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EAN : 9782070448043
128 pages
Gallimard (20/09/2012)
3.38/5   20 notes
Résumé :
Caimei, parce qu'elle souffre d'une tumeur qui la défigure, vient de perdre son emploi de servante. Lombric, papi Dong, Bottes-de-cheval et Shunshun pourront-ils l'aider à réunir la somme exorbitante nécessaire pour son opération ?

Une femme reconnaît dans le chauffeur de taxi qui la conduit à l'aéroport l'homme qu'elle a aimé vingt ans plus tôt pendant la Révolution culturelle. Le temps du trajet, entre frustration et nostalgie, elle se rappelle.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Pékin. Deux courtes nouvelles relatant une tranche de la vie de deux femmes. Histoires brèves que l'on prend en cours de route et dont on ne connaîtra pas la fin.
Agréable moment de lecture. Pas grand-chose à en dire de plus.
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Livre lu dans le cadre du challenge ABC 2012-2013.

Ce roman est composé de deux nouvelles : « La Cendrillon du canal » et « Poisson à face humaine ».

La première raconte l'histoire d'une jeune campagnarde de 18 ans atteinte d'une tumeur au visage. Cette jeune femme travaille comme femme de ménage chez différentes familles de façon à pouvoir rester vivre à Pékin.

Malheureusement, petit à petit, toutes les familles soldent son compte car elles ne veulent pas d'une jeune femme malade comme servante. Les frais d'hospitalisation étant chers, personne ne peut l'aider et la renvoie :-( Autre civilisation, autres moeurs :-(

Ses amis essaient de lui remonter le moral à leur manière car beaucoup sont comme elle à survivre grâce à des petits boulots pour pouvoir vivre à la ville.

Le traducteur nous met, quand c'est nécessaire, des petites notes en bas des pages afin de nous faire mieux comprendre dans quel « univers » évolue notre héroïne, Caimei (à prononcer « Ts'aille meille »), ainsi que quelques références littéraires. Un monde de pauvreté... :-(

Ce que je regrette beaucoup, c'est que l'auteur nous montre que l'équivalent d'un jour dans la vie de Caimei, certes bien rempli mais bon... J'aurais bien aimé connaître la fin de son histoire.

Malgré tout, la lecture se fait avec grand plaisir, l'écriture est fluide et nous permet de découvrir la Chine rurale d'aujourd'hui. Même si les chinois envahissent tout, ce ne sont seulement que les plus aisés. Les paysans ont toujours du mal à vivre correctement. Cet auteur m'a permis de comprendre le fonctionnement des familles rurales, c'est très particulier (voir une de mes citations).

La seconde nouvelle raconte un bref instant dans la vie d'une jeune femme. Celle-ci reconnaît dans son chauffeur de taxi son ancien amant. Pendant tout le trajet, elle va alterner passé et présent en se remémorant sa première nuit d'amour avec celui-ci puis les 20 ans passés sans jamais lui adresser la parole.

L'auteur a un peu changé de style pour cette nouvelle, il fait de plus longues descriptions sur le temps et le paysage. La couleur verte y est très fréquente. Les descriptions sont dans un style beaucoup plus poétique, très imagées.

Petit détail amusant, pour la couverture que j'ai, la seconde nouvelle est représentée dans le dessin.

Pour moi, cette nouvelle est moins intéressante que la première car le personnage principal se remémore des instants passés tout en se posant trop de questions sur les autres et sur leur façon de la voir. Dans cette petite histoire, l'auteur fait également de longues phrases un brin alambiquées, qui font penser à de la poésie.

En conclusion, la première histoire parle d'une jeune femme pauvre qui va tout faire pour s'en sortir alors que dans la seconde, on découvre une femme chinoise aisée qui passe son temps à ressasser son passé... Deux portraits de femmes que tout oppose : condition sociale, physique, pauvreté, richesse, réussite professionnelle...

Donc, si vous voulez découvrir comme moi cet auteur chinois, je vous conseille de ne lire que la première nouvelle ^^ A lire donc pour voir la Chine contemporaine d'un oeil nouveau :-)

Sur ce, bonnes lectures à tous :-)
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Qu'est-ce qu'un jour dans une vie ? Rien du tout. À peine un grain de sable sur la plage. Juste une vague sur l'océan. Pourtant, c'est en une seule de ses journées que Liu Xinwu va nous résumer la vie de la pauvre Caimei.
Car Caimei a quelque chose de spécial : une tumeur a gonflé sur sa joue et la défigure. Ce qui l'empêche d'avoir un travail, de gagner de l'argent, de vivre, et de payer l'opération – cercle vicieux dont on ne peut échapper.

La nouvelle (et donc, la journée) commence par une consultation médicale dont le constat est formel : il faut opérer. Et pour cela, aller à l'hôpital. Terrifiée par l'énormité de la somme, Madame, employeuse de notre héroïne qui ne veut rien avoir à faire à tout cela, renvoie la jeune fille. Ébranlée, cette dernière fait le tour des foyers où elle travaille dans l'espoir de gagner des heures supplémentaires. Mais rien à faire… Sa dette et sa maladie font d'elle une pestiférée. Seules les personnes qui sont soit aussi pauvres qu'elle, soit originaires de la même région sont un tant soit peu intéressés par son sort.

Cette unique journée sera, pour la protagoniste, un enchainement de malchance et de méchanceté qui la précipitera tout au fond du trou. Tout le monde la laisse tomber, les gens qui constatent son désespoir et sa naïveté vont chercher à abuser d'elle : elle se fait voler, accuser injustement, agresser, repousser… C'est une journée de merde, qu'elle passe ; une vraie, digne d'entrer dans le livre des records. C'en était même très déprimant à lire…
Alors certes, quelques personnes sont là pour l'aider. Mais la solution à son problème est au-delà de toute capacité. Dix mille yuans, ce n'est pas à la portée de n'importe qui ! Et quand la chance semble venir soulager la protagoniste, quand celui-ci entrevoit une lueur d'espoir, une possibilité de guérison, l'auteur prend un malin plaisir à retirer cet espoir aussi vite qu'il est arrivé. Il faut tout recommencer à zéro et reprendre une nouvelle piste.


Je vois ça comme une dénonciation : dans les pays pauvres ou en voie de développement, la ville vend ses charmes, fait miroiter des promesses d'avenir radieux et d'argent facile, et nombreux sont ceux qui la rejoignent dans l'espoir d'améliorer leur vie. Ils auraient mieux fait de rester dans leur campagne… Combien est grande la misère des villes ! Combien sont isolés les désargentés, les laissés-pour-compte ! Cela donne tout son sens à cette phrase : « Je ne me sens vraiment seul que dans la foule. »

Déprimant, donc, mais très réaliste. C'est un récit social au même titre que ceux de Zola ou d'Hugo, et il appartient à ce qu'on appelle la « littérature des cicatrices » (littérature qui critique le régime de Mao Zedong et remet en question la société chinoise).


La deuxième nouvelle, elle, est peut-être à l'opposé de la première. le personnage principal (dont on ne connaît pas le nom) est une femme aisée et mûre ; non plus une jeune fille naïve et démunie. Cette histoire est axée sur le passé, et non sur l'avenir (c'est pour sauver son futur que Caimei cherche désespérément à rassembler tout l'argent qu'elle peut). Par ailleurs, le personnage principal ne va plus chercher à agir, à influencer son environnement pour se tirer d'un mauvais pas, mais se laissera porter (d'une part, par le mouvement de la voiture, et d'autre part, par ses pensées).

Cette femme a tout pour être heureuse : une vie confortable, de l'argent facile, un mari américain qui l'aime, une gentille belle-famille, deux enfants bien élevés… Mais quelque chose, un élément infime, à priori sans importance, va lui faire remettre en question sa vie et ses choix : elle est sûre que son chauffeur est l'homme qu'elle a aimé vingt ans plus tôt. S'en suit tout un panel de pensées chaotiques : des souvenirs, premièrement, des questions, en second (et si j'étais restée avec lui, qui serais-je aujourd'hui ? Aurais-je été plus heureuse ?), et des doutes en dernier (que dois-je faire ? Dois-je lui parler ? Dois-je lui dire que je l'ai reconnu ? Lui, m'a-t-il reconnue ? S'est-il marié ?).

Plongés dans son intériorité, nous voyons que l'argent est loin d'avoir fait son bonheur. Issue d'une famille bourgeoise, elle a dû quitter ses proches lors de la Révolution culturelle afin de connaître une dure vie de labeur à la campagne. le moment le plus marquant de sa vie, c'était sa rencontre avec Lui, pendant cette Révolution, dans une porcherie. Ce qui était censé être la pire période de sa vie et la plus misérable était en fait sa meilleure. La plus riche, la plus intense.
Elle a pleuré quand sa mère est venue la tirer de ce trou boueux. Elle a cherché cet homme, par la suite, mais les choses n'étaient plus comme avant. Elle a dû continuer à vivre, rencontrer son futur mari et se ranger dans une vie insipide. Sa belle-famille est fade, le sexe est sans goût, et elle fantasme sur cette merveilleuse première fois qu'elle a eue avec le jeune porcher.



Ces deux Nouvelles sont poignantes. Les personnages sonnent remarquablement juste et je respecte Liu Xinwu pour avoir su décrypter si bien la psychologie féminine (pas forcément évident, pour un homme^^). Je ne dirais pas que j'ai passé un moment agréable à lire ce livre. C'était dur et sombre, et triste. Mais ce n'était pas le but. le principal, c'est que c'était bien écrit, et intense.
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Chronique sociétale retraçant tour à tour le quotidien brutal d'une jeune chinoise et les souvenirs d'une second jeune femme immigrée aux Etats Unis. Jouant sur les oppositions entre Orient et Occident, ville et campagne, passé et présent, l'auteur nous donne à voir une vision désabusée et plutôt pessimiste de la société chinoise entre désillusion et problèmes financiers. le fossé creusé entre les classes sociales est prégnant et inhérent à la vie de tous les jours.
Le style est quant à lui un brin lourd et se laisse difficilement aborder. Les personnages ne sont pas vraiment attachants même si les habitudes détaillent avec précision des éléments culturels cruciaux autour du thème de la Révolution culturelle notamment.
Une lecture instructive mais peu divertissante.
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Deux nouvelles dans ce recueil. La première est celle que j'ai préférée. A Shanghai, on suit la jeune Caimei, défigurée par une horrible tumeur qu'elle ne peut soigner faute d'argent et qui va perdre son emploi de servante dans une famille cossue. Commencent pour elle des heures d'errance au cours desquelles elle croisera quelques personnages chaleureux cherchant à lui venir en aide. Une bien jolie réflexion sur la trajectoire de ces petites gens venus de la campagne pour faire fortune en ville et qui se retrouvent le plus souvent dans une misère noire et une promiscuité difficilement supportable : « Sanglots de gens de la campagne venus à la ville. Ces pleurs recelaient d'indicibles et d'innombrables souffrances, mélange de situations compliquées, de combats, de revers, de désarrois, de doutes, mêlés à d'infinies espérances… » Avec comme petite note positive la solidarité et l'altruisme des personnes originaires de la même région.

Le second texte se déroule à Pékin. Une femme reconnaît dans le chauffeur taxi qui l'amène à l'aéroport un homme qu'elle a follement aimé vingt ans plus tôt. Elle n'ose lui parler et se souvient avec nostalgie de leur première étreinte : « cela avait été beau, très beau, car tout était parti du coeur, tout avait été si harmonieux, une telle complicité les liait ; tout avait été parfait sur tous les points… Marée haute graduelle, ondes successives, déferlement de vagues, secousses telluriques, ébranlement céleste… Tout le monde n'a pas la chance d'avoir connu une telle première nuit… ». Mais les années ont passé et leurs chemins se sont séparés. Elle s'est mariée à un américain et est devenue riche alors qu'il est resté un homme du peuple. le temps du trajet, elle se demande ce qu'elle serait devenue si elle était restée avec lui…

Deux portraits de femmes touchants, teinté d'une veine humaniste typique de la littérature chinoise
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Caimei est notre femme de ménage... Elle m'appelle madame... mais pas au sens de Monsieur ou Madame... Elle a eu dix-huit ans cette année ; sa mère l'a eu à seize ans, et n'a que trente-quatre ans... Sa grand-mère a seulement cinquante et un ans... (…) En termes de générations, je suis de la génération au-dessus de sa grand-mère... Il y a des endroits où l'on dit mamie, d'autres où l'on dit madame... je préfère qu'elle m'appelle madame... »
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Dans les familles paysannes comme la sienne, les jeunes femmes célibataires devaient, depuis des générations, travailler pour la maison de leurs frères. C'était un devoir sacré. Une fois mariées, c'était naturellement aux frères de se débrouiller, elles n'avaient plus lieu de s'en occuper.
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Les gens associent souvent le crépuscule à la couleur des roses ou à des teintes approchantes, or le soleil couchant en cette fin d'après-midi était de toute évidence vert, vert clair, un vert pâle, tendre comme les pousses des feuilles à peine écloses, frémissantes au début du printemps, un vert clair et translucide...
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Pour vous la Révolution culturelle a été une catastrophe, mais pour ma famille ça n'a guère eu d'importance... A la campagne, tu as souffert, mais revenue à la ville, finies les souffrances, à toi la belle vie ! Je suis rentré comme tout le monde, en fait, mon départ à la campagne a été un fardeau en moins pour ma famille... Ça m'a permis au moins d'avoir un lit à moi...
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Quel crime ? Qui est criminelle ici ? Cette tumeur c'est moi qui l'ai provoquée ? C'est toi la criminelle ! Avec ta tumeur empoisonnée, tu vas tous nous contaminée ! Crime contre moi ! Ne viens plus habiter ici ! Fiche le camp, tu n'as plus le droit de commettre de crime ici ! Fiche le camp ! Criminelle !
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