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EAN : 9782847424935
224 pages
PASSAGE (05/01/2023)
3.93/5   27 notes
Résumé :
En apparence, la vie de Xavier Bovary est une réussite notoire. Son métier de dermatologue lui permet d'examiner toute une gamme d'épidermes sans que personne ne s'aperçoive de son penchant peu commun pour la peau. La patientèle afflue, son épouse est d'une beauté troublante, ses enfants truculents mordent la vie à pleines dents.
Tout semble donc aller pour le mieux, jusqu'au jour où, pour ses 50 ans, Xavier reçoit un colis notarié pour le moins inattendu. T... >Voir plus
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Un feu d'artifice !
Un roman pétillant, frénétique.
« L'indélicatesse » est un roman contemporain, à tiroirs, intuitif et superbement intelligent.
Une des plus belles leçons de littérature. Un séisme mental, un sacré tout de force !

« Les plus grandes haines se produisent à la cuisine. » Amélie Nothomb
« Comme son père avant lui, mon père vécu son anniversaire des cinquante ans comme un enterrement sans espoir. »
Côté ville, Xavier Bovary est un dermatologue. Quelconque d'apparence, un peu terne, il se projette dans sa profession, tel un exutoire.
L'épiderme est sa toile de maître. La peau, pour lui, le reflet d'une personnalité. Il scrute, cherche, fouille, la transmutation assumée. D'aucuns ont droit à son coup d'oeil, son observation discrète, telle une loupe en repère du moindre indice de confusion. Il est obnubilé par le plus minuscule bouton, le moindre symptôme. C'est un homme fragile, un anti-héros. Effacé par l'ombre de sa femme Anastasia, dont l'aura est impressionnante. Elle élève leurs deux jeunes fils. Sans travail côté ville, elle est en plongée dans une domesticité assumée. Trop belle pour lui, lymphatique, elle semble comble de secrets, de mystères. Pourtant, elle ne laisse rien transparaître.
Ce roman est un kaléidoscope. Xavier Bovary conte sa vie. Ses parents, ses grands-parents, la nostalgie l'éreinte.
La trame est un halo de souvenirs, d'entrelacs de tendresse, de rappels pavloviens.
On marche sur le même fil rouge que l'auteur, Erik Martiny.
Dans un olympien maîtrisé à l'extrême, une histoire rémanence, qui pourrait subrepticement être la notre. Si, si, notre grand-père avait fait la même chose. Se voir remette le jour de nos cinquante ans un pli scellé par un notaire. Xavier Bovary reçoit dans un geste posthume un pistolet chargé qui plus est. Il est étonné, sonné, bousculé, glacé. Pourquoi ce pistolet ? Les images de son enfance ressurgissent. Il cherche la raison. Il faudra du temps au temps, des évènements qui vont s'enchaîner dans un crescendo feu-follet.
Ce pistolet dont l'origine est celle d'un grand-père qui l'adorait. Il ne comprend toujours pas. C'est un électrochoc. Il est propulsé dans son passé, entre mélancolie et remords. le pistolet est un symbole.
« Un jour, mon Gari, tu verras que l'indélicatesse des gens est une chose qui doit être corrigée. »
Il rassemble les pièces du puzzle. Les conventions vont voler en éclat telles des chaises fracassées contre les murs de sa maison bien trop tranquille pour être honnête.
« Je me demande parfois si ce brin de folie qui s'empare de moi de temps à autre n'est pas dû en partie au refoulement de certaines choses. » « Enfin, toujours est-il que le visage d'Anastasia n'avait rien à voir avec celui d'Eva Braun. »
Il va briser ses armures dont il se cuirasse et qui finissent par l'étouffer. Il va bousculer les diktats. Soulever les tapis, étaler la poussière, même si.
Ce roman est une mise en abîme sociologique, psychologique des tragédies enfouies et secrètes. le passage vers la cinquantaine est un levier pour Xavier Bovary (qui rêvait d'une vie meilleure et ne pouvait s'assumer). La symbiose d'un bovarysme dont le pistolet devient le garant d'un changement de cap. Et quelle métamorphose !
« Bref, vous l'aurez compris à mes yeux, le seul défaut physique de votre mère était qu'elle était trop belle pour moi… Je me suis toujours accommodé du fait d'être relativement fade et sans relief. »
Ce roman audacieux, gai et triste à la fois explore les thématiques fascinantes de l'humain.
Erik Martiny est doué et perspicace. Fin observateur des indélicatesses qui foudroient les altérités et les volontés. Jusqu'au jour, où un pistolet abolira les non-dits et les faux-semblants, les mensonges et les hypocrisies.
Ce roman vif et lucide est grandiose, troublant et épique. Il faut lire et vaciller.
Un parchemin empreint d'humour aussi et de sourires. du doute, advient une passerelle. Vous l'aurez compris ce livre est du grand art. Salvateur. Publié par les majeures Éditions le Passage.
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Premier roman de l'année 2023, il fera date, sans nul doute, dans la liste de mes lectures. J'aime beaucoup la ligne des Editions le Passage et jusqu'à présent n'ai jamais été déçue par leurs auteur(e)s. Ce n'est pas Erik Martiny qui fera exception tant j'ai aimé son roman "L'indélicatesse". Une lecture salée-sucrée comme je les aime.

Le héros de cet ouvrage s'appelle Xavier Bovary, il est dermatologue, passionné depuis qu'il est tout petit par la peau. Il a femme et enfants, une femme belle et des enfants en pleine forme. Ainsi tout va bien dans sa vie tant personnelle que professionnelle – sa patientèle est importante – jusqu'à ce passage fatidique de la cinquantaine. Il pensait pourtant avoir échappé à cette fatalité qui avait frappé avant lui grand-père et père à cet âge…Si vous lisez la quatrième de couverture, vous en saurez davantage. Pour ma part, je préfère taire la suite.

N'ayant été ni prof de math, "Depuis l'ère digitale, ils me paraissent aussi désuets que des vieux métiers à tisser", ni notaire, "J'ai toujours perçu les notaires comme des escrocs assermentés, des sortes de voleurs accrédités par l'Etat.", je n'ai aucune raison d'en vouloir à l'auteur. J'ai donc aimé, voire adoré son roman et ce pour de nombreuses raisons. D'abord j'ai trouvé l'écriture fabuleuse, travaillée à l'extrême et, malgré les nombreuses digressions et retours en arrière, jamais ennuyeuse. S'il dérive de cette façon, c'est bien pour ménager ses enfants – la suite du récit qui leur est destiné sera tout de même très difficile à encaisser – et le suspens, par la même occasion. Et il a réussi, il m'a tenue en haleine jusqu'au bout. J'ai aussi beaucoup aimé les personnages tous magnifiquement décrits et mis en scène avec toujours beaucoup d'humour – souvent noir – qui en fait tout le sel. Car dans ce roman, il y a du rire, des grincements de dents, presque de l'horreur aussi parfois – les passages à teneur dermatologique ne sont pas toujours des plus "glamour" – beaucoup de nostalgie heureuse ou pas, de mélancolie, jusqu'à une fin qui m'a vraiment noué la gorge.

Flamboyant, amusant, intéressant par ses nombreuses références littéraires, véritablement passionnant, "L'indélicatesse" fut une belle manière de commencer l'année, délicatement.

Un chaleureux merci aux Editions le Passage pour cette lecture en avant-première.

Lien : https://memo-emoi.fr
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L'indélicatesse d'Erik Martiny
Editions le Passage
Il est probable que je n'aurais pas lu ce livre s'il n'était arrivé dans ma boite à lettres, mu par la gentillesse de Freda. Je n'avais pas entendu parler de ce livre dans le tumulte de la rentrée littéraire hivernale. Et pourtant, il est parfait. « L'indélicatesse » vous étonne, vous amuse, vous questionne, vous retourne, bref à aucun moment vous ne voyez venir le pot aux roses !
A l'occasion de ses 50 ans, Xavier Bovary reçoit un héritage pour le moins inattendu. Son grand-père, décédé vingt ans plus tôt, a pris soin de lui léguer un pistolet chargé. Ce curieux héritage attendait son heure dans une étude notariale.
La vie paisible de Xavier en est durablement perturbée, si les dermatoses et les nævus constituent l'essentiel des journées du dermatologue, l'arrivée de l'arme, de surcroit chargée, va faire remonter les souvenirs du narrateur. Pourquoi son grand-père lui fait-il ce cadeau ? Qui était vraiment ce grand-père ? Les souvenirs affluent, Xavier remonte les lettres de la cave, il convoque la mémoire de sa famille.
Ainsi de digressions sur le métier de spécialiste de la peau en anecdotes familiales, Xavier s'épanche et livre une confession destinée à Piotr et Mila, une confession à la fois nostalgique et truculente pour expliquer à ses deux enfants comment et par quelle succession de faits, il en est venu un soir à commettre l'irréparable.
Narrés à la façon d'une énorme farce, nous suivons les récits alambiqués de Xavier, nous demandant où le narrateur veut bien nous emmener, absurde, premier degré, finalement c'est avec brio que l'auteur nous révèle l'issue dramatique de cette aventure.
Un roman où la littérature est souvent présente, les références et les auteurs vous cueillent au détour d'une page tel Xavier Bovary comme un clin d'oeil appuyé à Flaubert, l'auteur qui a rendu à l'insatisfaction ses lettres de psychologie.
Avec une conclusion que l'on ne voit pas venir et qui nous fait reconsidérer le genre du livre, à lire !
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Xavier Bovary est dermatologue. Praticien sans histoire, un peu terne, il vit sous la coupe de son épouse Anastasia, plus jeune que lui et très belle, se dévouant à son métier et à ses enfants. le jour de ses 50 ans, il reçoit des mains du notaire un pli scellé, qui vient de son grand-père décédé vingt ans plus tôt. Dans le paquet, un vieux pistolet chargé, sans aucun document d'accompagnement. L'objet le propulse dans le passé, fait remonter les souvenirs de cet aïeul qu'il aimait beaucoup, et l'amène à reconsidérer toute sa vie, en particulier sa relation avec son épouse, devenue de plus en plus distante au fil des années.

Dans les remerciements, l'auteur rend hommage à ses grands-parents qui ne lui ont, écrit-il, jamais offert de cadeau empoisonné. C'est effectivement ce que Xavier a hérité de son grand-père : une arme, ancienne certes, mais toujours fonctionnelle, chargée de 5 balles. Où est passée la sixième cartouche ? A-t-elle été utilisée, et à quelles fins ? La question ne va pas tarauder longtemps notre dermatologue, qui va convoquer le ban et l'arrière-ban de ses ancêtres, dont le propriétaire du flingue, électricien de son état, son épouse entièrement vouée à la tenue de la maison et sous le joug d'un mari irascible ; les arrière-grands-parents maternels, et cætera. Nous avons déjà passé le premier tiers du récit, dont le narrateur s'excuse envers ses lecteurs – ses enfants, comprend-t-on assez vite – de ses « détours dilatoires ». On acquiesce : allez Xavier, au fait. Mais non, le carton des grands-parents recèle encore de nombreux souvenirs que Xavier n'en finit pas d'égrener. Nous voici rendus à la moitié, le revolver est baptisé du prénom du grand-père, et il est enfin question d'Anastasia, dont le mari est assez lucide que ce ne sont ni sa beauté ni son charisme qui ont décidé la belle jeune femme à l'épouser. Un constat qui va amener doucement notre praticien à commettre l'irréparable.

Malgré quelques pages assez drôles au début du récit sur quelques patients de Xavier Bovary, et une judicieuse exploitation de sa déformation professionnelle qui le fait analyser la personnalité de chacun en examinant son grain de peau, le récit traîne en longueur, la faute à ces « détours dilatoires » dont abuse le narrateur. Cependant, le personnage est bien campé, en faux gentil qui se révèle férocement vengeur et ne supporte pas l'indélicatesse.
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La patience sera le maître mot dans cette étourdissante histoire.
L'indélicatesse de lire ce texte Proustien, prendre le temps d'assimiler leurs sens.
Comprendre cet homme Xavier, sa vie, ses tocs, son travail de dermatologue.
La structure narrative se fera comme une osculation de la peau.
Un sentiment de longueur s'étire de descriptifs sur la vie des grands parents, il reçoit par son notaire, 20 années plus tard de sa mort, un scellé, un vieux pistolet chargé.
Il faut attendre 137 pages pour découvrir sa femme, Anastasia une belle et talentueuse personne aux charmes slaves.
Plus les descriptions avancent, plus le suspens et la vie de son épouse nous sont exposées.
Toutes les indélicatesses et les troubles rendent oppressants ce thriller à la fois satirique, mélancolique.

C'est savamment orchestré, étouffant et jubilatoire. Un bon roman.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L’indélicatesse est pour ainsi dire inscrite dans nos gènes.
Nous piétinons par mégarde, sans nous en rendre compte, les sentiments, les états d’âme, le vécu des autres comme autant d’insectes sous nos pieds. Même notre empathie, notre charité peut être entachée d’inélégance. Petit déjà, je pressentais cette indélicatesse universelle. Je trouvais que les adultes étaient plus ou moins tous des lourdauds, des goujats qui ne comprenaient pas grand-chose à ce que ressentaient les enfants. J’avais l’intuition que malgré les apparences, certains d’entre eux étaient pires que les morveux qui me jetaient des pierres.
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Comme Saint Jérôme, j’ai tenté de m’absoudre de mes péchés par la parole écrite; comme lui, je n’ai su que digresser à l’infini. (Page 246)
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