Je remercie à nouveau l'émission de France Inter « Quand les dieux rôdaient sur la terre » qui m'a donné une autre idée de lecture pour approfondir ma découverte de la mythologie et du théâtre grecs antiques.
Iphigénie est la fille d'Agamemnon, le roi des rois. Mais pour mener sa guerre et partir assiéger Troie, il lui faut des vents cléments, qu'il ne peut obtenir, selon l'oracle, qu'en sacrifiant ce qu'il a de plus cher, sa fille. Nénamoins, la déesse Artémis, déesse cruelle et féroce, protège les jeunes vierges. Elle a enlevé
Iphigénie pour en faire sa prêtresse, loin, si loin, en Tauride. La Tauride – Crimée actuelle – apparaît comme une frontière du monde grec, peuplée de Barbares. C'est un territoire désolé et effrayant, entouré de falaises déchiquetées battues par des vagues de tempête. Et, surtout, la mort y attend les Grecs, puisque tous ceux qui y passent sont sacrifiés sur l'autel de la déesse, leur tête découpée et exposée, leur sang dégoulinant sur le sol. Oui, c'est cruel et sanglant.
Iphigénie rêve de vengeance, elle aimerait que ce soit
Hélène sous le couteau sacrificiel, elle dont les amours coupables sont responsables de tant de malheurs.
La pièce peut donc apparaître comme une critique des « subtilités de la déesse », périphrase d'
Iphigénie pour évoquer la férocité d'Artémis. Après tout, c'est la soeur d'Apollon Phoïbos, le dieu de la lumière et des arts, certes, mais aussi un dieu violent et cruel. Artémis a sauvé
Iphigénie, mais pour la transformer en instrument de mort sur une terre sauvage ;
Iphigénie « a peur d'elle ». Toutefois,
Iphigénie précise sa pensée : ce sont les hommes qui tuent, et qui « attribuent leurs torts à la déesse ; / Aucun dieu n'est cruel ». Ce sont donc les hommes qui sont responsables de ses meurtres, les hommes dont les principales victimes sont les femmes :
Hélène peut-être,
Iphigénie surtout que son père était prêt à tuer pour sa guerre, ses servantes contre lesquelles le roi barbare veut se venger.
Si les dieux sont cruels, c'est parce qu'ils suivent les volonté du destin, appelé « fatalité » par Athéna. En effet, elle apparaît en personne à la fin dans un deus ex machina au sens propre, pour plier à sa volonté le roi barbare prêt à poursuivre
Iphigénie et
Oreste. Thoas l'exprime ainsi « à quoi bon résister à la volonté des dieux, qu
i ont la force pour eux ». Les dieux décident et les hommes doivent exécuter...
Tout apparaît donc comme un plan, comme une suite logique d'événements déterminés par « la fatalité », de la malédiction première, initiale, sur la famille des Atrides, au matricide d'
Oreste et à sa poursuite par les Erinyes, ces déesses de la vengeance, à ses retrouvailles avec
Iphigénie et à leur retour à Athènes. C'est une pièce athénienne, destinée au public athénien. Elle a donc des éléments « patriotiques »pour utiliser un terme anachronique, en présentant Athènes comme « la ville fondée par les dieux ». le personnage d'Athéna explique donc aux spectateurs assistant à la pièce l'origine de leurs cultes et de leurs temples, de certaines de leurs lois aussi. Cette fin m'a toutefois semblé un peu rapide, tout finit bien malgré ce début si sombre.