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EAN : 9782213651354
506 pages
Fayard (20/02/2013)
3.56/5   9 notes
Résumé :
Kosovo, cas d’école de l’ingérence internationale. Aussi révélatrice de ce que tout le monde s’empresse d’oublier dès que les feux médiatiques ne sont plus pointés sur la « guerre oubliée ». En juillet 1999, dans l’indifférence générale, était-il clamé dans les médias, il se perpétrait un génocide, une nouvelle épuration ethnique organisés par les Serbes dans cette province reculée de l’ex-Yougoslavie. C’était le dernier épisode du démembrement de ce pays. Treize an... >Voir plus
Que lire après Kosovo, une guerre juste pour un état mafieuxVoir plus
Danube par Magris

Danube

Claudio Magris

4.21★ (400)

Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Encore une critique dont la lecture remonte (je rattrape mon retard, toute à mes belles résolutions de début d'année !), mais qui m'a particulièrement marquée. Après Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, qui m'avait déjà bien chamboulée, Pierre Péan récidive avec ce gros pavé sur le Kosovo.

L'objectif de l'auteur est de questionner les motifs et l'efficacité de l'intervention de l'OTAN en 1999, de souligner la désinformation entreprise autour de cette guerre, et de dénoncer le caractère criminel et mafieux de l'UÇK, autoproclamée armée de libération du Kosovo. Loin de vouloir minimiser ou nier les crimes de l'armée serbe envers la minorité albanaise, Pierre Péan s'insurge contre l'absence de critiques et le laisser faire des Occidentaux face aux crimes de l'UÇK.

Joyeux programme, qui débute avec un rappel salutaire sur l'opération Force alliée, où l'OTAN bombarda allègrement et en dehors de tout cadre légal (interne à l'organisation ou de l'ONU) plusieurs zones serbes, tuant au passage des civils et permettant de facto la consolidation de la mainmise de chefs mafieux sur le Kosovo, dont les enquêtes d'accusation de trafics d'organes furent systématiquement entravées.

Pierre Péan s'en prend également aux médias et à la présentation manichéenne qu'ils font des forces en présence : la propagande américaine associant les serbes aux nazis, passant sous silence la collaboration bien réelle de la Croatie avec l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, et présentant les paramilitaires de l'UÇK comme des enfants de coeurs.
Il détaille ensuite les tentatives de négociations, vouées selon lui à l'échec dès le départ, visant même à renforcer le rôle de l'UÇK : les prérequis aux négociations demandant le retrait des troupes serbes de certains territoires permirent à l'UÇK de consolider ses positions sur le terrain, l'invitation de la structure paramilitaire, représentée par Hashim Thaci, à la Conférence de Rambouillet contribua à décrédibiliser Ibrahim Rugova, leader de la Ligue démocratique du Kosovo, et à radicaliser les discussions. L'auteur n'épargne pas la Secrétaire d'Etat américaine de l'époque, Madeleine Albright, qu'il accuse d'avoir voulu déclencher une intervention armée de l'OTAN à tout prix, quitte à exagérer voire à mettre en scène des tueries (et notamment celle de Račak, dont les expertises donnèrent lieu à des conclusions maintes fois remises en cause), et à faire preuve d'un acharnement curieux pour faire capoter les négociations (en proposant par exemple une annexe à l'accord de paix prévoyant que l'OTAN ne soit soumis à aucune loi en Serbie…).

Malgré les tentatives diverses pour éviter une intervention de l'OTAN, que personne ne semble désirer exceptés les Américains, les bombardements sont lancés, avec des effets à l'efficacité remise en cause : victimes civiles des bombardements (qui visent également des bâtiments non militaires, dont l'immeuble de la Radio-télévision de Serbie et l'ambassade de Chine), regain de violence, et mains libres laissées à l'UÇK qui poursuit ses petits trafics sans être inquiété. Après cette entrée en matière déjà bien chargée, Pierre Péan analyse et décrit le trafic d'organes, les enlèvements et les tortures parfaitement organisés au Kosovo, avec la bénédiction des autorités et disposant d'une base arrière bien utile en Albanie.

Pierre Péan s'empare donc une fois de plus d'un sujet au potentiel de bombe scatologique non négligeable, avec sa verve habituelle et son avalanche de sources et de témoignages, qui paraissent tout de même bien cohérents même si cela provoque des haut-le-coeur. Que l'on croie ou non à ses conclusions, cet essai est bien utile pour rappeler que tout un chacun peut s'abstenir de respecter les règles internationales, et que ce genre de petit arrangement est tout simplement du pain béni présenté sur un plateau d'argent pour les régimes totalitaires et leur propagande (à tout hasard, la Russie lors d'une « opération spéciale » en Ukraine). Écoeurant…
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En ce moment, je me sens comme dans Mad Max: le guerrier de la route. Tout comme lui, c'est vague dans mes souvenirs la guerre du Kosovo. Voilà près vingt-deux ans, elle a eu lieu. Désoler, mais le livre fut moins passionnant que la Deuxième Guerre mondiale même si au niveau des atrocités on n'est pas loin de l'atteindre. Un tantinet redondant car j'avais l'impression de lire un livre sur la Cosa Nostra et non sur la guerre survenue au Kosovo. J'aurais voulu en savoir d'avantage sur ceux qui sont immigré ailleurs pendant et après le conflit. Pour ceux qui aimerait revivre cette époque troublée et comprendre comment l'OTAN a perdu tandis que les Américains avaient déjà joué leur pion sur l'échiquier mondiale.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Trois mois plus tard, le 6 avril 1999, des civils, dont le nombre est esimé entre 60 et 200, sont massacrés dans l'église catholique de Liquiçà, au Timor, par des miliciens agissant pour le compte du gouvernement indonésien: la même "communauté internationale" reste coite et ne décide nullement d'entrer en guerre contre Djakarta, pour la simple raison et "bonne" raison que les États-Unis arment et soutiennent, depuis des décennies, le régime qui a massacré au Timor des centaines de milliers de civils...
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Hashim Thaçi, entre-temps devenu l'homme fort du Kosovo - agent de la DGSE ou non, - est, comme l'UÇK, un produit des services occidentaux, qui l'ont imposé comme leur principal et unique interlocuteur en marginalisant Ibrahim Rugova, leader pourtant élu par les urnes ( indépendamment ou non des contestations des conditions dans lesquelles s'étaient tenues les élections ).
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"Les pays membres de l'Union européenne sont directement concernés par les problèmes qui en résultent, en matière de trafics de drogue, de cigarettes et d'être humains.

- les routes de la drogue passent par le Monténégro, la Serbie et la Macédoine.

- Le trafic de cigarettes ( l'une des plus grosses affaires au Kosovo ) transite par la Turquie, ainsi que par le Monténégro, le Kosovo et les pays d'Europe à haute fiscalité...
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Mais la réalité est sensiblement moins flatteuse: plusieurs mois plus tard, il sera finalement révélé que l'OTAN, a trompée notamment par de nombreux leurres, a détruit en tout et pour tout 14 chars, 18 blindés et 20 pièces d'artillerie. C'est-à-dire 6 % des armes lourdes de l'armée yougoslave, qui est donc sortie à peu près intacte de soixante-dix huit jours d'un pilonnage intensif et prétendument "chirurgical".
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C'est le camp Bondsteel: la plus grande base militaire aménagée par les États-Unis depuis la fin de la guerre du Vietnam - et avant la deuxième guerre du Golfe, en 2003. Selon un colonel américain, sa construction avait été programmée "des mois avant la première bombe" de l'OTAN ne "soit larguée" sur la Yougoslavie.
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Videos de Pierre Péan (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Péan
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/gregor-pean-la-seconde-vie-d-eva-braun-53160.html Voilà le premier livre de Gregor Péan. Et pourtant cet auteur a déjà une dizaine de titres à son actif. Comment donc ? Jusqu'à présent, c'est effectivement sous le nom de Jean Gregor que Gregor Péan était connu en librairie. Au décès de son père, le journaliste et enquêteur Pierre Péan, et ayant écrit lui-même un roman intitulé « le dernier livre de Jean Gregor », ce dernier a estimé qu'il était temps de reprendre sa véritable identité. Parmi ses précédents titres, « Transports en commun », « L'ami De Bono », « Femme seule devant sa glace » ou « L'ombre en soi », Gregor Péan témoigne d'un fort talent littéraire. Dans ses histoires, les personnages simples viennent se cogner aux mutations de la société, les silences font parfois plus de bruit que les longs discours, l'écriture audacieuse et franche ne laisse pas indifférent. Avec son nouveau roman « La seconde vie d'Eva Braun », Gregor Pean confirme cette aisance à aborder des thématiques inattendues avec un style qui lui est propre. Comme une uchronie, l'auteur invente donc un autre destin à la maîtresse d'Hitler. Et si celle-ci n'était pas morte dans le bunker du Führer en avril 1945, et si elle avait été exfiltrée et emprisonnée en Union soviétique, où une interprète la questionnait selon les bons vouloirs de Staline. Que serait-elle devenue ? Aurait-elle pris conscience du monstre qu'était celui dont elle partagea la vie ? Sur cette question, Gregor Péan construit un roman fascinant et dérangeant, à l'image de cette photo colorisée qui habille la couverture du livre. Eva Braun n'était-elle qu'une gentille idiote, telle que la Grande histoire l'a toujours présentée ? Ouvrant son récit comme une farce et imposant une gravité au fil des chapitres, Gregor Péan interpelle le lecteur, au propre comme au figuré, nous invitant à réfléchir sur les notions d'humanité et de culpabilité. Dans cette seconde vie, face aux outrages que subit Eva Braun dans sa geôle stalinienne, la rendant fragile, il nous pousse à nous attacher à elle. Mais peut-on et doit-on avoir de la compassion pour la femme du monstre ? Ce roman est fort, violent, déroutant, formidablement écrit. C'est un coup de coeur. « La seconde vie d'Eva Braun » est publié chez Robert Laffont.
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