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EAN : 9782070319817
424 pages
Gallimard (25/05/2007)
4.01/5   67 notes
Résumé :
" On m'a balancée dans ce groupe rock, on m'a refilé des musiciens dans les pattes, et la musique me poussait dans le dos. La basse me propulsait. C'est alors que j'ai décidé de me lancer totalement là-dedans. J'ai plus jamais voulu faire autre chose. C'était mieux et meilleur qu'avec n'importe quel mec. Et c'est peut-être justement ça le problème... " .

Victime de sa légende, Janis Joplin (1943-1970) fut trop souvent caricaturée pour son penchant à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Une biographie qui parvient à crever le mythe pour aller capturer des moments de la vraie vie de Janis révélés par elle-même et ses proches. Sa correspondance intime traduit les liens étroits l'unissant à ses parents qui l'ont soutenue tout au long de sa vie, et auxquels elle confiait ses doutes, ses angoisses et ses espoirs. de son enfance difficile à Port Arthur, enclave dont très tôt elle a voulu s'évader, à son adolescence meurtrie par l'image qu'elle avait d'elle même et que certains de ses contemporains lui renvoyaient, l'auteur démêle le fil d'un road movie plus axé sur la personne que sur la personnalité qui nous mène du Texas en Californie, de groupes obscurs aux phénomènes flamboyants de la scène californienne des années 60.
Mille détails et anecdotes de sa vie nous la rendent proche et en même temps lui réapproprie son identité en lui rendant sa liberté démystifiée. Joplin devient Janis Lyn, une fille bouillonnante, indomptable, fragile, forte et cassée, portée par cette voix phénoménale qui hurle et gémit la douleur du blues et des plaies non refermées.
La star au boa rose dévoreuse de décibels, d'hommes, d'alcool et de drogues ne se dissocie jamais de l'enfant blessée et lui sera fidèle jusqu'au bout, jusqu'à l'ultime ballade dans laquelle son timbre devenu souffle s'éteindra, fracassé par ses démons.
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Le 4 octobre 1970, aux environs d'1 heure et demie du matin, Janis Joplin décédait dans sa chambre de l'hôtel Landmark, à Hollywood, victime d'une overdose d'héroïne. Comme pour Jim Morrison, qui mourra un an plus tard dans son appartement parisien, on ne retrouva aucune seringue ou matériel de drogué sur les lieux : des "amis" bien intentionnés étaient passés par là.

On pense aujourd'hui que Joplin, qui avait replongé dans l'héroïne le mois précédent, sous la houlette de son amie et maîtresse, Peggy Caserta, s'était procuré de la drogue par son fournisseur habituel. Mais que, par un malheureux hasard, l'héroïne ainsi dispensée était exceptionnellement pure. L'organisme de la chanteuse, affaibli par l'alcool, les drogues et le stress, n'aurait pas supporté le choc.

Ainsi s'éteignait, à l'âge de 27 ans, celle que l'on surnomma de son vivant "la plus grande chanteuse blanche du blues."

Dans cette biographie qui se double d'un hymne vibrant à la gloire des sixties et d'une certaine culture, toute pétrie d'utopie et d'humanisme, Jean-Yves Reuzeau fait revivre avec un rare talent cette anti-conformiste par excellence qui eut le malheur de naître à Port-Arthur, au Texas. Passionnée par le dessin et la littérature, l'adolescente comprend très vite que son physique, lui aussi, n'est pas non plus dans les normes tolérées par la petite communauté où elle vit. Dès le secondaire, on lui fait comprendre qu'elle est laide, on la surnomme même - cruauté qu'elle n'oubliera jamais : "le mec le plus moche du campus."

Pour se donner de l'assurance - pour oublier ? pour rêver ? - Joplin se lie d'amitié avec celui qui l'accompagnera jusqu'à sa mort : le Southern Comfort, liqueur de whisky dont elle traînera des bouteilles et des thermos sur toutes les scènes qu'elle visitera. Dans les bars où elle effectue des descentes avec une bande de garçons eux aussi marginaux pour l'époque, il y a de l'alcool, des cigarettes, de la musique et même, dans certains, des lectures de poètes beatniks. Peu à peu, la musique, celle des notes et celle des vers, prend racine en elle et elle s'entraîne à imiter les grandes chanteuses de blues noires : Bessie Smith (qui restera sa référence suprême) et Odetta.

A partir de là, le destin de Joplin est tracé. Il serpente à travers mille petits bars et salles de concert jusqu'à la chambre de l'hôtel Landmark. Mais le succès ne vint pas tout de suite. Joplin l'atteignit en fait lorsqu'elle devint la chanteuse d'un groupe résolument hippie qui s'en cherchait désespérément une : "Big Brother and the Holding Company." Quand elle quitta "Big Brother ...", elle traversa à nouveau une période critique dont elle sortait manifestement - en partie grâce à Paul Rothchild qui fut également l'imprésario des "Doors" et avait l'habitude des personnalités "incontrôlables" - quand la Mort survint pour l'emmener.

Selon sa volonté, les cendres de Janis Joplin furent dispersées dans l'océan Pacifique le 13 octobre 1970. le 26 du même mois, toujours pour respecter son testament, une fête était organisée à sa mémoire et, en février 1971, sortait son dernier album, "Pearl", considéré comme son chef-d'oeuvre.

Si, par un hasard extraordinaire, vous n'avez jamais entendu chanter Joplin, courez d'urgence vous procurer l'un de ses disques. Vous comprendrez alors pourquoi Jean-Yves Reuzeau l'évoque ici avec autant de tendresse, de pudeur et d'admiration.
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Biographie sobrement intitulée "Janis Joplin" ; le propos du biographe, ancien acteur de l'industrie du disque par ailleurs, est de mieux cerner la trajectoire d'une étoile filante de la scène musicale américaine de la deuxième moitié des 60's.
Cette biographie s'attelle à comprendre cette jeune personnalité, disparue à 27 ans des suites d'une surdose d'héroïne.
Le biographe rapproche le prénom "Janis" de celui du dieu romain "janus", au double visage. de fait, Janis Joplin oscillera entre plusieurs pôles contradictoires : elle assumera plus ou moins sa bisexualité, dissimulera son manque d'assurance derrière une autorité parfois blessante pour son entourage professionnel et artistique et un exhibitionnisme qui lui permettra d'exceller sur scène. Elle se plaint d'une profonde solitude tout en étant accompagnée en permanence d'amant(e)s plus ou moins bien intentionnés. Elle cherchera inlassablement l'amour, tout en se révélant incapable d'entretenir une relation amoureuse plus de quelques semaines.
De fait, Janis Joplin n'aura pas le temps de mûrir ; sa vie affective est une catastrophe, tandis que la moindre frustration, la moindre angoisse, la rapprochent de la bouteille ou du prochain fix d'héroïne.
Le biographe insiste sur le traumatisme subi par Janis Joplin, alors qu'elle est étudiante au Texas : elle est élue "le mec le plus moche de son université". Il s'agit pour elle de fuir ce conformisme sudiste pour un univers où la différence est non seulement tolérée, mais encouragée : la scène hippie de San Francisco l'adoptera très vite.

Janis Joplin est une fille de son temps, et le biographe dépeint le monde musical us des 60's, dans ses dimensions géographiques et économiques ; San Francisco est la ville créative, expérimentale , où éclosent la vie communautaire, les expérimentations psychédéliques, sexuelles, ... La musique se pratique au sein de groupes, lors de concerts, souvent gratuits, où tous les arts s'entremêlent. New York cultive une image de sérieux, presque européen, et une appétence certaine pour les affaires. Los Angeles cultive son image "cool", tout en flairant le potentiel économique de la nouvelle scène musicale californienne, à graver sur des microsillons.
Ainsi, Janis Joplin se trouve aspirée dans une dynamique qui la dépasse : la construction de sa notoriété nationale, et internationale l'oblige à quitter les concerts festifs et conviviaux de San Francisco pour s'enfermer dans des studios avec des musiciens courrant le cachet, ou pour chanter dans des salles presque vides (comme à l'olympia de Paris ...). Assumant son admiration pour Bessie Smith et Otis Redding, Janis Joplin chante à Memphis devant un public afro-américain, qui l'accueille froidement : pas facile de chanter le blues quand on est blanche....
Au final, le biographe décrit très bien la formidable énergie développée par Janis Joplin :il lui a fallu bien du courage pour exercer un métier d'homme dans un univers machiste, défendre le blues auprès des blancs, quitter le Texas ; chapeau, l'artiste !
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Janis Joplin naît le 19 janvier 1943 à Port Arthur, au Texas. Passionnée de musique et de dessin, la jeune femme ne se sent pas à sa place dans cette petite ville aux mentalités étriquées. Souvent rejetée, elle est élue « garçon le plus moche du campus », mauvaise blague qu'elle n'oubliera jamais et qui influencera sûrement son caractère et ses attitudes. Sa famille aimante et surtout très tolérante la laisse tenter sa chance dans la musique du côté de San Francisco. Même si le succès peine à arriver, Janis trouve sa place dans cet eldorado devenu le repère de toute une génération de jeunes idéalistes, révoltés contre la société de consommation, opposés à la guerre et à la recherche d'une liberté totale, du corps et de l'esprit.


Janis aime séduire. Il s'agit même d'un besoin . Les hommes, en particulier les plus beaux d'entre eux, et les femmes, dont la compagnie semble la rassurer. Ses rapports aux hommes sont plus compliqués, Janis ayant développé un complexe la conduisant à vouloir dominer et à séduire en permanence.

Au-delà de ce besoin de séduire, il y a surtout cette nécessité d'être aimé. Janis Joplin doute d'elle-même, de son physique, de son talent, qu'elle travaille, qu'elle affine pourtant.

La chanteuse, après avoir failli renoncer à son rêve, notamment car elle a conscience de son penchant pour l'alcool et les drogues dures et du danger que représente par conséquent une ville comme San Francisco, finit par être intégrée dans un groupe déjà formé, le Big Brother and the Holding Company. Viennent alors les premiers concerts et les premiers contrats. Janis Joplin prend très vite le dessus sur le groupe et attire tous les regards. Son producteur souhaitant de plus en plus en faire une artiste solo, le groupe éclatera, cédant la place à une nouvelle formation, le Kozmic Blues Band. Ces débuts en solo seront complexes, l'alchimie du groupe n'étant pas des plus évidentes.

Janis Joplin marque par son talent de chanteuse, grâce à sa voix influencée par la musique noire qu'elle adore et qui lui permet d'exceller dans des registres rock, folk et blues. Au début très réservée sur scène, elle se révèle très vite complétement dans son élément. Elle vit ses chansons, tape des mains, saute, danse,… Elle frappe aussi le public par son caractère, ses réparties cinglantes, et ce rire si fort et provocant.

Mais Janis Joplin vit avec ses démons. Elle semble émotionnellement immature. L'alcool et les drogues dures lui servent d'échappatoire. Craignant les drogues dures, comme l'héroïne, Janis fait des promesses à ses proches, consciente du danger, mais finit toujours par ressombrer. Jusqu'à ce jour d'octobre 1970 où elle est retrouvée morte suite à une overdose dans sa chambre d'hôtel.

C'est une biographie passionnante que nous livre Jean-Yves Reuzeau. Il ne se limite pas à son sujet principal mais situe la vie de Janis Joplin dans un large contexte sociologique, politique et culturel. L'époque est aux hippies et aux beatniks. Janis Joplin se situe plutôt du côté des beatniks, malgré ce qu'on pourrait croire...

À travers les rencontres et les relations plus ou moins poussées de Janis, on croise Jimi Hendrix, Leonard Cohen, Jim Morison, Otis Redding, etc., et c'est toute la bande son d'une époque qui se fait entendre.

Cependant, on se perd un peu parfois, car la narration thématique croise par moments la narration chronologique entraînant quelques répétions inutiles. le livre demeure un documentaire riche et passionnant sur une femme captivante, et au-delà un documentaire précis d'une époque que l'on voit naître sur la côte ouest américaine, auprès de jeunes idéalistes, aux cheveux longs et fleuris, et disparaître sous les nombreuses overdoses et un retour cruel à la réalité…
Lien : https://cafeantidote.wordpre..
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1961, âgée alors de 17 ans, la jeune Janis Joplin, celle qui allait devenir la « Reine Blanche du Blues », découvre la scène et donne sa première représentation en tant que chanteuse. Au départ, rien ne la destinait à devenir chanteuse. Janis est douée en dessin et passionnée de lecture. Sa mère veut faire d'elle une femme modèle et une institutrice. Mais Janis déteste son Texas natal. Il y règne un fort conservatisme qui jugule les rêves de liberté de la jeune fille. Janis fuit, s'encanaille avec les petits gars du coin et découvre l'alcool, jusqu'à cet instant méchant et dramatique qui bouleversera Janis et la marquera à vie.

Jean-Yves Reuzeau nous livre une biographie attachante sur Janis Joplin. Au fil des pages, on suit cette petite texane, complexée par son physique, qui n'aura de cesse de brûler la chandelle par les deux bouts. de son aventure avec Big Brother and The Holding Company, le groupe qui la révélera au grand public, jusqu'à l'enregistrement du chef d'oeuvre « Pearl », l'écrivain nous dresse un portrait d'une femme blessée et meurtrie mais aussi d'une femme libre et généreuse, d'une bête de scène, d'une voix et d'un destin hors du commun.

Le livre est très agréable à lire et nous immerge dans un univers addictif. J'ai apprécié les photos en milieu de livre, toutes les notes en fin où l'on peut trouver la chronologie des dates clés dans la vie de Janis, une bibliographie et une discographie. A la lecture de cette biographie, je n'ai qu'un seul regret : celui de l'avoir terminé.
Lien : http://horizon-magazine.fr/?..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
A l'approche de Noël, Janis suggère à ses parents de lui offrir un livre de cuisine. Une gigantesque party est organisée par la communauté de Lagunitas qui achève son déménagement entamé en octobre. Plus de deux cent personnes vont passer durant la nuit. On invite bien sûr les groupes voisins, le Grateful Dead et QuickSilver Messenger services, mais aussi Country Joe and the Fish, ainsi que des fidèles amis comme Powell St John, auquel Janis n'ose pas avouer avoir enregistré sa chanson de séparation "Bye, bye baby", mais auquel elle confie jouer à la roulette russe avec tout ce qui peut la faire planer. Le vin coule à flots, la nourriture est excellente. Une équipe est chargée de rouler une centaine de joints à partir d'un monceau d'herbe spécialement arrivée du Nebraska. Augustus Owsley Stanley III, la trentaine, cheveux longs filasse et lunettes à monture d'acier Ben Franklin, petit fils d'un sénateur du Kentucky, est le principal fournisseur d'acide de toute la région, et sans doute du pays. Comme il est de la fête, on ne serait bien sûr se limiter à boire ou à fumer. Le LSD est aussi de la partie. Janis célèbre essentiellement ce départ en compagnie de son ami Pigpen du Grateful Dead. Une jam session de guitares enflamme la nuit.
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Vingt ans après la mort de Janis, les journaux texans demanderont dans un sondage s'il est ou non opportun de lui rendre hommage. Pensez donc: une droguée qui a eu l'impudence de venir leur faire la morale et de les provoquer sur place. Près de 80% des personnes interrogés répondront par la négative...A ce taux là, et quitte à mourir si jeune, Janis aurait pu forcer la dose et exprimer encore plus ouvertement sa vengeance !
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‘Je préfère vivre une dizaine d’années hyper à fond plutôt que jusqu’à soixante-dix ans, écroulée au fond d’un fauteuil face à une télé. Je ne veux rien faire à moitié et vivre uniquement l’instant présent.’
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Janis prend conscience que le monde est bien plus vaste et complexe que le microcosme balisé où elle croupit. Elle doit réagir contre l'immobilisme et les conventions pesantes de son entourage...Quitte à être écartée, rejetée. Janis doit affirmer sa singularité pour exister, tout simplement.
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Solide lecteur, il inocule le virus à sa fille, une passion qui ne la quittera jamais et qui très tôt renforce sa nature indépendante et solitaire. Devenue célèbre, Janis le remerciera dans une lettre de l’avoir attirée vers la littérature.
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