AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782360571857
432 pages
Asiatheque (03/10/2018)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Joothan est l'autobiographie d'Omprakash Valmiki (1950-2013), écrivain indien né dans une de ces basses castes dont les membres étaient autrefois désigné comme "intouchables" et ont pris aujourd'hui le nom de "dalits" (du hindi dalit "écrasé"). Joothan a eu un énorme retentissement en Inde et est aujourd'hui un sujet d'étude. L'auteur y raconte sa vie depuis son enfance difficile jusqu'à la maladie qui entraîna sa mort. Par la description détaillée du quotidien, Joo... >Voir plus
Que lire après Joothan, autobiographie d'un intouchableVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans cette poignante autobiographie, Omprakah Vamliki nous parle de la société indienne et de l'enfermement que constitue le système des castes. Il explique comment, malgré son interdiction en 1949, il a continué à régir des relations sociales discriminatoires et humiliantes. Il montre bien les conséquences pour les opprimés, tant au point de vue santé qu'éducation, logement et travail. Les atteintes psychologiques sont graves et anéantissent toute idée de vivre dans la dignité.
Deux solutions existent alors pour ceux qui subissent de telles humiliations, et vivent au bas de l'échelle sociale : cacher leur caste aux autres ou au contraire l'assumer et lutter contre le système, avec leurs mots, par l'expression artistique et littéraire, ce que l'auteur a choisi de faire, créant des tensions au sein de sa propre famille.
Il évoque certaines coutumes humiliantes comme par exemple celle qui oblige un futur marié à aller de porte en porte, dans les familles de castes supérieures où travaillent sa belle-mère pour obtenir des dons.
C'est ce qu'on appelle le salaam et c'est l'objet d'une de ses nouvelles. Evidemment le jeune homme et sa petite troupe sont accueillis par des femmes hautaines et imbues de leur condition supérieure...pas du tout prêtes à donner quoi que ce soit.
Une autre coutume les oblige à tuer et dépecer les animaux pour les plus riches que ce soit pour un sacrifice à la déesse Mata ou dans d'autres occasions.
Il nous montre que les violences verbales et physiques sont le lot quotidien des enfants et que les maîtres s'en prennent sans arrière-pensée aux élèves des plus basses castes. Ils n'hésitent pas non seulement à les humilier mais à les frapper jusqu'à les"réduire en charpie". Mais nous voyons bien qu'au-delà de ces souffrances physiques, les brimades psychologiques sont les plus destructrices car elles enferment les enfants en les obligeant à se croire incapables de vivre autrement et d'envisager un autre avenir...

L'auteur alors qu'il vient d'entrer au collège, découvre les idées de Bhimrao Ramji Ambedkar. C'est une révolution pour lui...
Il le prendra pour modèle toute sa vie ce qui lui donnera envie de se battre contre sa condition.
L'auteur sait rester toujours serein et digne en toutes circonstances même si la révolte gronde à l'intérieur de lui-même.
Il prouvera aux opposants, non seulement sa propre valeur, mais celle de tous les dalits, rejetés par une société qui continue aujourd'hui à les considérer comme des êtres inférieurs.
Les inégalités devant la santé et le système de soins (décrite à plusieurs endroits du livre), les conditions de travail (je pense au passage où des ouvriers sont ensevelis par les coulées de boues), la recherche de logement (ce qu'il vit lui-même à chacune de ses mutations professionnelles) sont évidemment révoltantes pour nous occidentaux.
Son combat pour prouver que tous les hommes quelles que soient leur origine, ont les mêmes droits est encore aujourd'hui brûlant d'actualité car après avoir été niées pendant des décennies, les souffrances endurées par les dalits se perpétuent encore, les violences se multiplient et la presse se fait toujours l'écho de prétendus "crimes" perpétrés par ceux que l'on veut simplement, punir et humilier.

Lire cet auteur aujourd'hui, c'est soutenir l'injustice, contrer le sort de milliers d'indiens, qui subissent cette discrimination, mais c'est aussi ne pas baisser les bras ni oublier tous ceux qui dans le monde subissent de telles souffrances.

Omprakash Valmiki est un écrivain indien né en 1950 dans l'Etat de l'Uttar Pradesh. Sa famille appartient à la caste intouchable des balayeurs -éboueurs.
Toute sa vie, il se battra pour l'émancipation des intouchables, ceux qu'on appelle aujourd'hui les dalits (les "écrasés"). Alors que son nom de famille suffit à lui fermer toutes les portes, car il trahit ses origines, il réussira à poursuivre ses études, à obtenir des diplômes et le succès professionnel. Mais toute sa vie, il sera déchiré par sa condition sociale, imposée injustement par sa naissance, et par les souffrances de ses frères dalits...
Au cours de sa vie, il a écrit de la poésie, des nouvelles et de nombreux essais. Il a publié dans divers magazines littéraires. C'est un des auteurs dalits d'expression hindi le plus important de sa génération...
Décédé prématurément en 2013, son autobiographie était jusqu'à présent éditée en deux parties, parues respectivement en 1997 pour la première partie, et 2015 pour la seconde, c'est-à-dire après sa propre disparition.

Dans le présent ouvrage, traduit du hindi par Françis Evrielle et Nicole Guignon, les deux parties ont été réunies pour la première fois.
L'ouvrage est publié par l'Asiathèque, une maison d'édition qui m'a permis de découvrir de merveilleux auteurs et que je remercie ici pour leur confiance. Elle est dirigée par Philippe Thiollier qui est aujourd'hui un des principaux éditeurs français à proposer des ouvrages de littérature contemporaine d'Asie entre autre.
Le livre a été préfacé par Mira Kamdar.

Lien : http://www.bulledemanou.com/..
Commenter  J’apprécie          160
Décidément, les éditions L'Asiathèque nous gâtent en plus du très bon Salaam du même auteur. Joothan (« Les restes » en hindi) est l'autobiographie d'un auteur dalit, probablement non romancée. Né en 1950 dans une famille de balayeurs (une des castes les plus basses), Omprakash Valmiki porte sa caste avec son nom. Valimiki signifie « balayeur » dans une partie de l'Inde. le récit de son enfance relate des évènements d'une grande dureté, non seulement à cause de la pauvreté, des aléas climatiques, mais surtout par le fait de la méchanceté des personnes de castes supérieures ou intermédiaires. Après avoir lu ce livre, avons-nous encore le droit de dire « Ohhh les Indiens sont tous adorables ? ». Pas entre eux en tout cas. J'ose me consoler en pensant que son enfance concerne l'Inde des années 1950, juste après l'Indépendance. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Ce livre n'est pas sans défaut : des éléments semblent inintéressants, le style n'a rien d'exceptionnel et ce n'est pas un livre écrit pour le lecteur : j'ai sauté des lignes devant cette litanie de prénoms et de noms. Toutefois, ces défauts sont aussi des qualités.
Le style simple, que j'avais déjà repéré dans le recueil de nouvellesSalaam, est en fait voulu :
« J'étais plus attiré par les oeuvres traitant de sujets de société que par celles purement esthétiques. »
Si Valmiki est un expert de la littérature indienne et il a même lu de grands auteurs étrangers (Hugo et Balzac), dans cette autobiographie, il ne se complique pas la vie à peaufiner ses écrits, sauf quand il s'agit d'une phrase contre l'attitude d'un Indien de haute caste :
« Lorsque les dalits se dressaient pour affirmer leur fierté, on les accusait de castéisme. Ceux qui proféraient cette accusation étaient eux-mêmes les défenseurs les plus fanatiques de leur propre caste. »
De plus, les évènements racontés sont tellement violents que l'auteur peine à écrire :
« En vérité, écrire Joothan a été si violent pour moi une véritable torture. Chaque mot de ce livre a ravivé des blessures que je m'efforçais d'oublier. »
Valmiki nous offre ainsi un livre politique, son livre cri, pleure, tremble. S'il cite autant de noms, c'est pour leur rendre hommage ou pour régler ses comptes.
Ce livre écrit en deux parties 1997 et 2013 (juste avant sa mort) est l'oeuvre d'un auteur reconnu, mais qui est avant tout un acteur, un homme de théâtre, un homme politique dans le sens de « qui s'occupe des affaires de la cité ». Il n'a pas été élu, mais son action dépasse celle de bien des hommes politiques, y compris dalits. Athée (ou attiré par la religion bouddhiste ?), il refuse de changer de nom quitte à ne pas trouver d'appartement ou être mis à l'écart dans une société. Son nom devient pourtant sa marque de fabrique, Valmiki est publié en anglais et en français, en français grâce à une équipe de passionnés à l'Asiathèque. Son père et sa mère, qui sont allés jusqu'à se priver de nourriture pour qu'il étudie et obtienne un petit emploi correct, n'auraient jamais pu imaginer la destinée de leur fils brillant, opiniâtre, généreux et courageux. Un grand livre écrit par un homme exceptionnel.

Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
Commenter  J’apprécie          40
"Joothan, autobiographie d'un intouchable" par Omprakash Valmiki"Joothan" - mot hindi désignant les restes de nourriture laissés par une personne ayant fini son repas - est l'autobiographie bouleversante et poignante d'Omprakash Valmiki, un écrivain et poète indien de la caste des dalit, des intouchables.

Ecrire "Joothan", Valmiki a dû être un supplice pour son auteur, mais en l'écrivant il permet au monde de savoir ce qu'être un intouchable en Inde et quelle horreur est de vivre sous cette étiquette.
Lien : https://www.inde-en-livres.f..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'y pense aujourd'hui, je me dis que ces heures tragiques m'ont arraché beaucoup de choses, mais qu'elles m'ont aussi beaucoup donné. Elles ont fait naître en moi une profonde soif de vivre et même offert une grande famille au sein de laquelle il n'existe aucun mur ni de caste ni de religion.
Commenter  J’apprécie          100
Lorsque les dalits se dressaient pour affirmer leur fierté, on les accusait de castéisme. Ceux qui proféraient cette accusation étaient eux-mêmes les défenseurs les plus fanatiques de leur propre caste.
Commenter  J’apprécie          50
Comment quelqu'un qui n'a pas souffert d'être insulté peut-il savoir ce que l'on ressent quand on l'est ?
Comme les dunes, les rêves ne font pas de bruit quand ils s'effondrent. C'est comme un coup de vent glacial qui nous ébranle de l'intérieur et marque notre corps en le traversant...
Commenter  J’apprécie          20
Dans cette ambiance d'intouchabilité, alors qu'il était loisible de toucher un chien, un chat, une vache ou un buffle, être en contact avec un chuhra suffisait à vous souiller. Dans cet ordre social, nous n'avions pas le statut d'être humain, nous étions que des objets nécessaires. Une fois le travail fini, nous n'avions plus d'utilité. Nous étions jetés après usage.
Commenter  J’apprécie          10
En vérité, écrire Joothan a été si violent pour moi une véritable torture. Chaque mot de ce livre a ravivé des blessures que je m’efforçais d’oublier.
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : autobiographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Omprakash Valmiki (1) Voir plus

Lecteurs (21) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}