Merci à Babelio et aux éditions Au diable Vauvert pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique.
"On vous surveille. le gouvernement a mis en place une machine..." le générique de la série "Person of interest" pourrait être sur la quatrième de couverture de "Kétamine".
Le thème avait de quoi m'intéresser : un roman prétendument écrit par une intelligence artificielle donnant son point de vue "au vitriol" sur notre société, ça aurait pu s'approcher d'un conte philosophique, et j'aurais adoré.
D'autant que je suis parfaitement d'accord avec le fond. L'omniprésence des écrans et des algorithmes dans nos vies, l'utilisation de nos données personnelles et l'émergence de l'intelligence artificielle sont des questions qu'il faut se poser aujourd'hui pour garder la main sur notre futur, j'en suis convaincue.
Mais il ne s'agit pas d'un roman. C'est un pamphlet que propose "
Zoé Sagan" (en réalité collectif de journalistes situationnistes et post modernes de l'ultra gauche). de très nombreuses listes, répétitions et mises en garde alarmistes plombent le propos. Les explications du fonctionnement de l'IA, si elles sont nécessaires à la crédibilité (encore qu'une IA française surpuissante relève déjà en soi de la science-fiction), tournent un peu en rond. Il serait dramatique que cette IA ait la capacité de raisonnement et l'esprit critique d'un adolescent biberonné aux théories du complot comme c'est le cas ici.
À ceci s'ajoute le principe éculé du name dropping, ici assez arbitraire, ou en tout cas très subjectif.
Idéologiquement, ce texte est très à gauche et anti-homme (des salauds ou des violeurs, vous l'ignoriez ? "J'estime à 10% la proportion des hommes bien." p. 140). Il vaut mieux le savoir car ce qui passe dans un roman est assez dérangeant dans un livre "à charge".
Vingt pages plus loin, le passage de la "néo-connasse" aurait pu être drôle, mais l'auteur m'avait déjà perdue. Dénoncer, c'est bien (ou pas, ça dépend aussi de la manière), mais pour cela il vaut mieux commencer par balayer devant sa porte. Faire un coup éditorial pourquoi pas, mais à dénoncer à tout va, on se demande pourquoi ce livre est vendu sur le grand méchant Amazon ("FUCK AMAZON" p. 124). On a des valeurs ou pas, il faut être un peu cohérent.
En conclusion, je suis vraiment déçue car, encore une fois, j'adhère à la thèse, et plus que tout aux propositions de réévaluation du réel, de l'émerveillement et du silence ; mais je trouve la forme maladroite et à la limite de la malhonnêteté intellectuelle.