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EAN : 9782757858417
136 pages
Points (14/04/2016)
3.64/5   76 notes
Résumé :
L'Ouzbek muet et autres histoires clandestines Il était une fois, dans les années 60 du siècle dernier, des pays où la politique occupait une place primordiale dans la vie des jeunes gens. Au Chili comme ailleurs, le langage était codé et les slogans définitifs. Mais on est très sérieux quand on a dix-sept ans à Santiago du Chili et qu'on s'attaque au capitalisme avec un succès mitigé. On peut monter une opération contre une banque pour financer une école et utilise... >Voir plus
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Encore un très beau recueil de Sepulveda. Mi-amusées, mi-tragiques, ces quelques courtes nouvelles ont en commun le militantisme armé ou non face à une dictature qui ressemble toujours à celle de Pinochet même quand elle sévit en dehors du Chili... Mention spéciale pour "Moustik" qui plante, au milieu de tous ces guerilleros plus ou moins amateurs, une fleur d'amour tendre et fugace.
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L'écrivain chilien Luis Sepúlveda nous livre un recueil de neuf nouvelles dont le point commun est de faire intervenir de jeunes militants communistes. Si le recueil parait en 2015, les récits se situent, eux vers la fin des années 1960 et le début des années 1970, du temps de la jeunesse de l'auteur.


On y savoure donc les anecdotes de cette "jeunesse rouge", qui fait preuve d'une grande ferveur dans ses idées politiques et de beaucoup d'amateurisme dans ses actions. Les récits sont souvent drôles, parfois touchants mais le ton reste globalement léger dans ce livre. Ici, pas de lutte meurtrière, de dilemmes moraux ni d'atrocités. Les héros sont sympathiques et profondément humains, s'ils sont parfois moqués, c'est avec tendresse et bienveillance. On plastique un bâtiment américain ou on braque une banque comme on va au cinéma ou au café entre amis, on pénètre dans l'ambassade de Corée du Nord ou on court après un condor dans tout Santiago. Dans la nouvelle l'Ouzbek muet qui donne son titre au recueil, on suit un jeune étudiant chilien rêvant des jeunes filles de Prague et se retrouvant coincé dans une faculté austère de Tachkent en Ouzbékistan. Enfin, outres ces histoires cocasses, on retrouve trois récits avec une teinte un peu plus sombre : « le dernier combat de Pepe Södertälje », « le déserteur » et « Moustik » qui est pour moi la nouvelle la plus réussie du recueil et qui trouve un chemin de crête entre humour et mélancolie.


Voilà donc des nouvelles plutôt plaisantes accompagnées d'une tendre nostalgie. Des anecdotes divertissantes et aisées à lire mais que j'ai néanmoins trouvées globalement assez oubliables.
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L'auteur dédie son livre à ses "camarades militantes et militants" avec qui il a partagé le beau rêve "d'être jeunes sans en demander la permission". En ces années 70 être jeune au Chili c'était pour Sépúlveda et ses amis s'engager aux côtés d'Allende pour construire un monde meilleur. C'est vite devenu une cause dangereuse et même pouvant s'avérer mortelle après le putsch fasciste de 1973.
Voilà donc quelques histoires de ce temps-là, des aventures parfois cocasses mais toujours sincères, des faits d'armes glorieux ou non, toujours généreux, vécus par ces militants des années de plomb du Chili, que l'auteur nous raconte avec son ton inimitable, empli de nostalgie, d'ironie et de tendresse pour ces vaincus magnifiques, nous offrant une fois de plus, une superbe leçon de vie.
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Ce livre regroupe 9 nouvelles tantôt bourrées d'humour, tantôt bien tristes mais toujours poignantes tant le talent de conteur de Luis Sepùlveda est grand.

Le soldat Tchapaïev à Santiago du Chili:
J'ai adoré cette nouvelle qui nous raconte la mésaventures d'adolescents révolutionnaires et leur tentative d'attentat.

L'ouzbek muet:
Ou comment voyager en Union soviétique sans se faire contrôler. Excellent.

Blue Velvet :
Encore une belle histoire de révolutionnaires braqueurs de banque idéalistes comme l'auteur sait les raconter.

Moustik :
Une autre histoire de redistribution des richesses qui se termine avec une grande sensibilité.

Le dernier combat de pépé Södertaje :
L'histoire la plus triste du livre qui montre toute la sensibilité et l'humanité de l'auteur.

Le dispositif merveilleux:
Encore une histoire de révolutionnaires au grand coeur qui pendant leur action doivent partir à la recherche de lait en poudre et de tétines pour un bébé qui pleure.
On ne peut s'empêcher de sourire.

Année 59 Doutché:
Quand le chili rencontre la Corée du Nord. Excellent final.

L'autre mort du Ché :
Ou comment un oisillon condor aurait pu mettre à mal les relations diplomatiques entre le Chili et Cuba.
Situations cocasses au rendez-vous de cette histoire peu banale.

Le déserteur:
Dernière nouvelle du livre. Ici pas d'humour mais une tragédie qui se joue en Bolivie autour de l'exécution de Che Gévara.

Au final un très bon moment de lecture.
Que de regrets de savoir que Luis Sepùlveda est décédé et ne pourra plus nous faire partager ses histoires .


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Dans ce court recueil de nouvelles, Luis Sepulveda nous plonge dans le militantisme armé socialiste et communiste latino-américain des années 60-70.

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles qui ont fait naître toute une galerie de portraits de personnages attachants et sincères et d'histoires cocasses. Je retiendrai le ton à la fois doux et railleur, empreint d'une nostalgie certaine qui s'attache aux mouvements d'avant la dictature, et qui se cristallise dans le discours dogmatique des jeunesses communistes ou dans leurs actions au succès mitigé et aux buts généreux. La nouvelle de l'Ouzbek muet est représentative de cet esprit et m'a beaucoup amusé.

Lorsque les nouvelles s'attachent à des combattants plus endurcis (sandinistes, armée international de libération de Simon Bolivar), le ton devient plus mélancolique et la dureté de la répression se fait sentir par petites touches et tout en pudeur. A ce titre, la nouvelle “le dernier combat de Pepe Söndertjalé” m'a touchée et m'a semblé emblématique.

L'ensemble du recueil forme un kaléidoscope de portraits qui font revivre tout un pan de l'histoire et de la société latino-américaine pour notre plus grand plaisir.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Che, le condor chilien, cubain et argentin fut lâché sur les flancs de la cordillère à Yerba Loca, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Santiago. Avant de le laisser s'envoler, on l'équipa d'un émetteur afin de connaître ses déplacements et, avec ses sept camarades, il déploya ses puissantes ailes, courut et s'éleva jusqu'aux cimes entourant le Cajón del Maipo. Che planait, porté par les courants d'air dans le silence solennel du ciel. Son vol était le symbole de l'Amérique latine, la liberté sans limite ni frontières, le défi d'un continent qui peut voler avec pour seule force le courage de le faire.
Il vola librement pendant presque un an jusqu'au jour où son importante silhouette se trouva dans la ligne de mire d'un lâche, d'un misérable plein d'alcool et de haine envers ce que Che symbolisait, tout comme en 1967 quand Mario Terán, un autre lâche, ivre de haine, pointa son fusil sur l'autre Che, le commandant Ernesto Che Guevara, emprisonné et blessé dans une petite école de La Higuera, en Bolivie, au cœur de l'Amérique latine. Il utilisa son arme méprisable et le vol de Che se brisa dans le ciel infini des Andes.
Che, le condor chilien, cubain et argentin fut assassiné le 20 août 2002 . Certes, il reste un énorme vide dans le ciel, il nous manque quelque chose et c'est douloureux, mais son vol n'a pas de fin, il continue de planer dans les hauteurs comme la fière vigie du destin latino-américain, car un être du nom de Che peut tomber mille fois, il se relève mille autres fois et vole, vole toujours, toujours, toujours.
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La vie a continué, plus complexe mais moins belle.
Un jour de décembre 1973, quelques mois après le coup d'Etat, el Chino a été tué. Alors Moustik a craqué. Un big bang interne qu'elle était la seule à sentir l'a poussée dans une direction incertaine comme le mouvement du cosmos dont on ne sait s'il va ou vient.
Des prothèses ont remplacé le mot vie. Elle s’est appelée terreur, prison, torture, exil, adieux, lettres de plus en plus espacées, photos regardées en silence.
Au cours de cette vie, Moustik a décidé un jour de revenir à ce qui était perdu, elle est entrée dans la machine du temps et s’est mise à parcourir les maisons des camarades mais les maisons et les camarades n’étaient plus là, les cafés fréquentés par les camarades mais les cafés et les camarades avaient disparu, les lieux où chantaient les camarades mais elle ne trouva que poussières de voix et guitares mortes.
Un jour, l’univers s’est arrêté, lassé de pousser des galaxies, et tout s’est immobilisé. Moustik est alors restée à regarder sans voir, sans sentir les mains qui caressaient sa longue chevelure, insensible au souvenir brûlant et préservée de l’oubli glacé.
Jusqu’à la fin précoce de sa vie, son unique geste consistait à montrer ses mains ouvertes comme pour soutenir encore le corps fragile des belles années, des dures années, des années heureuses.
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D'après ce que nous avons compris, la méthode Djoutché enseignait, semble-t-il, que les hommes étaient les seuls responsables de leur destin et que, pour être heureux, il fallait en finir avec les différences de classe, avec les classes, afin de construire une société où le Leader Bien-Aimé serait au sommet, viendrait ensuite l'armée populaire chargée de défendre la souveraineté et la liberté du peuple et, finalement, le peuple travaillant dans la joie sous la direction du Leader Bien-Aimé.
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On l'a toujours appelée Moustik et elle était belle. Elle trouvait ce surnom contradictoire car elle était grande, d'une taille au-dessus de la moyenne des Chiliennes du peuple. De plus, elle était altière, insolente, téméraire. Elle affirmait qu'elle était exactement une de ces bestioles avec du poil sur le dos, une trompe et cinq mille yeux qui voyaient tout.
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Dans le pays de l'égalité, certains étaient plus égaux que d'autres. Les étudiants des deux universités percevaient tous la même bourse mensuelle de 90 roubles mais ceux de la Lomonossov recevaient en plus des vêtements, des livres, de la culture, des repas et des hébergements de premier choix. Par contre, les lumumbistes devaient tout acheter avec la même somme en tirant la ficelle et en traficotant avec tout ce qui leur tombait entre les mains.
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