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EAN : 9782901376941
91 pages
Plasma (30/11/-1)
4/5   4 notes
Résumé :
Par un auteur de l'avant-garde bavaroise, au tournant du siècle dernier. Le narrateur et héros est un chien misanthrope très observateur. Son objectif: "diviser la race des hommes, répertorier leurs travers et les conspuer". Mission accomplie.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une vision enragée de l'espèce humaine.

«Le chien est une partie de l'homme lui-même» peut-on lire en exergue à ce Journal d'un chien (1892), le deuxième roman de l'écrivain et psychiatre allemand Oskar Panizza (1853-1921), surtout connu pour sa pièce de théâtre le concile d'amour et ses séjours à répétition en prison et en sanatorium.

Et c'est sans doute sa propre détestation de l'espèce humaine qu'Oskar Panizza exprime en effet dans ce roman par la voix d'un chien, son narrateur.

Ce chien récemment vendu à un nouveau maître arrive en ville, une immensité de pierre et d'horreur. Ce canidé observateur et philosophe a une obsession, réussir à comprendre les agissements et surtout à classifier les représentants de l'espère humaine, si divers en ville, de manière scientifique.

Beaucoup de trouvailles émaillent ce texte assez drôle, quoique très inégal, où l'on doit décrypter les observations vues par l'animal, comme ces scènes au café, l'incompréhension du chien devant les larmes, cette distinction essentielle qu'il fait entre deux types d'hommes, ceux qui voilent et ceux qui dévoilent leurs jambes, ou encore cette façon de considérer les vêtements comme des organes greffés, des parties du corps qui ne commencent à vivre qu'une fois ajustées à ce corps, le plus précieux de ces organes étant ce qu'on devine être le portefeuille, un de ceux sans lesquels l'homme ne peut vivre.

«Je suis retourné à l'usine à bruits où mon maître m'emmène chaque après-midi avec une régularité surprenante. La plupart des visiteurs s'y accroupissent le long des murs et sur les banquettes de velours où ils s'agglutinent les uns contre les autres. Ils se versent dedans le corps un si infect brouet noir qu'ils en ont la gueule fumante Puis un monstrueux vacarme sort de leurs bouches. Des bordées de sons, des trilles, des entrechocs, des stridulations, ces cris éclatent de toutes parts, accompagnées de grimaces, de hochements de têtes, de torsions du cou, d'expectorations. Il y a tout lieu de croire qu'on expérimente ici les bruits de bouche qui plus tard joueront un si grand rôle dans la rue. Une vapeur bleue, artificiellement produite, emplit toute la fabrique-de-bruits et permet à chaque groupe de mener à bien son travail sans être vu par les tables voisines.»

Au-delà de l'humour, la sidération et la rage dominent le récit de ce chien ébahi par les coutumes, les moeurs et l'habitat des hommes, livrant la vision d'une humanité bruyante et agglutinée, agitée de contorsions incompréhensibles et vaines, une «race prétentieuse et imbue d'elle-même». le chien gagne en sagesse en vieillissant, tout en laissant poindre au final un profond désespoir macabre.

Ce livre, traduit par Dominique Dubuy et Claude Riehl, et épuisé en français depuis de nombreuses années, est l'un des candidats du prix Nocturne 2015, dont le lauréat sera annoncé en public le samedi 12 décembre prochain à la Maison de la Poésie, à Paris.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/11/20/note-de-lecture-journal-dun-chien-oskar-panizza/
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Regard fiévreux et caustique d'un chien sur les hommes, parfois drôle mais peu convaincant in fine.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/12/20/note-de-lecture-bis-journal-dun-chien-oskar-panizza/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
À vrai dire, je ne suis plus aussi naïf ni aussi imprudent qu’à mes débuts. Depuis cette première et fracassante déconvenue, depuis que je sais que les hommes portent des enveloppes colorées, qu’ils glanent chaque jour leurs organes dieu sait où, pour tromper dieu sait qui sur leur forme réelle ; depuis que j’ai vu ces enveloppes et ces organes arrachés et jetés sur le sofa, que j’ai vu le gaillard, nu et farineux, se faufiler dans une grande cage blanche, tant et si bien que je ne savais plus où était couché le bougre, sur le sofa ou dans le lit, et que j’étais à deux doigts d’admettre une quasi-scissiparité de l’individu pendant les heures de la nuit, entre minuit et six heures du matin – depuis, donc, je suis devenu prudent et ne prends plus n’importe quelle grimace ou n’importe quelle ébauche d’affublement pour argent comptant.
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Il semblerait que les hommes se volent les uns aux autres des organes de la plus grande valeur et que, grâce à cela, ils communiquent entre eux. Ainsi, à ma plus grande surprise, j’ai vu, aujourd’hui même, un de ceux qui montrent leurs jambes fourrer sa main dans la poche d’un autre, et cela en pleine rue. Il en sortit quelque chose et s’enfuit sur-le-champ. L’autre, qui tâtait anxieusement sa partie entamée, comprit bientôt ce qui s’était passé et se mit à pousser des hurlements effroyables. Des hommes accoururent et demandèrent des explications. Tout le monde se démenait et les membres se déboîtèrent. Il leur fallut un temps fou, avant de savoir où ils en étaient, en raison de cette navrante incapacité à se comprendre qui les caractérise. Brusquement ils partirent en courant dans la même direction. Celui dont on avait forcé la poche resta en arrière, blême et tremblant. Visiblement, on lui avait dérobé là un de ses plus précieux organes, un de ceux sans lesquels il ne pouvait plus vivre : le cœur, ou bien l’âme.
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