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EAN : 9782818044735
272 pages
P.O.L. (04/01/2018)
3.1/5   41 notes
Résumé :
Géralde est une jeune femme de 30 ans. Elle est belle, cultivée, maline mais, voilà, ça ne marche pas avec les garçons. Il faut dire que, bizarrement, elle collectionne les mauvais coups… Pourtant, une rencontre lui redonne espoir : Pierce, un jeune homme néozélandais, posé, séduisant, d’une délicatesse et d’une attention auxquelles elle n’était pas habituée. Cela n’est pas vraiment un coup de foudre, mais une agréable opportunité. La contrepartie est que si elle ve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Mon héroïne 2017-2018 ce sera Nicolas Fargues. Bon, Nicolas n'est pas une femme, mais après avoir croqué, avec beaucoup d'ironie, d'affreux prototypes de misogynes dans ses précédents romans, il se met ici dans la peau d'une jeune femme, et plus encore (mais je ne le dirais pas). En observateur méticuleux des moeurs contemporaines, il brosse comme toujours des portraits multiples, avec la finesse d'esprit qu'on lui connaît, toujours critique, juste, parfois drôle : les jeunes, les vieux, les bourgeois, la société française - son rapport à l'étranger, mais aussi la Nouvelle Zélande (dont il nous avait donné un avant goût avec Écrire à l'élastique coécrit avec Iegor Gran en 2017 et qui était une drôle et belle vraie fausse correspondance - ou fausse vraie, à vous de voir). Il nous parle aussi du Cameroun, des relations familiales, pas toujours faciles, de la solitude moderne -celle qu'on retrouve à travers les réseaux sociaux, C'est que Nicolas Fargues donne a lire des romans hyper-contemporain, ce que je déteste, en principe, et pourtant, avec lui ça marche. Je ne lache pas le livre, tenu par une construction astucieuse, un va et vient de scènes qui en disent long sur les relations amoureuses, sur les petits concessions du quotidien, qui sont au final autant de défaites qu'on aimerait transformer en victoire histoire de sortir la tête haute de ce bourbier qu'est la vie transformée en enfer douillet fait de certitudes sans cesse remisent en question. J'aime bien ces romans qui inversent la vérité, la réalité, le sens moral, comme dans Les hommes tremblent de Mathieu Lindon, où les habitants d'un immeuble, pourtant de très bonne volonté envers leur prochain, se mettent à haïr le clochard ingrat qui squatte leur allée ; ou encore dans L'écologie en bas de chez moi, de Iegor Gran, où l'auteur déverse des tombereaux de mauvaise foi envers les écolos pour au final penser à la fois l'écologie, mais aussi l'autofiction - c'est génial. J'aime ces romans qui vous force à quitter votre rôle bien défini pour vous mettre dans la peau d'un autre. Dans le cas de Je ne suis pas une héroïne, c'est dans la peau d'une autre et c'est vraiment une réussite. Alors oui, en cette fin d'année 2017 (car j'écris ces lignes le 29 décembre), c'est bien Nicolas Fargues mon héroïne.
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Je ne suis pas une héroine

Ce portrait de Géralde m'a touchée, cette jeune française d'origine camerounaise face à ses interrogations et ses questions existentielles, identitaires (sa couleur de peau lui étant sans cesse renvoyée à la figure) et amoureuses. Dans la première partie, cette trentenaire, face à ses nombreux échecs amoureux, se demande « si le grand amour partagé, l'écho des coeurs, le don à deux, la danse en apesanteur, la complicité de l'implicite, la merveilleuse bienveillance : si toute cette bonbonnière de mots n'était au bout du compte qu'un fantasme de petite fille capricieuse et autocentrée ? ». Par peur de la solitude (malgré les réseaux sociaux omniprésents dans sa vie), elle multiplie les mauvaises expériences, même si elle sait d'avance, lucide, qu'elles ne seront que galères, frustrations et déceptions. Géralde a arrêté Tinder : « C'est comme le McDo : tu salives avant et tu regrettes après. » Belle et cultivée, elle s'épuise pourtant à ne croiser que des « Jimmy », des types d'une nuit, d'une semaine, quelques mois au mieux, et désespère de rencontrer un jour un « Jim », « le vrai, le définitif, le solide, l'indubitable ».
Jusqu'à son départ, sur un coup de tête en Nouvelle-Zélande où elle va rencontrer, contre toute attente, Hadrien, un conférencier reporter, et trouver enfin – peut-être – son Jim et le chemin du bonheur. Nicolas Fargues nous offre alors de magnifiques pages sur l'amour, et sur « l'homme » par qui le bonheur peut arriver. « Tout ce que je peux dire, c'est que c'est un homme… Quelqu'un qui, pour une fois, ne te fasse pas entrevoir immédiatement l'envers du décor. Quelqu'un qui te donne envie de lui montrer qui tu es vraiment, pour de bon, sans craindre que tout cela ne tombe dans l'oreille d'un sourd et dans l'oeil d'un borgne. Qui te fasse prendre conscience de tout ce que tu as à donner mais que personne jusqu'ici n'aura su venir chercher… Quelqu'un qui te fasse enfin sentir que tu es de la confiture pour une autre confiture et qu'il est une pantoufle de vair à ton pied. »
« Je vivais ce que toute femme amoureuse rêve de vivre : des sentiments sans cesse confirmés et régénérés par des faits. Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour. »
En prime, une belle balade en Nouvelle-Zélande qui donne à Géralde la distance nécessaire pour ouvrir la porte fermée, celle de son coeur immense.
Enfin, pour Nicolas Fargues, se mettre dans la peau d'une femme à la peau noire était un défi audacieux et c'est plutôt réussi. Un roman subtil, très ancré dans la réalité.

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J'ai été d'emblée impressionnée par cette écriture masculine qui sait fort bien traduire les sentiments , l'intimité et la psychologie féminine.
Geralde, jeune femme camerounaise, enchaîne les déceptions amoureuses pour enfin trouver l'Amour.
D'une part, ce roman analyse avec justesse les relations hommes-femmes , et surtout la difficulté pour une femme à trouver l'homme qu'elle voudrait parfait (page 145 : parce que le type se révélait toujours soit trop stupide, soit trop compliqué. Soit trop vulgaire, soit trop coincé. Trop égoïste ou trop soumis. Trop immature ou déjà vieux dans sa tête. Pas assez gentleman ou trop obséquieux. Trop fils à maman ou trop de problèmes à régler avec son père. Pas assez d'ambition ou trop arriviste. Trop radin ou trop fauché. Trop débraillé ou trop strict. Pas assez câlin ou trop collant. Au lit, trop brutal ou trop doux, etc. Les gens te disent : "Tu crois que tu n'en as pas , toi, des defauts?
D'autre part, Nicolas Fargues pointe du doigt la différence de couleur qui n'aide pas à se sentir bien dans sa peau (page 40 : je ne dis pas qu'il ne m'arrive pas d'imaginer qu'il doit être beaucoup plus simple d'être blanche, dans la vie de tous les jours).

La chute du roman est un peu décevante, mais cependant une belle lecture.
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« Un livre qui parle d'amour et d'identité française » résume Nicolas Fargues, évoquant son dernier roman.
« Un livre au pari risqué ! » me suis-je répétée durant la lecture.
Se mettre dans la peau d'une femme en évitant les poncifs était un défi audacieux et admirablement réussi. Au demeurant, un pari peut en cacher un autre, car l'auteur a décidé que sa narratrice serait noire.
Loin de vouloir faire de son roman un essai anti-raciste, Nicolas Fargues s'intéresse ici au multiculturalisme : omniprésent aujourd'hui, comment l'abordons-nous ? Sommes-nous si à l'aise derrière nos grands discours ? Comment cohabitons-nous ?

Géralde n'a pas grand chose à perdre en quittant Paris pour la Nouvelle Zélande afin de rejoindre Pierce qu'elle connait à peine. Elle est parisienne, trentenaire et collectionneuse d'échecs sentimentaux. En première partie de roman elle visite son passé sentimental, ses amies, sa mère. Idéologique, il y a beaucoup de nous dans Géralde. Tenant constamment ses amants en joue sur les sujets sensibles, (origines, politique, féminisme, cheveux) elle quitte l'autre à la moindre déception. Et ce n'est pas pour Pierce qu'elle fera exception dans la deuxième partie. Même à l'autre bout du monde, Géralde s'en va car rien ne répond à ses attentes. Sur la route du retour, elle croise Hadrien, prof de conférence. Plus âgé, plus subtil, elle ose en tomber amoureuse et ouvrir ainsi « la porte » qu'évoque Marguerite Duras dans « L'amant », la porte fermée, celle de notre coeur immense que si peu d'hommes méritent.

Ultra ancré dans notre époque, cette anti-héroïne avance et expérimente la vie entre deux Snaps et posts Instagram. Rire et réfléchir simultanément par ce roman était une expérience agréable et aboutie : c'est subtilement que ce livre emmène le lecteur à dépasser ses positions. J'admire l'acuité sociologique et féminine de l'auteur. Une très belle surprise !
Lien : https://agathethebook.com/20..
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Une jeune Française d'origine Camerounaise part rejoindre au antipode, en Nouvelle Zélande, une histoire d'amour sans importance, qui aurait très bien pu être sans lendemain. Un seul objectif, voire du pays et profiter de l'opportunité d'obtenir un visa vacance travail. Ce voyage sera l'occasion de chocs culturels à multiples facettes.

Un écrivain blanc qui se met dans la peau d'une jeune femme noire, cela pourrait faire jaser dans ces temps troublés de l'année 2020 par les crispations identitaires dans les milieux dit indigéniste. Appropriation culturel ? Black face honteux ?  de quoi se mêle donc ce blanc ? La question pourrait êtres posée.
Pourtant depuis "attache le coeur" on sait que Nicolas Fargues possède une grande connaissance culturel sur l'Afrique et le Cameroun en particulier. Un attachement que l'on sent sincère. On sait aussi que Nicolas Fargues écrit très bien, un style naturel et recherché sans êtres pédant. Des qualités que l'on retrouve encore dans ce roman. 

N'ayant aucune appétence pour les débats essentialisant sur "les trucs que fonts les blancs" ou "les noirs pensent comme ça", je doit avouer que je suis passé complètement à côté de la problématique du livre.
Le côté : "je suis un blanc qui comprend les noirs et parle à leurs place pour leurs plus grand bien, parce que je les comprends et les aiment" est quand même gênant. Malgré tout le talent et l'érudition de l'auteur sur ses questions. Des questions qui, j'insiste, m'indiffère complètement. Un roman qui n'était donc pas pour moi, mais pour qui est-il au juste ?
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
14 février 2018
Nicolas Fargues, dans "Je ne suis pas une héroïne", écrit son autoportrait au féminin.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
17 janvier 2018
Avec Je ne suis pas une héroïne, l'auteur abandonne les héros ou anti-héros masculins, qui sont sa marque, pour confier la narration du récit à une jeune femme.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Comme tant d'autres femmes françaises de sa génération appartenant à une classe socioprofessionnelle supérieure, Paule ne parvenait pas à dénicher dans son entourage ni par petites annonces sur internet d'amant à la fois capable de répondre à ses exigences physiques, sociales et intellectuelles. Relevant moi-même de cette précieuse sous-espèce, il m'aurait été très simple de lui proposer de l'inviter au restaurant le soir même, de la raccompagner chez elle et d'y passer la nuit en restant cette fois jusqu'au matin. Nous aurions préparé puis pris le petit déjeuner ensemble, je l'aurais longuement embrassée sur le pas de sa porte au moment de rentrer chez moi et je lui aurais adressé plusieurs textos d'amour, drôles et joliment tournés, tout au long de la journée et les jours suivants. De semaine en semaine, nous nous serions revus de plus en plus régulièrement, tantôt chez elle, tantôt chez moi, jusqu'à finir par nous installer ensemble et décider d'emménager dans un appartement plus grand. Nos revenus mensuels comparables, notre goût commun pour notre métier, pour les livres et les arts en général nous auraient garanti un quotidien riche en échanges et en complicité. Sur le plan sexuel, pas de problèmes non plus, nous n'avions l'un comme l'autre aucune inhibition particulière et je l'avais menée sans difficulté jusqu'à l'orgasme. Charmant et bien éduqué, j'aurais très bien pu passer pour le gendre idéal aux yeux de ses parents. À moins de quarante ans, Paule pouvait encore raisonnablement songer à faire un bébé, qu'en toute logique nous aurions fini par concevoir. J'aurais été présent à l'accouchement et, tout au long de la première année, je me serais réveillé la nuit en même temps qu'elle pour assister aux têtées. Plus tard, j'aurais déposé l'enfant à l'école le matin, je lui aurais organisé des anniversaires à la maison et je lui aurais appris à nager, à faire du vélo, et ainsi de suite jusqu'à sa majorité. Délivrés des contraintes de l'éducation, nous nous serions mis à voyager à deux, à sortir au théâtre, etc. Bref, à nous préparer gentiment une retraite paisible, épanouie et éclairée. En somme, en me montrant un compagnon à la hauteur, j'aurais donné du sens à la vie de Paule, j'aurais fait son bonheur tout comme j'aurais pu, avec les mêmes ingrédients, faire celui de millions de femmes libres et intelligentes rongées par la solitude. Mais, qu'y pouvais-je, cette perspective m'apparaissait aussi alléchante que, mettons, un voyage organisé pour un séjour all inclusive à La Grande-Motte.
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Ces filles-là ne savent pas leur privilège, j’ai pensé. D’avoir la bonne couleur de peau, les bons cheveux, d’avoir passé le permis de conduire à vingt ans, appris à nager et à skier dans leur petite enfance aussi naturellement qu’on apprend à marcher. D’avoir eu leur premier rapport sexuel en toute tranquillité, sans s’être senties obligées de le dissimuler à la terre entière. D’avoir invité leur petit copain à dormir dans l’appartement familial en présence des parents et d’avoir eu par la suite des partenaires de lit aussi naturellement qu’on va faire ses courses ou qu’on prend le métro, sans que cela pose de problème à personne. De prendre la pilule chaque jour comme on avale un bonbon, de ne pas faire un drame d’un avortement si elles tombaient enceintes à un mauvais moment, avec les mots de consolation de maman en prime pour les désagréments subis. De bronzer seins à l’air sur les plages publiques en été. De n’avoir jamais ressenti la moindre honte pour rien. De n’avoir pas été emmenées, elles, de force à l’église chaque dimanche jusqu’à leurs dix-sept ans. D’avoir eu un papa présent et soucieux de leur bien-être. Des parents cool, modernes, tolérants, financièrement solvables et propriétaires de leur logement. D’être promises à devenir des héritières, propriétaires un jour à leur tour. De pouvoir divorcer er refaire leur vie sans que cela choque personne au sein de leur famille.
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Mon héroïne 2017-2018 ce sera Nicolas Fargues. Bon, Nicolas n'est pas une femme, mais après avoir croqué, avec beaucoup d'ironie, d'affreux prototypes de misogynes dans ses précédents romans, il se met ici dans la peau d'une jeune femme, et plus encore (mais je ne le dirais pas). En observateur méticuleux des mœurs contemporaines, il brosse comme toujours des portraits multiples, avec la finesse d'esprit qu'on lui connaît, toujours critique, juste, parfois drôle : les jeunes, les vieux, les bourgeois, la société française - son rapport à l'étranger, mais aussi la Nouvelle Zélande (dont il nous avait donné un avant goût avec Écrire à l'élastique coécrit avec Iegor Gran en 2017 et qui était une drôle et belle vraie fausse correspondance - ou fausse vraie, à vous de voir). Il nous parle aussi du Cameroun, des relations familiales, pas toujours faciles, de la solitude moderne -celle qu'on retrouve à travers les réseaux sociaux, C'est que Nicolas Fargues donne a lire des romans hyper-contemporain, ce que je déteste, en principe, et pourtant, avec lui ça marche. Je ne lache pas le livre, tenu par une construction astucieuse, un va et vient de scènes qui en disent long sur les relations amoureuses, sur les petits concessions du quotidien, qui sont au final autant de défaites qu'on aimerait transformer en victoire histoire de sortir la tête haute de ce bourbier qu'est la vie transformée en enfer douillet fait de certitudes sans cesse remisent en question. J'aime bien ces romans qui inversent la vérité, la réalité, le sens moral, comme dans Les hommes tremblent de Mathieu Lindon, où les habitants d'un immeuble, pourtant de très bonne volonté envers leur prochain, se mettent à haïr le clochard ingrat qui squatte leur allée ; ou encore dans L'écologie en bas de chez moi, de Iegor Gran, où l'auteur déverse des tombereaux de mauvaise foi envers les écolos pour au final penser à la fois l'écologie, mais aussi l'autofiction - c'est génial. J'aime ces romans qui vous force à quitter votre rôle bien défini pour vous mettre dans la peau d'un autre. Dans le cas de Je ne suis pas une héroïne, c'est dans la peau d'une autre et c'est vraiment une réussite. Alors oui, en cette fin d'année 2017 (car j'écris ces lignes le 29 décembre), c'est bien Nicolas Fargues mon héroïne.
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Ces filles-là ne savent pas leur privilège, j’ai pensé. D’avoir la bonne couleur de peau, les bons cheveux, d’avoir passé le permis de conduire à vingt ans, appris à nager et à skier dans leur petite enfance aussi naturellement qu’on apprend à marcher. D’avoir eu leur premier rapport sexuel en toute tranquillité, sans s’être senties obligées de le dissimuler à la terre entière. D’avoir invité leur petit copain à dormir dans l’appartement familial en présence des parents et d’avoir eu par la suite des partenaires de lit aussi naturellement qu’on va faire ses courses ou qu’on prend le métro, sans que cela pose de problème à personne. De prendre la pilule chaque jour comme on avale un bonbon, de ne pas faire un drame d’un avortement si elles tombaient enceintes à un mauvais moment, avec les mots de consolation de maman en prime pour les désagréments subis. De bronzer seins à l’air sur les plages publiques en été. De n’avoir jamais ressenti la moindre honte pour rien. De n’avoir pas été emmenées, elles, de force à l’église chaque dimanche jusqu’à leurs dix-sept ans. D’avoir eu un papa présent et soucieux de leur bien-être. Des parents cool, modernes, tolérants, financièrement solvables et propriétaires de leur logement. D’être promises à devenir des héritières, propriétaires un jour à leur tour. De pouvoir divorcer er refaire leur vie sans que cela choque personne au sein de leur famille.
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"À vingt ans, lorsqu'on nous avait fait étudier le roman à la fac, j'avais senti qu'il y avait quelque chose de fondamental dans cette phrase, mais sans être en mesure d'expliquer quoi. Ce n'est que des années plus tard, Après avoir appris à mieux me connaître moi-même et à mieux connaître les hommes, Après avoir compris que se sont les femmes qui sont mieux placées que les hommes pour parler d'amour et en donner, que c'est toujours à une femme de revoir ses prétentions à la baisse lorsqu'elle demande à son homme un peu de répondant à l'amour qu'elle lui donne, lorsque j'ai compris qu'en amour les femmes valaient mieux que les hommes, que les femmes valaient mieux que les hommes tout court, qu'ils ne nous méritaient pas, qu'il y avait en tout cas en amour beaucoup plus de femmes valables que d'hommes valables, c'est seulement une fois capable de mettre des mots sur mes attentes et mes déceptions amoureuses, c'est seulement à ce moment là que j'en ai saisi le sens, de cette phrase. Peut-être Marguerite Duras avait-elle voulu exprimer là tout à fait autre chose que ce que je comprenais, moi. Peut-être même le contraire. Mais comme on ne comprend dans un roman, comme dans un film, comme dans un tableau ou dans n'importe quelle œuvre d'art, que ce qu'on veut bien y comprendre, alors j'ai décidé que cette phrase parlait magnifiquement de ce que je ressentais." (page 121)
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"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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