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EAN : 9782752908773
256 pages
Libretto (07/02/2013)
4.09/5   201 notes
Résumé :
Knockemstiff - littéralement "étale les raides" - existe vraiment. Ce n'est pas la moindre bizarrerie de ce premier livre de Donald Ray Pollock. En référence aux classiques de Sherwood Anderson, les histoires racontées ici sont toutes liées à ce bourg.
Mais les turpitudes et les hypocrisies individuelles de Winesburg, Ohio, sur lesquelles écrivait Anderson en 1919, paraissent soudain bien pâles devant les visées de tante Joan sur un paumé défoncé à la Bactine... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Une séance de cinéma musclée, une relation incestueuse, une séance photo inoubliable, une fugue tirée par les cheveux, des bobards entre potes, une drôle de virée en Floride, des poissons au fond d'un sac, une soirée pluvieuse avec tata, de l'entrainement, de l'entrainement, de l'entrainement... et encore d'autres nouvelles signées Donald Ray Pollock.

À Knockemstiff, petite bourgade grise dans l'Ohio, il ne fait visiblement pas bon vivre. Parce qu'à Knockemstiff, il n'y a rien à faire. À part se shooter à la bière, au cannabis, à la Bactine ou aux stéroïdes, et éventuellement tirer un coup.
À Knockemstiff, on y croise, au hasard des rues -vides -, des personnages déjantés, défoncés, effrayants, impétueux ou alcooliques. Entre misère, solitude et violence, ces laissés-pour-compte, tout droit sortis d'un autre monde, errent dans leur propre vie.
L'ambiance y est poisseuse, âpre, crasseuse, tempétueuse et l'écriture brute, âcre et sauvage.
Dix-huit nouvelles profondément sombres et désespérantes...

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Enfant, on a tous fantasmé notre vie.
Moi, comme tout un chacun, j'aurais adoré faire renifleur d'aisselles, branleur de dindons, sirène de parcmètre voire, rêve absolu, exciteur de panda (à noter, pour tous les défenseurs de la cause animale amateurs de sensations fortes, que tous ces boulots existent réellement) mais la dure loi du sport en décida autrement.

Pollock, en boussole avisée, vous présente ici, par le biais de moult nouvelles brillamment torchées, le cauchemar absolu en matière de plan de carrière.

Je suis pas fan des nouvelles, le format ne me convient pas.
Mais ça, c'était avant. Avant de picorer Donald Ray, en tout bien tout honneur, et de redécouvrir son univers cradingue, enténébré, déjanté et complètement désabusé.

Knockemstiff prouve, si besoin était, la propension quasi inexistante de Pollock au rire et à la gaudriole.
Dix-huit nouvelles pour s'en faire une p'tite idée.
Dix-huit tranches de vie consternantes qu'on ne souhaiterait pas à son pire ennemi...sauf à Jean-Pat qui fait rien que me piquer mes gommes au bureau.
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Knockemstiff, est le nom d'une petite ville des ...
Non, je reformule, Knockemstiff, c'est le trou du cul du monde !
On y boit-beaucoup- de mauvais- alcools, on y fume toutes sortes de choses, on s'y insulte,on s'y tabasse, on fornique, etc...
Mais aussi, on s'y cache, on s'y englue, on désespère, on voit ses plus humbles rêves s'évanouir.

Knockemstiff est un recueil de nouvelles, qui sont autant de tranches de vie de laissés- pour-compte de l'Amérique.
Indépendants les uns des autres, ces dix-huit récits, s'interconnectent cependant.

Sous un plume moins talentueuse que celle de Ronald Ray Pollock, cela pourrait-être sordide, vulgaire, désespérant.

Mais l'auteur de "le diable tout le temps", a un talent de conteur exceptionnel, et plus encore, le don de rendre attachants les personnages les plus déjantés, de trouver de l'humanité, dans les pires taudis des rednecks.
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Donald Ray Pollock m'avait littéralement troué le c.. l'an dernier avec son premier roman, le diable tout le temps. Une énorme claque à laquelle je ne m'attendais pas du tout. A la fois totalement barré et parfaitement maîtrisé, dévastateur, sans aucune retenue. Pas un bouquin pour les petites natures, quoi.

A découvrir aujourd'hui ces nouvelles publiées avant le roman, je me dis que le bonhomme sait aussi y faire avec la forme courte. Ce que j'apprécie chez lui, c'est qu'il ne faut pas trois plombes avant de savoir où on met les pieds. Laissez-lui cinq lignes et il vous plante le décor de façon magistrale. Exemple avec la première phrase de la nouvelle intitulée Dynamite Hole : « Je descendais juste des Mitchell Flats avec trois pointes de flèches dans ma poche et un serpent copperhead mort qui me pendait autour du cou comme un châle de vieille bonne femme, quand j'ai surpris un gars nommé Truman Mackey en train de baiser sa petite soeur dans Dynamite Hole. »

Bienvenue à Knockemstiff, Ohio. le trou de balle de l'Amérique. Une population 100% blanche, désoeuvrée, décérébrée, accro à toutes les sortes d'opiacées imaginables et qui vit dans des caravanes où des mobil-homes. On y croise un père ravi de voir son fils casser la gueule à un autre gamin sous ses yeux, une nièce qui joue les racoleuses pour sa tante et drogue le premier clampin venu afin que la tata ait un homme à poil dans son lit en se réveillant le matin ou encore une nana qui adore à ce point le poisson pané qu'elle en garde toujours quelques bâtonnets au fond de son sac à main. Tous ces gens vivent en vase clos. Impensable pour eux de sortir des limites du comté pour aller « découvrir le monde. » Et quand ils tentent leur chance c'est pour être pris en stop par un camionneur aux intentions pas très catholiques. Dix-huit nouvelles pour autant de cas totalement irrécupérables. Y a pas à dire, elle est pas jolie-jolie la vie au fin fond de l'Ohio !

Attention, cette prose au vitriol est dangereuse : ça pique, ça gratte, c'est hautement abrasif et furieusement décomplexé. Vous serez prévenu, lire une nouvelle de D. Ray Pollock, c'est un peu comme s'exfolier au papier de verre. Spéciale comme pratique mais perso, c'est tout ce que j'aime...
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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La seule évocation du nom de cette bourgade américaine de Knockemstiff a longtemps dû donner des sueurs froides à Donald Ray Pollock, avant qu'il ne décide de s'atteler à décrire les moeurs glauques de ses habitants au patrimoine génétique dégénéré par la consanguinité. Oui, l'auteur sait très bien de quoi il parle lorsqu'il évoque Knockemstiff puisqu'il en est natif. Et oui, il existe réellement une ville portant ce nom absurde auquel on finit pourtant par s'habituer et par prononcer sans plus se poser de question, jusqu'à ce qu'un touriste bobo, perdu dans les vastes plaines de l'Ohio, finisse par demander à ses habitants demeurés : « Pourquoi Knockemstiff ? » -littéralement « bute les raides » ? Ceci dit, ce n'est pas plus troublant que le nom de cet autre bled perdu dans le fin fond de la Grande Amérique : « Toad Suck » - « Suce, crapaud ». Ici comme là-bas, les mêmes affaires cradingues se jouent selon des règles à peu près similaires, les hommes abrutis par des générations de travail épuisant, d'alcool et de pauvreté. Çà et là, quelques parcelles de bon sens émergent, quelques illuminations essaient de s'échapper d'une réalité peu reluisante, mais se laissent aussitôt piéger par un atavisme infernal qui piège ses proies dans le même cercle vicieux qui agit depuis des siècles.


Donald Ray Pollock sait de quoi il parle. Lorsqu'il évoque les boulots sordides et la fatigue du travail ouvrier, sans doute se réfère-t-il à sa propre expérience qui le fit s'agiter pendant 32 ans en tant qu'ouvrier dans une usine de pâte à papier, avant de devenir conducteur de camion. Donald Ray Pollock trouve malgré tout le courage de s'inscrire à des cours d'écriture créative à l'âge de 50 ans et, quatre ans plus tard, il imprime Knockemstiff sur cette pâte à papier auprès de laquelle il a si longtemps travaillé.


Quoi de mieux, pour représenter l'éventail des familles et individus peuplant cette bourgade, que d'emprunter la forme du recueil de nouvelles ? Donald Ray Pollock scinde son livre en plusieurs parties que l'on peut considérer soit comme des chapitres, soit comme des nouvelles, selon si l'on préfère lire le roman d'un coup ou si l'on préfère venir y grappiller irrégulièrement. Il me semble toutefois que l'idéal serait de considérer que ces nouvelles forment un tout qu'il est préférable de lire sous le coup d'une seule impulsion. Toutes décrivent la vie à Knockemstiff dans une période relativement brève, car certaines situations se recoupent et introduisent des points de vue divergents autour de la même scène. Les sautes chronologiques sont rares, et lorsqu'elles figurent, elles relient le présent à un passé collant comme de la glu : impossible de se défaire de l'héritage de Knockemstiff. La lecture rappelle souvent Last Exit to Brooklyn de Hubert Selby : ici aussi, les destins s'affrontent en lieu clos et disposent de peu de moyens pour prendre leur envol. Dans la forme, également, on retrouve cet enchevêtrement d'existences désillusionnées qui confèrent son âme à la ville qui les abrite. Mais là où Donald Ray Pollock se distingue en particulier, c'est dans le langage qu'il utilise. Alors que Hubert Selby se contentait d'une écriture plate et ordinaire pour décrire les turpitudes de la vie des habitants de Brooklyn, Donald Ray Pollock manie avec souplesse un langage imagé qui tire ses références du monde prolétaire du 21e siècle -publicités, parcs d'attractions et hypermarchés en tête des valeurs indétrônables. le pathétique y est moindre, les personnages ne se plaignent ni ne se lamentent dans une litanie de points d'exclamations. Pour autant, et peut-être même d'ailleurs, ce qui n'est pas dit transparaît de manière beaucoup plus éloquente dans les décisions que prennent les personnages et dans les comportements stéréotypés qu'ils adoptent, comme un nouveau langage dont les gestes seraient les mots et l'existence serait le sens.


Donald Ray Pollock n'essaie pas non plus de véhiculer un message moral ou engagé : il décrit ce qui est tel qu'il le perçoit. Libre au lecteur d'en faire sa soupe. La construction même de ses nouvelles est unique : là où la plupart des textes relevant de cette forme littéraire s'achèvent par une conclusion abrupte censée déchirer le lien existant entre le lecteur et la nouvelle, Donald Ray Pollock semble au contraire vouloir prolonger son texte au-delà du point final. Ses personnages se métamorphosent ainsi peu à peu, au cours de la lecture : de crasses, ignares, vulgaires, demeurés qu'ils étaient dans les premières pages de la nouvelle, ils acquièrent une grâce dans les gestes et une cohérence dans les actes qui leur confèrent la même dignité qu'à tout homme moyen. La transmutation s'achève généralement dans les dernières lignes : le temps semble se ralentir et les personnages se figent en un tableau proche d'une crucifixion extatique. Donald Ray Pollock nous transporte de l'abrutissement télévisuel et alcoolique à la grâce divine sans avoir touché à l'intégrité de ses personnages, mais en se contentant de révéler la logique incontestable et inextricable de leur existence.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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critiques presse (1)
Telerama
13 février 2013
Dix-huit nouvelles pleines de cruauté et de folie, sur des perdants qui rêvent de Californie mais se retrouvent à travailler aux abattoirs de Greenville...
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Même si elle n'avait que la quarantaine bien tassée, tante Joan portait des robes de petite vieille qui pendaient sur son corps grassouillet comme des draps fatigués, et des caoutchoucs par-dessus ses chaussures orthopédiques, même par temps sec. Ses cheveux gris étaient ramenés au sommet de sa tête en un chignon de la taille d'une balle de base-ball, et elle n'avait jamais connu le goût du rouge à lèvres de sa vie. Sharon, elle, savait se radouber, et au fil des ans elle avait appris les secrets du maquillage, et comment camoufler sa grosse carcasse avec des sweat-shirts de couleurs vives. Ce n'était pas si difficile de garder un homme, si on savait s'arranger.
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Il avait connu Geraldine quand elle habitait au collectif sur Fourth Street. A l’époque, elle faisait des trucs sexuels en public et avait des bâtonnets de poisson pané dans son sac come d’autres ont des paquets de chewing-gums, qu’elle offrait aux inconnus comme de précieux cadeaux. Et puis Del l’avait mise enceinte, et en un seul moment de bravoure et d’extase, Geraldine avait balancé tous ses médicaments dans les chiottes. Le lendemain, elle remplissait une demande d’emploi pour Del à l’usine de plastique, et sortait une vieille alliance d’on ne sait où. Maintenant il était coincé.
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Mrs Leach s’est amenée avec la cafetière, a posé deux tasses avec des traces de rouge à lèvres orange et d’empreintes de doigts chocolatés dessus. […]
Elle avait beau regarder Jimmy, sa figure était tournée vers moi, rapport à son œil qui dit merde à l’autre. Le malheur et le ridicule, sans compter les heures de nuit qu’elle se fadait, l’avaient transformée en zombie juste bonne à renverser le café. On aurait pu lui clouer une croix sur le front, que la bonne femme n’aurait pas changé d’expression. […] Le pantalon blanc de son uniforme godait sous ses fesses, tout taché de café et de graillon de doughnuts. Si je m’étais présenté aux élections, c’est tout à fait le genre de personne à qui j’aurais pu plaire.
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Il avait besoin de cheveux longs. Sans eux, il n'était qu'un sinistre bouseux mal fichu de Knockemstiff, Ohio – lunettes de vieux, acné en germes, poitrine de poulet. Jamais essayé d'être quelqu'un comme ça ? À 14 ans, c’est pire que la mort.
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Peut-être que ma mère avait raison ; peut-être qu'il suffisait juste de faire comme si quelque chose était vrai pour qu'il le devienne un jour, peu importe si c'était complètement fantaisiste, ou tordu.
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Vidéo de Donald Ray Pollock
Le Diable, tout le temps | Bande-annonce officielle VOSTFR | Netflix France
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