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EAN : 9782366261226
Lc Lucquin (24/08/2017)
4.46/5   13 notes
Résumé :
« Mon cancer s'écrit myélome et je ne peux m'empêcher de penser « miel homme ». Il me paraît plus doux, du coup, moins agressif. Grâce à lui, je me sens comme un héros Marvel. Je suis l'Homme de miel. »

Olivier vit à Sète, dans le sud de la France. Un coup de fatigue et une analyse sanguine plus tard, il apprend qu’il est atteint d’une maladie rare dont l’issue est souvent fatale : le myélome.

Olivier Martinelli aborde le sujet diffi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Olivier MARTINELLI, L'homme de miel, Christophe Lucquin éditeur, Paris, 2017.

Quarante-neuf textes courts et une postface, ou cinquante petits chapitres si l'on considère qu'ils racontent une histoire. Elle est très simple : un homme apprend qu'il a une maladie mortelle, et il décide de la refuser. le « Memento mori » initial va se transformer en « Souviens-toi que tu vas vivre. »

Le diagnostic (myélome), les biopsies, les opérations, la radiothérapie, les analyses, la rééducation, comment traverser tout cela, comment faire ce parcours de combattant pour finir sur ce moment apaisé où l'homme regarde le ciel limpide, avec ses deux enfants blottis contre lui ?

Les enfants, justement, il faut vivre pour eux, ne pas les abandonner trop tôt : « Je n'avais plus peur pour moi. J'avais peur pour eux… Peur de l'absence que j'allais leur offrir. » Mais la nécessité de préserver leur futur trouve sa source dans le passé familial, l'amour des parents et des grands-parents, une affection qui transforme l'arbre généalogique en arbre de vie où les sucs de la terre montent dans chaque branche jusqu'au ciel : « ce sont encore ces racines qui me permettent de me tenir droit aujourd'hui. »

L'Homme de miel repousse la maladie en refusant de s'apitoyer sur lui-même. « Non, je n'avais pas le droit de me plaindre », dit-il après l'attentat de Bataclan. Cette attention aux autres se manifeste tout au long du récit par l'observation du personnel soignant, infirmières ou médecins. Au lieu de s'enfermer dans sa peur ou sa douleur, même aux moments les plus difficiles, il reste ouvert aux autres. Il y a très peu de dialogues rapportés dans ce livre, mais des échanges de sourires, et des mimiques. « Sa peau [la radiothérapeute] est dorée par un métissage heureux. (…) Elle me sourit. Je lui souris en retour. Oui, je pense aux épreuves qui m'attendent. Et je souris. » Et quand l'hématologue découvre les résultats d'une analyse, ralentit son débit et plisse le front, voilà que le patient l'aide : « Pour lui faciliter la tâche, j'ai essayé de ne pas perdre mon sourire alors qu'il redressait son visage vers moi, son visage de mauvaise nouvelle. »

Et puis l'oeuvre à faire le maintient aussi en vie, car il se sent envers elle autant d'obligations qu'envers ses enfants. Il faut vivre pour continuer à écrire. Mais dans cette continuité, la maladie introduit une inflexion, facilitée par l'ami peintre, Eddie Morano, qui incite l'Homme de miel à sortir de ses sentiers battus, à changer de voie et de voix. « Peut-être, au fond, que, grâce à Eddie, ce myélome a fait surgir de moi des choses dont je me croyais incapable. Et contre toute attente, peut-être sera-t-il une chance dans ma vie. »

Chance pour le lecteur aussi, car le myélome a fait ce livre, L'Homme de miel. Il fallait mettre la maladie en mots, mais sans tricher ; et là, le style sobre qu'on a pu apprécier dans les précédents livres d'Olivier Martinelli sonne toujours juste : pas de fioritures, pas d'enflure pathétique, pas d'enrobage dans les métaphores. Les rares images qu'on rencontre n'en sont que plus fortes. « J'ai salué le radiologue. Fragile comme un papillon, son sourire m'a effleuré l'omoplate sans oser s'y poser. Je ne sais pas si j'ai réussi à le lui rendre. Je suis remonté en voiture. » Celle-ci est dans le texte « Essuie-glaces », où l'Homme enclenche les essuie-glaces parce qu'il a « les joues inondées de peur ». Autre image qui restera au lecteur, ce paysage où l'Homme de miel change sa trajectoire : « Cette mort annoncée n'était plus cette falaise qui allait suspendre ma course. Elle était ce précipice dont je suivrais le tracé dentelé, dont je longerais la frontière avec le vide. »

Dans le combat contre la maladie, l'humour aussi est une défense. Il y a des épisodes amusants, comme « Ambulance 1 », où le narrateur prend tous les matins une ambulance « pleine de morts » parce que le chauffeur raconte les histoires de ses clients précédents. « Toutes les histoires sont différentes. Mais la fin est toujours la même. Elle arrive impitoyable, au moment où je commence à m'attacher au personnage. Quelquefois, je me prends à espérer que son nouveau récit se finira bien. Mais non, jamais personne ne survit au monologue de mon ambulancier. »

L'Homme de miel a le sens du jeu, il a gardé une part d'enfance qui tout à la fois l'empêche de céder au tragique et cache pudiquement ses émotions. Il se voit jouer à la bataille navale avec le radiologue qui lui annonce « Tumeur en C7 » ; il fait des concours de cicatrices avec sa cousine ; il « s'amuse bien » en portant un masque pour la radiothérapie ; ou il passe des heures à essayer de faire passer une petite boule de métal à travers un labyrinthe sous verre, en vain, mais si cette lutte sans issue est l'image possible de la maladie, elle n'en reste pas moins l'expression d'une liberté totale, celle de l'enfant qui joue, hors de toute contrainte.

Humour encore, le jeu sur les mots, comme ce « Radieux actif » que le narrateur lance à une collègue quand elle le félicite d'avoir l'air radieux, alors qu'il sort d'un T.E.P. Scan. Mais cette liberté prise avec les mots peut aussi transformer en poésie leur charge néfaste. « Mon cancer a un drôle de nom. […] Mon cancer s'écrit myélome et je ne peux m'empêcher de penser “miel-homme“. Il me paraît plus doux, du coup, moins agressif. »

Tous ceux qui ont peur de prononcer le mot « cancer », comme si la mort était dans les mots, devraient lire ce livre combatif, tendre, drôle et poétique, où les mots font vivre.

Martine Courtois

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L'homme de miel est un livre publié à la rentrée littéraire 2017 par un éditeur extrêmement passionné et d'une grande sensibilité, Christophe Lucquin, qui a fondé sa maison d'édition indépendante en 2011. Les livres de cet éditeur se singularisent à la fois par le choix des sujets des publications, souvent très puissants mais également la qualité de l'objet livre, avec un papier très blanc, une identité visuelle très marquée par des touches de bleues, notamment sur la couverture, la quatrième de couverture et sur la page de garde. le dessin qui orne la couverture de ce livre est extrêmement bien pensé.

Olivier Martinelli publie avec ce livre un recueil de chroniques autour de la découverte de sa maladie, un cancer appelé myélome. Il utilise lui même le terme que j'emploie pour évoquer ce livre dans la postface. Il est l'auteur de plusieurs nouvelles parues dans divers recueils et de cinq romans dont certains parus uniquement sous forme numérique.

En dépit de son sujet, c'est un livre qui se veut positif, grâce à de nombreuses touches d'humour, d'autodérision dont le narrateur fait preuve lorsqu'il nous relate l'ensemble de l'année liée à son cancer, les séjours à l'hôpital, les suites de l'opération qu'ils a subi. Les titres de chapitre sont extrêmement percutants. Ce qui m'a le plus touché dans ce livre, c'est assurément la relation de notre narrateur / auteur avec ses deux enfants, Dan et Liz. Ce n'est pas un livre qui se veut larmoyant, plein de pathos, c'est tout simplement un ouvrage que j'ai trouvé d'une grande finesse. L'écriture en est limpide, simple au sens noble du terme, belle tout simplement. On a bien évidemment une attention très forte au corps, aux sensations. On est avec cet Homme de miel et son entourage, notamment sa famille, tout du long de ce récit. Il est intéressant d'apprendre également que l'écrivain a fait la rencontre d'un artiste peintre qui semble être un sacré personnage et c'est bien évidemment un livre qui nous parle également de création, notamment lorsque l'on est atteint d'une maladie mais pas seulement, avec cette autre figure d'artiste présente dans le livre. On aimerait voir les tableaux de Eddie, notamment lorsqu'on lit le chapitre XLVII "L'arbre de vie" qui fait partie des nombreux chapitres magnifiques de ce livre, qui nous évoque notamment ce qu'évoque le tableau pour notre narrateur, c'est-à-dire l'image qu'il a dans sa tête de son fils dans les bras de sa grand-mère, la mère d'Olivier. L'auteur évoque également son métier d'enseignant et comment il l'a quelque part sauvé.

Je compte pour terminer cette chronique citer la fin du livre, un des passages que je trouve parmi les plus beaux de ce dernier. C'est une scène du narrateur avec ses enfants.

"J'allais lui montrer ces drôles de nuages quand je me suis aperçu qu'ils avaient disparu. Il n'en restait rien. Rien qu'une inquiétude diffuse striant le bleu profond du ciel. le froid m'a fait frissonner. Instinctivement, mes enfants se sont blottis davantage contre moi. Ils ont enfoncé leur chaleur et leur futur immense tout près de mon âme. de leurs petites mains, ils ont attrapé mon coeur. Ma peur a volé en éclats."

C'est un livre magnifique et j'ai eu un absolu coup de coeur pour ce livre qu'il faut absolument se procurer en librairie et qu'il vous faut lire pour se rendre compte de la force de certaines personnes et surtout du recul qu'elles sont capables d'avoir lorsqu'elles traversent une épreuve.

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Loin d'être morbide ce livre est au contraire positif, même si l'on sent bien par moments le découragement de l'auteur, l'envie de baisser les bras, les angoisses, les cauchemars souvent liés à l'idée de la mort bien sûr mais surtout à la peur de ne pas voir grandir ses enfants et pour iceux de ne pas grandir avec un père. Ne pas sentir ces interrogations, ces peurs serait faire l'impasse sur une grande partie de la vie d'Olivier Martinelli depuis l'annonce de sa maladie. Mais, ce qui ressort le plus de ses courts textes, c'est l'espoir et la volonté de vivre. Pas forcément pour réaliser de grandes choses, des exploits, mais vivre pour les siens, en profiter au maximum et s'appuyer sur eux pour reprendre des forces, même si face à la maladie et quand bien même on est très écouté, accompagné, on reste seul. Cette solitude, il ne l'élude pas, voulant en plus, sans rien cacher protéger ses proches et notamment ses enfants encore petits.

Les textes sont beaux et tristes mais aussi beaux et joyeux, parfois poétiques, jamais plombants. Olivier Martinelli écrit des pages bouleversantes, touchantes, pleines de vie. L'humour est là aussi qui fait passer bien des choses, même dans les moments durs, voire très durs : "Lorsqu'un médecin vous assure que ce qui vous attend est sans danger, ne soyez pas surpris si ça se termine par une flaque de sang dessinant une forme étrange dans un plateau en inox." (p.17) En étroite collaboration avec l'humour, il y a de la légèreté bienvenue dans un texte d'une telle force et de la poésie qui fait passer les moments difficiles : "Je n'y voyais pas à vingt mètres. J'ai enclenché les essuie-glaces. Je n'y voyais toujours rien. Il ne pleuvait que de mes yeux. Je les ai libérés de leur humidité d'un revers de la main. L'humidité est revenue aussitôt. Je les ai nettoyés une fois encore. Puis j'ai capitulé." (p.27). Olivier prend de la force partout, dans la main de sa fille, dans la compagnie de ses proches, dans ses projets d'écriture qu'il se presse de mener à bien, dans le sourire d'une infirmière, dans la douceur du regard ou de la voix des médecins et j'espère modestement dans ma chronique, sincère.

Christophe Lucquin dont vous savez sûrement mon attachement à sa maison d'édition, publie ici un texte inratable en cette rentrée littéraire et aussi plus tard, l'un de ceux qui remuent le lecteur, qui lui donnent de la force et une envie de profiter encore plus de chaque instant.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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J'ai encore grâce à la rentrée littéraire découvert un autre livre coup de poing, coup de coeur. La rentrée littéraire étant un événement incontournable pour toutes les personnes travaillant dans les métiers du livre, les bibliothécaires n'y échappe pas, pour notre plus grand plaisir.

Ce livre là je l'ai pris, je l'avoue parce qu'il était court et que mon week-end était chargé. Je l'ai lu d'une traite, en une soirée, sans pouvoir détacher mes yeux de ce livre.

Un roman sur une maladie incurable, présenté comme ça ça à l'air triste et pessimiste, mais détrompez-vous ! Olivier Martinelli a réussi à nous raconter sa maladie sans tomber dans le pathos, ce livre est, contrairement à ce que l'on peut s'attendre, extrêmement positif.

Avec une infinie douceur mais beaucoup de rock dans son écriture, Olivier Martinelli nous conte sous forme de chroniques, la découverte de sa maladie et son combat quotidien. Avec une écriture juste et poignante il nous montre ce qu'est le courage et l'humilité. Ce qui ressort le plus de ce livre ce n'est pas le désespoir et la mort mais bien l'espoir et la volonté de vivre, coûte que coûte, se battre, pour soi, pour ses enfants.

Un passage parlant des attentats m'a particulièrement touché. Il utilise les mots avec justesse, sans plus...

"Les doigts du bourreau enveloppent la crosse fermement. On ne voit pas la balle s'extraire du canon. On la devine. On devine sa morsure sur la tempe de la victime. Tandis que la tête est poussée par l'impact, les cheveux fouettent l'air immobile.
Il n'y a pas de crime à croquer dans une pomme, à mordre dans la vie, danser, chanter, prendre un verre en terrasse. le péché originel, ce n'est ni la pomme, ni Ève, ni le serpent. C'est cet homme exécutant un frère, c'est Romulus assassinant Remus, c'est Caïn ôtant la vie d'Abel. "

En lisant ce passage j'ai eu les larmes aux yeux juste grâce à la puissance des mots et de l'écriture de l'auteur.

Je tiens donc à remercier la rentrée littéraire, qui chaque année me fait découvrir ou redécouvrir des auteurs et des éditeurs. Nous le savons, beaucoup de livres sortent à cette période et donc beaucoup vont passer inaperçu pour le grand public, et je pense qu'il est de notre devoir en tant que professionnels du livre ou même juste grand passionnés, de lire un maximum de cette rentrée littéraire pour que des pépites comme celle-là ne soit pas enfoui sous tout le reste de la production.
Lien : https://lirepourexister.word..
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Je n'aurais pas autant apprécié ce bouquin si je n'avais pas rencontré son auteur en octobre 2016 à un salon du polar. Alors qu'il venait de vivre des moments difficiles, pour utiliser un adjectif impropre sans doute mais comment les qualifier, cet homme rayonnait de douceur, de joie, de sympathie. Il est de ces personnes que l'on n'oublie pas, même si on ne les a croisées que brièvement. Un cadeau.
Ce livre est fait de courts chapitres qu'il appelle "chroniques" où il dévoile l'évolution de sa maladie mais aussi des réflexions, des rencontres… J'ai lu ces 143 pages en trois heures, sans lever le nez de ce bouquin et j'en suis sortie souriante et envahie de paix.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L’ambulance qui passe me prendre tous les matins est pleine de morts. Il n’y a pas moyen de leur échapper. Mon chauffeur me parle d’eux tout le temps. Chaque matin, en me conduisant à ma séance de radiothérapie, il évoque un client. Oui, les personnes qu’il transporte, mon chauffeur les appelle ses clients.
Il en choisit un au hasard et il me raconte son histoire. Chaque jour, une nouvelle. Toutes les histoires sont différentes. Mais la fin est toujours la même. Elle arrive, impitoyable, au moment où je commence à m’attacher au personnage. Quelquefois, je me prends à espérer que son nouveau récit se finira bien. Mais non, jamais personne ne survit au monologue de mon ambulancier.
J’ai fini par les voir, tous ces morts, autour de moi, dans la voiture. Quelquefois, je suis tenté de m’excuser quand je m’assois trop brusquement sur l’un d’eux.
Mon chauffeur a du talent. Ses descriptions sont précises. Elles grouillent de détails. Alors, ses clients, je les imagine, je vois leurs visages. Celui de la gamine de douze ans, si fraîche, si pleine de vie, jusqu’à celui du borgne acariâtre qui passe son temps à cracher des jurons. Quand le chauffeur me questionne, je reste évasif. Je lui en dis très peu sur moi. J’entretiens le mystère. Je ne veux pas devenir une histoire à raconter à ses prochains clients.
Mon ambulance est pleine de morts. Un jour, on va se faire arrêter. On est trop nombreux dans la voiture.
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Je lui ai demandé quelles étaient les chances que ce pic monoclonal soit le marqueur d’un myélome. Il m’a répondu « un pour cent » en plissant le front d’un air soucieux. Je supposais que ce n’était pas la première fois que quelqu’un lui posait cette question. Ce n’était pas la première qu’il y répondait.
Je savais très bien qu’aucun organisme ne résistait à un myélome. Tout au plus, il tenait cinq ans. Je ne m’étais jamais senti aussi seul au monde. Je n’avais pas pu faire garder ma fille. Elle était là, derrière moi, inspectant le cabinet du docteur, revenant vers nous par instants, posant sa petite main de quatre ans et demi sur mon épaule. Elle ne saisissait pas, évidemment, ce qui se tramait ici, à mots couverts. Mais je sentais sa main d’enfant me caressant la nuque et j’aurais voulu qu’elle la laisse là, toujours… qu’elle ne la retire jamais… que cette main me retienne.
Je suis professeur de math. Et en fin de compte, dans le cabinet de ce docteur, nous n’avions fait que des mathématiques. Nous avions étudié une courbe, ciblé son maximum, fait des statistiques, des probabilités.
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Vingt-six centimètres de cicatrice courent sur ma peau. Trois centimètres au niveau du coude, résultats d’une ancienne fracture, huit centimètres sur le cou, une marque discrète, parallèle à la carotide, et quinze centimètres sur la nuque, des lignes ciselées par le docteur Debarge pour me débarrasser de la tumeur et y mettre son métal précieux à la place. Je suis un guerrier, un super-héros. Je suis Batman, Superman, Terminator et Robocop. Parfois je roule des mécaniques, je frime un peu, intérieurement.
Et puis je pense à ma cousine Sophie. Son dos a été recousu sur vingt-cinq centimètres. Elle a une cicatrice de trente centimètres sur le cuir chevelu qui va d’une oreille à l’autre comme un diadème. Celle qui court de son nombril à sa hanche approche les vingt centimètres.
Lorsque je l’ai défiée au concours des cicatrices, elle a même failli oublier de me signaler les trois centimètres qui parcourent son poignet droit. Elle trouvait ce petit serpent si ridicule à côté des autres. Elle me les aurait bien donnés, ces trois centimètres. Je les aurais bien récupérés. Mais ça n’aurait pas changé grand-chose à l’histoire. Une marque de cinq centimètres balafre son ventre. Celle qui longe l’extérieur de son sein droit mesure dix centimètres.
Si je fais la somme, j’obtiens un total de quatre-vingt-trois centimètres.
Ma cousine, c’est Batman. Moi, tout au plus, je suis Robin.
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Quand quelqu’un me questionne, je n’ai aucun mal à dire les choses. Dire les choses simplement, sans en rajouter. Mais ne pas se plaindre. Non. Ne pas se plaindre. Jamais. Parce que la vie m’a réservé des trésors que même la mort ne pourra me reprendre.
Ne pas se plaindre. Parce que ce n’est pas si grave, au fond. Parce que ce qui me touche vous a épargnés, vous, Liz et Dan. Parce que vous avez une vie à faire, un destin à accomplir. Parce que, ma foi, j’ai réalisé beaucoup de mes rêves. Et tant pis pour moi si je n’ai pas été assez rapide pour les réaliser tous… si je n’ai pas su plus tôt provoquer ma chance.
Oui, ce n’est pas si grave au fond. Ne pas se plaindre. Non. Ne pas se plaindre. Jamais.
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Les doigts du bourreau enveloppent la crosse fermement. On ne voit pas la balle s'extraire du canon. On la devine. On devine sa morsure sur la tempe de la victime. Tandis que la tête est poussée par l'impact, les cheveux fouettent l'air immobile.

Il n'y a pas de crime à croquer dans une pomme, à mordre dans la vie, danser, chanter, prendre un verre en terrasse. Le péché originel, ce n'est ni la pomme, ni Ève, ni le serpent. C'est cet homme exécutant un frère, c'est Romulus assassinant Remus, c'est Caïn ôtant la vie d'Abel. 
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Videos de Olivier Martinelli (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Martinelli
Autopsie Tome 01 de Maniscalco Kerri aux ditions Milan Jeunesse https://www.lagriffenoire.com/67459-poches-autopsie-t1-white-chapel.html
Remade de Alex Scarrow aux éditions Casterman https://www.lagriffenoire.com/94236-romans-remade-vol1.html
L'enfant Mouche de Philippe Pollet-Villard aux éditions Flammarion https://www.lagriffenoire.com/89027-divers-litterature-l-enfant-mouche.html
Les huit montagnes de Paolo Cognetti aux éditions Stock https://www.lagriffenoire.com/89137-divers-litterature-les-huit-montagnes.html
L'embaumeur de Isabelle Duquesnoy aux éditions De La Martinière https://www.lagriffenoire.com/88347-divers-litterature-l-embaumeur-ou-l-odieuse-confession-de-victor-renard.html
L'homme de miel de Olivier Martinelli aux éditions Christophe Lucquin https://www.lagriffenoire.com/90405-article_recherche-l-homme-de-miel.html
Pas un mot de Brad Parks aux éditions L'Harmattan https://www.lagriffenoire.com/95446-divers-polar-pas-un-mot.html
Kong de Michel le Bris aux éditions Grasset https://www.lagriffenoire.com/88322-divers-litterature-kong.html
Desproges par Desproges de de Pierre Desproges aux éditions du Couroux https://www.lagriffenoire.com/95803-divers-litterature-desproges-par-desproges.html
Mon autopsie de Jean-Louis Fournier aux éditions Stock https://www.lagriffenoire.com/90020-divers-litterature-mon-autopsie.html
Tu ne perds rien pour attendre de Janis Otsiemi aux éditions Plon https://www.lagriffenoire.com/73759-divers-polar-tu-ne-perds-rien-pour-attendre.html
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