J’ai tant nié que l’amour soit une puissance, une force, une douceur ! Je me suis si souvent moqué des amoureux, de l’excès de leur sensiblerie ! J’ai raillé les romantiques, les fanatiques de littérature ! J’ai refusé de croire aux irrésistibles attirances qui font, de deux êtres qui se sont choisis, une même âme, un même corps ! Je méritais d’être châtié.
Elle se nommait Helen. Pour moi, elle fut tout de suite Sweetie, car elle était non seulement la beauté et la grâce, mais encore la douceur, la sensibilité.
Pourquoi attacher tant d’importance à un prénom ? C’est probablement parce qu’il s’allie, le plus souvent, à la personnalité même de l’être qui le porte. Helen, en ses syllabes tendres, résumait si parfaitement ma bien-aimée, qu’elle n’aurait pu avoir un autre nom, sinon celui que, d’instinct, je lui ai donné. Elle semblait avoir été créée pour répandre le bonheur autour d’elle.
A-t-on le droit de se plaindre quand on est l’artisan de son propre malheur, quand on a été assez sot pour briser, cyniquement, ses chances d’être heureux ?
Raconter une histoire d’amour, sa propre histoire, confier au papier les anxiétés, la douleur, les regrets qui vous obsèdent et ne vous laissent plus en repos, est si stupide que, devant ce bloc de papier blanc où ma plume a commencé de courir, j’ai eu d’abord un recul.
Comme la vie est bizarre et pleine d’étrangetés, dont on ne mesure pas toujours les conséquences ! Une infime circonstance peut bouleverser toute une existence.