Petit recueil de vingt deux textes où lettres de romanciers, hommes politiques, philosophes dont certains seront de vrais anarchistes.
La plupart de ces textes auront été écrits entre la Révolution Française et la période de la Commune de Paris.
Ce petit livre, moins de cent pages, qui ravive la pensée libertaire et révolutionnaire, est " malheureusement " pour une grande partie des écrits toujours d'actualité.
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« L'anarchisme est l'affirmation de la liberté, dans sa forme ultime, forme que l'individu ne saurait atteindre que dans un monde déserté par l'Etat, comme tout autre système administratif centralisé qu'il faut s'efforcer de détruire par tous les moyens. » C'est selon cette définition que Christophe Verselle, professeur de philosophie et d'éducation civique, a choisi les vingt-deux extraits de textes qui composent son anthologie.
Chaque écrit permet de mettre en relief un aspect bien précis de l'anarchisme. L'extrait de Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres permet par exemple, dès les premières pages, de revenir sur la vie de Diogène de Sinope qui, s'il n'est pas anarchiste, en inspira beaucoup. Le cynique de l'antiquité affirme effectivement vivre en-dehors des conventions selon sa raison et sa propre nature.
Un autre extrait – comme celui du Contrat social de Rousseau – met en avant l'idée d'une « égalité absolue entre tous les hommes, laquelle rend illégitime toute prétention à introduire une quelconque forme de hiérarchie dans leurs rapports ». Le philosophe des Lumières s'oppose notamment à l'esclavage dans le texte en question.
Enfin, tous les anarchistes sont révolutionnaires dans la mesure où ils prônent la destruction des gouvernements. Certains sont tout de même plus pacifiques que d'autres. Là où Etienne de la Boétie recommande la désobéissance civile dans son Discours de la servitude, Eugène Pottier, auteur de L'Internationale, parle ouvertement d'un « 93 ouvrier » en référence à la mort de Louis XVI.
En bref, chaque texte s'emploie à déconstruire, critiquer et accuser les structures de domination – de la religion à la politique (« ni Dieu, ni Maître ») – dans un registre plus ou moins violent et provocateur. Cette anthologie est une bonne introduction à l'anarchisme et permet de piocher de futures lectures sur le même sujet dans une sélection de grande qualité.
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Voter, c'est se choisir un maître.
Voter, c'est permettre à certains hommes de se sentir au-dessus des lois puisque ce sont les élus qui les font.
Voter, c'est évoquer la trahison. Le fougueux démocrate n'apprend-il pas à courber l'échine quand le banquier daigne l'inviter à son bureau...
Elisée Reclus , Octobre 1885.
"Le chien "
Il s'agit du surnom que Diogène s'attribuait. La légende prétend qu'il s'en serait expliqué ainsi devant Alexandre le Grand qui lui demanda son nom après s'être présenté lui-même comme un souverain puissant : "Et moi je suis Diogène le chien parce que je caresse ceux qui me donnent, j'aboie contre ceux qui ne me donnent pas, et je mords ceux qui sont méchants. "
Mais ce qui constitue le péril politique le plus fort en raison de son caractère insidieux, c’est surtout la propension des individus à s’abandonner à ceux qui leur permettent de vivre dans la sécurité et le bien-être matériel, quitte à y sacrifier docilement leurs libertés. De proche en proche, ce double soucis peut en effet se payer du désengagement citoyen consistant à laisser à l’État un pouvoir de plus en plus important. Ainsi, la démocratie qui semble pourtant conjurer définitivement le risque du despotisme, peut indirectement y substituer un absolutisme doux et feutré, dont la seule consolation serait le paradoxe d’avoir choisi nous-mêmes nos tuteurs par les urnes.
[ La religion ]
Mais croyez-vous que les terribles ravages qu'elle a causés dans les temps passés, et qu'elle causera dans les temps à venir, soient suffisamment compensés par ces gueunilleux avantages-là ? Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue la plus violente antipathie entre les nations [...] Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue, dans la même contrée, des divisions qui se sont rarement éteintes sans effusion de sang. Notre histoire ne nous en offre que de trop récentes et de trop funestes exemples. Songez qu'elle créé et qu'elle perpétue, dans la société entre les citoyens, et dans la famille entre les proches, les haines les plus fortes et les plus constantes [...]
Denis Diderot - Entretien d'un philosophe avec la maréchale ***
Un jour, quelqu'un le fit entrer dans une maison richement meublée, et lui dit : " Surtout ne crache pas par terre." Diogène lui lança son crachat au visage, en lui criant que c'était le seul endroit sale qu'il eût trouvé et où il pût le faire.