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EAN : 9782849502563
154 pages
Syllepse (04/03/2010)
4.12/5   4 notes
Résumé :

Lors de ses Entretiens de 1952, André Breton déclarait: "Au cours des trois années qui précédent la nouvelle guerre, le surréalisme réaffirme sa volonté de non-composition avec tout le système de valeurs que met en avant la société bourgeoise. Cette volonté s'exprime avec le maximum d'intransigeance et d'audace dans le recueil de Benjamin Péret: Je ne mange pas de ce pain-là. " Ce recue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Benjamin Péret écrivain surréaliste n'aimait pas la religion , les compromissions et encore moins les politiciens , ses écrits et ses actes étaient en parfaite osmose d'avec ses idées , donc en 1936 il rejoignit la primera compania del batallon " Nestor Makhno " Division Durruti sur le front de Terruel .Auteur en 1928 de " Les Rouilles Encagées " ( attention : contrepèterie ) interdit sur le champ , réédité en 70 par Losfeld , interdit en 71 , réédité en 75 .L'homme n'était pas sans histoires ni antagonismes : s'il fut emprisonné à Rennes pour reconstitution de ligue Trotskiste dissoute , on le connut tout aussi communiste auparavant puis fréquentant un peu les nazis un peu plus tard .Tout au long de son parcours chaotique il resta fidèle à André Breton . On lui doit aussi : "Le déshonneur des poètes " écrit en opposition à " l'honneur des poètes ", encore une provocation !
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La poésie au centre vital d'une vie faite pour être vivable

Dans sa présentation Gérard Roche, aborde l'écho du recueil, sa réputation sulfureuse, le scandale provoqué, la colère et l'indignation de Benjamin Péret, la collaboration de l'auteur à l'Humanité, le « pourfendeur de curés pédophiles, de gradés sadiques toujours prêts à frapper et à opprimer », les débats quant « aux rapports entre la création poétique et l'action pratique révolutionnaire », le refus d'« une instrumentalisation politique de la poésie » ou d'une réduction de la poésie à « l'indignité mercenaire ». Il cite André Breton : « L'imagination artistique doit rester libre. Elle est tenue quitte par définition de toute fidélité aux circonstances grisantes de l'histoire. L'oeuvre d'art, sous peine de cesser d'être elle-même, doit demeurer déliée de toute espèce de but pratique ».

Nous sommes donc bien ici dans la liberté de l'imagination poétique, l'humour comme arme contre les dictateurs, l'audace des images, le ciblage des maux et de problèmes de cette époque, « le pouvoir, la dictature, la religion, la bêtise, la superstition, la peur de la liberté »…

De cris et des mises en mots de Benjamin Péret, de ce tourbillon du refus, je ne souligne que certains éléments. Seule la lecture – si possible à haute voix – rendra compte de l'irrésistible force de cette poésie au vitriol.

Des cibles haïssables, par exemple, monsieur Thiers, Louis XVI et « le droit divin de crever », un cardinal « grâce à l'endurance et au patriotisme / que tu prêchais dans abattoir », Nungesser et Coli, « Quant à nous nous aurons des banquiers soufflés / des généraux couverts de vomissures / et de sombres bourriques de tous les pays », le pape des catholiques, la rencontre des cloportes et des cafards, l'assassin Foch, « et comme un boucher il creva d'une blessure de cadavre », la peste tricolore, le patriotisme, « Soudain un mou de veau auréolé de mouches / suant des patriotismes / comme un général devant le monument de ses morts », les trahissons ou la « vacherie nationale »…

De l'humour et de la tendresse aussi, la petite chanson des mutilés, « j'ai mangé beaucoup de rats /mais ils ne m'ont pas rendu ma jambe / c'est pour cela qu'on m'a donné la croix de guerre / et une jambe de bois », Sacco et Vanzetti à venger, Macia et la Catalogne…

La seconde partie du livre est consacrée à une enquête sur le recueil, des questions et des réponses de diverses personnes, des éclairages possibles sur la lettre et le feu de Benjamin Péret. L'esprit de révolte, le lyrisme survolté, le désir de liberté et de poésie, la vague irrésistible d'images, l'efficacité de l'outrageant excès, le réfractaire aux ritournelle patriotiques et staliniennes, la fureur poétique, la dénonciation de l'insidieux, les spectres pestilentiels, le « contingent de crapules en tout genre, de charognes en état de putréfaction avancée et de monstruosités aussi nouvelles que détestables ! », la jubilation interne, le buveur de soleil…

(Re)lire ce livre reste bien « une question d'hygiène mentale et d'estime de soi »…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Dans ce mince recueil explosif, Benjamin Péret laisse éclater sa colère, maniant l'invective, l'insulte et le dénigrement avec une rare violence. L'outrance des images, la brutalité du propos visant le clergé, les flics, l'armée et les politiciens ne se donnent aucune limite, aucun frein. Rien ne semble arrêter sa rage destructrice, portée à l'incandescence. On ne peut s'empêcher de rapprocher cette violence de Je ne mange pas de ce pain-là de la célèbre photographie parue dans la Révolution surréaliste (décembre 1926) et de sa légende : « Notre collaborateur Benjamin Péret injuriant un prêtre ». La colère, l'indignation semblent être les seules motivations à réunir ces textes dispersés et liés à des circonstances et au contexte politique lui-même violent de la fin des années vingt et du début des années trente. Période de troubles sociaux, de conflits de classes, de révolutions et de montée des nationalismes.»

Gérard Roche, préface à Je ne mange pas de ce pain-là.

Lien : http://www.benjamin-peret.or..
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à lire ; voilà un gilet jaune !!!
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Vie de l'assassin Foch

Un jour d'une mare de purin une bulle monta
et creva
A l'odeur le père reconnut
Ce sera un fameux assassin
Morveux crasseux le cloporte grandit
et commença à parler de Revanche
Revanche de quoi Du fumier paternel
ou de la vache qui fit le fumier
A six ans il pétait dans un clairon
A huit ans deux crottes galonnaient ses manches
Un jour d'une mare de purin une bulle monta
A dix ans il commandait aux poux de sa tête
et les démangeaisons faisaient dire à ses parents
Il a du génie
A quinze ans un âne le violait
et ça faisait un beau couple
Il en naquit une paire de bottes avec des éperons
dans laquelle il disparut comme une chaussette sale
...
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Regardez comme je suis beau
J'ai chassé la taupe dans les Ardennes
péché la sardine sur la côte belge
Je suis un ancien combattant

Si la Marne se jette dans la Seine
c'est parce que j'ai gagné la Marne
S'il y a du vin en Champagne
c'est parce que j'y ai pissé

J'ai jeté ma crosse en l'air
mais les tauben m'ont craché sur la gueule
c'est comme ça que j'ai été décoré
Vive la république

J'ai reçu des pattes de lapin dans le cul
j'ai été aveuglé par crottes de bique
asphyxié par le fumier de mon cheval
alors on m'a donné la croix d'honneur

Mais maintenant je ne suis plus militaire
les grenades me pètent au nez
et les citrons éclatent dans ma main
Et pourtant je suis un ancien combattant

Pour rappeler mon ruban
je me suis peint le nez en rouge
et j'ai du persil dans le nez
pour la croix de guerre

Je suis un ancien combattant
regardez comme je suis beau
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Ils partirent
et des drapeaux tricolores sortirent de tous les anus
Dans l'égout du ciel français
ils étaient à leur aise mieux que des crapeauds
mais quand ils eurent dépassé leur crachat
les requins vinrent à leur rencontre
et les rejoignirent quelque part entre deux vagues
surmontés d'un chapeau haut-de-forme
comme des croque-morts patriotiques
Mais ils étaient déjà pourris
et dans leurs yeux le vers simulaient des points d’interrogation
Les vagues crachèrent de dégoûts à leur approche
et dans un hoquet les avalèrent
Trempez vieux croûtons dans le grand urinoir
Quel salace maniaque oserait de ses doigts qui s'effritent
toucher votre triste pourriture
Vous êtes crevés Nungresser et Coli
Pourtant la guerre injuste vous avait manqués
et ceux que vous assassinâtes s'avancent vers vous
Ils ont des yeux de coupe-tête et des mains de garrot
mais ils sourirent de se savoir vengés
Aujourd'hui les beaux monstres de la mer
viennent flairer l'éponge de vos corps
et disent
Pouah c'est du Français puant l'eau bénite
laissons-les aux curés de leur pays
Avec leurs crânes ils feront des calices
et leurs os serviront de chandeliers soufflés
des généraux bourriques de tous les pays
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Ventre de merde pieds de cochon
tête vénéneuse
C’est moi Monsieur Thiers
J’ai libéré le territoire
planté des oignons à Versailles
et peigné Paris à coups de mitrailleuse
Grâce à moi ON a pu mettre
du sang dans SON vin
Ça vaut mieux que de l’eau
et ça coûte moins cher
Les perles de ma femme sont des yeux de fédérés
et mes couilles de papier mâché
je les dégueule tous les matins
Si j’ai des renvois de nougât
c’est parce que Gallifet me gratte les fesses
et si mon ventre s’allonge
c’est parce que j’ai fait danser
l’anse du panier de
la république
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j’ai mangé beaucoup de rats /mais ils ne m’ont pas rendu ma jambe / c’est pour cela qu’on m’a donné la croix de guerre / et une jambe de bois
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Vidéo de Benjamin Péret
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : Benjamin Péret, _Le déshonneur des poètes,_ précédé de _La parole est à Péret,_ Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1965, 38 p., « Liberté n°23 ».
#BenjaminPéret #LittératureFrançaise #Surréalisme #AprèsGuerre
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