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Michel Le Bris (Éditeur scientifique)Geneviève Laplagne (Éditeur scientifique)Christian Troubé (Éditeur scientifique) La Vie (Éditeur scientifique)
EAN : 9782204019255
158 pages
Le Cerf (30/11/-1)
4/5   16 notes
Résumé :
Chroniques de Xavier Grall pour l’hebdomadaire "La vie".
Elles furent sélectionné par des amis, et s’échelonnent entre 1977 et 1981. Elles furent écrites en Bretagne et expédiées au journal par la poste.
La vie de tous les jours, au bord de la mer ou l’on se rend compte que Xavier Grall, n’a pas le pied marin, mais il n’a pas sa langue dans sa poche. Pour dénoncer les souillures faite à cette mer chérie et haïe à la foi, cette mer nourricière mais trop... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Ah ! Photos anciennes, gardez encore quelques temps votre mystère, vos secrets, votre poésie. Et je referme la boite en fer blanc jusqu'à la prochaine fois…
10-XII-81 »

Ainsi se termine « Les vents m'ont dit » de Xavier Grall. Une dernière bise, un dernier frisson, un dernier… souffle.
Xavier Grall quittera en effet sa Bretagne et le monde des vivants le lendemain de ce dernier billet, le 11 décembre 1981.

Ce livre est une sorte d'hommage rendu au journaliste poète ou au poète journaliste qu'était Grall à travers une sélection de chroniques parues de 1977 à 1981 dans La Vie.
Si le personnage dans l'habit caricatural de catho, pas intégriste mais pas super ouvert non plus, m'insupporte au plus haut point, si le breton bretonnant nationaliste me hérisse le poil, j'avoue que le poète me charme, m'envoute, m'emporte.
Les billets choisis par ses amis pour être portés par les vents témoignent de certaines contradictions du bonhomme. Un je t'aime moi non plus avec Paris qui flirt avec un je t'haine moi aussi, à une lettre près on ne sait pas trop sur quel pied danser. Et puis l'église, la paroisse, le recteur, dieu, un coté très ovin, la tradition, le Vatican, un certain formatage qui contraste avec ses colères, ses révoltes, ses indignations, son ouverture à la différence, son appel au métissage de cultures dans tous les sens du terme.
Catho de gauche, c'est un peu comme écolo de droite, ça ne doit pas être facile tous les jours même si ça me semble moins invraisemblable pour les premiers (bah oui moi aussi je suis formaté). J'aurais plus vu l'abbé Pierre à sa place à la fête de l'huma que Hulot chez Sarko ou Macron, bref…

Xavier Grall, c'est aussi et surtout le breton qui quand il parle de sa terre avec tout l'amour qu'il a pour elle, sans hargne vindicative mais avec toute la fougue qu'elle lui inspire, la rend désirable, incontournable, presque vitale pour qui est sensible à certaines ambiances, à certaines atmosphères.
Grall dégage ce parfum d'authenticité qu'on trouve dans ces coins où parfois la nature vous malmène, ces endroits où les liens se forgent et se renforcent aux rythmes des blues du ciel.
Quand Grall parle de sa Bretagne, il parle d'une oeuvre d'art, sculptée par l'océan, une oeuvre brute ayant su rester sauvage à travers les âges. Il parle d'une terre, d'une campagne qui en d'autres lieux me déprimeraient et qui là m'apprivoisent. Et puis l'océan, encore, encore, toujours.
« Les vents m'ont dit » c'est une errance dans la fin des années 70. Les chroniques nous font revivre quelques faits d'actualité (que les moins de… oh p*****, déjà… 50 ans ne peuvent pas connaitreuuu » mêlés aux banalité d'un quotidien de l'auteur, d'océan, de pensées, de spiritualité, d'océan, de Bretagne, de souvenirs, d'océan, de poésie, d'océan, de poésie, d'océan, encore, encore…
Très loin d'adhérer à toutes les chroniques sur le fond, je ne jetterai rien quant à la forme. L'écriture est fluide, même dans la provocation ou la polémique. Je me suis même surpris à me dire après certains billets, que de me sentir si loin de l'idée exprimée et d'avoir malgré tout ressenti quelque chose de bon le temps d'une phrase, d'une tournure, d'une image ou de n'importe quoi d'autre, c'était du grand art.
« Les vents m'ont dit », quel joli titre, quel joli livre. Ils m'ont envolé.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La météo a annoncé la pluie et je ne m’en suis pas attristé. Aout avait été d’une lumière lourde, grise et sulfureuse. A peine quelques gouttes d’orage avaient mouillé les pierres et les plantes. Un temps pour chaque chose. Une musique pour chaque saison. Ecoute s’il pleut…
Il pleuvra sur l’automne les gouttes tièdes qui, pendant des mois, vont recommencer dans le ciel de l’Ouest leur marche inlassable. Il pleuvra sur les toits de Botzulan et, tout verlainement, il pleuvra sur mon cœur. Et l’odeur du temps passée, exhalée par les pluies roulant dans la suie noire des cheminées, envahira les pièces de la vieille maison. Surgira alors de ma mémoire, toute une Bretagne à demi disparue, un pays pauvre d’étables et de fermes, de sources et de rigoles, aux bruits assourdis par l’épaisseur du crachin.
(…)
Pourtant les pluies auront toujours leur poésie et j’en connais beaucoup qui la préfère à celle du soleil. Ils y trouvent des heures tranquilles, confidentielles, musicales. Les soleils sont muets sur les rocs et les demeures qu’ils craquent et fissurent cruellement. Les ondées et les averses murmurent, parlent et chantent sur les toitures, les portes et les fenêtres. Elles roulent doucement, comme le temps, sur nos visages. Peut être sont-elles des larmes des hameaux disparus et les pleurs des terres abandonnées.
Moi, j’aime tout. Même la pluie sur la Bretagne de l’ardoise et du goémon.
17-IX-81
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La maison de mes parents restaurée par mon frère, voici donc qu’elle renouvelle son bail avec les générations. Je l’ai revue récemment avec un mélange de nostalgie et de plaisir. Longtemps, je m’étais désolé de la voir vide, matraquée par les vents, houspillée par les pluies, aveugle derrière ses volets clos. A nouveau, les volets sont ouverts. On dirait qu’elle sort d’un long veuvage. Et à nouveau le soleil de la vie pénètre ses vieux murs.
Les bruits de la maison ne sont plus exactement les mêmes. Les planchers craquent moins, la bise siffle moins à l’huis des ouvertures et les loquets sont presque muets. Seule, la porte d’entrée émet toujours la même chanson allègre quand elle tourne sur ses gonds de rouille centenaire. Ah, la bonne chanson. « C’est moi… » disait ma mère quand elle poussait la lourde, l’ancienne porte au retour de la ville. Alors, cette fois j’ai sursauté. Non, bien sur, ce n’était pas elle ! Ce n’était pas son pas. Il manquait une rime à la bonne chanson.
(…)
Ainsi tournent les portes, ainsi tournent les vents et les temps. Pourtant les demeures disparaissent moins vite que les êtres qu’elles ont abrités et l’âme qu’on y pressent n’est autre que le signe qu’invisiblement nous font ceux que nous avons aimés.
7-II-80
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Moi, j’aime le mot paysan. C’est le plus beau puisque le plus vrai. Il y a « pays » dans ce mot là. Il y a de la terre dessus. De la pluie. Des tiges. Des semailles. Des blés. Ne me parlez pas d’exploitants. Ce mot est laid comme le mot profit.
(…)
C’est à partir du XIX e siècle que les hommes se sont mis à renier leurs origines et à brocarder la paysannerie. Quitte à mettre leurs enfants dans les usines atroces et à jeter les filles sur le pavé des sombres villes. Ce fut l’époque du Capitalisme triomphant. Et comme les êtres exploités, les villages se sont tus.
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Il pleut
Quel été !
Dieu quel été !
Aura t-on jamais vu ce sacré vieux soleil
Bouder aussi obstinément la saison que l’on dit belle ?
Quel été ! Il pleut !
Il pleut à seaux, il pleut des hallebardes !
Et, pourtant,
Si la Bretagne déborde de mélancolie,
Il y a quelque plaisir
A partir à sa rencontre.
Son ciel bouge, ses mers chantent.
Arrêtez vous, tendez l’oreille,
Ecoutez le bruit de l’eau,
C’est un rire qui va entre la route et le talus,
Un rire qui roule entre la pierre et l’herbe,
Un rire qui vagabonde jusqu’à la mer,
Un rire comme un soleil…
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Chaque hiver, c'est ainsi. Les tempêtes creusent les rangs des vivants. Tous les pêcheurs le savent et n'en parlent jamais, afin de conjurer le sort. La mer est une sale garce. Il est préférable de taire ses méfaits afin de ne point provoquer sa colère. Et quand elle beugle, sur la cote on se tait. On sait qu'elle frappera. Qui? Quel équipage? Silence...
(...)
Il faut aux veuves plusieurs mois pour réaliser leur malheur, quand le printemps revient. Quand surgissent les fleurs dans le doigt des branches. Quand la vie éclate dans les hameaux. Quand les habits de l'homme fripent dans les armoires. Et quand rit la mer aux lèvres des plages. Les veuves alors étranglent leurs sanglots. Trop tard! Tout est à contre temps chez les gens de mer.
Et repartent les équipages, comme si de rien n'était. Hommes de Trégunc et de Névez , de Trévignon et de Moélan, mes voisins. Hommes des bals violents et des silences dignes, obstinés. Hommes des marées dures sur les bancs d'Irlande et d'Ecosse. Hommes que je croise chaque jour et qui m'invitent à prendre un verre. Les meilleurs marins du monde. Et le reste n'est que littérature.
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