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EAN : 9782859207168
92 pages
Le Castor Astral (05/07/2007)
3.79/5   7 notes
Résumé :
« J'essaye d'habiter un souffle, une transversalité. De le faire à travers mes langues et à travers le français, sans que cela ne m'éloigne de ceux qui habitent les autres langues, les autres géographies. De tisser mes liens dans cette transversalité et les vivre intensément. Un Kafka, un Dostoïevski, un Artaud, un Deleuze, un Rûmi font partie de ma chair. Mais littéralement. Je me dis, tout comme j'appartiens à l'humain, aussi tout ce qui est humain m'appartient qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Derrière ce titre énigmatique « Juste un pont sans feu » s'épanouit une poésie contemporaine puissante et exigeante récompensée par deux prix prestigieux : le Prix Mallarmé et le Prix Théophile Gautier de l'Académie Française.
Ce recueil se divise en six parties.
La première, « portrait » commence ainsi : « Si je devenais gros, je grossirais aussi les arbres, les immeubles, les voitures… » Grossir et modifier la vision des choses en les grossissant à leur tour, n'est-ce pas là le rôle du poète qui nous ouvre les yeux et nous permet de « grossir » à notre tour au contact des autres ?

« À peine un fil sur les lèvres » évoque la mort :
« de quelle mort vais-je parler pendant trois pages, cent pages. Cent cinquante âges… »
Mais, plus loin, l'auteur évoque l'amour et sa quête :
« C'est ça, je me disais, l'amour, c'est ça – aller chercher l'autre dans ses déchets - père soufflant sur chats et braises – pour des cris qui viendront longtemps après. »

« Entre chants et bois, aux abois » nous entraîne sur d'autres chemins, nous parcourons la ville où nous croisons alphonse à qui l'auteur s'adresse, nous poursuivons sous l'étoile du voyageur, dans un nord et un sud qui partent dans tous les sens.
« Crois-tu que nous cheminerons ainsi vers une fin alors que je croise d'un même pas un chien mort, un autre qui dépérit ? »

« Aimer aussi ces airs de chiens » poursuit ce questionnement sans fin avec le « tu »
« Mais sur quel pied danses-tu ? -Dans quel souffle te noies-tu ? » pour terminer par le » on »
« Sait-on de quelle tare surgir l'avenir ? »

« Déclinaisons d'un espoir à venir » Dans ce passage, l'auteur introduit ce pont évoqué dans le titre :
« Nous voici devant un pont destiné à faire communiquer les deux rives. »
Un pont oui mais les pierres s'effritent et on finit par être gagné par le désert avec une note d'espoir, tout de même dans un des derniers vers « Il y aura quelques ronces, mais les choses finiront par s'arranger »

« Un marteau à la faust »
Le poète termine par cette absence de feu auprès du pont :
« Juste un pont donnant sur une pépinière que tu mâchouilleras, - même si tu sais que, sans feu, il n'y aura ni fumée ni amour - à faire surface - ne faisant que rester à la surface - ne faisant que brouiller les surfaces - où on aurait pu se mirer - pour y trouver éclosion - et viatique. »
On retrouve les mots et les morts - mais les a-t-on vraiment perdus de vue ? - et la langue, toutes les langues avec « des fenêtres aux bruits des langues sur les toits »

On referme ce recueil, enivrés par cette poésie à vif, ce grand souffle qui nous emporte loin, au-delà d'un pont, à la rencontre des autres et de leur langue, sur les chemins du questionnement.





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Je n'ai pas la prétention de faire mieux que le billet de Zepherine. Je ne suis pas assez éloquente et expérimentée dans l'étude poétique.
J'ai emprunté ce recueil à la médiathèque du centre ville de ma petite ville de province. Je l'ai choisi pour son titre : Juste un pont sans feu. Je suis fascinée par les titres, car chaque mot pris individuellement est aisément compréhensible. C'est l'union de ces mots qui en font tout le charme. Cinq mots qui signifient pour moi une représentation de l'Orient et l'Occident. Deux mondes aux relations compliquées et qui, j'ai le sentiment ont du mal à se comprendre. L'auteur "en fait le tour avec ses mots tordus, ses mots mordus". C'est une poésie à la topologie singulière. Il y a pratiquement pas de ponctuation ce qui produit une sorte d'urgence dans le propos. Il joue avec les mots, les sons, le rythme. "Jardins publics, publics divers / Diversement avariés". Les mots chien et lapin surgissent fréquemment. Je suppose qu'ils ont une signification particulière.
Seymus Dagtekin est un écrivain à suivre.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
TE VOICI ENTRE ROUTES ET SABLES…


Te voici entre routes et sables d’une topographie imaginaire
Tu cherches à te pencher pour voir les bords de la ville qu’on
voudrait tenir hors d’atteinte de ceux qui nous guettent
des bordures
Toi aussi, tu me guettes
Je t’ai vue avec mon œil du malin
Je peux plus que te voir
Pis, je peux te dessiner d’un jet
Tout comme tu peux m’effacer
Sur les mêmes bords
Sur les mêmes routes
Faisons-nous face
Supportons-nous face à face
Demain sera l’image de notre sourire
Pile ou face
/
Et le mot frère
/
Pour ne laisser aucun ici sans son ailleurs
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Vas-y, bouge-toi dans ce pays des clos
Face à la variété de tes douleurs
Qui passent sous les ponts bordant les collines
Boisées d'arbres et de couleurs
Vas-y, boulange ta pâte
Boulange ton pays d'orangers avec ce pays de collines.
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C’est ça, je me disais, l’amour, c’est ça
aller chercher l’autre dans ses déchets
père soufflant sur chats et braises
pour des cris qui viendront longtemps après.
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Si je devenais gros, je grossirais aussi les arbres
les immeubles, les voitures, les orbites
les gobelets, les œufs
Je grossirais les yeux des autres pour qu'ils puissent me voir
gros
J'écraserais les os dans les eaux des reptiles
et les mettrais dans un œuf sans coquille que je goberais
pour devenir encore plus gros dans tes yeux
les déborder
nouer chaque jour le bout de ma phrases avec un nouveau lacet
près d'un arbre
au pied d'un chien trépassé
et tomber
dans un visage
sans face

Des meutes s'échapperont de tes phalanges jusqu'à la nausée
(Portrait - premier poème du recueil)
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Mais dis-moi, où faut-il chercher la beauté
Beauté de la ville
Beauté qui n'est pas de la ville
Beauté qui se défigure entre eau et ville
/
Sauras-tu me la murmurer
pour que je puisse chevaucher d'autres cieux
à travers cette cabane
et que je sache
le pourquoi de cette route
/Tu es nul, et où que tu ailles, tu annules les avenues
Enlace ton serpent autour de ton bras, remets-toi en route
Trouveras-tu peut-être un autre fil que tu pourrais tirer
( Partie en Chants et bois aux abois)
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Seyhmus Dagtekin, 39e Marché de la Poésie 2022, Paris
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