Je n'avais pas encore eu l'occasion de me plonger dans une enquête du grand commissaire Giovanni Dell'Orso, Gio pour les intimes, toutes brillamment élaborées par
Jean Dardi. C'est maintenant chose faite, et je l'en remercie grandement suite à l'envoi de son cinquième opus "
J'ai tué maman".
Aucun manque ne s'est fait ressentir, j'ai tout à fait réussi à me plonger corps et âme dans son roman, sans en avoir lu les précédents (même si je me doute que quelques subtilités ont pu m'échapper).
J'y ai tout d'abord découvert un univers échafaudé avec soin et précision. On se retrouve catapulté dans le quotidien du commissaire et de ses collègues policiers au sein du mythique 36 quai des Orfèvres que Jean semble connaître sur le bout des doigts. J'ai particulièrement apprécié que les côtés flics soient très maîtrisés mais qu'on puisse avoir la vision complète de la vie des policiers en entrant également au coeur de leur vie personnelle. C'est vraiment très plaisant. Ce ne sont pas que des enquêteurs mais des êtres humains à part entière que Jean s'efforce de nous décrire, et je dois avouer qu'il fait ça à la perfection. Quand l'affaire prend des allures personnelles lorsque le psychopathe s'en prend directement à notre héros, on ne peut que écarquiller les yeux et avancer dans l'histoire, la boule au ventre et le coeur à 100 à l'heure !
Les personnalités atypiques, les psychologies travaillées font de ses protagonistes des personnages intéressants et formidablement construits. Leurs facettes singulières m'ont beaucoup plu. L'enquête se révèle encore plus passionnante grâce à eux. C'est incontestablement un des gros points fort du roman.
L'enquête se montre captivante, il prend soin de nous amener là où il le souhaite, on peut capter le point de vue des enquêteurs mais aussi celui du tueur. Il n'hésite pas à nous servir sur un plateau des scènes macabres, diaboliquement présentées et écrites au présent pour encore plus d'immersion et de réalisme. C'est quelque peu déconcertant, on se sent voyeur et ahuri suite à tous les détails sordides qu'il n'hésite jamais à nous balancer. Il n'omet rien, n'épargne rien ni personne (ni ses victimes, ni son héros et encore moins son lecteur).
La plume se veut fluide, moderne, très agréable. L'écriture est fine et m'a séduite par ses teintes à la fois classiques mais aussi très contemporaines : une belle dualité littéraire qui offre un cocktail détonant. Les clins d'oeil, l'humour, les expressions hautes en couleurs la rendent encore plus dynamique et m'interpellent dans le bon sens du terme.
L'intrigue haletante, aux enchaînements rythmés, nous emmène loin, dans des thèmes bien amenés et bien exploités notamment concernant le tueur et les raisons de ses dérives... Rien n'est laissé au hasard, les fondations sont solides et l'édifice touche le ciel. Bravo pour cette histoire glaçante et hors du commun.
J'ai tourné les pages à une vitesse folle tant j'étais curieuse de connaître les tenants et les aboutissants.
Si vous avez envie d'un polar de qualité qui change, eh bien foncez, celui-ci est l'archétype du livre remarquable qui nous fait passer un moment inoubliable en laissant des traces indélébiles en nous. Bonne lecture !