L'Opéra de Charles Garnier

Alors que se prépare le 350e anniversaire de l'Opéra de Paris, les Éditions du patrimoine consacrent une monographie richement illustrée au chef-d'oeuvre de Charles Garnier (1825-1898). Écrit par Gérard Fontaine, spécialiste de l'opéra, l'ouvrage entraîne le lecteur à la découverte de ce dédale de marbre et de bronze, oeuvre d'art total si familière au regard des Parisiens. Guidé par un habitué des lieux, le lecteur empruntera les différentes entrées de l'édifice, de celle bien connue du public ouvrant sur le grand vestibule à la rotonde des Abonnés, en passant par l'accès initialement prévu pour le chef de l'État. L'un des grands mérites de l'ouvrage est d'identifier avec précision la foule de statues, bustes et peintures qui peuple les lieux, des vingt danseuses de Gustave Boulanger veillant sur la voussure dorée du foyer de la Danse à la Pythie tapie au coeur de sa grotte sous la volée centrale du grand escalier, jusqu'à l'Apollon d'Aimé Millet qui, brandissant sa lyre, couronne l'édifice. Les plus curieux tenteront même en suivant les indications de l'auteur de repérer les effigies de l'architecte dissimulées dans le décor. Un chapitre explore l'extraordinaire profusion de matières déployées par la palette de Garnier, détaillant notamment les plus de cinquante nuances de marbres qui habillent l'édifice. Chef-d'oeuvre niché au coeur du chef-d'oeuvre, le grand escalier occupe bien sûr ici une place de choix, lui qui pour Charles Garnier constitue le coeur véritable de « son » théâtre. L'architecte s'y fait le démiurge d'un « opéra des opéras ».

Par Olivier Paze-Mazzi, critique parue dans L'Objet d'Art 552, janvier 2019