« Ah ! Photos anciennes, gardez encore quelques temps votre mystère, vos secrets, votre poésie. Et je referme la boite en fer blanc jusqu'à la prochaine fois…
10-XII-81 »
Ainsi se termine «
Les vents m'ont dit » de
Xavier Grall. Une dernière bise, un dernier frisson, un dernier… souffle.
Xavier Grall quittera en effet sa Bretagne et le monde des vivants le lendemain de ce dernier billet, le 11 décembre 1981.
Ce livre est une sorte d'hommage rendu au journaliste poète ou au poète journaliste qu'était Grall à travers une sélection de chroniques parues de 1977 à 1981 dans La Vie.
Si le personnage dans l'habit caricatural de catho, pas intégriste mais pas super ouvert non plus, m'insupporte au plus haut point, si le breton bretonnant nationaliste me hérisse le poil, j'avoue que le poète me charme, m'envoute, m'emporte.
Les billets choisis par ses amis pour être portés par les vents témoignent de certaines contradictions du bonhomme. Un je t'aime moi non plus avec Paris qui flirt avec un je t'haine moi aussi, à une lettre près on ne sait pas trop sur quel pied danser. Et puis l'église, la paroisse, le recteur, dieu, un coté très ovin, la tradition, le Vatican, un certain formatage qui contraste avec ses colères, ses révoltes, ses indignations, son ouverture à la différence, son appel au métissage de cultures dans tous les sens du terme.
Catho de gauche, c'est un peu comme écolo de droite, ça ne doit pas être facile tous les jours même si ça me semble moins invraisemblable pour les premiers (bah oui moi aussi je suis formaté). J'aurais plus vu l'abbé Pierre à sa place à la fête de l'huma que Hulot chez Sarko ou Macron, bref…
Xavier Grall, c'est aussi et surtout le breton qui quand il parle de sa terre avec tout l'amour qu'il a pour elle, sans hargne vindicative mais avec toute la fougue qu'elle lui inspire, la rend désirable, incontournable, presque vitale pour qui est sensible à certaines ambiances, à certaines atmosphères.
Grall dégage ce parfum d'authenticité qu'on trouve dans ces coins où parfois la nature vous malmène, ces endroits où les liens se forgent et se renforcent aux rythmes des blues du ciel.
Quand Grall parle de sa Bretagne, il parle d'une oeuvre d'art, sculptée par l'océan, une oeuvre brute ayant su rester sauvage à travers les âges. Il parle d'une terre, d'une campagne qui en d'autres lieux me déprimeraient et qui là m'apprivoisent. Et puis l'océan, encore, encore, toujours.
«
Les vents m'ont dit » c'est une errance dans la fin des années 70. Les chroniques nous font revivre quelques faits d'actualité (que les moins de… oh p*****, déjà… 50 ans ne peuvent pas connaitreuuu » mêlés aux banalité d'un quotidien de l'auteur, d'océan, de pensées, de spiritualité, d'océan, de Bretagne, de souvenirs, d'océan, de poésie, d'océan, de poésie, d'océan, encore, encore…
Très loin d'adhérer à toutes les chroniques sur le fond, je ne jetterai rien quant à la forme. L'écriture est fluide, même dans la provocation ou la polémique. Je me suis même surpris à me dire après certains billets, que de me sentir si loin de l'idée exprimée et d'avoir malgré tout ressenti quelque chose de bon le temps d'une phrase, d'une tournure, d'une image ou de n'importe quoi d'autre, c'était du grand art.
«
Les vents m'ont dit », quel joli titre, quel joli livre. Ils m'ont envolé.