Je termine sur une belle note la lecture des bandes dessinées de la Bicyclette rouge. le troisième tome m'avait un peu déçu mais le quatrième et dernier, «… et, de nouveau, le printemps», a ravivé quelque peu mon intérêt. Et la principale raison, c'est le «retour» du facteur. Ce jeune était toujours là mais, dans les dernières aventures, il me semblait effacé. Là, il joue à nouveau un rôle de premier plan : le lien qui unit les différents habitants du village de Yahwari qu'on a appris à connaître, à apprécier et même à aimer. Leurs anecdotes et leurs petits travers adorables, elles sont mises en valeurs par le facteur qui sait en rire tendrement. Conséquemment, il ne se passe pas grand chose et c'est bien ainsi. On ne peut pas toujours lire des drames !
À part ça, l'employé des postes s'occupe de son petit monde comme pas un en rendant de menus services allant d'aider de vieux couples à se réconcilier à tenir compagnie à un veuf, même jusqu'à payer la facture d'électricité d'une dame âgée démunie. Surtout, il dispense quelques bons mots philosophiques (mais qui relèvent plus du bon sens que des questions métaphysiques) ou bien pousse la chansonnette. Plutôt, se fait le chantre de la nature en livrant sa poésie à tout vent. Il n'y a que du positif qui ressort de ce manhwa.
Au fil des albums, les dessins se ressemblent mais évoluent aussi. Dans ce dernier tome, je leur trouvais des airs de dessins animés. Tant au niveau du style que des couleurs. Et c'est une qualité. J'arrivais à faire les liens entre les cases et à imaginer le tout en mouvement, ça me faisait penser à ces «vieux» animés japonais que j'écoutais quand j'étais petit. Ça clôt merveilleusement bien une excellente série.
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J'ai retrouvé mon facteur préféré avec plaisir. Beaucoup de poésie, de douceur et de malice pour évoquer l'isolement des anciens dans un petit village coréen.
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Un quatrième et dernier tome tout aussi beau, bienveillant et poétique que les autres. Une pépite !
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- Alors, Quand le printemps viendra-t-il?
- Il y a quelques jours, le ruisseau était complètement gelé mais aujourd'hui je sens qu'il y a un écoulement timide en dessous de la glace. C'est comme le battement de cœur d'un petit poussin. Quand le bruit sera tel le souffle d'un chiot endormi, le printemps s'installera définitivement.
Je pense que la campagne nous apprend plus de choses.
Les fleurs des champs nous apprennent le mystère de la vie ; les semailles nous apprennent les joies du travail ; donner à manger aux boeufs et aux cochons, cela nous apprend à aider les autres... Les feuilles mortes nous apprennent la patience d'attendre les jeunes pousses qui seront là au printemps suivant...
Il n'y a pas de meilleur professeur que toute cette nature... C'est pourquoi il n'y a pas de meilleure école que la campagne...
Lire, écrire, compter... tout ce que j'enseigne en classe est un petit plus par rapport à tout ce que la nature nous apprend...
p. 112 et 113
Quand le printemps revient...
- Qu'est-ce que tu regardes ? Il n'y a pourtant rien dans les champs.
- Le monde est devenu une photo en noir et blanc.
- A mes yeux, c'est plutôt le dessin qu'un peintre a fait au crayon.
- Les arbres du verger sont complètement dépouillés maintenant. Mais ils ont été recouverts de fleurs roses en mars. Regarde la colline là-bas. Elle a été recouverte de la couleur jaune du colza en juin... Si on regarde ces arbres et ces champs maintenant, qui peut croire que les fleurs s'y épanouiront ?
- Les bords des champs et des rizières étaient pleins de violettes et de pissenlits.
- J'attends avec impatience que la saison des fleurs revienne vite...
- Ça ne va pas tarder. Si ce paysage était une photo en noir et blanc, on dirait que le photographe s'est absenté un moment pour aller acheter des pellicules... Si ce paysage était un dessin, on dirait que le peintre s'est absenté un petit moment pour aller acheter des couleurs...
- Ils sont sur la route du retour maintenant ?
- Ils doivent passer derrière cette montagne pour revenir...
- Mais il leur faut un peu plus de temps pour revenir par le chemin car il est bien sinueux.
- Quand ils seront de retour, nous serons plus occupés qu'eux.
- En effet, nous devrons peindre les champs et les rizières en vert, pendant que le photographe et le peintre s'occuperont des fleurs roses et jaunes.
- Et nous dessinerons une ou deux rides sur nos têtes !
Le Pot magique
- Que faites-vous au bord du champ ?
- Ce n'est qu'un simple champ pour toi ?
- Hein ?
- C'est un pot magique.
- Vous l'avez enterré dans le champ ?
- Tu ne comprends rien. Il y a tout dans le champ. Il nous a donné l'argent pour éduquer mes enfants et pour fêter les soixante ans de ma femme. Il nous donne tout ce dont nous avons besoin. C'est donc un vrai pot magique, tu vois !
- Euh... Oui, vous avez raison. Je pensais que ce n'était qu'un champ en pente. Cette année, que voulez-vous sortir de votre pot magique ?
- Un avion et un éléphant.
- Un avion et un éléphant ?
- Oui, tu sais très bien que ma femme est comme un enfant. Chaque fois qu'elle voit un éléphant à la télé, elle me dit qu'elle aimerait le monter. Si je veux qu'elle réalise son rêve, il faut aller en Thaïlande en avion, n'est-ce pas ? Espérons qu'il pleuvra assez souvent et que le typhon ne passera pas ici cette année... Pour voir ma femme heureuse sur le dos de l'éléphant.
J'admire l'attitude de l'ancêtre qui voit sa vie de paysan avec autant d'innocence et de gratitude, malgré la pénibilité du travail au champ.
Le Poêle dans une lettre
- Pourquoi êtes-vous dehors ? Vous n'avez pas froid ?
- Mais toi, que fais-tu dehors un jour aussi froid qu'aujourd'hui ?
- C'est mon métier. Je fais ma tournée au printemps, en été, en automne et en hiver.
- En effet, le changement de saison n'est pas important pour toi. Pour les paysans, chaque saison nous fait goûter son propre plaisir. Nos mains qui cultivent la terre connaissent le mieux ces plaisirs. Une petite graine printanière et une grosse pastèque d'été donnent une sensation différente ! Mais toi, tu distribue des lettres qui ne changent pas selon la saison.
- Vous croyez que ce n'est qu'une simple lettre ?
- Tu distribue également des cartes postales.
- On peut trouver la télévision dans une lettre.
- Tu parles d'une télé en papier ? Arrête de dire des bêtises. Comment est-ce possible qu'elle soit là-dedans !
- La lettre raconte des histoires heureuses ou tristes comme un feuilleton télé. On peut aussi trouver un poêle dans une lettre.
- Montre-moi !
- Quand on lit la lettre, on se sent enveloppé d'une douce chaleur. Ce n'est pas tout. Une lettre peut contenir plein d'étoiles.
- Peuh... J'ai déjà entendu dire qu'on pouvait trouver la lune dans un lac. Mais je n'ai jamais entendu dire qu'il y avait des étoiles dans une enveloppe.
- On regarde la nuit étoilée en pensant à celui qui nous manque. Mais on peut le voir et le sentir à travers sa lettre, les étoiles nous aidant à s'en souvenir.
- Tu n'as pas de courrier pour moi ?
- Euh...
- C'EST QUOI, CA ! Des factures d'électricité, de gaz et de téléphone, un rappel de remboursement... Ce n'est pas du tout des étoiles dans le ciel !
- Il arrive parfois que les lettres contiennent nos ennemis et nous donnent de mauvaises nouvelles !
Trailer du coffret des quatre volume de "La bicyclette rouge"