Le narrateur nous conte sa vie. Devant un micro, car il n'a jamais pu lire ni écrire, pas parce qu'il n'est pas intelligent, il le serait peut être même plus que la moyenne. Les médecin appellent cela alexie, cette incapacité spécifique à l'apprentissage de la lecture. Mais notre narrateur n'a pas la même analyse et considère que n'avoir pas appris à lire est une chance. Même s'il n'a pas appris à lire, il adore la littérature. Son grand-père dans son enfance lui a racontée énormément de livres, et plus tard il apprécie qu'on lui fasse la lecture, et comme sa mémoire fabuleuse lui permet de retenir, il peut raconter dans les moindres détails tous ces livres. Mais le livre qui l'a vraiment marqué est un livre sans texte, c'est la fameuse Bible de Gustave Doré qu'il a découvert presque à la naissance et qu'il a exploré jusqu'à ce que le livre lui soit ôté.
Une lecture pas déplaisante, mais j'ai la sensation que d'ici quelques mois je ne m'en souviendrai absolument plus. Je n'ai pas véritablement été touchée par ce personnage, ce qu'il avait à nous dire ne m'a jamais vraiment surpris. La lettre du père, était prévisible au possible, comme si on avait pas immédiatement compris que le problème se situait là. Il y a quand même des passages plutôt bien écrits qui ont fait que je n'ai pas eu envie d'abandonner la lecture, mais cela ne me donne pas vraiment envie de continuer d'explorer l'univers de l'auteur. Trop peu de contenu pour moi, uniquement de l'émouvant, ou supposé tel pour essayer de déclencher chez le lecteur la fibre compassionelle. Enfin c'est comme cela que je l'ai ressenti.
Commenter  J’apprécie         40
C'est mon devoir, dis-je avec cette certitude absolue, candide et enfantine qui m'a caractérisé toute ma vie. Dans la mémoire, tout doit exister, c'est là que nous existons nous-mêmes. Rien ne doit manquer, tout doit être stocké dans l'écorce cérébrale. Je me souviens par exemple de la couleur verte des chaussettes en laine de grand-père, il les portait dans ses bottes en cuir. Et de l'odeur de l'haleine de Petterson du Réconfort, métayer de la couronne. Sans parler du toucher soyeux de la blague à tabac de grand-père. Tout, je me souviens de tout, c'est là que j'existe.
Il n'y a pas une ligne ni un personnage que je n'aie étudié. Les vagues sur la mer où Jésus marchait. Les mamelons de la Samaritaine sous son habit de lin. La tête d'Holopherne. La corde qui tient le brigand crucifié. L'épée à la main de Dieu quand il fait périr le serpent. J'ai consacré ma vie à Gustave Doré. Je vois le monde à travers ses yeux. En toute chose, je perçois son empreinte. Si on n'arrive pas à croire en Doré, c'est qu'on n'a pas la capacité de croire.
Oui, a-t-il dit. Ce paysage est d'une beauté saisissante.
Je ne dirais pas saisissante, ai-je dit. Plutôt quotidienne et supportable. La beauté saisissante, ça fait partie de ce qui nous rend désespérés.