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EAN : 9789057090158
227 pages
Editions des archives contemporaines - EAC (30/11/-1)
4/5   1 notes
Résumé :
Comprendre ce que sont les hommes et les femmes, penser la différence entre les sexes a constitué et constitue encore un objet d'investigation et un enjeu politique et social de premier ordre. Des sciences d'hier à celles d'aujourd'hui, des discours et des pratiques médicales aux plus récentes sciences humaines, les auteurs de cet ouvrage révèlent la fragilité des évidences dites sur la nature ou le corps des femmes et des hommes, et insistent sur la force des arran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le féminin et le masculin se constituent mutuellement. Ils sont en constante ré-élaboration

Ce livre est issu de deux journées d'études organisées par Delphine Gardey et Ilana Löwy au Centre de Recherche en Histoire des sciences et des Techniques (24 janvier et 24 avril 1997 à la Cité des Sciences et de l'Industrie à Paris).

Les auteur-e-s interrogent « les liens compliqués qu'entretiennent différentes formes de savoirs scientifiques avec la définition du féminin et du masculin » ; En introduction « Pour en finir avec la nature », Delphine Gardey et Llana Lowy nous rappellent, entre autres, que « ce sont bien les scientifiques « en société » qui élaborent et réélaborent les critères de la différenciation entre les sexes ».

L'ambition des textes est de faire apparaître « à quel point le corps est une notion historique », en opposition à l'invention récente d'un « corps stable, ahistorique et sexué » par la biologie.

Les auteures soulignent que pour beaucoup « la femme est le particulier (le sexe) alors que l'homme est le général », en citant Geneviève Fraisse.

Il s'agit donc de comprendre comment le « naturel » a été inventé et le rôle des scientifiques dans cette fabrication du « féminin » et du « masculin ». Et toujours poursuivre le travail de dénaturalisation des relations sociales.

« Penser la fabrication du féminin et du masculin, et le rôle des sciences dans cette affaire, c'est donc faire plus qu'une enquête descriptive sur des états variables des représentations proposées par les sciences. C'est rendre compte de l'historicité radicale des définitions de l'humain, pointer la place prise dans l'histoire occidentale par la construction de la binarité féminin/masculin comme processus de pensée dichotomique, ou encore signaler la puissance durable de l'opération qui consista à l'époque contemporaine à penser cette binarité sous la forme de l'altérité ».

Altérité, asymétrie, rapports de pouvoir, sous et grâce à la nature inventée, reproduction de la domination et remodelage de sa « justification »…

Quelques citations choisies subjectivement dans certains textes, comme incitation à questionnements, débats, approfondissements…

« L'idée selon laquelle le sexe biologique et le sexe social sont tous les deux des constructions sociales est en effet loin d'être acceptée universellement »

« Les interventions savantes ont ainsi produit des configurations diverses du naturel »

« le corps est toujours un corps signifié »

« les faits scientifiques ne sont pas donnés objectivement, mais créés collectivement »

« Réintégrer l'histoire des femmes dans l'histoire, poser la question de la différence des sexes comme une interrogation majeure, c'est rendre l'histoire vraiment universelle, ou tendant vers l'universel, qui demeure aujourd'hui un objectif, non une réalité »

« Si l'association de la femme aux aléas capricieux de la passion est le lieu commun d'une tradition culturelle et religieuse ancienne, le statut qu'elle acquiert dans le cadre de la conceptualisation de l'État la situe au coeur de la définition et des enjeux du pouvoir légitime »

« L'idée selon laquelle les principes politiques modernes émergent d'une rupture avec la légitimité théocratique du pouvoir, idée qui n'a acquis le statut d'évidence que grâce à l'indisponibilité d'une grande partie de textes fondateurs, a durablement occulté l'élément nouveau sans lequel il est difficile de comprendre l'histoire politique des siècles : le déplacement de la légitimation du domaine religieux à celui de la nature »

« La conséquence au niveau théorique en est que l'ethnologie se contente de décrire les variations culturelles dans la répartition du travail, productif ou éducatif, entre les sexes, mais ne s'est pas interrogée sur les rapports sociaux à l'oeuvre dans la mise en place des divisions dites « sexuelles » »

« La question sociale devient alors : « comment réduire la supériorité sociale des hommes, afin de réduire l'infériorité sociale des femmes ? », ce qui est question beaucoup plus dérangeante »

« le fait que le concept d'universel a souvent servi d'outil de répression n'invalide nullement l'idéal de promotion des valeurs, savoirs ou pratiques universels. … réfléchir à la possibilité de développer un concept de l'universel à même d'inclure le point de vue des dominés »

« Une « science située » peut ouvrir à une autre définition de l'objectivité et de l'universalité – définition qui inclut la passion, la critique, la solidarité et la responsabilité »

« La race et le sexe partagent en effet des caractéristiques sociales communes, à savoir l'alibi de la nature et l'« évidence » des apparences physiques…. »

Sommaire

Introduction : Pour en finir avec la nature (Delphine Gardey et Llana Lowy)

Première partie : Études féministes, Gender Studies, Questions d'ici et d'ailleurs
Au sujet des corps, des techniques et des féminismes (Nelly Oudshoorn)
Histoire d'une trajectoire de recherche. de la problématique « genre et sciences » au thème « langage et science » (Evelyn Fox Keller)
Chemins et problèmes de l'histoire des femmes en France (Michelle Perrot)
Les débuts de la critique féministe des sciences en France (1978-1988) (Jeanne Pfeiffer)

Deuxième partie : Les sciences humaines devant le sexe, la nature et le féminin
Naturalisation de la domination et pouvoir légitime dans la théorie politique classique (Eleni Varikas)
Les sexes et la « nature » chez les ethnologues et les ethnologisés (rappel historique) (Nicole-Claude Mathieu)
Sociologie contemporaine et re-naturalisation du féminin » (Anne-Marie Devreux)
Universalité de la science et connaissance « situées » (Ilana Löwy)

Troisième partie : le biologique, le social et le genre
Nature et homosexualité (Brigitte Lhomond)
Sexe, hérédité et pathologies (Jean-Christophe Coffin)
La bicatégorisation par sexe à « l'épreuve de la science » (Cynthia Kraus)

A l'heure où les participant-e-s de la mal-nommée « manif pour tous » veulent réduire certains droits aux seuls couples composés d'une « femme » et d'un « homme », « complémentaires en nature », des textes à (re)lire.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Penser la fabrication du féminin et du masculin, et le rôle des sciences dans cette affaire, c’est donc faire plus qu’une enquête descriptive sur des états variables des représentations proposées par les sciences. C’est rendre compte de l’historicité radicale des définitions de l’humain, pointer la place prise dans l’histoire occidentale par la construction de la binarité féminin/masculin comme processus de pensée dichotomique, ou encore signaler la puissance durable de l’opération qui consista à l’époque contemporaine à penser cette binarité sous la forme de l’altérité
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L’idée selon laquelle les principes politiques modernes émergent d’une rupture avec la légitimité théocratique du pouvoir, idée qui n’a acquis le statut d’évidence que grâce à l’indisponibilité d’une grande partie de textes fondateurs, a durablement occulté l’élément nouveau sans lequel il est difficile de comprendre l’histoire politique des siècles : le déplacement de la légitimation du domaine religieux à celui de la nature
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Le fait que le concept d’universel a souvent servi d’outil de répression n’invalide nullement l’idéal de promotion des valeurs, savoirs ou pratiques universels. … réfléchir à la possibilité de développer un concept de l’universel à même d’inclure le point de vue des dominés
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les faits scientifiques ne sont pas donnés objectivement, mais créés collectivement
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