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EAN : 9782378782467
72 pages
Audie-Fluide glacial (02/09/2020)
3.98/5   108 notes
Résumé :
Qu'adviendrait-il de notre société si elle renonçait à ses libertés à cause de croyances, des nouvelles technologies, d'un virus ou même du carcan familial ?
Dans cette anthologie de récits d'anticipation, l'auteur turc Ersin Karabulut décrit à la perfection les maux de notre société et le moment où tout bascule.
Que lire après Jusqu'ici tout allait bien...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Neuf contes glaçants sous forme de BD. Neuf histoires qui épinglent les travers de nos sociétés.

Quand l'individu s'efface il ne reste plus qu'une masse ; une grosse pierre que l'on porte à bout de bras comme un fardeau. Ou bien c'est le piège des réseaux sociaux qui nous happent sur nos écrans. Que deviennent la liberté, la légèreté, la solidarité, l'art, ou tout simplement la vie quand on ne sait plus ouvrir les yeux ?

On frissonne en regardant les dessins d'Ersin Karabulut et en lisant ses dialogues coupants. Et en même temps on se dit tant mieux, la liberté de son art arrive à transpercer la glace, malgré les bâtons qu'elle trouve sur sa route, dans bien des pays où la parole se voudrait monochrome. Sombre.

Et, même là où l'on se pense si libre, les réseaux sociaux nous enferment, comme des moutons dans un pré gris. On ne pense plus que par troupeaux, on ne s'exprime plus que par un pouce. À force on pourrait bien devenir une simple donnée, lavée de toute réflexion autonome. On achète, on pense, on vote ce qu'on nous incite à penser, acheter, voter.

Alors lisez, lisez, lisez encore et encore ce qui vous tombe sur le coeur, au fil de vos voyages sur Babelio, là où, espérons-le, la publicité ne nous avalera pas tout crus.

Je ne connaissais ni l'Éditeur Fluide Glacial ni l'auteur Ersin Karabulut. Une bonne découverte.
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Voilà une BD originale qui fait réfléchir.
Cet album est composé de 9 contes que j'ai dégusté avec grand plaisir même si certains m'ont moins plu que d'autres. Ils ont cependant tous la qualité d'interpeller, d'étonner, de donner des frissons et de faire peur. Peur car il s'agit de contes d'anticipation mais le regard de Karabulut sur la société n'est malheureusement pas si éloigné de la réalité.
Ercin Karabulut dénonce le système, les politiques qui décident tout, le totalitarisme, la pensée unique, gare à celui ou celle qui osent faire ou penser autrement!
Je me suis vraiment régalée. Cette BD engagée, use de métaphores superbement bien choisies, d'humour noir et de situations qui peuvent paraître complètement loufoques mais qui en réalité ne sont pas si éloignées de notre réalité.
C'est vraiment excellent. Comment ne pas penser à Georges Orwell ou encore Kafka ?
Les dessins sont eux aussi percutants et étonnants. Là aussi j'adhère.
Je me suis un peu documentée sur Ersin Karabulut qui est un artiste Turc.
J'ai donc découvert qu'il est entre autre, à l'origine d'un hebdomadaire d'humour, prestigieux en Turquie. J'apprends également avec plaisir qu'il a publié en 2018 "Contes ordinaires d'une société résignée "et en 2022 "journal inquiet d'Istanbul". Ces deux albums sont bien sûr allés directement dans mon pense bête.
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Deux ans plus tôt, les éditions Fluide Glacial traduisaient pour la première fois un auteur turc tout à fait génial : Ersin Karabulut.
Au travers des contes aussi inventifs que glaçants, l'auteur-dessinateur croquait à la fois les terreurs de la Turquie moderne mais aussi les travers de notre société occidentale.
Avec Jusqu'ici tout allait bien…, Ersin Karabulut récidive et nous offre 9 histoires supplémentaires avec la plume corrosive et le coup de crayon génial qu'on lui connaissait déjà depuis Contes ordinaires d'une société résignée.

Si ce nouvel opus prolonge de façon aussi magistrale l'expérience de son prédécesseur, c'est parce que les métaphores sociales, religieuses et politiques de son auteur s'avèrent toujours aussi inventives et saisissantes.
Prenons par exemple L'Âge de pierre où tout le monde se doit de trimbaler une pierre dès son plus jeune âge avec l'interdiction formelle de la lâcher, même une seconde. Pourquoi ? Parce que !
Derrière cette règle d'or, un poids social/religieux et même politique et… des gens qui doutent. Comme cette petite fille qui s'interroge sur la possibilité de poser sa pierre et qui finit…par le faire ! Racontée par son frère, l'histoire de la gamine n'en devient que plus cruelle car le lecteur, observateur extérieur, se rend compte de l'inanité de la chose… mais pas le narrateur. À la fois terrifiante et porteuse d'espoir, ce premier conte confirme qu'Ersin Karabulut n'a rien perdu de sa capacité contestataire.

Pourtant, Ersin Karabulut n'est pas qu'un auteur politique, c'est aussi un écrivain de l'intime comme lorsqu'il s'aventure dans La Chambre Secrète où l'on cache son histoire à l'autre pour se conformer à une sorte de personnage que l'on s'est inventé pour survivre en société ou face à sa moitié. Même chose avec Histoire pour enfants où l'ouverture aux autres change de fond en comble la personne et l'éloigne de ses vieux démons et de ses sales habitudes, offrant une nouvelle dimension au monde extérieur.
Au sein du monde fantastique et science-fictif d'Ersin Karabulut, il reste toujours quelque chose de socio-politique. Dans Dot, c'est la victoire d'une multinationale devenue gouvernement planétaire grâce au consumérisme et par le reconditionnement de ceux qui refusent encore de plier. Dans le Monde d'Ali, le virus lâché pour éradiquer les conservateurs en les transformant en migrant devient un nouveau signe de ralliement pour l'émergence d'une nouvelle haine (il ne suffit que d'un prétexte…). Et dans Sans Gravité, tout a été privatisé. TOUT. Même l'oxygène, même votre pesanteur. Derrière, l'état tire les ficelles et exploite, les multinationales ricanent et le consommateur passe à la caisse.

Il reste quelques contes plus énigmatiques dans Jusqu'ici tout allait bien… comme cet enfant qui grandit dans le corps de sa mère et finit par prendre sa place, sorte de syndrome de Tanguy poussé à l'extrême et qui met aussi mal à l'aise qu'il fait sourire. Ou cette autre histoire d'identité lorsque père et fils se confondent et que l'on ne sait plus qui est qui… jusqu'à ce que l'impensable se produise. Reste alors la dimension religieuse qui tourne à la satire ricanante dans Pile ou Face dans laquelle deux potes se retrouvent l'un en Enfer et l'autre au Paradis. Mais croyez-le ou non, ce n'est pas l'endroit que l'on pense qui s'avère le plus agréable et le plus humain. Toujours là où on ne l'attend pas, Ersin Karabulut détonne et étonne… et c'est certainement pour ça qu'on l'aime tant.

Nouvelle fournée jubilatoire et audacieuse de la part du décidément génial Ersin Karabulut, Jusqu'ici tout allait bien… mêle politique, intime et social à travers des histoires fantastiques et science-fictives tous plus étranges les unes que les autres. Savoureux et perturbant.
Lien : https://justaword.fr/jusquic..
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Ersin Karabulut est un dessinateur turc qui s'est lancé en 2018 dans la bande dessinée avec ces premiers « Contes ordinaires », des récits d'anticipations illustrés interrogeant notre société et notre rapport à la technologie, à la politique ou tout simplement aux autres. La démarche est la même dans « Jusqu'ici tout allait bien » qui regroupe neuf nouveaux contes mettant en scène des gens ordinaires dont la vie va être bouleversée par un événement totalement inattendu. Ce peut être une petite fille qui décide de ne plus se soumettre aux règles imposées par la société, ou une femme dont l'enfant grandit en son sein sans pouvoir sortir, ou encore un homme qui découvre que son fils lui ressemble décidément beaucoup trop. le ton est cru, la morale souvent cruelle, et l'intrigue comme les illustrations provoquent l'un et l'autre un profond sentiment de malaise chez le lecteur. Un sentiment dont sont familiers les spectateurs de « Black mirror », série télévisée à succès basé sur le même principe : des petites nouvelles de science-fiction mettant en scène un futur à la fois familier et inquiétant dans lequel les nouvelles technologies occupent généralement une place prépondérante. Les contes d'Ersin Karabulut présentent ainsi de nombreux traits communs avec la série, qu'il s'agisse de la volonté de s'emparer de sujets de société, mais aussi de mettre en scène des personnages ambigus et à la moralité douteuse, ou encore de proposer des conclusions profondément dérangeantes. Les dessins sont à l'avenant puisque les personnages ne sont vraiment pas à leur avantage et sont représentés un peu comme des caricatures (gros nez, bouche ridiculement petite, coiffures ou vêtements démodés ou informes…). Loin de rebuter, ce choix participe lui aussi à la fascination un peu malsaine du lecteur qui voit évoluer avec un mélange de curiosité et de dégoût ces protagonistes souvent très ordinaires dont le rôle alterne entre celui de victime et de bourreau.

Certains récits abordent la question des relations familiales, notamment celle entretenue entre parent et enfant, mais absolument pas d'un point de vue attendrissant ou consensuel. Dans « Deux en un », l'auteur met en scène un enfant coincé dans le ventre de sa mère (qui ne possède pas d'orifice pour le faire sortir) et qui va volontairement lui faire vivre un calvaire, tandis que dans « Le fils de son père » on assiste à l'implosion d'une famille dans laquelle le fils veut (et peut) prendre la place du père. Les propos de l'auteur sont cela dit plus souvent politiques, ce qui l'amène à traiter de sujets d'actualité tels que la servitude volontaire, le conditionnement, le contrôle de plus en plus important qu'exercent sur nous et nos sociétés les géants du numérique, ou encore la montée inquiétante du conservatisme. Pour aborder ces thématiques, Ersin Karabulut mobilise la science-fiction et imagine aussi bien des sociétés futuristes sur le point de basculer que des individus révoltés broyés par le poids des obsessions de leurs concitoyens. Dans le bouleversant « Sans gravité », l'auteur met en scène un monde dans lequel tout à été privatisé, de l'air à l'eau, en passant par le poids des individus : tout ce qu'il reste à ceux n'ayant pas la chance de pouvoir s'acheter une vie, c'est de la perdre tous ensemble. Dans « Dot », on suit cette fois une jeune femme de plus en plus agacée par le fait que son mari dénigre sa marque préférée et refuse tous les gadgets technologiques à la mode dont elle raffole. Ça tombe bien, « Dot » propose justement à ses fidèles clients de s'occuper de leur entourage récalcitrant, et se lance même dans le gouvernement d'états en sous-traitance ! « L'âge de pierre », conte chargé d'ouvrir le recueil est finalement celui qui résume le mieux l'ensemble de l'ouvrage puisqu'on y retrouve tout ce qui fait son charme et sa force : un propos politique intelligemment amené et une intrigue qui éveille une multitude d'émotions chez le lecteur, de la tristesse au dégoût en passant par la colère et l'effarement. Un vrai tour de force !

Ersin Karabulut signe avec ces nouveaux « contes ordinaires » un ouvrage qui s'apparente pour le lecteur à un véritable uppercut. Difficile en effet de rester de marbre à l'évocation de ces futurs dérangeants et de ces révolté(e)s brisé(e)s. Tour à tour loufoques ou émouvants, improbables ou réalistes, les neufs contes au sommaire ne laissent en tout cas jamais indifférents et poussent le lecteur à réfléchir à des sujets et des comportements déplaisants mais sur lesquels il est parfois urgent de se pencher. Voilà une lecture à ne pas rater pour les amateurs de bande dessinée comme de science-fiction !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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L'auteur a choisi de nous raconter sa vision du monde de demain en neuf contes qui font peur, car tout ce qui arrive de pire dans ces histoires pourraient tout à fait se produire un jour, du moins, si l'homme continue à être aussi obsédé par la surconsommation, par le pouvoir, et l'idée de paraître.
Ces contes nous montrent des hommes qui ne réfléchissent plus du tout, qui se laissent gouverner sans poser aucune question, qui ont peur de tout, qui se laissent aveugler et qui sont dominés comme des troupeaux qu'on mène à l'abattoir ou les adeptes d'une secte géante.
J'ai beaucoup aimé les dessins et les propos intelligents qui se dégagent de ces histoires très sombres.
Une bande dessinée très noire qui fait réfléchir (ou pas !).
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critiques presse (3)
ActuaBD
13 octobre 2020
"Extraordinaire" est le seul mot qui vient à l'esprit pour évoquer cet album. Car ses petits récits comportent ce décalage qui nous emporte en dehors de notre réalité.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
21 septembre 2020
Ersin Karabulut donne corps à ces contes noirs par un trait fin et expressif, toujours à la limite de la caricature pour vriller un design réaliste en quelque chose d’assez malaisant. Impressionnant en tout point.
Lire la critique sur le site : BoDoi
LigneClaire
16 septembre 2020
Résister ? C’est aussi cela le message évident de cet album, de ces neuf fables noires qui font froid dans le dos si on les lit avec attention. Une société, la notre près du gouffre. Un album choc et nécessaire.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Mais franchement, Fanny, tu trouves raisonnable de recevoir régulièrement des produits de la marque •DOT que tu n'as même pas commandés ? Des choses inutiles que tu ne désirais même pas, mais que tu as acceptées tellement tu étais conditionnée, et tout ça à des tarifs ahurissants !
- Xavier, comment peux-tu affirmer que je ne désirais pas ces choses ? •DOT a spécialement conçu un algorithme d'achat sans clic qui anticipe mes désirs. C'est génial, fini les hésitations à rallonge : je n'ai même plus à réfléchir ! Si toi ça te pose un problème, c'est peut-être parce que tu es vieux jeu et réac...
(p. 33-34)
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Il est temps de changer les choses. Grâce à notre application interactive VOTEDOX qui évalue votre profil grâce à une analyse hyper précise des données figurant sur les réseaux sociaux, le vote sera déterminé par votre réelle personnalité et vos propres intérêts...

Et ça vous savez ce que c'est n'est-ce pas ?
Est-il bien utile de le préciser ?

C'est la première vraie démocratie de l'histoire de l'humanité !

C'est ça le message que je veux vous faire passer : n'oubliez pas que DOT vous connaît mieux que vous-même !

Quatrième conte
.DOT
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- Pourquoi nous devons porter ces pierres ? Elles sont super lourdes !
- Certaines questions ne sont pas faites pour être posées, ma fille. Si tu la laissais tomber, Dieu nous en garde, une flopée d'ennuis nous tomberait dessus. Pff... J'ai l'impression de passer mon temps à t'expliquer tout cela. Alors, tais-toi et marche !
- Mais maman, tu ne m'expliques rien, là. Quel genre d'ennuis on aurait ?
(p. 3)
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Pour la survie de l'humanité, ces gens doivent mourir. Traitez nous comme des criminels si vous le voulez...mais nous savons que l'on se souviendra de nous comme les sauveurs du genre humain.
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Ce sont les multinationales qui contrôleront le monde à l'avenir...
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Videos de Ersin Karabulut (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ersin Karabulut
L'histoire vraie d'Ersin Karabulut, célèbre artiste de bande dessinée turc ; son parcours des banlieues déshéritées d'Istanbul aux sommets de l'édition et de la presse satirique ; comment il vécut, parfois en première ligne, les bouleversements et l'agitation politique de son pays, une Turquie transitant lentement d'une démocratie à un régime autoritaire. En même temps qu'il raconte son parcours d'artiste et de citoyen lambda, Ersin Karabulut dresse le portrait d'un pays tiraillé par des antagonismes politiques et sociétaux profonds, dont l'histoire récente est faite de coup d'états, d'espoir, de désillusion et de drames.
À retrouver sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/journal-inquiet-d-istanbul-tome-1.html
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Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

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