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EAN : 9782914777483
267 pages
Anacharsis (20/11/2008)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Qui est véritablement Janus Schulmeister (ou Ripberger), alias Goodbrother ? Un tueur mécanique autrichien aussi froid que le canon de son Mauser ? Un centaure satanique sorti des déserts américano mexicains pour semer mort et désolation dans son sillage ? Ou l'une de ces légendes de l'Ouest, l'un de ces mythes colportés d'un bivouac à l'autre par les garçons vachers et les derniers Indiens à se souvenir d'une époque encore sauvage ?
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans Sistac, Goodbrother était une figure inquiétante et insaisissable. Après la traduction du roman en anglais, un chercheur américain a cru reconnaître en ce personnage un Autrichien qui aurait réellement existé. Après une discussion avec Charlie Galibert, cela ne devait finir que par un nouveau roman. Ou peut-être est-ce une biographie. Mais quid de Sistac, s'interroge l'éditeur ? « le problème n'en demeure pas moins entier de savoir si, Good ayant réellement existé, Sistac n'est lui-même qu'un simple personnage de roman ou bien s'il est la transformation fictionnelle de la biographie d'un jeune Toulousain qui aurait réellement vécu et qui, dans les années 1860, aurait survécu quelques années dans l'Ouest américain. » (p. 12)

Personne ou personnage, Goodfellow/Schulmeister/Goodbrother est de fait de l'étoffe des légendes. Avec sa multitude de noms et son identité jamais fixée, il semble défier les lois de la société et du récit, apparaissant là où on ne l'attend pas. Il a combattu à Gettysburg et il en a gardé une fidélité éternelle envers les armes, surtout son Mauser dont il a fait le prolongement de lui-même, voire sa famille. « Il s'était fait adopter par Mother Mauser. » (p. 29) Un autre prolongement fantastique de cet homme est Satan, son cheval. Parcourt ainsi les plaines de l'Ouest un centaure armé redoutable dans la traque et le tir. « Avec le Mauser, Good traquerait la nuit en chacun de ses repaires pour la peupler de spectres en haillons de sang, tous parfumés de l'arôme perdu de son enfance. Il enfanterait avec cette Mère les multitudes qui mettraient le monde à bas. » (p. 19) Good ne craint pas la mort, plutôt d'être à court de munitions ou désarmé face à un adversaire.

Pendant un certain temps, il court après Sistac. Ou peut-être est-ce Sistac qui lui court après. Ce mystère restera entier, impossible à résoudre, tout comme il est impossible de voir en même temps les deux faces d'une même pièce. « Quand Good a envie de mourir, ou simplement qu'on lui fiche la paix, c'est Sistac qui revient. C'est bien cela le problème de l'ego, c'est qu'il y a toujours un alter. C'est bien cela le problème de l'alter, c'est qu'il a toujours un ego. » (p. 176)

Charlie Galibert fait encore montre de son talent pour les jeux de mots et de sonorité, dans un exercice de proximité imparfaite où les frontières se brouillent et les identités se mêlent. « L'homme de l'Ouest est souvent à cheval, mais pas sur les principes. » (p. 92) La ponctuation disparaît parfois et la narration devient un flot débridé, une récitation qui vire à la transe, comme investie d'un pouvoir mystique. L'Autre lève le voile sur quelques mystères de Sistac, juste ce qu'il faut pour que les deux hommes restent des mirages imprécis et fascinant chevauchant dans l'Ouest américain.
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"Sistac" nous faisait suivre son héros éponyme -Jean de son prénom-, poursuivi par le terrible chasseur de primes Goodfellow, sa tête ayant été mise à prix après qu'il eut abattu -en état de légitime défense- trois soldats de l'armée confédérée.

Avec "L'Autre", Charlie Galibert nous place cette fois aux côtés du chasseur, et tente de nous éclairer sur l'obscure et insaisissable personnalité de Janus Schulmeister dit Goodfellow. Un récit placé sous le signe de l'incertitude et des hypothèses, comme l'annonce la (fausse ?) note de l'éditeur en préambule, expliquant que suite à la parution de "Sistac", un professeur d'histoire de l'Université de Phoenix aurait reconnu en Goodfellow la figure d'un aventurier autrichien ayant réellement existé : Janus Ripberger. A l'issue d'un échange "riche et animé" entre l'historien et Charlie Galibert, il a ainsi été convenu que ce dernier rende justice à l'aventurier autrichien en lui consacrant à son tour un récit, qu'il pourrait nourrir des notes de recherche et des documents que le professeur mettrait à sa disposition.

Comme "Sistac", "L'Autre" est une suite de courts paragraphes. Il s'en démarque en revanche par la variété de son érudition, la multiplicité de ses références historiques réelles ou inventées, et ses nombreuses digressions. Les fragments biographiques sont ainsi entrecoupés de digressions métaphysiques, de compte-rendus techniques très détaillés allant du comparatif des caractéristiques des armes à feu à la liste des soins nécessaires à l'entretien de sa monture, de passages évoquant les coutumes cocasses ou libertines de tribus indiennes aux noms loufoques, d'anecdotes truffées d'anachronismes (vous pouvez par exemple y croiser un cow-boy entonnant "La vie en rose" à une putain mexicaine, ou un autre chantonnant un titre de Nicole Croisille)… Les références bibliques ou mythologiques s'entremêlent à la culture populaire, l'argot et la grivoiserie s'invitent dans des envolées poétiques, le scatologique fait l'objet de très sérieuses considérations pseudo-scientifiques… On croise de véritables figures historiques -Calamity Jane, Billy the Kid- qu'une anecdote nous rend familier (ah, la recette du gâteau de vingt ans de Martha Cannary !), et à l'inverse de fictifs anonymes que l'auteur pare d'un destin extraordinaire, tel Oliver Fritz, célébrissime photographe de l'ouest américain…

Le héros acquiert au fil de cet éclectique catalogue une dimension légendaire, que fissurent à peine les brèves allusions à la tragédie de sa vie -la perte de l'unique femme qu'il a aimée- et à son enfance auprès d'une mère aimante et passionnée d'opéra. Ces intrusions dans une normalité censée rappeler, sans doute, le caractère "réel" du personnage, l'étoffent sans pour autant le ramener complètement à sa condition de mortel. Chasseur de primes lui-même recherché, il est condamné au mouvement perpétuel et à la solitude. Tel un animal nocturne, il vit la nuit, alliant la vigilance acérée de la bête de proie et la ruse du prédateur. Si fusionnel avec son cheval Satan que leur duo s'apparente à un Centaure, inséparable de son vénéré Mauser et de Mittwoch, créature à l'allure si pitoyable qu'on peine à y reconnaître un chien, Goodfellow est un homme sans devise ni regrets, chevalier errant dont les contours ne seront jamais véritablement définis…

Il faut bien le dire, tout cela est un peu foutraque, comme si l'auteur avait rempli un sac d'extraits d'encyclopédie et de manuels techniques, de bribes de légendes et de documents historiques, y avait ajouté ses propres inventions et mélangé le tout… le résultat est à la fois drôle et fascinant, par moments même virtuose, mais aussi parfois un peu confus, voire indigeste…

Un texte qui s'apprécie sans doute davantage "à picorer", plutôt qu'à avaler d'une traite…
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Le problème n’en demeure pas moins entier de savoir si, Good ayant réellement existé, Sistac n’est lui-même qu’un simple personnage de roman ou bien s’il est la transformation fictionnelle de la biographie d’un jeune Toulousain qui aurait réellement vécu et qui, dans les années 1860, aurait survécu quelques années dans l’Ouest américain. » (p. 12)
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« Quand Good a envie de mourir, ou simplement qu’on lui fiche la paix, c’est Sistac qui revient. C’est bien cela le problème de l’ego, c’est qu’il y a toujours un alter. C’est bien cela le problème de l’alter, c’est qu’il a toujours un ego. » (p. 176)
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« Avec le Mauser, Good traquerait la nuit en chacun de ses repaires pour la peupler de spectres en haillons de sang, tous parfumés de l’arôme perdu de son enfance. Il enfanterait avec cette Mère les multitudes qui mettraient le monde à bas. » (p. 19)
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« Il en la mort une confiance qui semble pouvoir contenir jusqu’à l’amour. Si c’était un animal, ce serait un vautour gourmand de chantilly. » (p. 24)
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« Il s’était fait adopter par Mother Mauser. » (p. 29)
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