Parmi les classiques de la littérature qui ne manquent pas d'adaptations de toutes sortes, on trouve sans aucun doute le célèbre «
L'île au trésor » de
Robert Louis Stevenson. Que ce soit au cinéma, à la télévision (la série « Black sails », notamment), en roman (
Pierre Pelot propose une version SF du texte d'origine, Björn Larssson dédie un ouvrage à Long John Silver...), sans oublier bien sûr en bande dessinée (la série Long John Silver de
Xavier Dorison est assez inoubliable), les personnages de Flint, du jeune Hawkins, de Billy Bones, et bien sûr de Long John Silver continuent de fasciner les lecteurs. Si toutes ces adaptations sont d'un niveau variable, celle de
Sébastien Vastra vaut pour sa part incontestablement le détour. L'auteur reste dans ce premier tome très fidèle au texte initial que le découpage fait s'arrêter au moment du départ du navire Hispaniola vers
l'île au trésor. le début de l'histoire est donc parfaitement identique à l'original : le jeune Jim Hawkins aspire à prendre la mer mais doit aider la sienne à tenir l'auberge familiale. le quotidien morne du gamin est toutefois interrompu lorsqu'un certain Billy Bones, un vieux marin bien abîmé par le temps et l'alcool, fait escale dans leur taverne. La fascination du garçon pour le forban ne fait que croître lorsqu'il apprend qu'il servait dans l'équipage du capitaine Flint, un pirate légendaire aujourd'hui décédé. Seulement ce que Billy Bones ne dit pas, c'est qu'il a profité de la mort du capitaine pour mettre la main sur la carte indiquant l'emplacement d'un formidable trésor. Trésor que ses anciens compagnons de bord entendent bien retrouver... Pas de grosses surprises au niveau de l'intrigue, donc, mais l'histoire est de toute façon suffisamment intéressante sans qu'il n'y ait besoin d'en rajouter.
L'adaptation de
Sébastien Vastra est en revanche bien plus originale sur un autre aspect : la représentation des personnages. L'auteur opte en effet pour des animaux anthropomorphiques, en lieu et place des hommes, ce qui lui permet de jouer avec davantage de liberté avec ces figures emblématiques de la littérature. Toutes ont ainsi hérité d'un animal en rapport avec leur caractère ou un élément particulier de leur physique : Jim Hawkins est un fougueux lionceau, Long John Silver un singe retors, Billy Bones un morse doté de longues dents impressionnantes, le docteur Livesay un chien au visage avenant... L'auteur se plaît d'ailleurs à jouer habilement sur les mots afin de raffermir le lien entre le personnage et l'animal qui le représente, adaptant le texte en conséquence. L'idée est bonne, mais n'aurait pas eu autant d'impact sur le lecteur si les dessins n'avaient pas été aussi réussis. Particulièrement soignés, ceux-ci on un petit quelque chose qui ne sera pas sans rappeler aux amateurs de bande dessinée la célèbre série « Blacksad » (rien que ça !). On y retrouve le même soin apporté aux expressions et le même haut-degré d'anthropomorphisme qui permet tour à tour au lecteur de s'attacher à tel ou tel personnage, ou au contraire d'éprouver à son égard dégoût ou malaise. Les anciens camarades de Billy Bones sont ainsi représentés de manière fort inquiétante, qu'il s'agisse de Chien noir ou de Pew, tandis que Long John Silver se voit doter d'un regard avenant et ne se départit pas d'une expression qu'on ne peut s'empêcher de trouver sympathique, quand bien même on connaît la rouerie du personnage. L'auteur signe également de très belles grandes planches consacrées à des éléments clés du roman, qu'il s'agisse de la fameuse carte au trésor ou encore de l'histoire de Flint.
Sébastien Vastra signe avec ce premier tome des aventures de Jim Hawkins un album magnifique qui séduit avant tout par la qualité de ses graphismes mais aussi par l'astucieux remplacement des hommes en animaux. Une adaptation très recommandable, donc, que j'ai hâte de poursuivre avec la lecture du second tome.
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