AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782841161546
74 pages
Cheyne (10/03/2010)
3.57/5   14 notes
Résumé :

Contrairement à ce qu'on serait tenté de croire, il ne s'agit pas ici d'un rapport ethnographique sur le Japon, sa culture, ses moeurs, ses coutumes, mais d'un regard tendre, patient et souvent amusé, ouvert à la poésie de l'infime et du subtil dont les Japonais font leur quotidien. L'enchantement que fait partager Ito Naga, l'auteur de "Je sais", ne procède nullement de la démonstration : il naît de l'observation s... >Voir plus
Que lire après Iro mo ka mo, la couleur et le parfumVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Depuis la seconde moitié du XIXème siècle, le Japon ne cesse de susciter la curiosité dans l'art et l'imaginaire occidental. L'esthétique de cette terre lointaine n'en finit pas de venir jusqu'à nous.
Publié en 2010 chez Cheyne éditeur dans la collection Grands Fonds, « Iro mo ka mo » (La Couleur et le Parfum) d'Ito Naga est un livre assez surprenant, qui résonne comme une invitation au voyage, vers le Nihon, le Pays du soleil levant.

Ouvrage surprenant car ce n'est ni un recueil de poésie en soi, ni un traité sur la poésie japonaise. C'est un composé de notes et d'impressions diverses de l'auteur, comme prises sur l'instant, livrées telles quelles.

Choses vues et entendues au travers de rencontres, de promenades dans les dédales de la ville ou dans un jardin zen. Choses glanées au gré de la vie quotidienne et des souvenirs, Ito Naga tente au travers de l'écriture de recréer, de retrouver l'instant précis qui fait naître la sensation, cet état de vertige particulier qui nous fait éprouver l'instant présent.

Tour à tour, Ito Naga découvre l'image, laisse filer le parfum ou la sonorité d'un monde singulier et multiple, d'un monde immobile et mouvant, où tout semble plénitude mais aussi fragilité et incertitude, cet Ukiyo (le monde flottant) que vivent les Japonais.

C'est dans cet interstice entre les contraires que naît la beauté si particulière de la poésie japonaise, celle qui va de l'écriture mais aussi de la parole au mouvement.
Ito Naga écrit qu'il ne faut pas interrompre une phrase en japonais, car toute la nuance arrive à la fin. Dans la langue japonaise, les mots ont tout pour dire ce que ne sait pas le regard.

« Elle a une manière de prendre les choses qui la rend heureuse ».

La pluie selon qu'elle est légère ou bien orageuse et portée par le vent, le bleu de la mer selon qu'il est près ou éloigné du rivage,... chacun état d'un élément est désigné par un mot ou par un groupe de mots qui en souligne la nuance et la particularité. « Les Japonais sont secrètement attachés aux signes et aux superstitions, ces croyances qui égarent (meishin) disent-ils », ainsi l'apparence qui se lie à la substance, à la matière.

J'ai beaucoup aimé la lecture de « Iro mo ka mo ». Là, un vol de lucioles dans la nuit. Ici, la fête des carpes (koi nobori). Plus loin la vapeur d'un bol de thé ou encore le fond de l'air en hiver, puis un quartier marchand à Tokyo,… Nombreuses images qu'Ito Naga a su retrouver et restituer dans une écriture lumineuse et simple, comme autant d'instantanés de la vie quotidienne japonaise. Pourquoi ne pas y retourner et reprendre un peu de ce pays du soleil levant ?

«En japonais, on dit de la beauté qu'elle remplit l'air (kaoru). A la façon d'une senteur ».



Commenter  J’apprécie          200
«Iro mo ka mo, la couleur et le parfum», paru en 2008 au Cheyne éditeur, est le second livre d'Ito Naga, pseudonyme d'un astrophysicien français. Scientifique, esthète et poète, Ito Naga en esquissant ici le ressenti d'un couple, un homme français et une femme japonaise, interroge les écarts de langage, de sensations et de comportements entre Japon et France, dans un texte en fragments qui se lit comme on peut apprécier des arrangements floraux, avec une profondeur et des harmonies de construction et de rythme plus ou moins délicates ou subtiles, et plus ou moins belles.

Une oeuvre esquissée, lecture trop évanescente, dont seuls quelques fragments resteront vivaces.

(Extraits)
«Une femme s'avance en kimono. Ses épaules sont légèrement tombantes, comme pour être caressées par le tissu.

En japonais, on dit de la beauté qu'elle remplit l'air (kaoru). À la façon d'une senteur.

Les cinq sens sont-ils vraiment séparés ? Au Japon, on dit qu'on peut voir un goût (aji o miru) ou écouter un parfum (kaori o kiku).

Quand ils pensent profondément quelque chose, ils ne sont pas habitués à le dire. Pour éviter d'être pesants pour l'autre.

Au bord de la mer, elle tend la main vers la vague comme si elle s'apprêtait à caresser un animal farouche.

Parfois, l'enfance apparaît comme le fond de la mer. Et les hauts-fonds comme des événements singuliers qui s'en détachent.

Ici, le bonheur est une chose grandiose tandis qu'au Japon, il suffit de brefs moments d'enchantement quotidiens. Comme cet instant près d'un étang et d'une libellule qui frémissait.

Rien ne se réalise comme on s'y attend. C'est ainsi que les Japonais appellent ce monde ukiyo (le monde flottant).

Le corps vieillit en premier et laisse la pensée échouée.»
Commenter  J’apprécie          110
Né en 1957, Ito Naga est astrophysicien, il a travaillé pour la NASA et l'Agence spatiale européenne. Je pense qu'il est français. Ses écrits sont catalogués 'poésie'. Me voilà bien. J'ignore sur quel blog je l'ai aperçu. Aussitôt noté. Ici le Japon est omniprésent ... et je suis tombée sous le charme.

Ha voilà, c'est chez Violette que j'ai découvert un autre titre, d'ailleurs: 'Je sens'.

Quelques extraits, puis une vidéo.

&&&&&&

" La couleur et le parfum" dit-on en japonais (iro mo ka mo) pour signifier l'apparence et la substance.

Les cinq sens sont-ils vraiment séparés? Au Japon, on dit qu'on peut voir un goût (aji o miru) ou écouter un parfum (kaori o kiku).

En croisant les sens, ils s'épanouissent davantage.

Bien sûr qu'on peut toucher avec les yeux ou voir avec les oreilles! "Vous ne faites pas comme je vous ai dit de faire!" s'est exclamé ce kinésithérapeute aveugle tandis que son patient se rhabillait.

Un peu avant, il avait posé les mains sur le visage du patient pour s'en faire une image. Il y a quelque chose comme un miracle dans le toucher.

&&&&&&


copié ici : https://www.meisterdrucke.fr/fine-art-prints/Ando-Hiroshige/795668/Un-chat-assis-sur-le-si%C3%A8ge-de-la-fen%C3%AAtre,-19e-si%C3%A8cle.html
Dans l'estampe de Hiroshige intitulée "Le chat à la fenêtre", on ne voit pas la femme qui est dans la chambre. Juste une serviette négligemment posée et son chat qui regarde par la fenêtre.

A cause de ce chat roulé en boule, il y a un atmosphère douce dans la chambre. Sans doute la femme que l'on ne voit pas est heureuse.

Assurément elle n'est pas seule dans la chambre. Ses pics à cheveux trainent par terre.

(...) le couple que l'on ne voit pas regarde avec le chat d'autres choses que l'on ne voit pas;

On ne distingue pas non plus les pattes du chat qui regarde par la fenêtre, mais on devine qu'elles sont délicatement posées l'une à côté de l'autre.

&&&&&&

Je croyais que, pour les Japonais, appuyer le poing sur la temps droite puis ouvrir brusquement la main signifiait "avoir une idée lumineuse" mais pas du tout. Cela signifie "quel idiot (kuru kuru pa)!C'est à toi qu'on a fait c geste?

&&&&&&

Il a découvert que lorsqu'on prend le temps, on a le temps.

Mais si tu ne portes jamais de montre, d'où tiens-tu ton temps?

&&&&&

De quelqu'un qui exagère, on dit qu'il "étale son furoshiki". Comme s'il voulait donner l'impression qu'il contient beaucoup de choses.

&&&&&^Penser ne se dit pas de la même manière selon qu'on pense avec la tête seulement (kangaeru) ou avec la tête et le coeur (omou).

&&&&&

Avec le mot hinyari (froid) , on sent le froid arriver peu à peu, comme au ralenti. Avec tsumetai (froid), on a froid d'un seul coup.

&&&&&


Lien : https://enlisantenvoyageant...
Commenter  J’apprécie          30
Lire La couleur et le parfum, c'est se promener au milieu de mots japonais, au milieu d'attitudes qui déconcertent nos habitudes, comme on découvre des essences végétales dans un parc, au hasard des pas et des sensations du jour.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les Japonais ont un mot pour décrire cette sensation d’infini qu’on éprouve devant certains paysages ou devant certaines peintures : yuugen. La sensation de flotter dans une obscurité profonde et mystérieuse.
Commenter  J’apprécie          100
Alors que ce que l'on sent est juste, ce que l'on pense est déformé. Chez l'être humain, quelque part en route vers le cerveau, les choses partent en vrille.

(P68)
Commenter  J’apprécie          110
Eprouver en une vie la multitude de sentiments qu'une multitude de gens vivent au même instant. Le temps d'une vie comme un instant du monde
Commenter  J’apprécie          130
En japonais, on dit de la beauté qu’elle remplit l’air (kaoru). A la façon d’une senteur.
Commenter  J’apprécie          140
Une fois la conversation terminée, elle ne raccroche pas tout de suite le téléphone. Elle attend quelques secondes pour laisser ce moment se dissiper.
Comme dans le haïku de la vieille mare de Bashô. On entend le plongeon de la grenouille mais surtout le silence qui revient pendant que se dissipent les ronds dans l’eau.
Un instant paisible à la fois visuellement et acoustiquement.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (26) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..