
Danger de la nuit : rien à cirer !
Quelques kilomètres encore et j’ai allumé la radio, pour penser à autre chose.
Me forcer à écouter l’autre débile qui s’époumonait :
Je t’kiffe -aime-moi !
Aime-moi -je t’kiffe :
A déchirer le ciel ;
A renoncer à elles, elles, elles, elles…
Leurs armes de sirène, leurs promesses d’éden.
Leurs corps polystyrènes, leurs sniffes qui gangrènent.
A monter jusqu’au ciel ;
A oublier ces elfes, elfes, elfes, elfes…
Je t’aime, kiffe-moi.
Prend-moi : je t’aime !
A plus savoir vouloir.
A vouloir plus savoir.
Je t’kiffe -aime-moi.

Ça tambourinait dans mes tempes et j’ai baissé le son.
Me suis sentie partir…
Ai augmenté une nouvelle fois le volume (...)
Dans la nouvelle intitulée 'Destination inconnue'
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Le ciel n’a pas voulu de moi, je me fonds dans le ressac des marrées qui toujours reviennent au lieu de leur naissance : c’est le dernier jour, la dernière heure -je ne le sais pas, pas encore.
C’est l’après d’une suspension.
Suspension du temps de moi et du monde.
Avant ailleurs, avant les métamorphoses : je quitte ma peau morte comme un serpent mue, insensiblement.
J’abandonne «moi».
Et toi.
Et la Terre des hommes où j’ai écorché mon âme et brûlé mes chairs.
Parce que j’y ai cru : au grand amour, à l’avenir, à toi.
Cru à me damner ; à pouvoir mourir et à vouloir vivre.
Tu me conjuguais «toujours» à tous les verbes -et tu couchais avec elle !
Quand je l’ai vue, si belle, triomphante, vénéneuse aussi, dans ma chambre, dans mes draps, dans tes bras, mon cœur s’est arrêté.
«Nous» explosait !
Moi, je me délitais.
Et vous…
Deux en fusion, deux en apesanteur…
«Vous» de toi devenu étranger, «vous» d’elle étrangement proche…
Deux amants pour un mensonge à m’y briser !
A hurler, jurer, maudire…
Mais vous êtes partis simplement, sans un mot : elle souriait et j’ai enfin pu pleurer. Des rivières. Des fontaines ou des torrents comme ceux qui débordent là-haut, dans la montagne ruisselante sous l’assaut de cet orage blanc.

Maintenant, un sac à la main, j’attends l’embarquement derrière la haute baie de l’aéroport. J’attends comme les autres, sans les autres. J’attends l’apaisement du ciel : une fenêtre pour le décollage, une fenêtre ouverte sur l’inconnu.
Un autre monde (...)
Dans la nouvelle intitulée 'Métamorphia'
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Je m’appelle Thana, mon fils est mort hier.
Il y a trois ans ; trois ans déjà, trois ans seulement –à quatre ans !
Depuis je compte les heures, les jours, les années.
Je compte des secondes lourdes et indomptables, les yeux grand ouverts sur un ciel aussi opaque que mes nuits.
Hier.
Trois longues années…
Et alors ?
L’instant s’est perdu à son quatrième anniversaire et tout a sombré au fleuve des Enfers : le temps n’existe plus.
Il ne subsiste qu’un trou noir m’engloutissant peu à peu dans son néant.
Un indéfini qui me broie.
Peu importe d’ailleurs, parce que je n’ai plus de futur.
Qu’il ne me reste que la douleur d’un cœur arraché.
Et parce que je suis morte avec lui.
Je m’appelle Thana mais plus personne ne m’appelle.
Tout est désert à l’errance de mon âme et la ville s’est figée à mon cœur de cendres…
J’ai eu un homme pourtant ; un homme gentil, quelqu’un de bien.
Qui m’aimait, et que j’aimais.
Enfin je crois : c’était avant.
Avant la vieillesse du monde, avant ma propre fin.
Nous étions pareils aux gosses ; mais des gosses rieurs s’inventant des lendemains au parfum des fleurs.
Un chemin à l’or des roses…
Avec une vie comme une île où la terre aurait embrasé l’eau de ses promesses cuivrées, abandonnée aux vents alanguis d’une longue extase… Et un lit aux merveilles d’un ciel en baldaquin, toujours bleu. Là, de nos rêves mélangés, de nos peaux affolées, en corps-à-cœur, nous faisions l’amour ; laissant les dimensions bien trop étriquées du réel explose (...)
Dans la nouvelle intitulée 'Je m'appelle Thana'
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Pour tous ici, Félicitée n'était qu'une grande bringue à l'intelligence peu développée; plus jument ardennaise que poulinière arabe, si vous voyez ce que je veux dire?
Et qui parlait fort, qui bougeait large.
Traînant parfois jusqu'aux petites heures, à taper le carton en "en" racontant une bien bonne. Les gars encore debout étaient pliés en deux à la voir exécuter quelques pas d'une danse inconnue, se claquant les cuisses et riant gras.
Que le ciel me pardonne mais celle-là pétait le feu, vraiment!
C'est bien simple, elle marchait comme un gendarme qui aurait eu la mort au derrière(...), Félicitée, page 171
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