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EAN : 9782374251356
288 pages
Rue de l'échiquier (03/01/2019)
3.82/5   14 notes
Résumé :
Kaya Takada a vécu au Japon une aventure peu ordinaire : elle a passé toute son enfance et son adolescence au sein d’un village communautaire. Inspiré par les idées libertaires qui ont abondamment circulé dans les années 1970, le village atypique dans lequel elle a grandi était une communauté rurale alternative, aux moeurs à la fois innovantes et sévères : pas de propriété privée, des lieux d’habitation dépourvus de clés, des biens matériels partagés avec tous, etc.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'étaient les années 70. Les jeunes rêvaient d'un autre monde, d'une société différente, plus proche de la nature, plus solidaire, moins matérialiste. C'est ainsi que les parents de Kaya Takada, alors jeunes étudiants, se sont rencontrés au sein d'un village communautaire dans la campagne japonaise. La jeune femme y est née et y a vécu jusqu'à ses dix-huit ans, l'âge du choix pour les petits villageois. C'est cette expérience douloureuse qu'elle entreprend de raconter à son mari et de mettre en images afin de partager une histoire pour le moins atypique.
Les Villageois ( à ne pas confondre avec les villageois ''ordinaires'') vivent en autarcie sur de grandes exploitations agricoles dispersées dans tout le Japon et présentes même à travers le monde. Si les adultes ont choisi ce nouveau mode de vie où l'argent n'a pas cours, où la propriété privée n'existe pas, où tout est mis en commun pour le bien de tous, les enfants nés sur place subissent plutôt un système quasiment totalitaire qui se rapproche plus d'une dictature ou d'une secte que d'une charmante communauté hippie peace and love. Complètement séparés de leurs parents qu'ils n'ont le droit de voir que deux ou trois fois par an, ils grandissant sous la coupe d'''éducateurs'' qui les battent, les affament et les font travailler dur dès le plus jeune âge. le petit-déjeuner étant réservé aux adultes, ils partent pour l'école le ventre vide, non sans avoir accompli les tâches qui leur incombent (travaux des champs, soins aux animaux, ménages, etc). Tout enfant un peu récalcitrant est isolé du groupe, enfermé seul pour réfléchir, souvent sans sa ''faute'' ne lui soit expliquée.
Si en grandissant, les conditions s'améliorent un peu, les adultes ne sont pas mieux lotis. Certes ils mangent à leur faim, mais ne décident de rien, ni de leur lieu de résidence, ni de leur partenaire amoureux. Isolés, conditionnés, lobotomisés, les Villageois sont les prisonniers consentants d'un système qui, au fil du temps, a perverti ses valeurs pur devenir une vaste secte où l'individu est soumis ou chassé.

Se construire dans un tel environnement n'a pas été chose aisée pour la petite Kaya, enfant rebelle selon le Village, alors qu'elle était simplement une enfant normale, pleine de doutes et d'interrogations. Mais malgré les injustices, la bêtise crasse et la méchanceté de ses éducateurs, elle a su préserver sa propre personnalité. Elle en garde toutefois quelques séquelles : quand on a connu la faim, on se s'en remet jamais.
Si elle livre ici un témoignage empreint de naïveté où les pires horreurs sont racontées comme si tout était normal, elle met la contradiction dans la bouche de son mari. C'est lui qui glisse les critiques, qui appuie là où ça fait mal pour la confronter aux abus de la communauté. Sans doute sait-elle déjà que son enfance ressemblait à un enfer mais peut-être a-t-elle développé une forme d'attachement à ce qui fut quand même sa vie durant dix-huit ans. Entre prise de conscience et loyauté, Kaya Takada a fait un formidable travail d'introspection, de mémoire et d'explication.
Un roman graphique passionnant qui pèche cependant par son manque de rythme et les innombrables répétitions.
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Avant toute chose, je remercie Babelio et les Editions Rue de l'échiquier pour cet envoi, même si le livre s'est fait un peu attendre (reçu plus d'un mois après la date prévue) et que l'éditeur n'a même pas pris la peine de joindre un petit mot d'accompagnement à son envoi.
Ce manga de presque 300 pages nous relate la vie de Kaya Takada au sein d'un village communautaire japonais dans les années 70/80.
Le concept de ces villages était de vivre en communauté, de ne rien posséder par soi-même, de tout partager avec l'ensemble de la communauté, de travailler tous ensemble au sein du village et de ne pas avoir d'argent comme monnaie d'échange, bref, une belle idéologie en théorie.
Là, où ça se corse un peu c'est que les enfants nés au sein de la communauté étaient séparés de leurs parents afin d'être éduqués dans des villages spéciaux, parfois à des centaines de kilomètres de leurs parents qu'ils ne voyaient qu'à quelques occasions dans l'année, que la faim était permanente, que les châtiments corporels étaient la règle, que les enfants devaient tous travailler en plus d'aller à l'école et de subir des réunions obligatoires matin et soir, que chacun était tenu de s'astreindre à la rédaction d'un journal quotidien lu par les éducateurs et discuté ensuite en groupe au besoin.
La belle idéologie vacille donc assez rapidement quand on s'aperçoit que les mariages étaient systématiquement arrangés, que le courrier était censuré, qu'il leur était également interdit de penser, d'exprimer une opinion différente de celle de la communauté et d'avoir des désirs personnels.
L'histoire nous est racontée par les yeux d'une enfant et ce regard naïf sur les choses m'a bien plu.
Comme elle raconte son histoire des années plus tard à son conjoint, celui-ci émet régulièrement des réflexions qui aide la jeune femme à prendre conscience de tout ce qui était problématique au sein de la communauté : l'absence de liberté, le lavage de cerveau, l'endoctrinement…
J'ai bien aimé les illustrations très enfantines mais qui décrivent cependant très bien le village, son fonctionnement et l'ambiance qui y régnait.
J'ai appris que les villages communautaires de ce style avaient existé au Japon mais aussi dans d'autres pays du monde entier.
Une très belle découverte.

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J'ai vraiment dévoré ce manga qui est en fait la réunion de deux mangas précédemment publiés en deux tomes (en tout 282 pages grand format, de quoi lire un moment). J'étais captivée car j'aime vraiment découvrir un univers quotidien qui m'est assez étranger surtout quand c'est un témoignage/une autobiographie, même si c'est forcément partial et partiel.
Mais je n'ai pas aimé uniquement en raison de mon intérêt pour le sujet. En effet, Kaya Takada a une manière de raconter très fine, elle alterne son point de vue d'enfant, naïf parfois, sur sa vie d'alors, celui qu'elle a ensuite adulte et le récit qu'elle fait à son mari (on la voit dans plusieurs cases avec son mari, en train d'évoquer son enfance et adolescence) ainsi que les commentaires de ce dernier, qui réagit et représente presque le sous-texte, tout ce qu'elle ne fait qu'effleurer par volonté de ne pas trop assombrir son propre vécu, de vouloir voir le bon côté des choses. Mais en même temps, on n'est pas dupe, ce sont à la fois les réactions sans doute réelles et spontanées de son mari mais peut-être aussi ce que Takada se dit elle-même souvent sur son histoire, avec le recul, car c'est elle qui écrit et dessine tout cela.
La narration aussi est intéressante car l'auteur raconte des passages souvent difficiles mais avec une certaine « retenue » qui fait qu'elle ne s'appesantit jamais trop dessus, et ne se départit jamais non plus d'un ton (et de dessins) bourrés d'humour et d'auto dérision. Elle alterne aussi avec des moments plus heureux.
Car sa vie au village n'est ni toute noire ni toute blanche, c'est difficile d'être totalement tranché une fois le manga achevé. Certains aspects sont révoltants. Les enfants sont élevés séparément des parents, pour que tous aient -on le comprend entre les lignes au fur et à mesure- le même point de départ dans la vie, selon une idéologie plus égalitaire, mais ce qui partait d'une idée vertueuse devient extrêmement dur pour les enfants qui ne voient qu'une fois par mois leurs parents (et encore, je me demande si ce n'est pas moins) et qui, surtout, sont dressés plus qu'élevés par une éducatrice qui les violente physiquement sans jamais leur expliquer ce qu'elle attend vraiment d'eux et pourquoi (je ne dis pas qu'il faille infiniment discuter et expliquer une punition, surtout quand on a expliqué et répété les règles mainte fois, mais là ce ne sont pas de simples punitions et elle ne cherche pas à ce qu'ils comprennent le bien fondé de certaines règles de vivre ensemble). On comprendra que c'est moins par sadisme et perversion qu'elle agit ainsi mais plus par dépassement de devoir gérer à elle seule autant d'enfants mais cela n'excuse rien et ne la pousse pas à remettre en question certains principes du village pour autant.
De plus les enfants manquent continuellement de nourriture car tout est donné en quantité extrêmement limité et malgré tout le travail qu'ils accomplissent et la route qu'ils doivent prendre avant de gagner l'école, ils y arrivent le ventre vide. La recherche de nourriture et l'engloutissement de tout ce qu'elle peut trouver devient presque un leitmotiv du récit, et on comprend que c'est à la fois l'effet de la privation physique de nutriments mais aussi une manière de combler un certain vide affectif. Les temps libres sont très restreints dans la mesure où tout le monde travaille des heures avant et après l'école dans l'exploitation agricole du village (tous les « villages » sont en fait des communautés agricoles). Sans compter les nombreuses marques d'une volonté de formatage des esprits.
Malgré tout, les enfants qui y vivent ne paraissent pas aussi malheureux qu'un enfant maltraité entouré de personnes à la vie « normale » et s'en sentant totalement exclus, et seul dans son mal-être, parce que là tous les enfants vivent la même chose, ce qui contribuent à forger des liens forts entre eux, comme une petite famille, ce qu'écrit d'ailleurs l'auteur dans un extrait. La vie en communauté parait souvent avoir du bon car personne n'est jamais seul sauf dans les cas de manipulation précités. Et comme l'argent n'existe pas au sein du village, tous sont à égalité aussi de ce point de vue-là, personne ne se compare à personne, les liens se fondent sur l'être et non le paraître. Et les enfants n'ayant pas accès aux écrans apprennent à imaginer, inventer, fabriquer des choses à la main, bref développer un esprit créatif que perdent ceux qui restent des journées entières vissés à la télé ou internet. Ils apprennent aussi à être persévérants, endurants et plus tard, percevront donc moins le travail comme étant un travail puisque cela leur semble une suite de tâches faisant partie de la vie quotidienne habituelle (c'est le cas pour l'auteur qui a travaillé dans le monde « ordinaire » par la suite).
C'est très intéressant de suivre aussi l'évolution de Takada qui, on le sent, a toujours gardé une certaine distance et esprit critique sur les choses et les pensées couramment admises malgré le lieu où elle vivait. Et de percevoir, avec notre regard distancié, ce qui a pu se tramer, peut-être, dans l'organisation des villages subordonnés au « siège social ». J'ajouterai un petit bémol : bien que j'ai apprécié le dessin, il est parfois difficile, tant les personnages ont souvent un peu la même tête dans le style manga, de distinguer un ami de Takada d'un autre au cours du récit.
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Comme le titre l'indique, Kaya Takada est née dans un village communautaire au Japon ! Ses parents ont en effet fait le choix de ce mode de vie peu après sa naissance : elle n'en sortira qu'à ses 18 ans, quand on lui donnera la possibilité de faire son propre choix, rester ou partir. Publiées au Japon en 2016 et 2017, les deux parties de son autobiographie sont aujourd'hui rassemblées en un seul volume par les éditions Rue de l'échiquier, ce qui en fait un manga de plus de 300 pages, avec cependant le sens de lecture français.

Autant vous le dire de suite : j'ai eu beaucoup de mal à lire cette BD, j'y ai passé du temps et je me suis accrochée pour vous en parler … le sujet était intéressant mais il contredisait tellement mes valeurs que le récit m'a agacé d'un bout à l'autre. Kaya Takada nous offre une vision très complète de ce que fut sa vie pendant ces vingt ans au Village : pas de propriété privée, des lieux d'habitation dépourvus de clés, des biens matériels partagés avec tous, travail le matin avant d'aller à l'école, participation à toutes les tâches collectives, pas de jour de repos, possibilité de voir ses parents deux ou trois fois par an, punitions physiques, éducateurs violents et injustes. Elle porte un regard sans concession mais pour autant on a l'impression qu'elle n'en veut à personne, ni à ses parents ni aux éducateurs, pour lui avoir rendu la vie si difficile alors qu'elle était une petite fille indisciplinée. J'ai été énervée par son regard naïf sur ce qu'elle a subi, à commencer par le mépris de l'école qui se ressent dans le Village, la possibilité pour eux de l'arrêter au collège, et la situation des filles (qui doivent nettoyer les dortoirs des garçons par exemple ou apprendre à cuisiner …). Chacun de ses expériences, de sa petite enfance à son adolescence, m'a semblé horrible et contraire à toutes les règles pour éduquer un enfant … Heureusement, la mise en scène des échanges de Kaya Takada avec son mari actuel permet de prendre du recul sur ces événements car lui se rend bien compte que le Village ressemble plus à une secte qu'au véritable lieu modèle qu'il veut être …

J'ai bien conscience qu'il y a certaines situations qu'il est difficile pour moi de juger car je ne connais que très peu le Japon, et peut-être qu'il y a certaines pratiques qui y sont plus courantes là-bas qu'en Europe, néanmoins il me semble que le travail non rémunéré des enfants, 7j/7 ne doit pas non plus y être accepté. La preuve en est que le Village a fait l'bjet de nombreuses attaques et qu'il a dû assouplir les conditions de vie de ses habitants, en particulier en leur octroyant un jour de repos tous les 10 jours, et de l'argent de poche.

Heureusement pour Kaya Takada, elle a finalement réussir à en sortir et malgré son manque de qualifications et son inadéquation pour le mode de vie hors du Village, elle a trouvé un emploi, et pu se faire éditer pour raconter cette expérience.

Pour conclure, un sujet intéressant à découvrir en BD, mais qui aborde des thématiques difficiles et interroge notre relation à l'autorité, la famille et à la liberté.
Lien : https://missbouquinaix.com/2..
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Voici une brique plus roman que graphique, bien que autobio-.

« Je suis née dans un village communautaire », tout est presque déjà dit dans le titre…

Nous sommes dans les années 70-80 et le retour à la nature, voire le communisme où ni l'argent ni la propriété n'existe. Belle idéologie que voilà.

Mais la mise en pratique est difficile. Les enfants et les parents sont séparés – sans qu'on ne comprenne pourquoi. Travail collectif le matin avant d'aller à l'école. Deux repas par jour, déjeuner et dîner (le mot d'ordre du village est : Mangeons avec modération). Châtiments corporels, ou privation de repas. Interdiction de s'attarder à l'école, ou de visiter la bibliothèque (non expurgée) de l'école. Obligation de tenir un journal qui est soumis aux éducateurs.

De la théorie à la pratique, il y a un pas qui a été mal franchi dans ce cas.

Formidable description de la vie dans ces villages communautaires au Japon, un récit autobiographique d'une jeune femme « qui en est sortie ».

A lire pour le côté roman pas du tout pour le côté graphique !

" Je gardais l'argent pour mon plaisir à moi. Je dépensais de l'argent pour les autres. Et ça suffisait à mon bonheur.
- L'argent engendre la largesse de l'esprit. "

" Les médias cherchaient à faire passer les enfants du village pour « ces pauvres victimes qui ont subi un lavage de cerveau et se font exploiter sans rien comprendre ». "

" le village pourvoyait à tout ce que je devais apprendre, à mon éducation et aux conditions de mon éducation. de toute ma vie, je n'avais pas eu besoin de m'inquiéter pour l'argent. Il suffisait que je fasse ce qu'on me disait de faire, sans penser à rien. C'était un endroit très facile à vivre. "

" J'ai adoré vivre seule. N'avoir à parler à personne le matin, c'est génial ! Quand on a le réveil un peu laborieux, comme moi, ne pas être obligée de parler est un luxe inestimable ! Réfléchir à ce que je vais utiliser, n'acheter que ce dont j'ai besoin et tout ce dont j'ai besoin… "
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critiques presse (2)
BDZoom
17 janvier 2019
Je suis née dans un village communautaire de Kaya Takada est un pavé extrêmement dense sur un mode de vie alternatif qui s’est développé en pleine période baba cool. Même si nous sommes bien loin des pensées libertaires des années soixante-dix, ce retour aux valeurs simples fait encore des émules et ce livre pourrait éclairer pas mal de monde sur une société différente, sans forcément tomber dans un cas extrême et trop éloigné du monde dit civilisé comme c’est le cas ici.
Lire la critique sur le site : BDZoom
BoDoi
17 janvier 2019
Récit autobiographique d’une enfant née dans un groupe vivant en quasi-autarcie dans les années 1970, Je suis née dans un village communautaire nous fait découvrir une microsociété dans laquelle l’argent et la propriété n’ont pas leur place. Ce récit dense au rythme plutôt monotone présente des longueurs.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Moi aussi, j'avais lu des livres qui critiquaient le village, et j'avais bien senti que les médias cherchaient à faire passer les enfants du village pour "ces pauvres victimes qui ont subi un lavage de cerveau et se font exploiter sans rien comprendre".
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Et si j'ai survécu, c'est parce que je savais que je n'étais pas la seule. Tous les enfants partageaient les mêmes sentiments. Notre ennemie commune nous rassemblait.
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En fait, quand je vois quelqu’un qui achète une boisson gazeuse dans un distributeur dès qu’il a soif, je le considère comme un esclave de ses désirs.
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[...] voir les choses et les gens sous un seul angle ne suffit pas pour les comprendre pleinement.
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