L'auteur et illustrateur
Jean-Luc Englebert nous invitera à un petit voyage dans le temps avec son personnage de Jan l'apprenti.
Apprenti ? Oui, car on nous parlera peinture.
L'allure des personnages nous permettront d'identifier l'époque moyenâgeuse et celle des habitations près des petits canaux, nous ramèneront sans doute un peu vers les Pays Bas, lieu qui connut une belle période picturale flamande à cette époque.
Les Pays bas jouxteront la frontière de la Belgique, beau pays d'appartenance de notre auteur.
L'histoire.
Nous voyons notre petit personnage, Jan, livrer des arrêtes de poisson à un atelier de peintres.
Le petit soupire et rêverait d'en faire autant, mais le peut-il ?
A t-il le talent ?
Jan est un apprenti et pour l'instant, ce sont les tâches qu'on lui donnera à faire (On comprendra que ce petit bonhomme s'impatiente à l'idée de s'adonner à des taches qui sentent un peu moins le poisson). Il devra aider, balayer, ranger les outils car pour l'instant il est le plus jeune de l'atelier, le débutant, l'apprenti.
Jan sait-il peindre, nous demanderons nous ?
Nous pourrons le constater car justement avec l'impatience, Jan empruntera un peu de peinture et des pinceaux pour se lancer en cachette dans sa chambre le soir.
Se fera t-il pincer pour vol, le pauvre ?
Et oui, il aura fort intérêt à tout remettre en place, ne pensez-vous pas ?
Nous observons la première de couverture, avec ce Jan satisfait d'avoir étaler de la peinture sur le carrelage...Gloups!
Ca ressemble à une grosse bêtise, non?
Dans ce cas, pourquoi poste t-il fièrement ?
L'album est vraiment intéressant et une porte ouverte vers des questions sur la peinture et sa fabrication.
Nous apprécierons, nous les grands lecteurs, des petits clin d'oeil sympathiques à la peinture, comme les époux venus se faire portraiturer pour la gloire dans l'atelier du maitre (nous faisant aussi penser aux célèbres "Epoux Arnolfini" de Jan van Eyck (1434)).
Jan nous fera sourire par sa petite taille et le maitre par son attitude faussement sévère, les bras rangés derrière le dos.
Nous aimerons l'ironie de cette fin choisie par l'auteur car en effet les grandes découvertes en peinture parfois venait de l'expérimentation et du hasard.
L'auteur nous le dira pourtant, les bleus sont précieux et leurs matières premières coûtent cher.
Le personnage cachera t-il un nigaud écervelé ou un génie qui sommeille ?
La "grande bleue", cette grande marée sur le sol aura sa raison d'être, jeunes lecteurs, vous verrez et cela proposera une situation qui précipitera le destin de Jan, inévitablement.
La chute de l'aventure sera comme dit plus haut ironique et amusante, elle nous renverra à la connaissance fabuleuse et extraordinaire des pigments pour obtenir de la couleur, justement.
Comment faisait-on à cette époque pour obtenir de la couleur pour peindre, le savez-vous?
Un petit extrait d'un article pour peut-être vous donner envie d'aller y voir de plus près:
"
Les principaux pigments utilisés au Moyen-Âge sont déjà connus dans l'Antiquité, avec des renversements, la pourpre tirée des coquillages, que Rome a voulu réservée au pouvoir, disparaît au profit du kermès, au contraire du bleu, si mal vu par les romains, qui opère une véritable révolution dans le monde roman (voir l'une des conférences de
Michel Pastoureau).
Les pigments minéraux : le lapis-lazuli – après le IXe siècle ; l'azurite ; le smalt, la malachite, l'orpiment ; le réalgar, le minium. Les ocres et les terres, la céruse. Et bien entendu l'or, couleur et lumière, l'or mussif (pigment doré), l'or liquide et le plus précieux, l'or en feuilles. On pensait que les métaux étaient des composants semblables pouvant le mélanger, par exemple on mélangeait l'or à du mercure liquide pour obtenir la poudre d'or après la transformation du mercure en gaz. Les pigments d'origine animale: le kermès – cochenille ; la pourpre, des coquillages, la sépia de la seiche. Les pigments d'origine végétale, le pastel et l'indigo pour les bleus, la gaude et le safran pour les jaunes. Les matériaux calcinés pour les noirs..."
crédit: http://fardoise.eklablog.com/pigments-et-colorants-au-moyen-age-a116885600
On aime bien cette idée d'album.