A trente-cinq ans, il avait été l'un des hommes les plus beaux que l'on puisse imaginer, non seulement par les traits de son visage, mais par sa façon de se tenir, sa souplesse, l'impression qu'il donnait, dans toute sa personne, du plus lumineux bien-être intérieur. Pour ce qui est de sa vieillesse, je ne peux mieux faire que de citer la description d'un homme qui fut, pendant quelques années, très proche de lui :
Quand on le rencontre, que voit-on ? Je dirai, dans la plus extrême mesure, de la noblesse, de l'énergie intérieure, de la grâce, de l'élégance. Une politesse exquise, un raffinement du sens esthétique, une immense sensibilité, une compréhension pénétrante de tout problème qui lui est soumis. Nulle part en lui ne se trouve la moindre trace de quoi que ce soit de vulgaire, de moyen, de banal. On pourra comprendre ou non son enseignement, critiquer, peut-être, certains de ses actes, certaines de ses paroles, mais personne ne peut nier— ce serait inconcevable l'extraordinaire noblesse et la grâce qui se dégagent de toute sa personne. On serait tenté de dire qu'il y a là un style, une classe, qui le situent bien au dessus, bien au-delà de la moyenne des hommes. Je suis sûr que cette façon de m'exprimer ne manquerait pas de l'embarrasser, mais que puis-je dire d'autre ? Dans son vêtement, dans son maintien, sa manière d'être avec les autres, ses mouvements, ses paroles, Krishnamurti est un prince, au sens le plus élevé qu'on puisse donner à ce mot. Quand il entre dans une pièce, tout le monde sait, aussitôt, qu'il y a là quelqu'un d'extraordinaire.»
Nous allons méditer ensemble... comme lorsqu’on laisse la fenêtre ouverte et que l’air entre à sa guise. La méditation c’est tout ce que l’air apporte, c’est tout ce qu’est le vent... Il faut qu’elle soit ouverte par amour, par affection, en toute liberté, et pas dans l’attente de quelque chose. Voilà ce qu’est cet état de beauté, cet état de l’esprit qui voit mais ne demande rien.
Avoir pleinement conscience des choses est un état d’esprit extraordinaire - avoir conscience de son environnement, des arbres, de l’oiseau qui chante, du soleil levant, là derrière vous ; être attentif aux visages, aux sourires, à la boue qui couvre la route ; percevoir la beauté de ce pays, d’un arbre se détachant sur la rougeur du ciel, du friselis de l’eau -, avoir de toute chose une conscience sans choix. C’est ce que je vous invite à faire en chemin. Écoutez ces oiseaux, ne cherchez pas à les nommer, à en identifier l’espèce, écoutez simplement leurs bruits.
Mais les dirigeants de la Société Théosophique et la plupart des adeptes de Krishnamurti n'allaient pas tarder à être profondément choqués. En août 1929, au cours d'une réunion d'Ommen, en présence de Mme Besant et de trois mille membres de l'organisation nouvelle, Krishnamurti annonça qu'il dissolvait l'Ordre de l'Étoile. A aucun moment il ne nia directement qu'il pût être l'Instructeur du Monde. « Il m'est indifférent, dit-il, que vous me croyiez l'Instructeur ou que vous ne le croyiez pas. Cela n'a que très peu d'importance... Je ne veux pas que vous me suiviez... Vous avez été habitués à ce qu'on vous dise... ce qu'est votre statut spirituel. Que c'est enfantin! qui d'autre que vous-mêmes peut savoir si vous êtes beaux ou laids à l'intérieur... »
Le cerveau s'use dans cette obscurité qu'il a lui-même créée et c'est de là que naissent les conflits. Le cerveau peut-il se renouveler ? Peut-on empêcher la détérioration des cellules cérébrales, la sénilité ? K suggère que grâce à la vision intérieure directe, les neurones sont susceptibles de changer, de subir une transformation physique. Ils agissent alors de façon ordonnée et le cerveau ne tarde pas à se guérir du mal que des années de mauvais fonctionnement y avaient introduit.
C’est cela, la conscience dénuée de tout choix, de toute condamnation, comparaison ou interprétation, et qui n’est qu’observation. Voilà qui rend l’esprit hautement sensitif. Dans cet état de vigilance, il y a attention - mais point de contrôle ni de concentration. Rien que l’attention. Autrement dit, vous êtes dans un même temps en train d’écouter les oiseaux, de voir le soleil se lever, d’entendre passer les voitures, d’être attentifs à vos pensées et à vos sentiments, et au mouvement dont est animée cette attention. Votre attention est globale, sans limites, et couvre non seulement le conscient, mais aussi l’inconscient.