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EAN : 9782748903157
128 pages
Agone (16/01/2018)
2.5/5   1 notes
Résumé :
On connaît le propos que Dostoïevski fait tenir à l’un des frères Karamazov : si Dieu n’existe pas, alors tout est permis. Une idée apparentée est que les croyances religieuses, qu’elles soient vraies ou fausses, permettent aux hommes et aux sociétés qui les entretiennent de s’élever d’une façon inaccessible à celles et ceux qui ne croient pas.

D’après le mathématicien et philosophe anglais William Clifford (1845–1879), rien de tout cela n’est vrai. A... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'avais tâché il y a environ un an, pour mon incomparable Feu aux poudres (puisse cette oeuvre supérieure, dans les temps à venir, être jugée avec l'admiration qu'elle mérite, et non pas avec l'incompréhension consternée et fâchée qu'elle suscite en notre époque de modestie et d'étroitesse d'esprit), de trouver un éditeur capable d'en comprendre la nécessité immédiate et le message profond – en vain. J'avais particulièrement cherché du côté des maisons spécialisées dans ce genre, plus politisées, subversives, attachées aux controverses, aux audaces et aux révoltes, et, parmi elles, il m'avait semblé que Agone pourrait être intéressé(e). C'était en réalité tout à fait ridicule de ma part : Agone, comme les autres en général, ne publie, à l'exception de ses amis et collaborateurs, que des auteurs déjà connus dont la notoriété souvent témoigne déjà d'une certaine bêtise de classe, d'une pensée partisane et d'une capacité au simplisme et au racolage. Bien entendu, j'ignorais cela à l'époque.

Toujours est-il que, comme nombre de petits éditeurs continuant d'entretenir l'illusion d'appels à manuscrits à dessein exclusif d'accroître leur clientèle, Agone utilisa, après un refus d'usage, mes coordonnées numériques pour m'envoyer dès lors régulièrement (et éhontément) la publicité de leurs parutions nouvelles, songeant sans doute qu'un aspirant auteur qui, de toute façon en France, ne peut guère prétendre à être édité s'il ne connaît personne, n'aura à la fin rien de mieux à faire, en attendant d'autres refus perpétuels, que de soulager ses angoisses en lisant pourquoi pas un peu de littérature polémique.

Je trouvais – bonne âme, décidément (on a bien tort de me juger le diable !) – un titre alléchant, celui qui figure ici en exergue ; j'en pris note et me rendis bientôt chez Franck, mon libraire.

Je ne veux pas revenir longuement sur le scandale qu'il y a à acquérir 90 pages d'essai pour dix-sept euros : on me prendrait pour un ladre, et un lecteur attentif et fidèle m'objecterait que cette indignation contredit ce que j'ai écrit par ailleurs sur la nécessité que le livre fût plus cher – on me considéra alors un libéral-capitaliste parmi les plus redoutables et inhumains – ; et cependant j'arguerais en retour que les auteurs à l'origine de cet ouvrage sont tous deux morts depuis plus de cent ans et qu'ainsi les rentes de ce travail ne peuvent plus leur profiter notamment pour en produire d'autres, de sorte qu'on est forcé de conclure que ce fruit revient largement à l'éditeur qui ne réalise à peu près qu'un coup de commerce en le vendant si cher puisqu'il est impossible que sa réalisation dépasse de beaucoup trois ou quatre euros ; n'importe cela, je n'en parlerai pas, et pas davantage je ne révélerai la façon sordide dont les maisons d'édition s'organisent entre elles pour fabriquer de toutes pièces de pareilles pénuries de façon à obliger les clients à acheter à prix d'or des oeuvres qui, normalement tombées dans le domaine public depuis longtemps, devraient être plutôt accessibles gratuitement et même au format papier à partir de banques de données plus ou moins gratuites : non, communiquer de telles positions et dénoncer des profits indus ferait à présent de moi une sorte de révolutionnaire anarcho-communiste effroyable et sanguinaire – on voit comme on n'échappe pas, dans notre monde si aimable et policé, à tous les jugements catégoriels les plus ineptes et contradictoires quand on n'ambitionne que de dire, mais certes sans grands ménagements comme je le fais depuis toujours et parce que je ne prends aucun de mes lecteurs pour un agneau, des vérités simplement incontestables et impartiales.

Ainsi, n'en parlons plus !

On sait déjà certainement mon mépris explicite pour toutes les formes de croyance, et il ne se pouvait qu'un titre comme L'immoralité de la croyance religieuse ne m'attirât d'une façon ou d'une autre. En particulier, s'agissant d'une controverse entre deux auteurs du XIXème siècle, la vertu apéritive de cet ouvrage était pour moi irrésistible, un piège presque, comme on en fabrique aux oiseaux affamés au coeur de l'hiver.

Je découvris pourtant, après avoir acquis l'essai, que ce titre même était une création de l'éditeur, l'article de William Clifford se nommant initialement : « L'éthique de la croyance » (« The Ethics of Belief »), et celui de William James, son détracteur : « La volonté de croire » (« The Will to Believe ») ; or, nulle de ces appellations n'a évidemment le charme percutant du premier : ils sont tous les deux bien plus généraux, dogmatique et contournés – on ne m'eût pas appâté aussi facilement, en dépit de ma relative famine, avec une nourriture a priori si maigre et d'un fumet si peu sapide.

Mais c'est bien ma faute, et j'aurais dû me renseigner ! Tomber si naïvement dans les attrapes de marchands pourtant si notoirement malhonnêtes !...

J'ignore tout des deux auteurs dont il s'agit, je ne m'étais pas documenté sur eux non plus par avance ; la préface de Benoît Gaultier informe sur leur identité et sur le débat en question qui connut alors, selon lui, un retentissement important, et ce débat se résume ainsi : est-il sain de croire ? Clifford prétend que toute croyance qui n'est pas fondée sur l'examen de preuves est une irresponsabilité, et James… affirme à peu près le contraire. Il semble, selon la préface, qu'en définitive ce dernier obtint l'adhésion des foules en un siècle de puritanisme et de soupçon général des sciences, ce qui est sans doute à mettre au crédit de Clifford ; il paraît aussi que, comme Clifford était mort depuis presque vingt ans au moment où James produisit sa « glorieuse » réfutation, ce dernier l'emporta sans trop de mal et avec l'aisance de quelqu'un dont la critique ne peut plus recevoir l'objection de son interlocuteur. C'est très pratique, en somme ; pour toute garantie de triomphe public à l'issue d'un duel moral, on doit pouvoir énoncer sans faillir la règle suivante : arrangez-vous pour conforter l'opinion de la société où vous vivez sans chercher à l'élever, société dont l'état de liberté intellectuelle se situe à peu près au niveau de l'argent et de ses intérêts propres, et exprimez-vous contre un auteur défunt dont il ne reste nul soutien de façon à donner l'illusion d'une pensée audacieuse et sans réplique. Croyez bien qu'ainsi on vous adulera – méthode impayable pour gagner à tous les coups !

Mais rares sont les gens capables d'analyser un raisonnement mieux que moi – je suis, en pareil métier, un as tout dépassionné et objectif : vraiment, je donnerais même la victoire à mon adversaire sur le seul fondement de sa méthode dialectique, de sa progression et de son à-propos ! –, et j'assure en l'occurrence que le raisonnement de William Clifford, sans être parfait, est de loin le plus sincère et le plus efficace des deux.

En particulier, sa première analogie est excellente : il se met à la place d'un armateur qui doute que son bateau soit en bon état pour effectuer une traversée. Cet homme s'interroge, et puis, comme le navire n'a jamais connu d'avaries et que d'autres font parfaitement confiance à sa solidité, il décide de le laisser partir sans l'examiner. Clifford, évidemment, prétend que si le bateau coule – tuant par exemple ses occupants –, alors en telle situation l'armateur est responsable : il n'avait pas à avoir foi sans vérification. Mais, chose plus étonnante et tout aussi juste, Clifford affirme que si le bateau ne coule pas et effectue sans entrave son voyage, alors l'armateur est tout aussi coupable : il aurait dû examiner son bien et il ne doit sa survie qu'à la chance. En somme, la négligence, quelle que soit sa conséquence – car cette conséquence est assez imprévisible –, demeure la même : c'est une seule et même faute qui peut conduire, selon certains hasards (et par exemple l'état de la mer durant cette traversée), à des catastrophes.

Cette analogie permet à Clifford de montrer qu'on ne doit point croire sans éléments de preuves, qu'on commet alors une faute morale – et il s'efforce ensuite, mais un peu vainement à mon avis, d'expliciter méthodiquement sur quels éléments repose une preuve, à savoir : la véracité d'un témoin (son désir de dire le vrai) et sa connaissance avérée et reproductible de ce dont il parle. Mais son grand génie, peut-être, est de parvenir à clarifier que la prédiction d'un fait n'est pas du tout ce qui compte dans l'évaluation d'un raisonnement : n'importe qui aurait pu affirmer que le bateau allait couler, et n'importe qui d'autre aurait pu déclarer exactement le contraire, et le fait survenu ensuite – échouage ou non – n'eût été à peu près qu'une contingence à défaut d'un véritable examen préalable ; en somme, sans cet examen, que les événements nous eussent finalement donné raison ou pas, on aurait eu tort de toute façon. Cette assertion n'est pas aisément concevable, elle sert pourtant à invalider tous les augures qui, par chance, obtiennent confirmations ; je puis personnellement l'illustrer de la façon suivante : imaginons que six joueurs tâchent de prévoir le résultat d'un dé ordinaire, et supposons que chacun ait annoncé un chiffre différent : certes, à l'issue du lancer, on constatera que l'un d'eux avait dit la vérité, mais quelles raisons avait-il de la supposer ? aucune ! Et donc, faute d'éléments de preuve pour justifier cette vérité qui est tombée par hasard, il avait tort comme les autres de ne s'en tenir qu'à une croyance infondée.

À cela, Clifford ajoute – et c'est une autre idée forte – que, les croyances mensongères ayant tendance à se perpétuer d'une génération à l'autre, il importe particulièrement de ne pas les maintenir sans examen, et qu'il est, en somme, de notre devoir moral de les réfuter avant que nos enfants en soient aussi aveuglément les victimes. Il fait ainsi de la lutte contre les croyances sans preuve une responsabilité humaine.

Tout ceci est fort efficace, inattaquable sur un plan rationnel (on verra que James ne s'amuse au contraire qu'à vanter l'irrationnel, et j'expliquerai en quoi il fait évidemment preuve de mauvaise foi). Je n'aurais à redire contre Clifford que sa patience et son ton bienveillant qui masquent une vérité que Nietzsche n'aura pas, quant à lui, la molle courtoisie de retenir, et c'est l'aliénation volontaire du croyant, autrement dit : la foi comme maladie mentale. Clifford s'efforce par décence de ne pas exprimer que la foi sans examen est l'apanage du fou, qu'il n'existe plus guère de religieux véritablement persuadé, et qu'aucun débat sensé ne peut avoir lieu sans au moins quelque critérium commun de vérité. Mais pour le reste, sa démonstration est solide et ferme, courageuse sans doute pour l'époque ; son cheminement aussi bien que son vocabulaire sont extrêmement clairs, d'une netteté évoquant Spencer, Emerson ou Russel, mais aussi avec le même défaut de pérorer quelquefois longtemps sur des évidences qui ne méritent pas de telles explicitations. On pourrait ne pas juger cette tendance un si grand vice si, bien souvent, ces vains atermoiements au sujet de vérités dont personne ne doute ne servaient de biais captieux pour prolonger artificiellement l'impression d'arpenter un terrain de confort et de réalité. Un mauvais guerrier, quelquefois, est celui qui, pour la galerie, ne pose son pied que rarement en territoire ennemi et dangereux, et qui se pavane le plus souvent en manoeuvres inutiles sur son propre sol pour faire accroire comme il se sent à l'aise et dégagé.

William James passe, je ne sais pourquoi, pour son contradicteur, mais en réalité il feint plutôt de le contredire non sans l'avantage certain que son adversaire ne lui répliquera pas (ce qui eût été pour Clifford, je le crois, d'une facilité déconcertante) ; il ne se confronte jamais à la thèse de son ennemi. Voici en quoi consiste toute sa réfutation :

Il affirme que Clifford, à force de réclamer des preuves, est un sceptique systématique, et qu'il est impossible en définitive d'obtenir sur quoi que ce soit assez de preuves pour affirmer l'existence de quelque chose : il faudrait, en somme, suspendre perpétuellement son jugement par crainte d'avoir tort. Par ailleurs, et comme il doit sentir que cet argument n'est bon qu'à faire illusion auprès de ses bas lecteurs, James soutient que cette attitude d'examen systématique est aussi après tout une croyance, une foi unique en la science, une volonté située dans un tout autre plan paradigmatique de la certitude. Il ajoute que nous sommes habituellement contraints d'admettre toutes sortes de réalités sans pouvoir les démontrer qu'avec « notre coeur », et il achève en alléguant que la compréhension de la légitimité de la foi ne peut s'acquérir – qu'en ayant foi au départ (en somme, un scientifique a trop de préjugés pour entendre la croyance, et les actes de foi ne surviennent qu'au moyen de l'ouverture de la foi, pour ne pas dire de la crédulité) ; en somme : laissons donc le croyant à ses oeuvres, il ne fait de mal à personne, pas davantage que le scientifique avec son propre système de croyance selon lequel la vérité s'acquiert au moyen de preuves.

Tout ceci est inepte et absurde, en vérité. C'est que Clifford n'a jamais prétendu qu'il fallait éternellement rejeter une théorie incertaine, mais bien qu'il fallait n'admettre que ce qui avait une chance raisonnable d'être vrai et donc pour appui quelque élément de preuve solide. L'allégation de James selon laquelle la science est une foi est un jeu de mot détestable, une machine à fabriquer du blanc avec du noir : un scientifique n'a pas cru d'emblée et a priori que la vérité était meilleure que le mensonge et qu'elle devait se fonder sur une méthode sûre, il y est parvenu par degrés sans préjugé ni préconception – et est-ce que le croyant ne prétend pas aussi détenir des preuves pour justifier sa foi ? Bien sûr que oui, et pourtant, si James ne les expose pas, c'est qu'il sait bien qu'elles sont insuffisantes et ridicules ! Surtout, si James situait sa réflexion sur un tout autre plan que la science, quel besoin aurait-il d'argumenter et de se servir, en somme, des éléments dialectiques de la raison pour se faire entendre ? Il lui suffirait d'écrire : « Je crois parce que je crois, je n'ai pas besoin d'autre chose », mais il m'évoque assez un fantassin engagé volontairement dans une guerre contre la violence et les armes, et qui en userait au moins partiellement contre ses ennemis pour démontrer comme il a raison !

Sans parler encore, dans l'argumentation de James, des raisons d'autorité : définitions absconses et inutiles mâtinées d'un latin incompréhensible, procédé spinoziste ou kantien par lequel on force le lecteur à vous suivre en endormant sa vigilance par l'effet d'une extrême concentration de façon à lui faire oublier que vous vous exprimez sans susciter aucunement son adhésion : l'auteur attaque dès la première partie sur une distinction entre : hypothèse vivante et morte, option vivante ou morte, obligée ou évitable, importante ou insignifiante… Vraiment, il serait bon un jour qu'un philosophe comprît qu'on n'a pas à définir quoi que ce soit avant de prouver la nécessité d'une définition ! Et puis, cette bêtise sur « l'évidence objective », principe selon lequel une chose est vraie parce qu'elle apparaît d'emblée au coeur sans contradiction (très pratique !), et qui ne se démontre, semble-t-il, qu'en latin : « Si par exemple, je ne puis douter que j'existe actuellement, que deux sont moins que trois, que si tous les hommes sont mortels, alors je suis mortel, c'est que ces choses illuminent irrésistiblement mon entendement. le fondement ultime de l'évidence objective qui s'attache à certaines propositions réside dans l'adaequatio intellectus nostri cum re. La certitude qu'elle confère implique, du côté de la vérité envisagée, une aptitudinem ad extorquendum certum assensum et, du côté du sujet et de sa réception mentale de la vérité envisagée, un quietme in cognitione » : promettez-moi que vous ne vous laisserez pas – jamais ! – impressionner par de telles pédanteries (en gros, l'auteur ne fait que dire, ici : « si tu n'es pas sûr, écoute ton coeur » – la belle affaire !) !

Et je n'ai pas encore parlé – plus grave – des subtiles fautes de logique qui émaillent l'argumentation de James jusqu'à quelque point élevé de ridicule (j'en donnerai un exemple plus long en citation finale qui figure l'aveu d'ignorance le plus éhonté que j'aie jamais lu) : la foi, clame-t-il dans sa neuvième partie, crée le fait, et la preuve, selon lui, c'est que si dans un train attaqué par des bandits tous les voyageurs avaient foi en leurs co-voyageurs, alors ils n'auraient plus peur d'être seuls à assurer leur défense, se mettraient tous en action et l'attaque échouerait – c'est donc qu'une croyance suffit à produire un résultat (et en l'occurrence un résultat a priori positif). À quoi je réponds : mais en quoi la foi en ces autres voyageurs provoquerait-elle leur intervention ? La foi, en réalité, n'a rien fait, et ce qui adviendrait réellement dans un cas comme celui-ci c'est que notre homme, sur la foi que tous les autres ont de la bravoure, probablement irait seul au suicide, de sorte qu'au lieu de survivre il sacrifierait sa vie au nom d'une pensée illusoire. Ou encore : l'article s'achève sur cette citation de Fitzjames Stephen (un inconnu pour moi, mais qui doit porter, par sa réputation, un atout décisif à un auteur qui se sent sans doute en quelque difficulté avec le soutien de sa seule et défaillante raison) – James ne cesse d'arguer des autorités tout au long de son argumentation, mais il faut lui pardonner parce que Clifford en cite seulement un peu moins –, citation que l'auteur suppose déterminante pour appuyer ce relativisme absolu où il place la vérité : « Chacun doit agir conformément à ce qu'il croit être le meilleur ; et s'il se trompe, tant pis pour lui. Nous nous tenons en haut d'un col de montagne en pleine tempête de neige et dans un épais brouillard à travers lequel nous apercevons furtivement, et peut-être de façon trompeuse, quelques sentiers. Si nous n'avançons pas, nous périrons de froid. Si nous nous engageons sur un mauvais sentier, nous nous romprons le cou. Nous ne savons même pas avec certitude s'il existe seulement un bon sentier. […] Si la mort est au bout du chemin, nous ne saurions aller de meilleure manière à sa rencontre. » Mais ne suffit-il pas d'ajouter, à ce lot presque irréfragable de bons et plats sentiments : pour autant, est-ce un bon prétexte, parce que nous ne sommes sûrs de rien, de ne pas, au préalable au cours de notre marche périlleuse – examiner le sentier ?
Un dernier mot : cet ouvrage en réalité comporte 120 pages, mais les trente dernières, où Benoît Gaultier prétend éclairer des pensées suffisamment lumineuses et accessibles par elles-mêmes, sont tout à fait superfétatoires : c'est un compendium d'une étonnante superfluité que j'ai seulement feuilleté pour vérification de style, et où le commentateur recopie de longs pans de texte, sans doute pour prouver qu'il demeure ainsi dans l'esprit des auteurs qu'au mieux il paraphrase. Généralement, je vous recommande de faire ainsi que moi et, lorsque vous pensez avoir bien compris une oeuvre, d'éviter de
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Ici, dans cette salle, nous croyons tous à la réalité des molécules et à la conservation de l’énergie, à la démocratie et au progrès nécessaire, au christianisme protestant et au devoir de combattre pour “la doctrine de l’immortel Monroe”. Mais toutes ces croyances ne reposent sur aucune raison digne de ce nom. Nous sommes intérieurement aussi peu au clair sur ces questions que celui qui ne croit pas à ces choses, et peut-être encore moins que lui. Car son indépendance d’esprit a probablement quelques arguments à faire valoir à l’appui de ses conclusions ; dans notre cas, au contraire, c’est le prestige de certaines opinions, et non un quelconque discernement de notre part, qui fait jaillir d’elles l’étincelle qui ravive nos réserves endormies par la foi. Quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, notre raison sera satisfaite pourvu qu’elle puisse trouver quelques arguments à réciter au cas où notre crédulité serait critiquée.
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Vidéo de William James
William James (1842-1910) : Une vie, une œuvre (2014 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 3 mai 2014. Par Matthieu Garrigou-Lagrange. Réalisation de Marie-Laure Ciboulet. Lecture de textes par Georges Claisse. Photographie : William James, 1880, by J. Notman, Boston (photographer). (Houghton Library at Harvard University; public domain via Wikimedia Commons). Dans ce numéro d’"Une vie, une œuvre", nous vous proposons de découvrir la pensée philosophique de William James, mais aussi ses découvertes en psychologie, lui qui était à la fois médecin, psychologue, naturaliste, chimiste, et qui s’était d’abord consacré à la peinture. Une pensée vivifiante, qui permet au passage de mieux comprendre comment on réfléchit de l’autre côté de l’Atlantique. William James (né le 11 janvier 1842 à New York, mort le 26 août 1910 à Chocorua dans le New Hampshire) est un psychologue et philosophe américain, fils d'Henry James Sr., disciple du théologien Swedenborg, filleul de Ralph Waldo Emerson, frère aîné d'Henry James, romancier célèbre, et d'Alice James. Il est l'un des fondateurs du pragmatisme. Il est parfois considéré comme une influence de la philosophie analytique, mais sa réception francophone témoigne également de son impact profond sur la philosophie continentale existentialiste et processuelle (voir notamment les travaux de Jean Wahl et, plus proche de nous, de Vinciane Despret, David Lapoujade et Isabelle Stengers, entre autres). William James est souvent présenté comme le fondateur de la psychologie en Amérique. Son premier grand livre, publié en 1890, est intitulé "The Principles of Psychology" ("Les principes de psychologie"). Ce livre présente une psychologie basée sur l'évolutionnisme et axée sur la réflexion philosophique. Un autre point important chez James est la notion de « tempérament ». Pour lui, les « tempéraments » doux vont vers l'idéalisme tandis que les « tempéraments » forts sont plus matérialistes, plus tournés vers la nouveauté et le risque. Si James reproche aux matérialistes leur manque de spiritualité et si, pour lui, un pragmatiste est plutôt doté d'un « tempérament » médian, il n'en demeure pas moins que, pour lui, la nouveauté et l'imagination sont importantes. Sa théorie de l'histoire n'est pas celle de lois éternelles de la nature mais qu'elle est faite par les hommes, et notamment par les grands hommes. De même, ce qui est important dans la liberté, pour lui, c'est la possibilité de faire du nouveau, du non nécessaire. Dans sa conception chrétienne et contingente de l'artisanat, l'homme coopère avec Dieu et ses égaux pour créer un monde en évolution permanente, progressant ainsi conjointement et par tâtonnement vers davantage de richesses et de beauté.
Avec :
Stéphane Madelrieux, maître de conférences en philosophie à l’université Lyon III Mathias Girel, maître de conférences en philosophie à l’ENS Michel Meulders, professeur émérite de neurophysiologie, ancien doyen de la Faculté de Médecine et ancien prorecteur de l’université catholique de Louvain Guillemette Faure, journaliste à "M le magazine du Monde", ancienne correspondante aux États-Unis Sylvain Bourmeau, producteur de l’émission "La suite dans les idées" sur France Culture
Sources : France Culture et Wikipédia
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