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France Camus-Pichon (Traducteur)
EAN : 9782714446091
416 pages
Belfond (21/01/2010)
3.73/5   361 notes
Résumé :
1956. La mort du "petit père des peuples" a plongé le pays dans le chaos. Tandis que Kroutchev entreprend sa politique de déstalinisation, les langues se délient : le temps est venu de régler ses comptes.
Ex-agent zélé du MGB, Leo Demidov, aujourd'hui repenti, est à la tête d'un département de criminologie. Avec sa femme Raïssa, il a adopté deux fillettes, mais l'aînée, Zoya, hait ce père de substitution. Et elle n'est pas la seule...
Car, dans l'ombre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
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Sans attendre, je plonge dans Kolyma et retrouve Raïssa et Léo après les dures épreuves dans Enfant 44.
Tom Rob Smith continue avec un style captivant l'histoire venue de loin, d'un pays de neige et de silence, de doutes et de suspicion, de victimes et de bourreaux et de prisons aussi.
Les souvenirs viennent hanter Suren et les autres, des images ressurgissent du passé.
La roue tourne et l'heure de la vengeance a sonné, mais pour qui ? Les mots gagnent en force et le récit devient insoutenable car l'auteur nous fait la preuve que l'homme est vraiment un loup pour l'homme et que l'enfer existe sur terre. Léo, à nouveau, se retrouve piégé dans de terribles situations et plus le lecteur croit à la fin du supplice plus il s'enfonce dans le pire.
A plusieurs reprises, j'ai dû reposer Kolyma pour reprendre ma respiration. Les événements se dessinent dans mon esprit, prennent forme et vie devant mes yeux : je suis dans l'histoire, dans le froid de Magadan, dans le goulag qui fait perdre toute humanité. J'ai du mal à croire que ça a vraiment existé ces endroits et surtout ces hommes impitoyables. de tous les livres que j'ai lu, Kolyma restera gravé dans ma mémoire. Et quand Timur tombe mon coeur est glacé d'effroi.
Sur cette note d'angoisse et de terreur, je commence la nouvelle année 2018.
Bonne année à tous les Babeliotes !!!!
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Kolyma est la suite d'Enfant 44. Même s'il se situe chronologiquement après (l'histoire commence au moment où sort le fameux rapport Khrouchtchev), et qu'on y retrouve Léo et son épouse Raïssa, ce roman peut se lire tout à fait indépendamment. Il se déroule sur trois temps et lieu : à Moscou fin février 56 (rapport Khrouchtchev) – quelques semaines plus tard à la Kolyma – à Budapest fin octobre (insurrection de Budapest). Nul besoin de s'y connaître en histoire, il suffit de se laisser porter par les événements et actions. J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture de Tom Rob Smith, il entremêle toujours avec brio éléments historiques, détails d'époque, faits de société et éléments de fiction. le rythme est effréné, mais il faut dire que l'année 56 fut mouvementée en URSS. le seul défaut que je vois à ce livre, c'est qu'il se présente comme un roman policier, alors que finalement ce n'en est pas du tout un. C'est plutôt un roman d'aventure, et même d'aventures rocambolesques. Ce n'est pas un genre que j'apprécie d'ordinaire mais j'ai trouvé que dans ce genre c'était bien réussi. Si le lecteur attend un roman policier il ne peut qu'être déçu, d'autant que malgré toute la justesse du contexte sociétal et historique, l'histoire est complètement invraisemblable ! N'empêche que j'en ai trouvé la lecture fort agréable !
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Avec Enfant 44, nous avions laissé Leo et Raïssa aux portes de l'orphelinat.
Aujourd'hui, Zoya a 14 ans et Elena en a 7. Leo se sent toujours coupable de l'exécution sommaire de leurs parents alors qu'il étant agent du MGB et ce n'est certainement pas l'attitude volontairement hostile de Zoya qui facilite sa rédemption en qualité de père adoptif…

Et même si Leo n'a plus rien à voir avec la police secrète, son passé va lui aussi le poursuivre…
Les jours heureux ne sont pas pour maintenant quand une vengeance est en route…

Alors que Leo doit enquêter sur le suicide d'anciens pontes du Parti, visés personnellement par un rapport secret sur les excès du régime de Staline, photos de victimes à l'appui, il est lui aussi l'objet d'un règlement de compte. Il doit à nouveau faire face à son passé, l'assumer, tenter d'expier… alors même que sa famille est en danger.

L'auteur continue de me bluffer dans sa manière de recréer le climat historique de l'URSS: Staline n'est plus, Khrouthchev s'impose et renie son prédécesseur avec son célèbre rapport de 1956, censé rester secret mais qui est rapidement divulgué dans le pays comme à l'extérieur.
Si le culte de la personnalité de Staline est dénoncé, si le fondement même des principes du marxisme-léninisme n'est pas remis en cause, tout comme la politique générale russe, les déportations massives, les arrestations arbitraires sont révélées et condamnées.
La déstalinisation est une période de transition dangereuse pour les anciens cadres afin de se faire accepter du nouveau dirigeant, créant ainsi un chaos latent. Chacun est sur un siège éjectable et le lecteur se régale de ce malaise après l'oppression tyrannique désespérante abordée dans le premier opus.

J'ai trouvé l'ambiance moins lourde et anxiogène que dans son premier roman. Avec Enfant 44, le microcosme soviétique était basée sur la dictature et la terreur en huis clos… si on peut parler de huis clos avec les quelques 22 millions de km² de superficie de l'URSS.
Nous étions sur de l'humain… alors qu'avec Kolyma, l'auteur s'est davantage appuyé sur la géo-politique.

Je dois ajouter que le choc culturel et émotionnel a eu lieu avec Enfant 44 donc il a été intégré, maîtrisé et digéré… le lecteur est maintenant en terrain connu!

Nous sommes en pleine guerre froide, avec la rébellion de certains bastions communistes de l'est, sous contrôle soviétique. Donc les services secrets, la dissidence, l'espionnage entrent en jeu dans ce deuxième roman. L'auteur nous emmène même en Hongrie pour l'insurrection de Budapest en 1956 en des scènes remarquablement fidèles et documentées.

Le « voyage » de Leo pour atteindre Magadan, capitale du plus grand système concentrationnaire du XXème siècle, à bord d'un bateau d'esclaves est presque inimaginable et insoutenable, mais malheureusement inspiré de faits réels.

Le passage de Léo dans un des tristement célèbres goulags de la Kolyma, où les « ennemis du peuple » arrivaient en masse, est l'occasion de décrire l'horreur et la barbarie de ces camps de « réhabilitation par le travail », les conditions non pas de vie mais de survie dans le pays de la « mort blanche » au milieu de la pègre ultra-violente des condamnés de droit commun.

J'ai adoré cette évolution logique de l'histoire de Leo vers davantage de politique et d'ouverture vers l'extérieur. Au travers de ce personnage, la fan d'Histoire que je suis s'est délectée: nous sommes dans un roman historique et non plus un thriller.

L'aspect humain perdure tout de même!
Avec Zoya, nous sommes au sein de la famille recomposée avec une jeune fille en pleine adolescence, manipulable, emplie de haine, fougueuse, inconsciente de la portée de ses engagements et actes.
Le couple de Leo et Raïssa reste fragile et touchant, malmené par les différents d'avec leur fille aînée et les attaques d'une main vengeresse.
D'anciens tortionnaires sous Staline connaissent à leur tour la peur, se retrouvent face à leurs responsabilités et leur conscience, assumée ou niée. L'occasion de tester la fameuse excuse: « Je n'ai fait qu'obéir aux ordres »…
Avec les personnages de Lazare, ayant connu les atrocités du goulag, et de sa compagne, Fraera, c'est la vengeance aveugle qui s'affirme. Vouloir frapper le plus de monde possible, sans état d'âme, et en premier lieu ceux qu'ils estiment responsables de leurs souffrances.

Kolyma est différent d'Enfant 44 mais toujours aussi intense de part son dépaysement, son contexte historique et l'implication de Leo dans la marche de son pays.

Deuxième tome et un autre petit pas vers l'ouverture de l'URSS au monde. Mais le bonheur et la liberté auront du mal à émerger avec l'arrivée de… l'Agent 6.

Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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« Kolyma » est la suite d'Enfant 44.

Leo et Raïssa, son épouse (les héros d'Enfant 44) ont adopté Zoya et Elena (14 et 7 ans).

Zoya continue de détester Léo, qui s'accroche, par une sorte de « fanatisme sentimental », comme le dit Fraera, qui veut se venger de Léo.

Ancien agent zélé du MGB, Léo enquête aujourd'hui sur les meurtres, comme sur les suicides. « Au même titre que le meurtre, le suicide n'avait pas sa place dans la marche en avant vers une société radieuse. »

Léo doit payer pour le mal qu'il a fait, même s'il se plaît à répéter :
« L'Etat a besoin de gens comme nous »
« Je n'ai fait que suivre les ordres. Et j'ai eu tort. L'Etat a eu tort. Mais j'ai changé. »

Raïssa se noie aussi dans les regrets. « Elle avait passé toute sa carrière à faire de la propagande officielle, à enseigner à ces adolescents que l'Etat avait toujours raison, qu'il était toujours juste et bon. Si Staline était coupable d'avoir laissé se développer un culte de la personnalité, Raïssa y avait contribué. ». Regret surtout d'avoir abandonné un enfant.

Ressentiment, amour et rédemption, voici les ingrédients d'un roman réussi, qui débute par le suicide de celui qui a imprimé le discours de Khrouchtchev et se poursuit à Kolyma puis à Budapest, dans le tourbillon de la révolution hongroise, du 23 octobre 1956 à novembre 1956, dans un bain de sang, lorsque l'Armée Rouge investit Budapest. le 23 octobre est aujourd'hui un jour férié en Hongrie, « la mémoire de la révolution et de la lutte pour l'indépendance de l'année 1956 ».

Un peu de mélo, un peu de culture, et quel rythme !
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Kolyma...Un mot, le nom d'un endroit, d'une région, d'un fleuve qui n'éveillait pas grand-chose en moi auparavant, une tâche comme des milliers d'autres sur le globe avant de lire ce livre..C'est ce qui fait de Tom Rob Smith un écrivain exceptionnel qui éduque les incultes comme moi qui n'imginaient pas un instant ce que le mot "communisme" et les conséquences de cette idée,une idée certes si belle en théorie!
Auschwitz? Oui bien sûr, on connaît! Un endroit terrifiant, Auschwitz, l'endroit que les nazis ont choisi pour commettre un des plus grands génocides, on en parle souvent! Mais Kolyma? Le terrible goulag, le "camp de travail" dans lequel tant de russes ont été envoyés pour "trahison", ou pour tout simplement avoir douté du système en émettant dans la possibilité que le meurtre et la corruption existaient au "paradis terrestre"? La Kolyma où Staline et ses milices (des jeunes gens qui craignaient autant que les autres le pourvoir et qui avaient tout simplement aussi peur de la torture et de la mort) laissaient mourir le peuple après l'avoir affamé? Et puis il y eut Khrouchtchev et son "rapport secret" qui remit en cause la façon dont Staline agissait et dénonça les horreurs commises! Des milliers de détenus ont été libérés sauf les prêtres...C'est à ce moment précis, en 1956, juste après le décès du "petit Père des peuples" que 'histoire de ce second opus de la trilogie russe de Tom Rob Smith commence. Leo Demitov, ex agent du MGB est a présent à la tête d'une milice d'homicides, tout à fait indépendante dont on préfère taire l'existence vu qu'il arrête à présent de vrais criminels comme le tueur d'enfants dans la première partie, "Enfant 44". Il doit faite face à des gens avides de haine et de vengeance. Car notre héros de cette trilogie, même si il n'a jamais torturé personne directement a du sang sir les mains et la conscience lourde: pour atteindre le quota, il a arrêté grand nombre de gens qui ont été torturés, tués et envoyés dans des goulags de la Kolyma. Il essaie tant bien que mal de se racheter,entre autre vis à vis de sa famille qu'il a fondée en adoptant avec sa femme Raïssa deux filles dont les parents ont été tués d'une balle dans la tête par un de ses ex collègues du MGB sous les yeux terrorisés de ces dernières petites victimes. Mais jusqu'où sera-t-il prêt à aller pour se racheter? Sera-t-il prêt à risquer une nouvelle fois sa vie pour sauver l'aînée des ses deux filles qui déteste par dessus tout ce père de substitution qui a été kidnappée? Sera-t-il prêt à se faire passer pour un détenu afin d'intégrer à son tour le goulag 57 pour sauver cette enfant et par la même occasion, aider un prêtre orthodoxe qui se trouve dans ce camp de la mort suite à sa première attestation? Et surtout, survivta-t-il aux coups, au froid, aux journées interminables de "travail" dans ses conditions inhumaines et aux sévices infligés par des gens qui veulent se venger d'un ex milicien du MGB? Encore un très bon livre très crédible et très bien écrit et orchestré sous la plume de Tom Rob Smith. Ce livre démontre aussi à quel point l'homme est un loup pour l'homme et à quel point il peut être cruel pour ses semblables. C'est aussi une bonne petite leçon de morale, une question que nous devrions tous et toutes nous poser: "la vengeance aide-t-elle à adoucir la douleur et les souvenirs?". Personnellement je ne pense pas que torturer son bourreau peut guérir, ni même aider un individu à retrouver un peu de paix intérieure...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Arkhangelsk : mon premier poste. J'étais chargé de surveiller les prisonniers qui travaillaient dans la forêt. Ils abattaient les arbres, les débitaient pour le transport. J'étais novice, soucieux de bien faire. J'avais ordre de fournir un certain nombre de stères par mois. rien d'autre ne comptait. Je devais atteindre les objectifs, comme vous tous. A la fin de la première semaine, je me suis aperçu qu'un prisonnier trichait pour atteindre les siens. Si je ne l'avais pas découvert, mes comptes auraient été faux et on m'aurait accusé de sabotage. Alors, vous voyez... C'était une question de survie, rien d'autre. je n'ai pas eu le choix. je l'ai fait attacher nu à un tronc d'arbre. C'était l'été. Au crépuscule, il avait le corps noir de moustiques. Le lendemain matin il avait perdu connaissance. Le surlendemain il était mort. J'ai ordonné qu'on laisse son cadavre dans la forêt à titre d'avertissement. Pendant vingt ans je n'ai pas eu une seule pensée pour cet homme. ces derniers temps je pense à lui tous les jours.
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Cinq cents détenus : la plus petite cargaison dont Genrikh ait eu la charge. Sous Staline, le bateau en aurait contenu quatre fois plus à cette époque de l'année, pour tenter de désengorger les camps de transit où les trains emplis de prisonniers continuaient d'arriver alors que les navires restaient à quai. La mer d'Okhotsk n'était navigable qu'après la fonte des glaces.
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Trente dénonciations sur toute une vie, c'était peu. (...) Il aurait dû prier pour eux chaque soir. Au lieu de quoi il les avait laissé glisser de sa mémoire comme la pluie sur une vitre. Il avait trouvé plus facile d'oublier que de demander pardon.
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« Les frères et sœurs allaient en classe pour apprendre la loyauté envers l’Etat, et non pour renforcer leurs liens familiaux »

(pour justifier le fait que les enfants n’étudiaient pas dans la même école)
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e n’ai pas eu le choix

Des milliers d’innocents étaient morts à cause de cette phrase, pas sous les balles, mais au nom d’une logique perverse et de savant calculs.

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Videos de Tom Rob Smith (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tom Rob Smith
Enfant 44 (Child 44), un thriller américano-britannico-tchèque de Daniel Espinosa, sorti en 2015. C'est l'adaptation cinématographique du roman de Tom Rob Smith Enfant 44, publié en 2008. Bande-annonce VF
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