AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782702159002
176 pages
Calmann-Lévy (07/10/2015)
3.22/5   47 notes
Résumé :
Jean-Marie Roughol a passé plus de vingt ans dans la rue. Un soir, alors qu’il « tape la manche », il propose à un cycliste de surveiller son vélo. Ce cycliste, c’est Jean-Louis Debré. De leur rencontre et de celles qui suivront naîtra, entre le SDF et le président du Conseil constitutionnel, une singulière relation de confiance. Au point que, avec l’aide de Jean-Louis Debré, Jean-Marie Roughol a accepté d’écrire son histoire.

C’est un témoignage san... >Voir plus
Que lire après Je tape la manche : Une vie dans la rueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,22

sur 47 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
2 avis
Pour commencer, je dirai que cela m'est un peu égal de savoir qui a revu et corrigé le livre de Jean-Marie ROUGHOL.
L'important n'est-il pas que quelqu'un lui ait donné la parole ?

D'ailleurs, c'est le titre écrit en gros qui m'a interpelée, et non le nom de l'auteur. Certes, un Ghostwriter aurait fait aussi bien, peut-être mieux, car j'ai relevé au passage des petites coquilles pages 85, 103...

L'essentiel, c'est la publication d'une biographie rendue possible pour un SDF anonyme (qui ne l'est plus du coup !). Impensable !
Ce témoignage a gardé un accent d'authenticité.

Vous le croisez dans la rue, souvent, pourtant vous gardez le regard rivé à votre écran de portable, vous faites un pas de côté, vous marmonnez un « je n'ai rien, désolé », et vous serrez les fesses en espérant qu'il ne soit pas trop imbibé d'alcool, et ne vous fasse pas les poches.
C'est moche d'avoir peur de la cloche.

Je suis moche, car parfois je le fais. J'accélère le pas, je change de trottoir, je regarde comme le pigeon est joli sur le bord de la fenêtre, là-haut… Mais il a raison, le plus pratique, c'est le coup de fil à donner en urgence.... enfin, surtout quand ils sont en groupe. En lisant ce témoignage, je me dis que je n'ai pas toujours tort. Les temps ont changé, même dans le monde de la rue... maintenant les mioches vous font les poches.

Son témoignage reste dans la lignée des grands classiques pourtant : enfance cabossée, manque d'amour et violence, rupture, pas d'univers sécure, c'est dur.
Alors on se casse, on se tabasse, on se ramasse, on y repasse, on s'en lasse, mais pour la tape, lui, c'est un As.
Vingt ans qu'il s'y colle, s'en décolle le temps d'un envol dans le monde du cinéma, puis s'y recolle. Pour ses enfants, il les aime, mais ne sait pas faire autrement.

La rue, vous la verrez autrement en le lisant. Il est bourré de talent et d'humour ce gars-là. Je lui filerai sûrement une petite pièce si je le croise maintenant.
Je lui dirai même :
- Eh ! C'est vous ,monsieur Roughol ? Venez donc par ici que l'on rigole, autour d'une bière sans alcool...
Commenter  J’apprécie          744
Jean-Marie Roughol est un homme qui a passé une grande partie de sa vie dans la rue. Il « tape la manche », comme on dit, à Paris. Il fait la connaissance de Debré alors qu'il lui propose un jour de surveiller son vélo comme il le fait de temps en temps, espérant une petite pièce en retour. Debré l'incite à écrire un livre racontant sa vie, à la manière d'un auteur racontant ses mémoires.

C'est ainsi qu'est né ce beau témoignage « Je tape la manche ». Jean-Marie y raconte son enfance douloureuse : abandon par sa mère, alcoolisme de son père, maltraité par la « tata » de la famille d'accueil… Pas besoin d'être psy pour savoir que l'enfance a un impact déterminant sur la vie d'un adulte. Jean-Marie n'est pas beaucoup allé à l'école, il ne voulait d'ailleurs pas écrire ce livre car il fait beaucoup de fautes d'orthographe. Jean-Louis Debré l'a aidé.

Ceux qui disent que les sdf auraient dû plus travailler pour éviter leur situation et qu'ils sont des « indésirables » de la société ont peut-être un peu raison mais il y a tellement d'autres éléments dans une vie qui interagissent et qui font de vous ce que vous êtes aujourd'hui. C'est difficile de tenir de tels propos. Ceux qui méprisent les sdf ont sans doute eu une enfance moins chaotique…

Je vous invite à découvrir le quotidien âpre des sdf avec Jean-Marie : il y a des répétitions dans le récit, souvent beaucoup de malheur (la violence, mort sur le trottoir, le froid, le mépris des passants, l'été où les recettes sont moindres…) qui ont plutôt tendance à éveiller chez le lecteur un sentiment de tristesse teintée de colère. Il raconte aussi que le quotidien dans la rue change : la présence des Roms qui sont très agressifs avec les sdf « classiques » (c'est horrible de dire ça mais ça reflète une pauvreté de longue date), les femmes, les jeunes… Jean-Marie parle aussi de la famille qu'il a réussie à fonder : Barbara, sa femme et Alison sa fille, son fils d'un premier lit ; un peu chaotique tout cela à l'image de sa vie en fait, mais pouvait-il en être autrement ?

Jean-Marie fait aussi la part belle aux moments sympas (l'amitié, la solidarité entre sdf, le sourire et la générosité de certains…) et nous livre quelques anecdotes notamment sur les célébrités qu'il a croisées ; c'est comme chez les anonymes après tout, il y a ceux qui sont gentils (aller je balance !: Gad Elmaleh, Robert Hossein… ) et ceux qui sont méprisants (Delon mais ça c'est pas un scoop mais aussi Mélenchon tiens, tiens, plus surprenant).

Ce témoignage se lit très vite et permet de nous rappeler qu'il y a toujours pire que nous et qu'il faut savoir savourer toutes les bonnes petites choses de la vie.
Commenter  J’apprécie          43
Histoire très touchante de la vie d'un homme passée dehors. Jean-Marc Roughol raconte sans complaisance ce qui l'a amené à vivre dans la rue : la maltraitance du père et de sa nourrice par la suite et aussi la soif de liberté. Il a eu la chance de croiser Jean-Louis Debré qui l'a encouragé et aidé à écrire son histoire. Beaucoup d'autres "clochards" n'auront jamais cette chance, car c'est une chance de pouvoir être écouté, de pouvoir raconter son histoire quand on est dehors...
A lire pour connaitre ce qu'est vraiment la "vie" dans la rue.
Je ne suis pas sûre que les lecteurs se seraient penchés spontanément sur ce livre s'il n'avait pas été co-signé par Jean-Louis Debré beaucoup plus connu que Jean-Marc Roughol, même si beaucoup de Parisiens ont sûrement dépassé ce dernier sans jamais s'arrêter.
Commenter  J’apprécie          70
Ce livre est un témoignage assez unique et nous permet de comprendre un peu mieux ce que vivent des personnes qui vivent dans la rue.
Jean-Marie n'a pas eu la chance de se construire dans un foyer uni et aimant. Au lieu de cela, il a connu... ou justement pas connu sa mère qui l'a négligé et abandonné. Confié à un foyer, il a été maltraité et lorsque son père est venu le rechercher, voici qu'il s'est enfoncé dans l'alcoolisme. Difficile de se construire et d'acquérir un capital de confiance en soi dans ces conditions.
L'auteur, Jean-Marie fait des petits boulots et petit à petit se retrouve à la rue à "taper la manche", comme il le dit. Il nous fait découvrir son univers en toute simplicité, sans rejeter la faute sur quiconque. Je crois que l'on peut dire que ce livre est un document au sens où il nous rend compte, sans voyeurisme, d'une vie cachée et que certains ne veulent surtout pas voir.
Commenter  J’apprécie          40
Sans intérêt, bien que je sois infiniment respectueux de Jean-Marie ROUGHOL, de son parcours et de son récit. En revanche, je le suis beaucoup moins de Jean-Louis DEBRE, dont l'intervention me parait cousue de fil blanc. La classe aurait été de ne pas apparaître du tout. Sinon, puisqu'il était censé relire, mettre en forme et corriger, lecresultat est raté.
Mais, le véritable auteur, lui, est inattaquable.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Grâce à l’Ancien et à ma propre expérience de la tape, je me suis rendu compte que l’humour, généralement, ça paye. Il faut faire genre « pour mes vacances à Courchevel, s’il vous plait » ou « pour dormir au Plazza », « manger chez Robuchon » ou « pour la Fashion Week des clodos », ou encore « pour la fête nationale des clodos ». Cela fait marrer les gens, et ils vous donnent plus facilement.
Commenter  J’apprécie          310
Le Mytho.

Gilles, que les gars de la rue surnomment « le Mytho », s’installe toujours au même endroit (…)
Il raconte n’importe quoi. Il dit trouver régulièrement des liasses de billets. (…)
Je ne sais pas où il va dénicher ses conneries. Personne ne le croit, mais il continue à délirer. Il ne se rend même pas compte que tout le monde rigole de ses histoires. (…)

Il est dingue, le papier est resté collé au bonbon et, manifestestement, il ne se décolle pas.
Commenter  J’apprécie          180
C'était à nouveau la galère. Je n'ai jamais pu m'habituer à cette vie.
La nuit dans la rue, c'est la loi de la jungle, le jour la règle c'est chacun pour soi, chacun son trottoir, et même chacun sa rue.
La nuit c'est pire.
Commenter  J’apprécie          380
Le seul problème à cette époque venait de Patrick. Il buvait beaucoup trop.
(…)Souvent il était si mal qu'il nous parlait de lui, de sa fille. Il nous a dit qu'il avait bossé dans la maroquinerie de luxe de Louis Vuitton. Il fabriquait les mules. Il gagnait alors correctement sa vie. Il nous a même dit avoir eu une Porsche Targa.
Commenter  J’apprécie          240
Dès mon arrivée à Nanterre, j'ai été sommé de me foutre à poil pour passer à la douche.
Les plus cinglés ont été déshabillés de force et passés au canon à eau pour les calmer ou les dessaouler. Si les vêtements étaient trop crades, on nous refilait des fringues propres.
Après, direction réfectoire, et lentilles et fayots... Ensuite un immense dortoir. Les lits superposés étaient alignés les uns à côté des autres. Impossible pour moi de fermer l'oeil de la nuit. Des mecs rotaient tout fort, pétaient, d'autres déliraient ou ronflaient, produisant un bruit pareil à un tir de mitraillette.
A 5 heures, après un café couleur de jus de chaussette avec du pain, je me suis retrouvé sur le trottoir.
Ce fut pour moi une véritable nuit de cauchemar. J'avais rencontré l'enfer et perdu toute dignité. Nous étions traités comme des animaux nuisibles. Je me suis promis de ne jamais revenir dans ce centre, de ne plus me faire choper par les "bleus".
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : sdfVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (114) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1704 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..