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EAN : 9782707143709
434 pages
La Découverte (24/03/2004)
4.16/5   161 notes
Résumé :
« Ô muse, conte-moi l'aventure de l'inventif : celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d'usages, souffrant beaucoup d'angoisse dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins sans en pouvoir sauver un seul... »

Faut-il présenter ce "très vieux poème" ? La superbe traduction de Philippe Jaccottet fait revivre l'épopée d'Homère qui vient « à son lecteur ou, mieux peut-êtr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Platon a commenté l'Odyssée et des millions d'autres après lui et me voilà, moi, anonyme du XXI°siècle, devant ma feuille à vouloir dire le tourbillon qui m'a emportée sur le « dos énorme des eaux », car l'écriture homérique ne laisse personne sur le rivage. Mais, il faut commencer par le début car début il y a : l'école communale. C'est là que l'on rencontre Ulysse pour le première fois parmi des extraits choisis, des dessins, des chromos délavés, des films des années 70 avec la très belle Irène Papas en Pénélope… les années passent et sans avoir vraiment lu l'Odyssée on a l'impression de tout savoir. Chemine alors le sentiment que lire Homère sera différent mais en sera-t-on capable ? sera-t-on à même de saisir la beauté de 15 000 vers, de suivre XXIV chants ? Ce « plus grand chef d'oeuvre de la littérature » n'est-il pas réservé à l'élite helléniste ? ne doit-on pas se contenter d'extraits choisis ? Je peux vous le dire maintenant : non ! l'Odyssée c'est une expérience monumentale, captivant, poétique (évidemment), époustouflant, on entre dedans sans effraction la porte s'ouvre toute grand dès le premier vers « O muse, conte-moi l'aventure de l'Inventif ».
L'Odyssée c'est la source de tout notre imaginaire occidental, Pallas Athéna la déesse qui touche de sa baguette d'or (comme les fées) Ulysse, lequel se couvre d'une vieille peau de cerf pour n'être plus reconnaissable (comme peau d'âne), Pénélope qui attend avec ferveur 20 ans son époux (les romantiques allemands), Ulysse qui descendu aux enfers donne son sang aux morts pour réveiller leur vigueur (un peu de vampire là dedans…), c'est à l'avenant, la littérature occidentale ne serait pas ce qu'elle est et nous non plus si Homère n'avait pas écrit cela il y a 2700 ans !
La langue homérique n'est pas seulement poétique elle possède une puissance d'évocation qui provoque une succession d'images éblouissantes dans l'esprit, la mer déchaînée, le geyser de Charybe qui avale et recrache en morceaux les navires et les hommes. Epuisé de ces tempêtes, Ulysse qui s'endort sur la couche d'un « berceau d'oliviers emmêlés », les feuilles sèches constituent épais matelas et couverture protectrice, on entend le crissement des feuilles, on sent l'odeur de la végétation méditerranéenne, on écoute la mer. La nature est propre, des troupeaux gras paissent paisiblement dans les vastes prairies des plaines grecques. C'est vraiment beau. Les dieux sont accessibles puissants mais négociables. La violente est présente, les morts sont brutales, les vengeances terribles, les Dieux nous paraissent souvent injustes mais n'est pas ainsi que nous percevons la vie parfois tellement injuste et absurde à l'image des Dieux. Avant de conclure, je voudrais insister sur la qualité de la traduction, j'ai feuilleté plusieurs Odyssée, une mauvaise ou trop ancienne et vieillotte traduction peut anéantir toute cette magie. J'ai eu la chance de lire celle de Jaccottet, elle est parfaite pour nos esprits et notre siècle. Lire Homère c'est se relier à tous ceux qui avant nous l'on lu, c'est s'inscrire dans le monde et prendre sa place entre les humains vivants ou morts, peu importe.
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Homère. L'Odyssée

Première impression -la beauté du texte. Et encore, ce n'est qu'une traduction.
Puis – c'est la curiosité de « voir «  les hommes sans le masque de la moralité chrétienne, avec l'acceptation tranquille de la nature humaine gouvernée par les instincts primaires en toute la sauvagerie réelle : on est musclé et bête jeune, rusé et impuissant en vieillesse. On tue et blesse pour se faire craindre et obéir. Les sentiments ? Ulysse dit : « Je peux être désespéré et couvert de larmes, mais je me dois m'occuper de mon ventre s'il demande à manger. » Les dieux sont pareils aux hommes : ils se vengent, se jalousent, se rivalisent. Les femmes?Une affirmation d'Ulysse que le domaine de mots n'est pas leur domaine, m'impressionne : c'est fort. Pas seulement le domaine d'action appartient exclusivement aux hommes, mais aussi celui des mots. Elles parlent, oui, mais qui les écoute ? On les regarde, c'est vrai, lorsqu'elles sont belles, mais même alors…
Calypso est belle, elle est déesse, et elle promet à Ulysse l'immortalité, mais même alors, elle le retient seulement 7 ans. Il en a marre de la vie qu'elle lui assure – la vie de passion et de luxe, sans guerre, sans rivalités, sans aventures. Une vie de femme, en somme.
Pénélope est préférable parce qu'elle ne le gêne pas dans sa vie de roi et d'homme, de disposer des autres femmes qui le veulent toutes pour époux.
J'ai compris que la féroce tuerie des prétendants n'était pas du tout le résultat de la jalousie, de l'amour d'Ulysse pour Pénélope, mais une toute autre chose : Athéna a lui fait savoir du complot des prétendants. C'étaient des fils des petits rois qui, en épousant la femme du grand roi – Ulysse- gagnaient la demeure royale et le pouvoir sur toute l' Ithaque . le fait que cette femme ait l'âge de leurs mères ne les gênait pas : Pénélope a été belle dans sa jeunesse et gardait encore du charme.
Les prétendants ont décidé de tuer Ulysse s'il rentrait,et, en attendant, de tuer Télémaque.
Les sentiments de Pénélope ne les intéressaient nullement. C'est son affaire si elle aime plus que tout son fils unique et si elle préfère Ulysse aux jeunes rapaces arrogants.
Les sentiments d'Ulysse ?
Il n'hésite pas de vérifier d'abord, si sa femme lui était fidèle. Si non…Mais elle l'était, fidèle comme un chien heureux de revoir son maître.
Non, l'homme ne change pas avec des siècles.
L'histoire dans histoire , celle des Phéaciens, me fait sourire :
C'est une petite île prospère et paisible habitée par les gens doués en arts de chant et de danse, avec un roi bienveillant . Les richesses du pays font envie des voisins moins heureux, et Phéaciens possèdent une flotte puissante pour se défendre et pour ramener chez eux ceux qui arrivent de pénétrer, quand même, dans le pays. Zeus, dans sa sagesse, leur a imposé d'accepter , quand même, une certaine quantité des étrangers, mais Ils font seulement semblant d'obéir, et le dieu suprême , furieux, transforme l'un de leurs bateaux en roche. Est-ce que ça vous rappelle quelque chose ?
J'ai beaucoup aimé ce que Homère dit de la grâce. J'aime ce mot, qui ne signifie pour moi ni talent, ni charme, ni vulgaire sex-appeal : c'est un don spécial des dieux.
Voici le timide Télémaque qui traverse la grande salle de la demeure parentale remplie de prétendants qui festoient .Et alors Athéna lui jette sur les épaules le voile de la grâce. Et tous arrêtent de mastiquer et soudain voient ce jeune homme superbe, pareil aux immortels, le fils de roi Ulysse, le petit fils du héros Laerte, de la lignée de Zeus.
Chez les Russes on utilise encore l'expression « le poète par la grâce de dieu ».



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Que dire encore de l'histoire de "l'inventif", du "héros aux mille ruses" sinon que l'Odyssée est une oeuvre sur laquelle on ne cesse de revenir, oeuvre universelle avec un héros et des épreuves que narre un visionnaire aveugle avec toute la force de son imagination. "L'importance d'une oeuvre se mesure à sa postérité", écrit Pierre Bergounioux dans "Jusqu'à Faulkner" et l'Odyssée , premier récit écrit en vers et en vingt-quatre chants a inspiré toute la littérature qui a suivi jusqu'au "Ulysse" de Joyce, il y a un siècle seulement. C'est justement en parallèle à cette lecture que j'ai relu l'Odyssée dans cette traduction de Philippe Jaccottet, d'une rare fluidité, avec un rythme et des trouvailles comme seul un poète est capable de les produire. Cette édition est d'ailleurs largement annotée, quand il le faut, par le traducteur. Il s'adresse aux hellénistes (ce que je ne suis pas) mais tout le monde est renseigné sur l'origine du texte, sur les choix de traductions, sur les mots ou tournures inconnus avec lesquels il faut trouver une solution. Et puis, on lit un peu de grec, ça ne peut pas faire de mal!
Bien sûr si l'on considère le récit pur, on a déjà beaucoup des éléments qui vont servir les romanciers : le changement de voix d'abord. Ulysse conte ses hauts-faits chez Alcinoos, le prince Phéacien qui l'a hébergé après son naufrage. Il sort de sa captivité chez Calypso. Et c'est là qu'il déploie déjà une partie de son génie, de son humanité tout en flattant la nymphe :

"Pardonne-moi, royale nymphe! Je sais moi aussi
tout cela; je sais que la très sage Pénélope
n'offre aux regards ni ta beauté ni ta stature:
elle est mortelle, tu ignores l'âge et la mort.
Et néanmoins, j'espère, je désire à tout moment
Me retrouver chez moi et vivre l'heure du retour." (V, 215-220)


Un narrateur parallèle raconte le voyage de Télémaque, à la recherche de son père chez Nestor puis chez Ménélas. La quête du père est devenu un lieu commun de la littérature moderne aussi. Puis, la structure avec ses pauses et ses rebondissements, si le héros se repose sur les rivages qui l'accueillent, c'est pour mieux repartir et accomplir sa mission. Homère fait traîner Ulysse à Ithaque qui doit reconnaître les fidèles déguisé en mendiant crasseux, d'abord chez Eumée, le porcher puis dans sa propre maison, raillé par les prétendants, décrits comme de jeunes gommeux ambitieux. On peut dire que Homère ménage son suspense -comme dans un roman policier- et chaque insulte, chaque coup donné aux faibles prépare le sang bouillonnant du lecteur comme il prépare Ulysse à la vengeance. Quand elle arrive enfin au Chant XXII, on a presque honte d'éprouver une joie sadique à la description extrêmement réaliste du massacre des prétendants et d'Antinoos, le plus bravache, en particulier:

"Ulysse tira et le frappa de sa flèche à la gorge,
la pointe traversa de part en part la tendre nuque.
Il bascula, la coupe lui tomba des mains,
frappé d'un trait, un flot épais jaillit, par ses narines,
de sang humain; d'un mouvement brusque du pied
il renversa la table, les mets se répandirent par terre,
le pain, les viandes rôties furent souillées." (XXII, 15-21)

C'est ce qu'on appelle rendre gorge. Après s'être goinfré éhontément au détriment d'Ulysse, avoir convoité sa femme, avoir méprisé faibles et gueux, Antinoos -pense-t-on à ce stade du récit- est bien où il est. C'est bien fait pour lui! Et pour tous les autres, prétendants sangsues et servantes dévoyées.
L'Odyssée a une valeur morale, celle de la justice voulue par les dieux. Pour montrer encore si besoin était l'impact de l'Odyssée sur la littérature, on peut aussi penser aux contes. Les dieux sont soit hostiles à Ulysse soit l'aident de leur mieux. Poséidon lui en veut depuis la guerre de Troie et cherche à le faire périr en mer mais Pallas-Athéna lui vient en aide jusqu'au bout, changeant d'apparence, influant le destin du héros en ralentissant le temps ou en le conseillant sous la forme de Mentor. Il y a donc du fantastique et surtout du merveilleux dans l'Odyssée, comme dans les contes. On pourrait rajouter les monstres fabuleux (Cyclope, sirènes..), les êtres étranges (Lotophages, Circée…).
La lecture est elle-même une Odyssée. Il ne faut pas se perdre sur la carte. On suit Ulysse comme sur un GPS. Il vient d'aborder ici; il repart de là jusqu'au débarquement en Ithaque, il y a du mouvement marin, des pertes humaines , souvent dues à la cupidité des hommes.
On converse comme dans une pièce de théâtre. Souvent on a l'impression que le narrateur est une espèce de dieu qui tutoie les personnages : "Porcher Eumée, tu lui répondis ceci…". Il y a de tout pour créer un monde littéraire, tous les genres (épopée, poésie, théâtre, récit à suspense, conte moral…), seuls les deux derniers chants semblent un peu bâclés, selon Philippe Jaccottet et j'en suis assez d'accord.
Mais tout le reste est tellement inspiré, qu'on pardonne tout à Homère!

Et quand on a finit ce festin littéraire, on dit avec Athéna :

"Le jour descend déjà vers les ombres: c'est indécence
que de traîner même au festin des dieux : il faut partir." (III, 335-336)

ou avec Pénélope:

" Ne m'en veux pas, Ulysse, toi qui fus toujours le plus
sensé des hommes : les dieux nous ont élus pour le malheur,
nous enviant la douceur de rester auprès l'un de l'autre
pour goûter la jeunesse et atteindre le seuil de l'âge." (XXIII, 209-212)




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L'Odyssée, c'est ma petite madeleine à moi..

Je l'ai lue en trois versions, j'en ai traduit des chants entiers, je l'ai fait traduire à mon tour à un peloton de jeunes hellénistes pas si clairsemé que cela et tout fier de ce privilège de dinosaures. Je l'ai même jouée..pendant un an et demi, sous la houlette d'un prof de lettres extraordinaire, notre petite troupe de lycéens est partie en tournée sur les routes représenter l'Odyssée un peu partout en Belgique..

Moi Tarzan, toi Jane, moi Nausicaa, lui Ulysse...c'était aussi l'odyssée de mes premières amours...

Alors c'est dire si le jour -tardif- où j'ai découvert l'incroyable travail de Philippe Jacottet, ce grand poète que j'admirais tant, a été une nouvelle occasion de savourer ma petite madeleine préférée dans une tasse de thé nouvelle...

Enchantement! Tour de force! Force et envol lyrique de l'alexandrin en lieu et place de l'hexamètre dactylique! Rimes chantantes comme la cithare de l'aède!.. Ma prédilection pour la version de Bérard en a pris un coup..

Et le plus extraordinaire est que cela se lit comme une aventure haletante, sans que le ronron parfois redoutable dudit alexandrin ne nous endorme jamais..

Lisez, jusqu'à ce que l'Aurore-aux-doigts-de-rose vienne colorer votre fenêtre...
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L'Odyssée... tout le monde a été déjà entendu ce mot ; tout le monde connait Homère, au moins de nom ; tout le monde, cependant, ne sait pas à quel point ce chant est l'une des plus grandes figures de la littérature et que, en tant qu'oeuvre fondatrice de la littérature occidentale, il nous emmène là où très peu d'écrits lui ayant succédé parviennent à nous transporter...
L'Odyssée, c'est d'abord un nom, celui d'Ulysse, son "héros" principal, bien que ce dernier se détache nettement du héros épique. En Grec ancien, Ulysse se disait "Odusseus", d'où le terme Odyssée : finalement, le titre de ce long poème épique, c'est celui de son personnage. Pour autant, l'oeuvre n'est pas uniquement focalisée sur le roi d'Ithaque, vainqueur à Troie mais puni par Zeus pour avoir omis les offrandes, et plus tard par Poséidon pour avoir aveuglé Polyphème, son fils. L'Odyssée est un formidable poème qui nous raconte certes le retour d'Ulysse, mais cela sur huit chants seulement ; les seize autres relatent le voyage initial de Télémaque à la recherche de son père, et la reconquête de son trône par Ulysse, reconquête violente et qui clôt en beauté une oeuvre dont tout a été dit et dont pourtant l'on pourrait parler des heures durant.
Faire un résumé plus long serait inutile : on ne peut savourer l'Odyssée quand la lisant, et pourquoi pas en l'écoutant. Car, ne l'oublions pas, c'est un poème chanté, jamais écrit. L'aède Homère (inutile de s'appesantir sur la question homérique ici, des spécialistes le font déjà assez bien, nous emploierons donc le patronyme Homère pour désigner le ou les auteur(s) de l'épopée) l'a chanté, accompagné de sa lyre, éclairé et mû par une inspiration tout droit venue de la Muse. C'est d'ailleurs ainsi que commence le poème épique qui compte quelques 12 000 hexamètres dactyliques (essentiels à la rythmique dans l'épopée) : "Ô Muse, raconte moi l'aventure de l'Inventif". L'aède appelle la Muse pour lui donner le chant, l'inspiration. Et dès lors, Homère nous narre l'Odyssée, que ce soit au travers de sa propre voix ou en faisant intervenir d'autres personnages, jusqu'à procéder à la plus vertigineuse mise en abîme jamais vue : c'est Ulysse lui-même qui raconte son périple aux Phéaciens, après avoir été dûment accueilli selon le rite primordial de l'hospitalité, n'hésitant pas à glorifier ses exploits, ce qui n'est pas sans nous faire douter, un instant, de la véracité de ses propos.
Mais là n'est pas la question. L'Odyssée est une oeuvre complète : intelligente, car elle met en avant des aspects et des réflexions sur la condition humaine et sur la société démocratique qui allait bientôt naître en Grèce ; magnifique, car en tant qu'épopée on ne se lassera jamais des aventures emplies de douceur, de sauvagerie, de mystère (comment ne pas succomber au chant des Sirènes dans toute son ambiguïté ?) qui y sont narrées ; le poème épique est surtout une véritable ode à la vie, la preuve d'un poète mature qui assume la simplicité de la condition humaine. La confrontation à la mort, le parcours initiatique formé par le voyage, le milieu marin, les figures féminines, la duplicité du héros capable de trahison autant que de fidélité, tout se rejoint et transforme les valeurs guerrières et épiques de l'Iliade, et dès lors celles-ci deviennent des valeurs de vie, où Ulysse accepte sa condition de mortel. le voyage annoncé par Tirésias lors du magnifique passage aux Enfers (nekuia) est, avec le témoignage d'Achille, l'élément clef de cette idée omniprésente dans l'Odyssée : précurseur du roman, cette épopée est une révolution, qui ne cesse de nous rappeler que c'est dans la simplicité de notre condition humaine qu'il faut trouver la sérénité, et que dès lors la mort, si elle est inévitable et dans tous les cas effroyable (la mort glorieuse n'existe plus, car comme le dit Achille, régner entre les ombres revient à ne pas régner), doit être acceptée pour tout être humain.
Oeuvre mythique, magique, envoûtante, extraordinaire, et surtout particulièrement belle, l'Odyssée est l'une des plus grandes oeuvres littéraires jamais conçues. La lire revient à s'immiscer au plus profond de nous-mêmes, et à découvrir, sinon un miracle, du moins un chef-d'oeuvre de la Littérature occidentale. Tout simplement.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Car le divin Ulysse en cette terre n'est pas mort
il est encore vivant, mais captif de la vaste mer,
dans une île des eaux, des brutes l'ont entre leurs mains,
des sauvages contre son gré qui le retiennent.
Écoute donc la prédiction qu'on inspirée
à mon âme les dieux, et qui, je crois, s'avèrera,
bien que je ne sois point prophète ou devin des oiseaux :
Ulysse ne restera plus longtemps loin du domaine
de ses pères, fût-il lié par des chaînes de fer :
habile comme il est, il saura bien nous revenir.
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Le Roi des hommes et des dieux prit alors la parole
(il pensait, dans son âme, au noble Egisthe
que tua le fameux Oreste, fils d'Agamemnon) ;
tout à ce souvenir, il dit ces paroles ailées :
"Hélas ! voyez comment les mortels vont juger les dieux !
C'est de nous que viendraient tous les malheurs,
alors qu'eux-mêmes
par leur propre fureur outrant le sort se les attirent,
ainsi qu'on vit Egisthe outrant le sort prendre à l'Atride
se femme légitime, et le tuer à son retour,
sachant la mort qui l'attendait, puisque nous l'avons prévenu
par l'entremise du Veilleur éblouissant, Hermès,
de ne pas le tuer, de ne pas rechercher sa femme !
Car Oreste viendrait lui en faire payer le prix
dès qu'il aurait grandi et désirerait sa patrie...
Ainsi parla Hermès, bienveillant, sans persuader
les entrailles d'Egisthe : et maintenant, quel prix il a payé !"

(Chant I)
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Et tel aura été le rêve, utopique, de cette traduction, défectueuse comme toute traduction : que le texte vienne à son lecteur ou, mieux peut-être, à son auditeur un peu comme viennent à la rencontre du voyageur ces statues ou ces colonnes lumineuses dans l'air cristallin de la Grèce, surtout quand elles le surprennent sans qu'il y soit préparé ; mais, même quand il s'y attend, elles le surprennent, tant elles viennent de loin, parlent de loin, encore qu'on les touche du doigt. Elles demeurent distantes, mais la distance d'elles à nous est aussi un lien radieux.

***

Il y aura eu d'abord pour nous comme une fraîcheur d'eau au creux de la main. Après quoi on est libre de commenter à l'infini, si l'on veut.

Philippe Jaccottet
Novembre 1981

P.7
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Et la mer à la ronde roule son bruit de crânes sur les grèves...

Saint-John Perse

P.455 Des lieux et des hommes, par François Hartog
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Malheureuse ! pourquoi me poursuis-tu de ta rancœur ?
C'est sans doute que je suis sale et mal vêtu,
que je mendie par le pays : mais la nécessité m'y force.
C'est là le sort commun des mendiants et des vagabonds.
Car moi aussi j'ai habité heureux parmi les hommes
une riche maison, et je donnais souvent ainsi
aux vagabonds, sans demander leur nom ni leurs besoin ;
j'avais des serviteurs per milliers, et toutes ces choses
par quoi les hommes vivent bien et sont appelés riches.
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Vidéo de  Homère
HOMÈRE — L'idéal héroïque de l'Iliade selon Jean-Pierre Vernant (France Culture, 1981) L'émission des "Chemins de la connaissance", par Marie-France Rivière, diffusée le 9 janvier 1981 sur France Culture. Présence : Jean-Pierre Vernant.
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