Lors de nos ateliers sur la danse du mandala, nous avons pu effectivement observer une structure géométrique, caractéristique des mandalas, apparaître spontanément – à l’insu des sujets impliqués qui, en état de transe, n’avaient aucune conscience de l’architecture du mandala que leurs déplacements rendaient manifeste. Comme nous l’avons dit, cette structure consiste, tout d’abord, en une limitation de l’espace par l’apparition de frontières et de chemins nécessaires : les individus impliqués ont l’impression de buter contre des parois invisibles, mais bien tangibles, se révélant à travers le « contact » de la main ou du pied, et impossibles à franchir ; et d’être entraînés selon des chemins qu’ils se sentent contraints d’emprunter. Il y a là une rupture de l’isotropie de l’espace naturel. Or, ces frontières ne valent pas uniquement pour chaque individu pris isolément, mais aussi pour l’ensemble du groupe, de sorte que le groupe s’ordonne spontanément selon des formes géométriques complexes et en deçà de leurs perceptions sensibles – sans aucune consigne et alors même que les individus ne se regardent pas. Elles semblent ainsi manifester une forme d’instinct (archétype) et un lien ontologique permettant l’ordonnancement spontané du collectif. (pp. 134-135)
En science physique, le monde quantique représente un autre niveau de Réalité en plus de celle de la macrophysique, chacun de ces niveaux possédant ses propres lois. « Deux niveaux de Réalité sont différents si, en passant de l’un à l’autre, il y a rupture des lois et rupture des concepts fondamentaux (comme, par exemple, la causalité). »
En psychologie, Carl Gustav Jung, en découvrant sous les couches personnelles de l’inconscient une strate collective – indépendante de l’histoire de l’individu – peuplée d’instances autonomes, dévoile une structure hiérarchisée en niveaux de Réalité et qui redonne une place à l’âme. Dès les années 1930, il publie un recueil « La réalité de l’âme – Manifestations de l’inconscient » dans lequel il définit l’âme comme « lieu propre de l’homme, bordé d’une part par l’être intelligible, et de l’autre par l’existence du monde sensible. » Sous l’influence de Wolfgang Pauli, sa conception va évoluer pour faire des couches profondes de l’inconscient, non plus des couches psychiques, mais des couches neutres – c’est-à-dire se situant au-delà de la distinction physique/psychique. (pp. 103-104)