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EAN : 9782070115471
128 pages
Gallimard (29/10/2015)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Joie, c'est le mot qui revient le plus souvent dans ce recueil de poèmes et qui en résume l'essence et le sens. Joie en dépit des jours perdus dans la tristesse et la désespérance d'un siècle en pleine confusion. Joie «devant le sens inépuisable que toute chose ici-bas découvre à qui sait voir» : beauté des saisons, richesse des paysages et des personnes, tout ce qu'enseignent les voyages, les arts... Joie pour qui vit au présent et croit en la promesse de la résurr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Qu'il est précieux dans la poésie contemporaine de trouver une telle harmonie!

« Tant de beauté gratuite à tout instant dans l'univers.
Tant de beauté pour qui sait voir. »

C'est très agréable à lire, même si comme toute poésie, son pouvoir évocateur va au delà du simple descriptif pour rejoindre l'intuitif, le vibrant, ce qui, comme la sève, sourd sous l'écorce aride des mots.
Vibrant, c'est le mot, je pense à du van Gogh tant les textes sont composés de puissantes lumières (ou autre évocation des sens).

Ces textes sont ils contemporains? Quelle est leur modernité? Redoutable question, on pense généralement que l'art contemporain se doit de déconstruire quelque chose…

Je crois y voir à défaut de deconstruction,
Une altération du temps et des sens qui rend toute chose présente, qu'elle fut souvenir, instant ou attente, il y a dans ces textes une contemplation active qui dépasse le simple instant présent pour y associer ce que l'auteur a vécu, ressenti ou pressent. Quelque chose advient qui n'est pas le produit des simples sens, mais la juxtaposition des expériences au mépris du temps et de son écoulement. Les angles, les heures, les émanations sont intégrées en quelque chose qui les dépasse. C'est donc une déconstruction de l'immédiat au profit du vécu et du vivant, une madeleine de Proust qui serait aussi une fenêtre sur la vérité de l'être.

« Tout est contemplation d'éternelle promesse
Ici dans l'éphémère vie qui passe et l'eau qui passe
Et l'eau qui lave, l'eau solennelle qui rédime
Pour l'autre vie qui creuse et nous parle sans fin. »

Ça résume assez bien le projet, je pense. Après, ça parle de trains, de paysages, de carcasses de voitures et même de harengs de la Baltique, mais au grand jamais d'autres humains, comme si le contemplatif narrateur était seul au monde.

Le poète est il seul dans sa révélation? Est il seulement rejoint par le lecteur dont l'intuition pourrait, me semble t il, lire toute autre chose dans cette reconstruction du réel que le bouquet rassemblé par l'auteur? Et si nous restions au seuil de ce mystère sans rien en déflorer?
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La pierre



J’ai parlé à la pierre avec ma langue d’homme, je l’ai tenue
dans ma main d’homme, une fois ramassée.

J’ai caressé sa joue de pierre comme une peau de squale,
et son fil de couteau, blessé, tailladé de méplats. Je la soupèse
comme on fait d’un melon propice et lourd par temps
de grand soleil aux tentes du marché.

Avant de la rendre à la terre parmi les choses
sans usage, vouées aux bas-côtés du chemin, aux ornières
hors de l’impitoyable zèle qui fait courir les routes.

Cependant signe, chose vivante, sens résolu.
Et mon esprit
sur elle fonde sa joie, songeant, songeant avec ferveur
à sa vocation même croissant parmi le jour
et la joie singulière au plus secret désir
qui anime le cœur et la foi des hommes.
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Verres à pied

Le monde marche sur la tête, les verres
sur les tables miment l'erreur, les verres qui attendent,
un pied en l'air, le temps qui tarde, les longueurs,
tandis que la ville au-dehors grommelle
de moteurs trépidants et bat de mots volages ses tapis.

Alors se réfléchit sur le ventre des verres
cette folie d'un monde ridicule, et sans folie,
et toute chose alors est minuscule, et les mots ne sont rien.
Dans le pied de cristal l'air inflexible, la vérité,
sur le ventre du verre une fenêtre fine, le jour
réduit à l'essentiel, un fin rectangle clair, alors
nos mains et nos regards au matin blanc s'inclinent.

Et ils attendent sur les tables d'un vin joyeux la joyeuse mesure,
de l'eau d'une carafe la transparence claire, une main
les conduit jusqu'aux lèvres qu'effleurent
la nostalgie du pur et l'effroi de l'impur.

Et comme les vitraux, traversés de lumière
ils sont ainsi: dix fois, cent fois visités par le jour, cylindre clair
alors je vois non plus des hommes ou des femmes
mais le vol dans la rue mobile, exubérant, d'un vide
meurtri de gloire ancienne en sa propre lumière.
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L'ALOUETTE

D'abord elle se faufile, craintive, dans les prés.

Humant l'odeur végétale du vert, le lait acre

Des coquelicots de soie rouge plissée, le bruit

Du vent dans le frémissement des orges.

Puis elle s'envole toute droite, dans l'air limpide,

Comme l'éclair au-dessus du pré, s'enfuit;

Et toutes les couleurs, les sons s'harmonisent

Dans le vent fluide qui la berce jusqu'aux nues,

Et le soleil si froid dans le ciel proche,

L'horizon qui s'appesantit sur ses arches de brumes,

La nuit lointaine et le recel des mares,

Les fermes endormies sous leur chapeau de tuiles.

Elle, droite, exulte au-dessus de l'espace,

Sans perdre son chemin dans le récit

De l'herbe à terre occupée de célestes insectes.

Mais buvant au-dessus de la coupe de cristal bleu

La tremblante eau du jour, chérit d'en haut la terre.
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J’écris…



J’écris non pas sous le soleil trop dur, le remuement des hommes

Mais à cette heure d’ombre, de solitude, sur les trottoirs d’hiver,

J’habite à la frontière entre l’intraduisible et la clarté.

[…] un chant qui vient de moi et ne vient pas de moi,

m’assaille, obsède et déconcerte.
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Restons ici …



Restons ici main dans la main, les pieds bien posés sur la terre

l’éternité fait son nid dans nos cœurs, le reste est éphémère
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