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EAN : 9782070142101
400 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.49/5   39 notes
Résumé :
«Comme j'ai été lent à faire le tour de ma maison! 3 ans pourtant c'est 3 fois moins qu'Ulysse revenant de Troie. Ulysse ne voulait pas rentrer à Ithaque, et moi je m'évertue à rester ici, je supplie de ne pas sortir.»

L'appartement de Thomas Clerc fait 50 mètres carrés. Il y vit depuis 10 ans. Il y passe la majeure partie de son temps. Sans doute parce qu'il est un homme d'intérieur, il a entrepris d'en faire le tour intégral avec cette espèce de ve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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29 septembre 2013, à Manosque (Correspondances de) : place Marcel-Pagnol, un podium sous les platanes pour la rencontre, animée par le journaliste Yann Nicol, du public avec l'écrivain moustachu. 18 heures : le journaliste, puis l'écrivain, s'installent sur fond de fausse tapisserie de salon où l'on cause, à très grandes fleurs rose loukoum sur fond magenta.

Comme on pouvait s'y attendre, le journaliste commence par interroger TC sur sa motivation, sur ce qui l'a poussé à passer près de trois ans à décrire cm2 par cm2 son appartement de 50 m2, depuis le paillasson de l'entrée et retour, en passant par toutes les pièces, du sol au plafond, sans omettre un seul recoin, tiroir, ou placard.
— TC parle de son obsession pour les espaces restreints — ce qui l'oppose franchement aux écrivains-voyageurs ! —, et de son désir de faire surgir, par le regard et l'écriture, une nouvelle réalité de lieux et d'objets familiers dont on perçoit de moins en moins la présence, au fil des jours. Il insiste sur l'équivalence des pièces : le bureau ou les toilettes sont traités sur le même plan, méritent la même précision descriptive.

Puis très vite l'interviewer passe aux étrangetés dans l'écriture d'Intérieur. Celle qui saute aux yeux du lecteur dès la première page : dans tout le texte, l'article indéfini est en chiffre arabe (1) et non en lettres (un, une) ; pourquoi ?
— TC dit vouloir mettre le chiffre au coeur de mots, et intensifier la neutralité (un = une = 1)
[là-dessus, moi je le trouve peu... clair]

Tout n'est pas à la première personne (je), il y a quelques rares fragments à la troisième (il) ; pourquoi ?
— C'est pour créer un effet caméra de surveillance ! Il y a aussi les scènes dans lesquelles le narrateur décrit le comportement de son reflet dans un miroir !

Le journaliste note qu'il a ressenti, comme en surimpression, une menace mystérieuse qui plane, avec des objets qui dysfonctionnent, la tentation du désordre qui pointe sournoisement. Un côté Edgar Poe...

Malicieux, TC laisse entendre qu'il y a d'autres trucs ou tics d'écriture dans son texte. Il explique vouloir rendre un hommage à la littérature en écrivant de tout, en alternant les registres, comme on fait des gammes. Profiter de la variété et de la diversité des formes.
Il y a aussi, dit-il, des emprunts, voire même des pillages, car “ on n'est jamais le premier à écrire sur quoi que ce soit “ (avis aux lecteurs amateurs de défis : une phrase entière de Marguerite Duras à dénicher !).

TC parle de son goût très personnel pour l'ornementation, modéré par son attirance pour le minimalisme, et son refus de l'aliénation aux objets. Positions parfaitement illustrées par la magnifique photo d'art de Thomas Demand (Badezimmer) en couverture d'Intérieur. L'appartement de TC est sobrement équipé, mais il est loin d'être vide. TC dit qu'il est même très peuplé par des fantômes, ceux de gens aimés/admirés ; le premier par ordre d'apparition est Guillaume Dustan. TC lit un extrait qui concerne un espace-clé chez un écrivain : la bibliothèque, et le système (alphabétique par nom d'auteur) adopté pour le rangement d'icelle.

Dans le public, quelques questions sont posées. Non, TC n'aurait pas pu décrire un autre appartement que le sien : “ impossible, je ne suis pas un écrivain d'imagination “. Oui, certaines pièces ou meubles ou contenus, ont été plus difficiles que d'autres , voire impossibles, à décrire. TC ne veut pas dire lesquels, mais reconnaît que la penderie de sa chambre, à la fin, lui a donné du mal.

C'était une excellente présentation publique.

Quelques jours plus tard, de retour à Paris. Maintenant, j'ai lu Intérieur. Je plussoie ce que disait le journaliste Yann Nicol au début de l'entretien de Manosque : c'est un livre formidable, très-souvent très-drôle, parfois intriguant, mystérieux, instructif, étonnamment addictif malgré la progression contrainte et prévisible de pièce en pièce.

J'ai juste quelques petites choses à rajouter (en vrac) à ce que j'avais retenu de la présentation de l'auteur à Manosque.

Chaque fragment descriptif d'un élément de l'appartement (contenant ou contenu) est individualisé sous forme d'un paragraphe, et titré. Cela donne un plaisir de lecture supplémentaire. Les titres très courts sont faits de jeux de mots, mots-valises, à peu-près, contrepèteries, mini-énigmes ou devinettes.

Mais Intérieur n'est pas un recueil de textes, un texte de textes. Est-ce un roman ? Pas vraiment. La biographie d'un lieu ? Non plus. Une auto fiction par appartement interposé. Un peu, mais pas que.

Le langage est éblouissant, à la fois savant, précis, poétique, et ludique, avec quelques (rares) coquetteries.

Le récréatif et le sérieux (voire, le presque désespéré) sont savamment dosés et mêlés. le plus sombre est à la fin : TC nous fait ressentir progressivement le désarroi du narrateur voyant venir la phase de désamour pour son domicile adoré. Et cruellement, dans le même temps, le lecteur ne voulant pas que son plaisir s'arrête, en demanderait encore plus. Un peu comme à la fin d'un spectacle, lorsque les spectateurs harcèlent de leurs rappels un performeur épuisé qui ne rêve que de quitter la scène (sur laquelle il remontera néanmoins le lendemain avec toute son énergie retrouvée).


Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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Avant de commencer à donner mon avis, je sens déjà que je vais avoir du mal à en parler.
C'est un livre vraiment très singulier, et même si je reconnais certaines qualités d'écriture, je dois avouer que je ne pense pas m'en souvenir bien longtemps.
Ou plutôt si, je vais m'en souvenir, mais je ne pourrais en dire simplement que c'est une description d'un appartement et de (quasiment) tout ce qu'il contient.
Après de là à en dire plus… Je ne vais certainement pas refaire la liste ni la description de ces diverses choses et objets !

Je n'ai pas eu trop de mal à lire, parce que l'auteur a au moins eu la bonne idée de diviser son texte en divers petits paragraphes, chacun ayant un titre, souvent drôle, en rapport avec ce qu'il va dire.
Si les descriptions à rallonge ne sont pas mon ‘truc', j'ai quand même tout lu. Il y a parfois des anecdotes ou des pensées à propos de ces objets que le narrateur/auteur possède. Et à plusieurs reprises je me suis dit que j'avais déjà eu la même réflexion sur telle ou telle chose, ou que ça m'était déjà arrivé de faire comme le narrateur.

Il y a une espèce de fil rouge du début à la fin, un coup de sonnette qui retentit, et le narrateur qui arrive trop tard et ne voit personne sur le palier. Est-ce qu'il va réussir à découvrir qui sonne avant d'avoir fini le tour de son appartement ?
Je dois dire que c'est à peu près le seul « suspens » présent dans le livre.

Sinon on se plonge vraiment dans l'intimité de l'auteur, qui nous expose son intérieur d'appartement, mais aussi tout ce qui est intérieur à sa personne, ses pensées, ses désirs, ses envies.

Ce n'est pas un mauvais livre, ma note moyenne ne veut pas dire cela, mais disons que ça n'est pas un genre que j'apprécie particulièrement, et je ne pourrais pas lire trop de livres du même acabit sans me lasser très vite.
J'ai aussi été très très très (et oui pas moins que ça !) dérangée par l'écriture des chiffres non pas en toutes lettres mais en chiffres. Je n'aime pas, dans un roman lire par exemple « 1 porte », mais je veux pouvoir lire « une porte ». On n'est pas dans une écriture simili-SMS que j'apprécie guère…

Une dernière chose, je trouve dommage que sur la couverture il y ait cette photo d'une baignoire avec un rideau de douche... ça ne ressemble en rien avec la description de la salle de bains de l'auteur. Il y aurait pu avoir un petit effort de ce côté-là. A défaut de trouver une salle de bain exactement la même, au moins enlever ce rideau de douche, que le narrateur ne veut pas voir accroché à sa baignoire.
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"Je ne vis pas dans 1 maison mais dans 1 appartement. 1 appartement contient des pièces qui contiennent des meubles qui contiennent des dossiers où gît la vie ; la vie n'est pas 1 simple annuaire d'objets privés. le vif saisit le mort."

En 7 parties (entrée-salle de bains-toilettes-cuisine-salon-bureau-chambre), Thomas Clerc décrit scrupuleusement, voire obsessionnellement son appartement. À travers ses pièces, ses objets, ses meubles, il nous propose de lui-même un portrait raffiné et élégant, et qui plus est, qui ne manque pas d'humour.

J'aurais hésité à ouvrir ce livre, s'il ne m'avait été conseillé par ma bibliothécaire-conseil (celle qui m'a fait découvrir Christine Montalbetti). J'aurais craint un roman minimaliste, là où ce livre est plein de finesse, d'observations judicieuses, de détails réjouissants. J'aurais craint une oeuvre expérimentale, (ce que pourrait laisser croire aussi l'usage systématique du « 1 » pour remplacer le « un » ou le « une ») quand cela se lit comme un roman, ou récit, ou une balade poétique, toutes choses que cela n'est, finalement, pas vraiment. J'aurais craint une introspection vaguement pédante, alors que le ton apparemment sérieux est contredit en permanence par une autodérision élégante. J'aurais craint un intellectuel qui se prend totalement au sérieux dans une démarche oulipienne alors que l'humour est toujours en filigrane (sourires et même rires garantis). J'aurais craint un texte nombriliste, quand cela me révèle des choses sur moi-même, que je partage avec l'auteur,( comme la difficulté d'arranger une bibliothèque, le besoin d'accumuler étroitement mêlé au besoin de faire de la place,  la façon de cacher loin des yeux certains objets que j'exècre sans vouloir les jeter ) ou qui m'en différencient (comme son goût pour la propreté, ou pour une certaine sophistication de l'habillage).

Dans une démarche que d'aucuns trouveront pointilleuse, centimètre par centimètre, nous parcourons comme un inventaire à la Prévert les 7 pièces de cet appartement plein de banalités et de surprises, n'évitant ni les poignées de porte, ni les lames de parquet qui s'enfoncent, ni les petites cuillères, ni les objets inutiles qui, tous, nous l'apprenons, ont une histoire. Cela aurait dû être mortellement ennuyeux, cela un charme fou, il n'y a pas une seconde d' ennui dans cet enchaînement de petites saynètes qui décrivent un intérieur, donc une vie. Quand Thomas Clerc s'achètera un château de 20 pièces, j'en redemande.

On peut visionner cette video ( http://videos.arte.tv/fr/videos/litterature-interieur-tout-sur-l-appartement-de-thomas-clerc--7651996.html ) avant lecture pour se faire envie, mais aussi après lecture car on y reconnaîtra avec jubilation les endroits si habilement décrits par Thomas Clerc,
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Je m'attendais à davantage aimer ce livre. Je ne l'aurais pas lu si je ne l'avais pas découvert dans cette vidéo de Solange, si typique des vidéos de Solange, et si elle ne lui avait pas mis 5 étoiles (sur 5) sur Goodreads. le froid et les pluies de l'automne exacerbent ma nature casanière, et, après avoir dévoré le superbe Chez Soi de Mona Chollet (qui a également écrit le superbe Beauté Fatale), je suis passée à l'Intérieur de Thomas Clerc. En plus, on est presque voisins, puisqu'il est manifestement localisé dans le 10ème arrondissement, tout du moins lors de l'écriture de ce livre, mais dans la mesure où tout le propos du livre est d'explorer son appartement et ce qu'il contient, ça n'a finalement que très peu d'intérêt, on ne mettra pas un pied dehors et on ne découvrira pas que, peut-être, on achète notre boulgour de sarrasin dans le même supermarché bio.


Donc Thomas Clerc reprend le thème de l'exploration du domicile, pas nouveau, les amoureux·ses de l'assonance pourront dire qu'il n'est pas l'inventeur de l'inventaire, puisqu'il suit les traces de Xavier de Maistre et de son Voyage autour de ma Chambre (1794, ça ne rajeunit personne) et manifestement aussi de Georges Perec mais dans la mesure où je ne connais l'oeuvre ni de l'un ni de l'autre, je me garderai bien de faire la moindre comparaison.

J'ai été séduite par la visite de l'entrée, de la salle de bains, et même des toilettes (surprise). La langue est concise, précise, élégante. J'ai aimé l'observation du parquet, du carrelage, des loupés de chantier, les rafistolages et les tentatives parfois dérisoires et touchantes d'amélioration (on néglige trop le potentiel décoratif des tapis de bain), et puis je crois que j'ai fini par m'en lasser un peu. Arrivée dans la cuisine et le séjour, je m'ennuyais. Je me suis forcée à poursuivre l'exploration du bureau ce qui n'a fait qu'exacerber le malaise car je n'y étais pas la bienvenue. Je m'étais rendue compte, dans les pièces précédentes, que Thomas Clerc est un grand lettré, un bien-né aussi, et je me suis souvent sentie un peu exclue de ses références, de son vocabulaire, de sa préciosité. le bureau fut le climax et je me suis sentie plouc devant la bibliothèque. Je dois quand même préciser que j'ai sacrément redoré mon blason quand il a ouvert sa collection de vinyles, et que, dans sa méconnaissance crasse des subtilités du rock&roll, il classe benoîtement les Ramones et Elvis Costello dans la New Wave. Non mais franchement. Non, Thomas, nous ne faisons pas partie du même monde, mais là c'est toi qui marches sur mes plates-bandes.

Et puis, à ma grande surprise, je l'ai suivi dans sa chambre. Et là : l'émerveillement de la penderie ! C'est mon moment préféré du livre, la présentation de sa garde-robe (est-ce qu'on parle de "garde-robe" pour le vestiaire masculin, je ne sais pas, mais je le garde quand même). le défilé de ses chemises, de ses vestes, ses manies en la matière... ça m'a beaucoup intéressée… Ça me rappelle qu'une des choses que j'ai le plus aimées dans le superbe Just Kids de Patti Smith c'est la façon dont elle détaille ses tenues et celles de Mapplethorpe. Y avait pas que ça, bien sûr, mais je ressentais toujours une petite pointe d'excitation quand elle me faisait le cadeau de quelques ligne sur leur mise. le vêtement, loin d'être une préoccupation superficielle, dévoile autant qu'il habille, d'où mon amour pour le domaine du chiffon.

Enfin, par une coquetterie de style que je désapprouve, Thomas Clerc écrit les chiffres en chiffres plutôt qu'en lettres. Y compris pour "un" et pour "une". Ce qui donne des phrases du type : "En refermant la porte des toilettes, on remarque 1 pictogramme adhésif représentant 1 cigarette barrée d'1 trait rouge, dont j'apprécie le graphisme simple". Ça pique les yeux sur 386 pages.

Donc non, Intérieur, ce n'est pas vraiment pour moi, même les chemises Liberty et le trench Burberry n'y auront pas suffi.
Lien : https://www.ramona-lisa-read..
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Auteur(s) :Thomas Clerc
Titre :Intérieur
1. En 75-100 mots, pourquoi ce livre? (Ici, vous devez décrire les circonstances de votre expérience de lecture : quel est le contexte qui vous a poussé à faire ce choix? Ce sont les autres parties qui porteront davantage sur ce que vous en avez pensé.)
Grande admiratrice et auditrice du vlog « Solange te parle » par Ina Himalache, j'écoute religieusement ses recommandations littéraires. de manière générale, nous avons en commun un amour dévorant pour les écrits de Patrick Modiano, les livres sans histoires et le langage apprécié pour lui-même. Il y plus d'un an, elle a donc lu et recommandé cet ouvrage qui s'est instantanément ajouté à ma liste de lectures futures. Son caractère intime, l'absence de réelle « histoire » (à savoir un élément déclencheur, une multiplicité de personnages, une « évolution » dans le temps) et l'appréciation d'Ina Himalache me semblaient autant de garantie de mon appréciation future de ce livre.

2. En 75-100 mots, un premier aspect qui m'a plu :
Le premier aspect m'ayant réellement touchée est l'absence de trame narrative classique dans le livre. Thomas Clerc nous fait visiter son appartement de manière méticuleuse et détaillée, se perd parfois dans le processus en pensées ou fabulation mais rien ne le fait déroger de son projet d'inventoriation et de description de son royaume intérieur. Il décrit donc dans le détail le contenu des armoires de sa petite cuisine américaine, de sa bibliothèque, nous partage son classement et ses exceptions. Cette manière d'écrire m'a permis d'avoir une impression de fixation dans le temps, ou plutôt de récit hors du temps, ce qui m'amène au deuxième pôle d'appréciation.

3. En 75-100 mots, un second aspect qui m'a plu :
Il s'agit donc de l'impression d'intimité, de discussion privilégiée qui ressort de cette lecture qui m'a touchée particulièrement. Dans cette visite particulière pour le lecteur par Thomas Clerc, il partage ses diverses petites obsessions, sa tendance à vouloir une égalité pour ses objets, la manière dont il leur insuffle parfois une âme en pensée, se préoccupant de la sensibilité d'un objet à être relégué au second plan. Par ailleurs, il nous décrit l'effet que les objets ont sur lui, par exemple ces multiples tringles trop sensibles qui le forcent à une douceur qui n'est pas naturellement sienne face aux tentures de son environnement. Par cette fenêtre particulière, tant lorsqu'il nous explique la logique qu'il applique dans son intérieur que lorsqu'il nous expose sa vision de l'esthétisme, de la littérature ou même de son propre caractère projeté dans cet environnement exiguë, c'est le facteur humain qui transparaît plus que tout autre.
4. En 75-100 mots, un aspect qui m'a moins plu :
J'avoue humblement m'être sincèrement délecté de l'ouvrage, il ne serait donc pas aisé d'identifier un point qui m'ait réellement déplu. En toute candeur, j'aurais certainement préféré que Thomas Clerc aie investi un hôtel particulier de campagne aux dimensions autrement gigantesques pour que l'ouvrage ait pu prendre des proportions également gigantesques. Cependant, le projet n'aurait probablement pas vu le jour, la tâche s'étant révélée titanesque. Même le dispositif de cartes, débutant chaque chapitre et se complétant à mesure que le lecteur découvre une nouvelle pièce (et donc, un nouveau chapitre) me parût juste et ingénieux. J'avoue que je n'y changerais pas une virgule.
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critiques presse (4)
Lhumanite
21 octobre 2013
À la frontière du documentaire et de la fiction, ce livre sous contrainte et sous influences est un drôle de mélange entre bibelots détruits et carrelages blancs, art conceptuel et Cluedo [...]
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Bibliobs
23 septembre 2013
Nulle trace de nostalgie ou de sentimentalisme dans ce livre de clerc qui, en apparence, tient du catalogue raisonné ou du rapport d'agent immobilier. Et pourtant, à chaque page, à chaque pas, on est saisi par une émotion, un trouble, voire un vertige inexplicable.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
19 septembre 2013
Intérieur est un livre de design. Rien à voir avec le corpus de jolies images qui irriguent les magazines de déco, mais plutôt avec la discipline qui voit dans chaque bibelot ou détail un signifiant théorique[...]c’est une angoisse qui traverse cette très réussie expérimentation littéraire qu’est Intérieur.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
02 septembre 2013
Dis-moi où tu vis et je te dirai qui tu es: c'est le challenge que s'est imposé Thomas Clerc avec Intérieur. Sur près de 400 pages, il décrit ainsi les 50 mètres carrés de son appartement de la rue du Faubourg-Saint-Martin, et ce jusque dans le moindre détail. [..] Malin, intelligent et ludique: à lire avant toute acquisition immobilière...
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
1 Judas nommé loisir
L’oeilleton est à hauteur de cou, il me faut donc courber l’échine. Posture de surveillance éphémère: rares sont les personnes qui franchissent le seuil de mon appartement, plus rares encore les visites intempestives, et rarissimes les fois où les 2 coïncident et justifieraient un coup d’oeil préventif, c’est-à-dire les moments où des inconnus se présentent à ma porte. La déformation que permet la loupe arrondie du judas produit un effet proche de l’anamorphose. Je fais parfois de ce petit panoptique une minuscule base de loisirs d’où j’épie les personnes qui montent ou descendent l’escalier — panorama complet si la scène est parlante, les trahisons de palier prolongeant celles d’alcôve.
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La cuisine

Obsédé par le gain de place plus encore que par le retranchement, j'ai fait de la cuisine 1 ventre serré. Cet économisme ne me déprime pas, je n'y vois qu'1 manière de vivre comme 1 autre, qui cherche à cantonner la bouche au minimum : le monde naturel est assez mal fait de ce côté-là, le fait de devoir se nourrir 3 fois par jour (4 en comptant le goûter) m'accable. Je tiens dans cette répétition pénible 1 argument fort contre l'existence de dieu, qui a gâté le plaisir délicieux de se nourrir en le quadruplant quotidiennement au lieu de le dédoubler simplement - signe d'une fausse puissance qui confond richesse et répétition, et enchaîne l'homme à son ventre. L'ennui d'être mobilisé par les courses, qui ne se résout qu'à coups de stratagèmes et de sursauts de volonté, est redoublé par celui de préparer le repas, qui lui-même implique la vaisselle et son rangement, le tout étant conditionné par la récurrente interrogation du « quoi manger ? ».
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Macérer
Le bain, on le voit, est l'occasion pour moi contemplatif de me livrer aux rêveries, sentiments et ressentiments, élucubrations diverses, théories avortées, ressassement de phrases sonores, souvenirs, projets, essais de phrases, pensées ou obsessions dérivant d'une macération calme de tout mon être. J'ai refait le monde moins dans des cafés que dans des baignoires, seul avec moi-même, me tripotant corps et âme, ruminant dans la petite prairie liquide et tiède. Le bain est 1 des rares activités passives dont la synesthésie s'obtient à peu de frais : le toucher, la vue du net, l'odorat du propre, le gout même de l’eau chaude, et le doux bruit du clapotis ou du débit offrent un moment d'art de vie total dont je connais peu d'équivalents.
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Pour le dire clairement, il n'y a jamais rien à manger chez moi. Je ne pourrais pas tenir 1 siège dans mon camp retranché: les grosses armoires fournies des maisons chaleureuses, les pots de confiture maison, les drageoirs à épices ont déserté. Je ne vis pas dans 1 conte de fées familial, mais dans 1 univers austère où tout élément tire son énergie d'1 contexte froid, comme 1 seule orange illumine la nappe blanche.
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À l’exclusion du sexuel, la nudité est naturelle dans la salle de bains et la chambre ; possible aux toilettes ; furtive dans le salon et l’entrée, qu’il faut traverser pour rejoindre la salle de bains ; incongrue dans la cuisine ou le bureau ; désagréable dans la cave. Le plaisir d’être nu chez soi est 1 performance douce.
Le cauchemar : le camp de nudistes, attentat contre l’érotisme, qui culmine dans la supérette où l’on fait ses courses à poil.
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Videos de Thomas Clerc (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Clerc
Performance de Thomas Clerc Dessins en direct de Jochen Gerner
L'écrivain Thomas Clerc et l'artiste et illustrateur Jochen Gerner se sont rencontrés dans le cadre de l'exposition « Hôtel Primavera » à la Maison des Arts de Bages (dans l'Aude) pendant l'été 2023. Leur admiration réciproque pour Marcel Duchamp scelle leur complicité artistique qui s'illustre dans un ouvrage publié pour l'occasion. C'est de ce travail commun que naît cette performance, pensée comme une nouvelle variation de leur rencontre.
À lire – Jochen Gerner, Hôtel Primavera, texte de Thomas Clerc, éd. Bertrand Chauveau, 2023.
Son : Adrien Vicherat Lumière : Patrice Lecadre assisté de Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Vidéo : Claire Jarlan
+ Lire la suite
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