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Pierre Guglielmina (Traducteur)
EAN : 9782757804711
251 pages
Points (21/08/2008)
3.69/5   63 notes
Résumé :
Noël 1976. Le frère jumeau de Douglas meurt accidentellement. Fils désormais unique d'une famille blanche et aisée, Douglas doit quitter le paradis du Cap pour s'installer avec sa mère dans la région aride de Karoo. Il se retrouve brutalement plongé dans une communauté où l'apartheid est présent au quotidien. Au coeur des ténèbres, il trouvera pourtant un peu de réconfort entre la radieuse Marika et le vieux Moses, un Noir qui rêve de terre promise...
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Pour Douglas, vivre au Cap c'est grandir au paradis! Ses parents sont aimants, le soleil brille, il y a de bonnes vagues pour surfer et Marsden, son jumeau est toujours près de lui, immuable et rassurant. Tout bascule le jour de Noël 1976. La famille est réunie autour d'un barbecue, pendant que les femmes prennent le soleil, les garçons jouent au cricket. Quand son père lance une balle qui atteint Marsden à la tête, le monde s'écroule. Marsden ne se relèvera pas, il n'avait que 14 ans .Douglas va devoir apprendre à vivre seul. Coupable d'un accident, son père choisit la fuite. Sa mère démissionne de son poste d'enseignante et décide de quitter une ville et une maison pleine de souvenirs. Amputé d'un fils et d'un père, ce qu'il reste de la famille prend la direction du Karoo, région aride de l'Afrique du sud profonde et s'arrête à Klipdorp, village reculé, perdu dans le désert. Avec son look de surfeur et ses idées libérales, Douglas n'y est pas le bienvenu. Tête de turc des élèves de sa classe, il trouve heureusement un peu de réconfort auprès de Moses, le vieux pompiste noir du village et de Marika, une fille aux allures de gitane qui essaie d'échapper à la tyrannie d'un père raciste et violent.


Comment un adolescent peut-il survivre à la perte d'un frère? Comment faire son deuil quand le disparu était votre portrait et que son image, fugace, se reflète dans un miroir, apparaît au fond d'un verre? Quand il se regarde, Douglas voit Marsden...Est-ce pour ne plus voir le fils qu'il a tué dans le fils qui lui reste que le père a préféré fuir? Déjumelé, selon son propre terme, Douglas est aussi en exil, loin des paysages familiers, loin de son enfance. Dans la sécheresse étouffante du Karoo, Douglas découvre aussi le vrai visage de son pays, l'injustice, la violence faites aux noirs. A Klipdorp, village afrikaaner, l'apartheid n'est pas une vue de l'esprit mais un système qui donne aux blancs le droit de vie ou de mort sur des noirs traités moins bien que le bétail. Confronté à la haine ambiante et à ses propres lâchetés, Douglas va grandir avec l'idée de retourner au paradis, de revoir le Cap et l'océan.
Roman d'apprentissage, chronique d'une enfance dans un pays clivé, Karoo boy est une histoire sombre et âpre, qui prend aux tripes et laisse dans le coeur la trace amère des injustices dont la vie est coutumière.


Une lecture que je dois à Hahasiah, piquante et généreuse babeliote qui se reconnaîtra d'autant mieux que je viens de la citer! Un grand merci à toi Patricia!
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Puisque j'avais bouffé de la ségrégation à la sauce américaine, je me suis dit qu'il était temps de prendre l'air et d'aller faire un tour ailleurs, en Afrique du Sud, là où l'apartheid règne encore et toujours (nous sommes en 1976).

Le Cap. Là où vivent les jumeaux, Douglas et Marsden, c'est la belle vie : plages, océan, écoles privées, quartiers résidentiels et personnel Noir pour faire les sales besognes.

Leur plage est White Only, bien entendu. Les enfants n'en ont pas vraiment conscience. Leur père n'est pas un raciste pourtant, il a même donné une trempe à ses gamins qui s'étaient moqués de leur jardinier Noir. Mais ils sont les complices de ce système.

Un accident, une perte terrible, va faire basculer la famille, la faire exploser de l'intérieur et Douglas va se retrouver, avec sa mère et leur bonne, dans le quartier de Karoo, loin du Cap et de ses plages, dans une région aride de l'Afrique du Sud profonde, là où l'apartheid est bien plus visible.

C'est un roman sur l'apprentissage, sur le deuil impossible à faire : des parents qui perdent un enfant, un enfant qui perd son jumeau, une partie entière de lui-même.

C'est aussi l'apprentissage de la vie dans un autre quartier, où l'on devient tête de Turc des autres, parce que l'on vient d'une belle ville, qu'on était surfeur. Pour les gamins de son école, il est une tapette, un pédé. Pour les profs, il faut être capable de tuer des animaux, de les disséquer, sinon, vous deviendrez une femmelette, un pédé, de nouveau.

C'est aussi l'apprentissage, pour Douglas, de ce qu'est le racisme, l'apartheid et c'est violent. Dans son quartier, il ne s'en rendait pas vraiment compte, là, il se heurte à ces non-droits pour les Noirs, en devenant copain avec un vieux pompiste.

Je m'attendais à un roman encore plus sombre, encore plus violent, vu les sujets traités. N'allez pas croire que c'est gentillet, non, non, loin de là, mais cela aurait pu être encore plus sombre dans le récit.

Hélas, il a manqué des émotions dans l'écriture. Nous sommes tout de même face à la perte accidentelle d'un enfant de 14 ans et d'un frère jumeau, je m'attendais donc à avoir les larmes aux yeux à un moment donné. Ben non.

Ce récit est émaillé de multiples mots en afrikaner et en xhosa, et au lieu d'en avoir la traduction en bas de page, il faut se reporter sans cesse au glossaire de fin d'ouvrage, ce qui n'est pas pratique du tout. Pas rédhibitoire, mais plus ennuyeux.

Dans l'ensemble, ma lecture fut agréable et ce roman s'est terminé trop vite, sans pour autant se terminer mal. Il permet avant tout de se faire une idée de ce qu'il se passait en Afrique du Sud à la fin des années 70, quand l'apartheid était toujours présent, mais que les Noirs commençaient à en avoir plus qu'assez des dénigrements des Blancs, d'être leurs larbins et de ne pas pouvoir se déplacer sans laissez-passer.

On sent qu'une page est en train de se tourner, qu'elle prendra du temps, mais que la révolte gronde…

Une écriture sans artifices, sans pathos, sans fioritures, sans effet de manche. Parfois, j'ai trouvé le ton assez froid, mais dans l'ensemble, ce fut une belle découverte.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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"Désormais tu vas devoir jouer tout seul Douglas".
Cette constatation concernant le cricket, que Douglas ne pratiquera plus avec son jumeau Mardsen tué accidentellement par leur père d'une balle de cricket, prend des allures de sentence, alors qu'ayant perdu son "âme d'ancrage", c'est le dur jeu de la vie qu' affrontera, cet adolescent, en solitaire.
Cette famille blanche aisée d'origine anglaise (aux "belles idées libérales") heureuse au Cap, en Afrique du sud, se retrouvera brisée du jour au lendemain. le père, journaliste, terrassé par le chagrin, les quitte et tel le vieil homme et la mer d'Ernest Hémingway, ira pêcher un hypothétique poisson et des bribes de roman, à moins qu'il ne se noie dans sa propre culpabilité. Plus de surf, mais la terre aride du Karoo "le bout du monde". Plus de mère enseignante et responsable, mais une peintre dépressive qui peint des nus noirs et se fait rabrouer par un austère révérend. Plus d'école libérale, mais des élèves aux cranes rasés qui insultent ("sale pédale": vu ses cheveux longs de surfer) ce "kaffirboetie" ("ami des Nègres"),lui jouent de mauvaises blagues et des professeurs aux coups de baguettes faciles. Plus d'humanisme mais le racisme des Afrikaners, l'apartheid et la violence au quotidien.
Heureusement,il y a l'esprit qui "vagabonde" de souvenirs heureux en lectures complices, il y a l'amitié d'un vieux pompiste noir sans papiers, ancien mineur grugé qui "vient du pays de Nelson Mandela" et leurs rêves d'évasion communs dans une "Volvo clocharde" retapée en "beach buggy". Heureusement il y a les premiers émois avec Marika "la fille aux pieds nus" qui surmonte sa peur de ces violeurs de "Nègres" (inculquée par son père ségrégationniste) et sa terreur de ce même père qu'elle hait .
Heureusement, ce "déjumelé" passera (non sans mal mais avec courage) les épreuves initiatiques du jeu cruel de la vie pour devenir un homme et....écrire un roman qui sait?
Karoo Boy, premier roman de Troy Blacklaws (qui a grandi au Cap et a enseigné la littérature à l'étranger) est une réussite. Cette tragédie, bourrée d'émotions,de superstitions,de préjugés à combattre, est captivante et émouvante. le lecteur a l'impression de se brancher sur les pensées de cet ado perdu et en manque de père et de frère.De plus la trame historique est intéressante car le lecteur s'aperçoit de la violence réciproque engendrée par l'apartheid de ces années fin 70 (époque où certains Blancs se croient encore au temps de l'esclavagisme et où le Noir, dit "foutu Nègre", toujours soumis mais révolté d'être tabassé,humilié ou harcelé appelle les Blancs "Maître" mais passe parfois sa violence à organiser des combats illégaux de chiens contre babouins).
Situé à une autre époque (deuxième guerre mondiale), les lecteurs intéressés par les problèmes d'apartheid et l'implantation des Afrikaners sur le sol africain,pourront lire: Mathilda de Valéry Giscard d'Estaing, un excellent roman qui se déroule en Namibie, alors que l'administration allemande avait attribué des terres aux colons allemands et que les Noirs étaient considérés comme des êtres inférieurs.
Bon, pour en revenir à Karoo Boy: c'est un cinq étoiles à la sensibilité palpable. On dirait du vécu!
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Le livre s'ouvre sur un drame terrible survenu sur une plage du Cap ( Afrique du Sud ) en 1976 : le frère jumeau de Douglas, le narrateur, meurt accidentellement, tué sur le coup par une balle de cricket lancé par son père. La famille implose et Douglas se retrouve obligé de vivre dans une petite ville perdue dans le désert du Karoo.
Au fil de chapitres courts, on suit le déracinement du jeune Douglas et sa reconstruction après le traumatisme, ses méditations sur le deuil, l'absence qui ronge et la vie qui continue malgré tout. L'écriture est limpide, très belle et solaire.
Contrairement à beaucoup de romans sud-africains qui évoquent l'Apartheid frontalement, ici ce n'est pas un roman-manifeste, et pourtant tout est dit à travers des différents personnages : la mère de Douglas très libérale, le père de Marika violemment raciste, Moses le vieil ami noir de Douglas. Tout est très subtil dans ce roman d'apprentissage.
Un auteur à découvrir.
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Alors que Douglas joue au base ball avec son père et son frère jumeau celui meurt accidentellement. le drame va provoquer le départ de Douglas et sa mère du Cap pour la région aride du Karoo. Adolescent blanc d'une famille libéral, il va être confronté de plein fouet à l'Apartheid.
Mais trouver aussi le réconfort auprès de Moses, un vieux noir et de la jeune Marika.
Ce premier roman sur l'Afrique du Sud situé dans la fin des années soixante dix, est une jolie réussite, Blacklaws suit les pas de ce jeune adolescent qui va tenter de se reconstruire et de grandir malgré ces blessures. le ton est toujours juste, sensible, sans artifice, la violence et le racisme en toile de fond, un apprentissage dans le chagrin mais jamais sans pathos. Un auteur à découvrir.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 décembre 2006
Lecture jeune, n°120 - « Jour de Noël 1976 à Muizenberg, Le Cap. Le soleil de la mi-journée est brûlant. L’atmosphère est remplie de l’odeur d’huile solaire à la noix de coco et des travers de porc sur le braai ». Scène d’ouverture de Karoo boy. Le frère jumeau de Douglas meurt accidentellement, touché au visage par une balle de cricket lancée par leur père. Alors, plus rien ne peut être pareil. La mère de Douglas décide de quitter la ville du Cap, son poste d’enseignante et leur maison au bord de la mer, pour s’installer dans le Karoo, région aride où l’apartheid sévit cruellement. Comment se construire et surmonter la perte dans cet ailleurs ? Karoo boy, récit à la première personne puissamment incarné, est un roman d’apprentissage d’une intensité et d’une poésie bouleversantes. Douglas doit apprendre à vivre avec sa douleur et son deuil. Devenir le fils unique de sa mère, celui qui la console et jamais ne la remet en cause, quand elle peut lui dire : « Il y aura peut-être des moments de bonheur, mais la douleur sera toujours là ». Pourtant l’élan de vie de l’adolescence est plus fort que tout. Il lui fait découvrir le désir et la sexualité auprès de Marika, elle aussi différente, l’amitié avec Moses, un vieux pompiste noir. L’auteur nous livre des émotions et des sensations. Elles font écho à d’autres instants, comme autant de réminiscences qui ponctuent le récit sous forme de flash-backs. Odeurs, couleurs, sons environnent le lecteur, et donnent corps à l’Afrique du Sud. On peut également lire dans ce récit sur la gémellité et la perte une métaphore de l’histoire de ce pays. Karoo boy est le premier roman de Troy Blacklaws, il va être adapté au cinéma. ndlr Hélène Sagnet
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le Cap, c'est l'Afrique non-africaine, où les lances se transforment en pieds de lampes et les éléphants en tabourets. Une Afrique de chiens et de chats, et de nains de jardin. La mort vous surprend, bercé par les chansons de radio 5 ou entrain de jouer au cricket sur la plage.
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Je jette ce qui reste d'appât dans l'eau. Les poissons foncent sur ce qui est en train de couler, tout comme ils avaient foncé sur les cendres d'un homme qui rêvait que ses fils défendraient un jour les couleurs de la province au cricket, les cendres d'une tête comme une île entourée de sang.
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D'une certaine façon, j'en suis ravi, car je n'ai jamais eu le sens du rebond zigzagant du ballon de rugby. Tout comme je n'ai jamais senti quelle direction allait prendre la vie. Tout ça, c'est du pur hasard pour moi. Une balle de cricket tue Marsden. Une bande de babouins surgit au détour d'un virage. Une saute d'humeur nous exile au fin fond du désert.
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Elle pose son gin tonic et soupire:
-Dee,je ne pourrais plus jamais être heureuse.Il y aura peut-être des moments de bonheur,mais la douleur sera toujours là.
Je la sens comme un courant qui me tire par les pieds, m'entraînant vers les algues sombres du fond.
-Tu n'es pas heureuse là,maintenant,avec moi?
-J'adore être avec toi,Dee.Mais il faut être aveugle pour ne pas voir à quel point la vie peut être cruelle.
Je mâche ma paille pour m'empêcher de pleurer.Jamais je ne pourrai à moi seul rendre ma mère heureuse.
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L'histoire, ce n'est pas comme la biologie où l'on fait des trous dans des lézards. Ce n'est pas un lézard de plus de moins, ici ou là. Vingt-six mille femmes et enfants boers sont morts dans les camps anglais pendant la guerre. Non, l'histoire n'est pas une succession de chiffres froids comme en mathématiques, où l'on peut effacer ses erreurs de calcul. Non, en histoire, on n'efface rien, on ne fouine pas non plus ; on se souvient.
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