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EAN : 9782896472055
Éditions Hurtubise (09/09/2010)
3.86/5   155 notes
Résumé :
Hochelaga-Maisonneuve. S’y croisent sans se voir Roxane, Mélissa et Kevin, chacun de son côté du Bloc, chacun au départ de sa vie. À douze ans, ils composent avec le monde dans lequel ils arrivent. Entre le coin des putes, les matchs de lutte, les virées alcoolisées des adultes et la classe des « orthos » où on essaie de les intégrer, ils plongent dans leur imaginaire et tentent de sauver leur peau. Y arriveront-ils ?

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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Qu'ils s'appellent Roxane, Mélissa ou Kevin, qu'ils aient à peine douze ans, qu'ils vivent dans un quartier populaire, qu'ils habitent dans un « bloc » d'appartements, Hochelga-Maisonneuve…

Ils se croisent à peine mais grandissent plus vite face à l'adversité de la vie. Ils essayent surtout de survivre, tout en gardant une part de rêve dans un recoin de leur tête. L'espoir qu'un jour leur père ou leur mère reviendront à la réalité, celle qui consiste à former une famille, aussi petite soit-elle, à retrouver de l'amour et de la complicité même dans et sous les coups durs.

Le tableau dans ce coin de Montréal ne fait pas dans le rose-bonbon. Entre un père « catcheur » loseur et vieillissant qui perd son job au garage, une mère alcoolique qui se fait tabasser par son chum et une autre qui a totalement délaissé sa fille et arpente le trottoir des putes de jour comme de nuit, même par avis de tempêtes… Bref, je suis dans la chronique sociale qui ne respire pas le grand bonheur ni même l'éclat' joviale.

Des coups. de poings.
Des coups, des bleus. Bleus à l'âme.
Des coups, battement de coeur.
Coup au coeur et coup de coeur, pour cette histoire si forte et si émouvante

Une très belle leçon de courage, une magnifique « fable » humaine, les violons de Chostakovich et la neige qui s'envolent, le regard porté vers la fenêtre, au-delà du blizzard. Fuck le blizzard, la vie à douze ans, le frette, les coups qu'on voudrait effacer et mes tripes remuées, bouleversées, chavirées. du roman mêlé pur laine et sirop d'érable qu'on n'oublie pas, des images qui se gravent en mémoire, même après une bouteille de vin et une autre de whisky achetées avec le chèque des allocs au dépanneur du coin de la rue, celui où sur la bouche d'égout survit un couple de SDF ramassant les mégots de la vie qu'on veut bien leur laisser.
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Un tout petit roman, mais bien lourd de la triste vie des enfants de la misère sociale.

Quand ta mère fait la pute au coin de la rue et qu'à douze ans tu dois te débrouiller seule et prendre soin de tes petits frères…

Quand ton père héros de lutte (catch) se fait humilier sur le ring, qu'il déprime parce que ta mère est partie et qu'il a perdu sa job…

Quand ta mère boit et se fait taper par son nouveau conjoint pendant que ton père tente désespérément de se libérer de l'alcool…

Quand à l'école, on se moque de toi parce que tu es dans une classe spéciale, pour les « orthos », les débiles…

Destins tragiques, rien de bien joyeux dans ce livre émouvant, si ce n'est une écriture poétique, une main tendue et un petit espoir de musique…
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Avec tout le battage médiatique autour de la femme qui fuit, j'avais envie de découvrir cette auteur avec sa première oeuvre... c'est chose faite. Barbeau Lavallette campe son histoire dans le Hochelag' crade, le quartier des laisser pour compte, des putes, des enfants qu'on laisse seuls à eux dans des apparts miteux... le Hochelag' où il fait froid dans le coeur, des rêves brisés, des gens qui trouvent leurs vies dans le fond d'un verre... Vous aurez compris, ce n'est pas un livre joyeux qui se termine avec un happy end.. On suit l'histoire de trois familles, et d'un couple d'itinérantes... C'est noir, sombre, pas reluisant du tout, à part pour les cheveux qu'on ne lavent pas souvent... J'ai apprécié la plume, mais honnêtement, à part pour la description de ce quartier un peu caricaturé, je n'ai pas tellement saisi où l'auteur voulait nous amener... Mais je ne capitulerai pas de suite, et je vais lire son second livre... question de me faire une idée plus précise de sa proposition littéraire.
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Un quartier : Hochelaga-Maisonneuve. Un immeuble : le Bloc. Et dans ce bâtiment triste, trois enfants et leur famille : Kevin, Roxanne et Meg. Ils se croisent, se toisent, s'entendent à travers les minces cloisons de leur logement mais ne se fréquentent pas.


Chaque enfant a une famille dysfonctionnelle et grandit cahin-caha dans un monde dur et sans joie. Chacun doit faire face à des soucis trop grands pour lui : l'alcoolisme des parents, la prostitution d'une mère, la perte d'un emploi, les familles monoparentales… et le manque d'argent, de soin, de tendresse. L'amour existe mais il ne s'exprime ni par des mots, ni par des câlins. Et c'est un vrai manque pour certains.

Pour échapper au quotidien, Roxane s'évade dans les albums photo sur la Russie qu'elle emprunte à la bibliothèque et s'efforce de déchiffrer, elle qui est dans une classe d'inadaptés, les légendes de ces si belles photos ; Kevin, lui, se défoule des heures sur de violents jeux vidéo et Mélissa se rêve une autre vie en portant les chaussures et le maquillage de sa maman. Et puis, contrairement aux autres qui sont enfant unique, elle a la charge de ses deux petits frères qu'elle nourrit, lave, entretient pour cacher à la DPJ qu'ils vivent seuls dans l'appartement.

En toile de fond, la musique de 50 cents, qui a vu sa mère se faire tuer sous ses yeux, à 12 ans? et Chostakovitch. Un grand écart musical. Rien n'est laissé au hasard dans ce roman qui se lit comme un reportage IRL.


Anaïs Barbeau-Lavalette a construit son roman en courts paragraphes percutants où les vies des enfants se succèdent et se mêlent. On les reçoit comme autant d'uppercuts à travers tout le récit. Pour rappeler la Russie adulée par Roxane, les chapitres sont numérotés en russe.

Elle a choisi de rédiger son texte en langue orale matinée de joual. Ces mots de la rue rendent le propos dynamique. Ils lui apportent une réelle authenticité et donne une épaisseur aux personnages. On les voit évoluer dans ce quartier qui prend vie sous nos yeux.


J'ai lu ce roman d'une traite, le coeur au bord des lèvres. Certains visages de mes propres élèves se superposaient à eux dans certaines situations. Je les plains, tout comme leurs parents. Chacun rêvait sans doute d'une autre vie mais la misère et la pauvreté, cela vous colle à la peau. Anaïs Barbeau-Lavalette ne porte aucun jugement dans son roman, elle ne cherche pas à susciter la pitié, elle raconte, simplement.

Je suis sortie bouleversée par ce récit empathique et déchirant qui dénonce une certaine urgence. Nous avons tous des quartiers de ce genre dans nos villes, que nous évitons de traverser. Il est bon que des artistes, écrivains, cinéastes, peintres… leur donnent une visibilité.



Un récit à lire, absolument.
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C'est un tout petit livre en format de poche d'à peine 145 pages et encore, ne sont-elles pas toutes pleines. Onze chapitres numérotés en russe, probablement parce que la Russie est le paradis imaginaire de Roxane, l'une des enfants dont ce livre décrit l'univers: le quartier Hochelaga connu à Montréal pour son indigence et ses prostituées... Un tout petit roman donc mais tellement dérangeant que j'ai mis plus longtemps à lire que je m'y attendais; dérangeant parce qu'il met en scène ces enfants laissés à eux-mêmes parce que leurs parents sont absents: les mères sont souvent seules, souvent chômeuses, quelquefois prostituées, droguées ou alcooliques. Ce qui est si dérangeant, c'est que c'est criant de vérité... Bien sûr on connaît cette réalité au sens où l'on sait quelle existe mais l'auteure ici nous la fait vivre de l'intérieur, en empruntant le langage de ce milieu et en nous mettant, quasiment de force, dans la peau de Roxane, de Mélissa ou de Kevin. Ces enfants sont voisins et chacun vit un drame personnel mais ils ne peuvent joindre leurs solitudes parce qu'ils n'ont simplement pas de mots qui permettraient de créer des liens. Les efforts des intervenants que ce soit les assistantes sociales ou les enseignants n'arrivent pas non plus à percer les défenses de ces enfants, voués, comme c'est dans ce roman sous-entendu, à reproduire les comportements parentaux. le seul trait de lumière au milieu de cette noirceur, c'est la musique qui permet à Roxane d'enfin s'exprimer. C'est, malheureusement, la seule chose à laquelle j'ai eu du mal à croire.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Hostie... comme du vent entre ses lèvres sèches.
Louise, debout devant le miroir. Immobile. comme un fantôme.
Blême. Des trous de tristesse sous les yeux.
Elle se regarde pis maudit qu'a s'trouve laide.
Elle a rien pour cacher sa face, ça fait longtemps qu'elle a arrêté d'se maquiller. Ça fait longtemps.
Elle braillerait ben mais y reste pu rien.
Elle boirait ben mais à soir elle a décidé qu'elle s'tiendrait.
Elle s'mouille les cheveux. Un peu, avec ses doigts seulement. Pis la tête tout au complet en dessous du robinet.
Elle se regarde. Se sourit faux. Part à rire. Claque la porte.
"Bon. Qu'est-ce que j'mets ?" Elle a pu rien qui fait. Est rendue grosse. Gros cul.
Elle sort une jupe. Y a l'air de faire froid dehors. Le vent froid sur ses joues - y m'semble que ça lui rappellerait qu'est en vie. Elle marcherait avec sa jupe pis un beau manteau - pis a dirait bonjour monsieur Gingras au voisin qui déblaye son char, salut madame Vigneault à sa voisine qui ramasse son courrier - pis aux putes elle dirait rien mais elle les regarderait parce qu'y fait crissement froid pis qu'entre femmes on s'soutient.
Elle marcherait d'même, d'un bon pas, jusqu'à l'école. Quand elle arriverait là-bas, elle sourirait au monde, même pas forcé. Elle dirait "maudit qu'y fait frette", comme tout l'monde dit, pis les gens d'l'école y s'diraient "ah ben, c'est elle la mère à Roxane", pis y seraient ben étonnés parce qu'elle aurait d'l'allure en maudit la mère à Roxane.
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Roxane rentre de l'école.
Sac à dos lourd.
Porte gelée, sonnette pétée.
Sonne une fois. Deux.
Passe par l'arrière.
Roxane sait à peine ses jours de la semaine, mais le jour du chèque, elle le reconnait facile. C'est aujourd'hui. Y a une deux trois bières sur le comptoir. La télé joue fort. Trop. Sa mère boit dans le salon.
Une gorgée. Un allô mouillé. Roxane, les yeux inquiets, cherche ce qui reste de sa mère.
Des arches noires sous les yeux, des trous dans le sourire, la robe de chambre grise ouverte sur son cou plissé, souffrance évachée dans le sofa.
- ... Allô, maman.
Un temps.
Sa mère face à la télé. Roxane face à sa mère. Roxane voudrait qu'elle la regarde.
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Chostakovitch, début du disque. Roxane met ses écouteurs et s’étend sur son lit. Elle se perd dans Moscou, grande ville blanche où s’enlignent les toits couverts de neige. « Sur l’espla-na-de du Kremlin, le pano-rama de Moscou dé-ve-loppé devant soi, on se sent vrai-ment ail-leurs… »
BANG ! La porte s’ouvre, la lumière tombe sur Roxane, sa mère gueule, mais Chostakovitch reste là, entre eux et elle. Il la protège. Le beau-père derrière l’attrape par les cheveux, Roxane devine un cri sous l’archet voluptueux. Roxane, prisonnière de la scène. Avale l’absurde chorégraphie.
Sa mère, par terre, le visage déformé, peine à se relever. Lui la tient par le cou. Elle mord, il frappe, elle crie.
Roxane pétrifiée.
La musique.
Le visage de sa mère.
La musique.
Sa mère par terre qui se relève.
Lui part vers la cuisine.
Elle, en criant, le suit.
Dans la cuisine, les couteaux.
Chostakovitch ne peut rien contre les couteaux.
Roxane s’enfuit.
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Mélissa.
Une salle d’audience quasiment vide. Les murs
beiges, les bancs bruns. Dans l’air des chuchotements
sans mot. Un fond sonore sans substance,
sans personnalité. On dirait que tout le monde a
travaillé pour que ça ait l’air mort. On a laissé la
vie dehors en attendant que ça passe : ici, c’était
trop tough pour elle.
Mélissa derrière son toupet promène ses yeux
sur les quelques visages venus assister au jugement.
Elle les connaît pas. Y en a pas un auquel elle peut
s’agripper, même juste des yeux, même à travers
ses cheveux. Y aurait eu sa mère. Mais est assise à
l’autre bout.
Maganée. Encore plus maigre que la dernière
fois. Dopée jusqu’aux tripes.
Elle reste assise de l’autre côté de la salle
d’audience, le dos courbé, recroquevillée. Tout son
corps dit « faites-moi pas ça ». Mais y a seulement
Mélissa qui l’entend. Même si elle est loin. Elle
l’entend. Parce que même courbée, même fuckée
jusqu’à la moelle, Meg c’est sa mère. C’est ça que
tout le monde ici a d’la misère a comprendre. Meg,
c’est sa mère anyway.
C’est sans doute juste trop simple.
Mélissa sait qu’y ont placé Meg à l’autre bout
exprès pour qu’elle puisse pas l’attraper, la pogner
du regard, la coller sur elle, fort.
Mélissa à une extrémité, Meg à l’autre. Une
fille, une mère.
Quelques visages blasés qui s’enfilent les jugements
comme un mauvais téléroman.
Une juge fatiguée décide en trois phrases
qu’elles ne se verront plus.
— Madame, vous devrez dorénavant respecter
une limite de cinquante mètres entre vous et votre
fille, et ce jusqu’à preuve de réhabilitation.
D’autres mots vides s’enchaînent au collier
pendant que Meg et Mélissa s’évaporent encore un
peu plus.
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Roxane ferme sa porte. Des cris. Des cris. Des mots. Des coups. Son nom. Sa mère qui crie son nom. Roxane ouvre son tiroir. Cherche ses écouteurs, trouve ses écouteurs.
Chostakovitch, les violons. Plus fort, plus fort encore. Les violons la fenêtre la neige snieg qui tombe comme des lignes du ciel à l’eau comme des lianes pour s’agripper, pour monter très haut, jusqu’en haut, les flocons tombent en lianes du sol au ciel, le violon de Chostakovitch coule sur elle, puis coule en elle. Roxane est une corde, stridente sous l’archet, Roxane vibre, Roxane explose, vole par-dessus la rue, par-dessus les corps morts, par-dessus la marde, jusqu’aux bateaux, jusqu’au fleuve, jusqu’en Russie. Roxane est une symphonie.
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Plus d'informations sur l'exposition « Vues du fleuve » : https://www.banq.qc.ca/exposition-vues-du-fleuve/
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