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EAN : 9791097594138
144 pages
Serge Safran éditeur (10/05/2019)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Un soir d’hiver 1962, dans une petite ville de province, un jeune lycéen disparaît.
Quelques mois auparavant, l’irruption de Jean Lorrencin, à peine rentré d’Algérie, vient bouleverser la vie de ceux qu’il va croiser. Tantôt séducteur, tantôt maléfique, chassé d’un paradis perdu, il entraîne dans une spirale de haine deux lycéens, Marie et Simon, que rien n’aurait dû séparer. De plus il précipite le destin de Paul, vieux bibliothécaire hostile à ses idées.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

L'Algérois est un roman sobre, articulé autour de quatre personnages : Marie Guérin, Simon Allegri, Jean Lorrencin, Paul Boisselet.

Marie et Simon sont tous deux lycéens, dans les années soixante, Paul Boisselet est bibliothécaire et oriente les goûts littéraires de Marie. le récit s'articule autour de trois lettres, dans lesquelles les points de vue et visions respectives des personnages sont explicités. Jean Lorrencin, dont le passé est obscur et suscite maintes interrogations, a côtoyé Marie et Simon. Il a, paraît-il, participé aux barricades d'Alger en 1960, aurait été membre d'une organisation d'extrême-droite Jeune Nation. C'est un pied-noir, originaire d'Alger. Dans la lettre de Paul Boisselet, les goûts et tendances littéraires et politiques de ce jeune homme sont évoquées : il aime Brasillach et cite Maurras, comme pour justifier par avance son engagement politique : « Nous devons être intellectuels et violents. » Marie, quant à elle, admire Paul Boisselet, ce bibliothécaire qui lui prodigue de bons conseils : « Quant à moi, j'étais sous le charme. Son étonnante mémoire, sa culture, la passion avec laquelle il essayait de nous initier à la découverte de ses écrivains favoris me l'avaient fait aimer (…) C'est à lui que je dois d'avoir lu Proust de bonne heure. C'est lui sans aucun doute qui m'a conduite sur les chemins de l'imaginaire et de l'écriture. »

Des liens amoureux sont décrits entre Marie et Simon, tandis que Jean Lorrencin reste inquiétant et source de toutes les craintes : n'est-il pas poursuivi par un Algérien qui souhaite se venger de lui depuis les événements d'Alger ?
L'Algérois n'est pas un roman historique, même si l'arrière-plan de la guerre d'Algérie y est omniprésent. C'est plutôt un hommage à l'imaginaire comme refuge, une mise en évidence du rôle du temps : « J'ai gardé les clichés. Ils sont autour de moi pendant que je t'écris (…) il me semble parfois que ce décor, autrefois reconnaissable, a perdu toute réalité (…) Paul Boisselet avait raison ; les pays imaginaires sont les seuls où nous puissions trouver refuge. »
Très bon roman, à la lecture agréable, et dont l'intrigue est déroulée de manière fluide. Il dépeint à merveille les traces que peuvent laisser sur nos vies les individus ou institutions ; il restitue avec une grande pudeur les tourments de l'adolescence, à l'occasion des premières sensations amoureuses.




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Ce court roman présenté sous forme de trois longues lettres manque, selon moi, de colonne vertébrale. En effet, les narrations de quelques tranches de vie sur fond de guerre d'Algérie, ne présentent guère d'intérêt et ne semblent être que le prétexte pour y plaquer quelques idées ou considérations parfois intéressantes, au demeurant (par exemple, page 113: " Lorsque nous nous prenons de passion pour un être, nous sommes attirés, au-delà de sa simple apparence, par le monde dont il est porteur"). de plus, l'auteur abuse, selon mon ressenti, des je et des tu pour des phrases dont l'intérêt reste à démontrer (par exemple p.18: "Je suis descendue sans bruit à la cuisine. le café était encore chaud").(Simple opinion)
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« Ta lettre est arrivée aujourd'hui. » La lettre de Simon. Simon son amour, son seul amour, Marie va la lire. Maintenant elle le peut presque arrivée à la fin de sa vie avec le mot cancer écrit dessus. « Il y a dix ans, je n'aurais pas lu cette lettre. J'aurais craint d'ouvrir une brèche dans le silence où je m'étais murée. »
Il est temps de revenir sur ces années passées et, plus spécialement 1962.
Simon et Marie, Marie et Simon, jamais l'un sans l'autre, le grand amour.
Jean Lorrencin est « rapat » d'Algérie où son père, officier est mort. Là-bas, Jean était déjà en contact avec ceux qui voulait une Algérie française. Jean, beau, ténébreux, irrésistible, plein de mystères et sympathique. C'est sans compter sur sa face cachée. En fait, Jean est dur, violent, manipulateur, voire prédateur. Marie et Simon en sont les premières victimes, tous deux fascinés par ce garçon. le jeune couple se sépare sans explications. « Au bas du marché, devant la fontaine, je t'ai regardé t'éloigner. Tu ne t'es pas retourné. » Marie est sauvée par la lecture et Paul Boisselet, le bibliothécaire qui la nourrit de littérature. « Les livres ne me guérissaient pas vraiment mais ils m'offraient le seul écho secourable. »Il sera son mentor jusqu'à sa mort, précipitée par les manipulations de Jean. D'ailleurs, Jean est suivi par les RG, il publie des tracts dont la teneur ne différencie pas avec ce que nous entendons aujourd'hui « La décadence de la France, la supériorité de l'Occident, le mépris du christianisme, religion sémite et pervertie, le refus du marxisme… la xénophobie qui accompagnait l'idée que la race blanche devait être préservée ».
Marie s'enferme, se mure dans le silence et l'exil, avec pour seul échappatoire la poésie « Je découvrais qu'il y avait un moyen de bercer sa douleur. Ce moyen, c'était la poésie. Au-delà du temps, des voix venaient s'accorder à la mienne. Lorsque je m'abandonnais à leur rythme, que j'empruntais les mots qu'elles m'offrait, ma voix, elle aussi, devenait musicienne. ».

Marie se réfugie dans l'écriture et devient une écrivaine reconnue. « Paul Boisselet avait raison : les pays imaginaires sont les seuls où nous puissions trouver refuge. » Simon est devenu photographe reconnu « J'ai vécu entouré d'images témoin de la vie des autres, cher chant à fixer, dans leurs visages et leurs regards, les émotions que je n'étais plus capable d'éprouver »
Tous les deux ont sur le coeur, le poids de la mort.
Eliane Serdan, avec l'angle de vue des trois adolescents, raconte le climat familial des années soixante, les discussions houleuses autour des repas familiaux entre les pour et contre l'indépendance algérienne, les rapatriés, le climat politique. Les rixes entre extrême droite et extrême gauche sont monnaie courante. L'extrémisme, l'endoctrinement, l'intolérance. déjà existant conduisent à la mort (tiens, cela me rappelle que, malheureusement, rien n'a changé sous le soleil).
Un livre court mais dense d'une écriture simple et précise. Eliane Serdan m'a déjà séduite avec « La ville haute » où l'exil y est traité, cette fois, sous le regard d'une enfant et d'un vieil homme.
Merci Eliane Serdan pour votre gentille dédicace.
L'art, l'écriture pour résilience.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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AUTEUR : ELIANE CERDAN
TITRE : L'ALGEROIS
EDITEUR : SERGE SAFRAN - PARIS
MAI 2019
– ISBN –97910975494138
AUTEUR
Eliane Serdan est née en 1946 à Beyrouth. L'algérois est son cinquième Roman
GENRE : ROMAN ADULTE

RESUME :
Marie et Simon s'aiment d'amitié et peut-être d'amour. Un jour Jean Lorrencin, rapatrié d'Algérie aux idées extrêmes et vraisemblablement activiste, anti Algérie indépendante arrive dans leur ville.
Simon est dans son lycée et tout va être détruit. Marie se réfugie auprès de son ami le bibliothécaire, Paul Boisselet mais lui aussi va être confronté à l'Algérois et son destin en sera scellé.

AVIS CRITIQUE
La narration débute bien après les événements de l'année 1962 et la guerre d'Algérie. Il s'agit d'une lettre de Marie qui répond à Simon à l'heure de la vieillesse. Elle lui adresse le journal que Paul Boisselet lui a laissé en son temps. On découvre alors dans la bouche des trois protagonistes la personnalité de Jean Lorrencin. Les conséquences que ses actes extrêmes ont provoquées. La période trouble de l'après-guerre d'Algérie est bien décrite. On comprend les enjeux de l'époque et l'action des mouvances d'extrêmes droites ou gauche avec ses guets apens violents. Il se dégage beaucoup d'émotions de ce livre écrit à la première personne et le désarroi des personnages face aux manipulation d'un individu malsain et pervers est palpable.
J'ai aimé ce livre sensible grâce aux écrits de chaque protagoniste. On est malheureux pour eux et furieux que Lorrencin ait tout détruit.
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1962
Dans une petite ville du sud de la France, Simon et Marie sont deux lycéens qui s'aiment, se connaissent depuis longtemps.
Il y a Pierre -leur ami- et Paul Boisselet le bibliothécaire.
La vie semble paisible jusqu'à l'arrivée de Jean, un jeune lycéen qui rentre d'Algérie.
Les cartes vont être rebattues et les destinées bouleversées.

🖍️ Dans ce roman, Éliane Serdan décrit toute la force d'influence et de persuasion dont peut faire preuve un jeune homme à l'apparrence sympathique. Une aura de mystère se dégage de celui qui s'est construit dans l'Algérie française : sous des airs séducteurs, ses seuls actes traduisent le cynisme et la manipulation dont il sait faire preuve. S'y ajoutent une atmosphère suspicieuse et des convictions opposables.

Un excellent roman prenant et touchant.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nous sommes montés dans ma chambre sans un mot. Dès le seuil, il s'est retourné: "Enlève-moi ça, s'il te plaît!". Je savais parfaitement que j'étais nue sous ma robe de chambre. Pourtant, j'ai défait lentement la ceinture, alors qu'il me regardait. Il me semblait qu'une autre que moi accomplissait ce geste. Une sorte d'anesthésie m'empêchait de réagir, annihilait toute pensée. (...) Lorsqu'il s'est approché, a mis les mains sur moi, je n'ai pas bougé. Je l'ai laissé m'allonger sur le lit, me parler, me caresser, comme si rien ne pouvait me surprendre. C'était la première fois. Il le savait. Et puis, tout est allé très vite. A la douceur des premiers moments, s'est substituée une brusquerie inattendue. Il m'a prise avec une violence dont je ne l'aurais pas cru capable.
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J’ai gardé les clichés. Ils sont autour de moi pendant que je t’écris (…) il me semble parfois que ce décor, autrefois reconnaissable, a perdu toute réalité (…) Paul Boisselet avait raison ; les pays imaginaires sont les seuls où nous puissions trouver refuge. »
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Ce que tu me demandes est impossible. Te revoir, dire sous ton regard ce que j'ai gardé pour moi une vie entière, est au-dessus de mes forces. Nous avons vécu cinquante ans séparés, il est trop tard pour nous retrouver.
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Contre l'assaut des souvenirs, j'ai cessé de lutter. Vieillir c'est devenir incapable de regarder devant soi, ne plus marcher que les yeux tournés vers cet ailleurs de la mémoire qu'on avait cru oublié.
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