En même temps, le grand salon de réception, trop solennel pour les petits hôtels que se font construire les financiers enrichis par le système de Law, ou leurs amies les belles impures, s’efface devant le salon d’assemblée ou de compagnie, plus intime, plus restreint, plus facile à décorer et à meubler. C’est la pièce commode et hospitalière, où l’on réunit ses amis, où l’on cause, où l’on fait de la musique. Les plus fastueux poussent le luxe au point de la faire construire en double dans leur hôtel : salon d’hiver au nord, salon d’été au midi. On a trop grelotté ou étouffé à Versailles : on veut désormais ses aises.
La chambre à coucher perd son rôle de grand apparat. La mode n’est plus de recevoir couché mais assis, et le salon, surtout le petit salon de compagnie, remplace la ruelle des Précieuses. L’alcôve est toujours de mise, mais sa dignité s’est féminisée pour devenir de la grâce. C’est désormais un réduit mystérieux, garni de glaces, où des rideaux, élégamment drapés, ne laissent pénétrer qu’un agréable demi-jour.
Une telle métamorphose, n’en soyons pas surpris, ne se fait pas sans protestations. Les défenseurs du grand art gémissent de ce qu’ils appellent la décadence du goût.