ce livre à la 1ère personne dans la tête d'un jeune garçon de 7/8 ans est glaçant. On passe son temps à se demander si cet enfant est effectivement fou, s'il a juste un regard d'enfant et qu'il ne comprend pas le monde des adultes ou si les adultes qui l'entourent sont en fait des personnes extrêmement dangereuses.
La fin est très forte. Je vous laisse la découvrir.
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Percutant et déstabilisant.
Un bon écho de ce qui c'est passé au Québec dans la dernière année et qui met en lumière les failles de la DPJ.
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Quand on a peur, il faut s’armer.
Je ne sais pas encore ce que je veux.
Une tenaille, non.
Une clé anglaise, non plus.
Un tournevis à tête plate, oui.
Un marteau pour arracher les clous, aussi.
Je prends un outil dans chaque main: le marteau à droite et le tournevis à gauche. Je suis un soldat. Un des rouges, parce qu’ils sont plus forts et plus rusés. Parce qu’ils gagnent toutes les batailles.
J’ai quand même très peur, mais je ne me laisserai pas faire. Avec mes armes, je vais pouvoir affronter mes ennemis.
Je me retourne, le dos contre l’établi. La lueur semble avoir augmenté. Je crois que ce sont mes yeux qui s’habituent à l’obscurité.
Je ne veux pas finir enterré dans la cave comme ma mère brune. Parce que je suis sûr qu’elle est là, sous mes pieds. C’est très clair maintenant: mon père l’a tuée et enterrée pour la remplacer par la rousse. Il me prend pour un petit enfant. Il pense que je ne comprends rien. Que je vis dans ma bulle, dans mon monde. Il ne me respecte pas.
J’ai du mal à penser à autre chose qu’à ce qui vient de se passer. Si mes parents veulent me rendre fou et que je refuse de le devenir, qu’est-ce qui va arriver? Ils ne peuvent pas m’enfermer dans un asile si je suis sain d’esprit. Ils pourraient me tuer sans le dire à personne et continuer à toucher des allocations familiales… Mais la directrice de l’école leur demanderait où je suis. Elle pourrait prévenir la police. Non, ils ne me tueront pas.
Je suis en train de me raconter une histoire d’horreur pour me faire peur. Je déteste ça. Ça ressemble à la scène du film dont ils parlaient au téléjournal et qui avait fait rire mon père.
On ne se ressemble vraiment pas. Mes parents ont les cheveux bruns. Mon père a un gros nez. Je suis blond et mon nez est tout petit. Même s’ils disent qu’ils sont mes parents, je me doute bien que ce sont des mensonges. Mes parents biologiques ont dû mourir dans un accident de voiture. Ça arrive souvent.
Mais c’est comme pour les épices, notre corps s’habitue, devient plus fort et plus résistant. Il y a des gens qui n’ont jamais eu de souliers. Si je marche comme ça tout le temps, je vais avoir de la corne qui me protégera et je n’aurai plus mal. Ça me fera une sorte de semelle.
Allons-y!
Payot - Marque Page - André Marois - Irrécupérables