Synthèse dense et très claire de l'hypnose, à ceci près que l'information principale reste que près d'un siècle et demi après les travaux de Charcot et plus de deux après ceux de Mesmer, on ignore comment en caractériser le phénomène et le principe de manière objective.
Tout débute dans les années 1780 avec l'allemand Mesmer qui travaille à Vienne et suppose l'existence d'un fluide dont l'amélioration de la circulation sous l'effet du magnétisme devait soigner les maladies. S'apercevant que le magnétisme fonctionne aussi bien par imposition des mains, il suggère que ce fluide soit "animal". On s'émeut à Vienne des crises convulsives provoquées chez les patientes - qui guérissent néanmoins - : Mesmer déménage à Paris où l'on s'émeut aussi et où l'Académie des Sciences renonce à l'idée du fluide magnétique tout en consignant la participation du psychisme (imagination). En même temps, Puységur, en France, décrit le somnambulisme. En 1843, Braid, en Ecosse, met définitivement fin à la notion de fluide animal en changeant la dénomination en "hypnotisme" qu'il invente et décrit la méthode de fixation visuelle. Il se range alors, comme Mesmer dans le courant physiologique de la théorie sur l'hypnose.
En 1866, à Nancy, Liébault, qui étudie l'hypnose depuis 1860 en reprenant les travaux de Braid, s'intéresse à la suggestion verbale. Avec Bernheim, ils défendent l'idée que l'hypnose est un phénomène psychologique. A la Salpêtrière, à Paris, Charcot convainc les Académies de la réalité des phénomènes hypnotiques, mais rejettent le rôle de la suggestion pour se concentrer sur les effets physiologiques. La guerre entre Paris et Nancy fait rage durant l'âge d'or des recherches sur l'hypnose, entre 1880 et 1890. C'est pour cette raison qu'un certain Freud vient y travailler. La mort de Charcot en 1893 met fin aux recherches à Paris tandis que les conflits ont poussé Bernheim à Nancy à nier l'existence de l'hypnose au profit de la seule suggestion. C'est la fin des recherches sur le sujet en France, pour plus de 50 ans, malgré le succès mondial inattendu du petit opuscule du pharmacien Coué en 1912 au sujet, justement, de l'autosuggestion. Après la guerre, c'est la psychanalyse qui occupe l'espace public, portée par la figure de Lacan. Chertok tente cependant de réintroduire les recherches sur le sujet qui se sont entre-temps développées en Russie, aux Etats-Unis et s'est recyclée à Viennne dans la psychanalyse.
L'ouvrage datant de 1989 et indique que les définitions de l'hypnose, ses caractéristiques objectives et les courants de pensée pour l'expliquer sont figées depuis 1900, entre une théorie pavlovienne (physiologie), une autre inspirée de la psychologie expérimentale et une troisième, psychanalytique. C'est que Freud, d'abord attiré par la composante physiologique s'est ensuite rapproché des thèses psychologiques de Nancy. Il a arrêté l'hypnose après qu'une patiente se fut jetée à son cou, mettant en évidence le phénomène qui portera le nom de transfert et montre que l'hypnotiseur est placé dans une même situation de vulnérabilité que l'hypnotisé. Reprise en psychanalyse, la notion de transfert permet de mettre une distance entre praticien et patient.
Malgré plus d'un siècle de recherches dans différents endroits, la définition reste approximative car les effets ne sont pas objectivables, les transes ne sont pas caractérisables autrement que par leur profondeur (notion relative et sujette à appréciation) et les pratiques ne mènent pas à une méthodologie. le thérapeute agit selon son intuition et ce qu'il pense être adapté au patient (selon son attente, etc.). Certains sujets sont réfractaires absolus à l'hypnose (ils refusent ou bien ne réagissent pas), d'autres sont hypnotisables par tous (très réactifs). Entre les deux, la majorité de la population, même si 5 à 10% est facilement réactive. Le thérapeute n'a pas non plus de profil type... et peut se retrouvé hypnotisé lors de sa séance d'hypnotisation d'un patient !
La deuxième partie décrit les pratiques et les méthodes. La troisième synthétise les recherches depuis l'édition antérieure de l'ouvrage jusqu'en 1989, sans que les avancées soient significatives : si l'on reconnaît les capacités de soin dans des contextes très divers (de l'hypertension artérielle à la névrose en passant par la dermatologie), on ne sait toujours pas vraiment ce qu'est l'hypnose ; les travaux de recherches ont donc de l'avenir dans ce domaine.
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En conclusion, on peut dire qu'on n'a pas trouvé, pour expliquer l'hypnotisabilité, de traits caractéristiques dans la personnalité de l'hypnotisé ni dans celle de l'hypnotiseur. Il faut, dans cette recherche, tenir le plus grand compte de ce que l'hypnose est une relation dans laquelle deux personnalités se rencontrent et jouent l'une par rapport à l'autre un rôle complémentaire. Ainsi l'hypnotisabilité dépend des multiples rapports inter- et intrapersonnels mis en oeuvre.
état passager d'attentin modifiée chez le sujet, état qui peut être produit par une autre personne et dans lequel diers phénomènes peuvent apparaître spontanément ou en réponse à des stimuli verbaux ou autres. Les phénomènes comprennent un changement dans la conscience et la mémoire, une susceptibilité accrue dans à la suggeestion et à l'apparition chez le sujet de réponses et d'idées qui ne lui sont pas familières dans son état d'esprit habituel. En outre, les phénomènes comme l'anesthésie, la paralysie, la rigidité musculaire et des modifications vasomotrices peuvent être, dans l'état hypnotique, produits et supprimés.
[Aujourd'hui, l'hypnose] c'est un quatrième état de l'organise, actuellement non objectivable ( l'inverse des trois autres: veille, sommeil, rêve);
[Aux Etats-Unis] chaque théorie est une "métaphore explicative" à laquelle s'adapte le patient et qui sert à établir le contact entre lui et son analyste. En fait, chaque patient se trouve embarqué dans cette "aventure métaphorique" sans que son partenaire l'en ait averti, et sans se douter que, comme l'a fait ressortir Thomas Szasz, dans le dialogue qui s'institue entre les deux, le point de vue du médecin "est juste et constitue la réalité, le point de vue du patient est faux et constitue le transfert".
Mesmer qui était un homme cultivé, proposait une théorie qu'il croyait physiologique, rationaliste et posait l'existence d'une fluide aussi réel et matériel que, par exemple, l'action exercée par l'aimant.
La soumission à l'autorité
Après la diffusion d'un extrait du film d'Henri Verneuil "I comme Icare", débat en plateau autour du phénomène de soumission à l'autorité en écho à l'expérience de Milgram et
analyse du processus de soumission avec le sociologue
Serge Moscovici et le psychanalyste
Léon Chertok.