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Xavier Collette (Autre)
EAN : 9782492403699
272 pages
Argyll éditions (03/02/2023)
4.04/5   183 notes
Résumé :
« L’errance nocturne dans une ville inconnue génère un indéfinissable sentiment d’éternité. Chaque ombre devient la promesse d’étrangetés. Et à la vérité, Roche-Étoile abritait beaucoup d’ombres. »

Merveille architecturale élancée vers le ciel, Roche-Étoile a connu la splendeur et la chute. La cité sainte de la déesse sans visage est maudite, réduite à l’état de nécropole brumeuse depuis que les eaux de son lac et de ses puits se sont changées en pois... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (67) Voir plus Ajouter une critique
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À la fois artiste et autrice, Anouck Faure n'est pas une inconnue en contrées imaginaires. Si ce nom vous dit quelque chose, c'est qu'elle est déjà à l'origine de moults illustrations d'ouvrage tels que La Nuit du Faune, Trafalgar ou encore Rendez-vous demain.
Cette fois pourtant, elle nous revient aux éditions Argyll pour ajouter les mots au dessin avec son premier roman : La Cité Diaphane.
Sous une magnifique couverture signée Xavier Collette et enrichi par plusieurs illustrations intérieures de la main même de l'autrice, le récit d'Anouck Faure nous emmène dans les ténèbres gothiques d'une cité dévastée…

Cette cité, c'est Roche-Étoile, née de la chute du Ciel sur la Terre et immobile au milieu des eaux, à l'ombre des démons.
Roche-Étoile est avant tout le haut-lieu de la foi en la Déesse sans visage que l'on nomme aussi la Reine Pâle. Une foi mourante à l'image de la cité presque déserte que découvre notre narrateur archiviste. Envoyé par le seigneur des Marches pour découvrir l'origine du Mal d'Onde, cette étrange malédiction qui a fauché Roche-Étoile sept ans plus tôt, notre guide va rapidement comprendre que l'horreur règne encore parmi les allées de la glorieuse cité.
Alors qu'il croise un forgeron et un mendiant, et après avoir eu la vision inattendue d'une licorne noire, notre narrateur apprend que la princesse vit encore quelque part dans les ombres, affreusement défigurée. Mais que s'est-il passé à Roche-Étoile, qui de rempart aux forces démoniaques semble devenue un sinistre purgatoire pour des âmes sans repos ?
Grâce à l'aide d'une chevaleresse bien décidée à restaurer la flamboyance passée de la cité, l'archiviste va devoir regarder la vérité en face : quelqu'un ment là-dedans et beaucoup de secrets hantent encore les murs de Roche-Étoile ! Anouck Faure, en quelques pages, imprime une atmosphère lugubre et lourde à son récit. Comme noyée dans la brume, la cité qu'elle imagine prend vie et semble émerger de nul part. Après les quelques premières rencontres, on s'abandonne complètement entre les bras du mystère et l'on ne se soucie guère de l'absence de noms pour les personnages qui parsèment l'histoire.
Et c'est bien normal car ici le nom joue un rôle très important, un rôle de pouvoir et de malheur. La Cité Diaphane commence donc comme un récit d'ambiance, où l'illustratrice fait des merveilles avec les mots et donnent d'emblée quelques visions saisissantes à son lecteur. le roman se veut cryptique afin de nous dérouler une intrigue à rebondissements. Des rebondissements qui arrivent d'ailleurs assez vite et qui, curieusement, n'apporte pas grand chose au récit…

Car si la française imagine un monde convaincant et très noir, elle a beaucoup plus de mal à gérer son rythme et sa narration si bien que son intrigue semble parfois gonflée artificiellement. La première partie, avant l'entrée en scène de Vanor lui-même, s'embourbe dans un combat confus avant de jeter à la face du lecteur sa première « grande » révélation qui n'a, finalement, aucun intérêt. Lorsque Vanor prend la parole, les choses changent à nouveau et le récit retrouve une qualité narrative bienvenue. Anouck Faure approfondit le passé de Roche-Étoile et enracine sa mythologie, nous dévoile les machinations qui se trament dans les têtes royales et dans l'esprit de Vanor, de loin le personnage le plus intéressant du récit. Vanor qui n'est ni un homme ni une femme, il est les deux à la fois et plus encore, Vanor est autre et c'est l'un des grands mystères qui tiendra le lecteur en haleine jusqu'au bout de l'aventure. Malheureusement, cette aventure finit de nouveau par s'embourber, cette fois en répétant les mêmes motifs et surtout, les mêmes moments introspectifs qui répètent ce que l'on sait déjà. Qu'à cela ne tienne, la descente sur le chemin des Rois renoue avec le génie pictural de l'autrice pour un final aussi dérangeant que lugubre, à peine entaché par une confrontation à la fois inutile et qui fait très « boss de fin de niveau ».
On sent tout du long l'inspiration à la Bloodborne et à la Diablo, Roche-Étoile servant de rempart au Mal…et le Mal le lui rendant bien.
Les personnages, archétypes torturés dont les noms sont volontairement omis, deviennent autant de fantômes et d'esprits en proie à leurs fautes passées. La relation entre le prince et Vanor va vite devenir le principal moteur de l'histoire, transcendant l'amour en haine à moult occasions pour montrer la proximité de ces sentiments particulièrement intenses.
Mais surtout, c'est d'identité et d'histoire dont il est question dans La Cité Diaphane, une histoire falsifiée et remaniée pour que le monde ne découvre pas la douloureuse vérité quant au départ d'un Roi ou la Nature d'une Déesse, une identité multiple et changeante qui impose un visage fluctuant au bien comme au mal, si ces notions ont encore un sens pour Vanor et les survivants de Roche-Étoile.
Surtout, La Cité Diaphane se veut une quête de vérité, une sorte de rédemption par une histoire remise dans le droit chemin, par des fautes réparées et des quêtes enfin accomplies. Une paix pour l'âme en somme.
Anouck Faure n'a cependant pas encore la maturité nécessaire d'un point de vue narratif et fait plusieurs faux-pas malheureux qui auraient certainement demandés quelques coupes et réajustements.
Pour un premier roman, La Cité Diaphane reste pourtant une oeuvre étonnante de noirceur à l'ambiance encore magnifiée par des illustrations ténébreuses que le papier peine malheureusement à retranscrire.
Dans cette cité hallucinée, le lecteur prendra surtout plaisir aux histoires de coeur d'un narrateur trahi encore et encore mais qui n'abandonne jamais, fût-il prisonnier des pages d'un livre ou des caprices d'une Déesse.

Premier roman imparfait et bancal dans sa construction, La Cité Diaphane n'en reste pas moins une escapade lugubre et torturée qui ose plonger au fond du gouffre. Anouck Faure possède indéniablement une plume saisissante de noirceur qui pourrait bien nous surprendre à l'avenir.
En attendant, les amateurs de cités mortes et de créatures effroyables feraient mieux de prendre le chemin de Roche-Étoile sans tarder…
Lien : https://justaword.fr/la-cit%..
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Une oeuvre magistrale à lire de toute urgence !
Avec La Cité Diaphane, Anouck Faure signe son premier roman. Son univers mêle conte, dark fantasy et gothique pour un récit vertigineux à la narration soignée approfondie de mises en abyme. Entre éther et monstruosité, elle nous propose un récit qui n'a que faire du manichéisme, préférant la complexité d'âmes grises, de personnages ambigus aux amours viscérales confrontés à un mal étrange et mortifère dans une cité déchue et exsangue. L'âme d'artiste d'Anouck se ressent à travers sa plume, tout autant que par ses gravures qui agrandissent la lecture de ce récit.
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Avant-propos
J'ai connu Anouck via l'illustration de couverture du La Nuit du Faune de Romain Lucazeau aux Éditions Albin Michel Imaginaire. Mais si je l'ai découverte à travers son art plastique – gravure, eau-forte, dessin à l'encre –, quel plaisir de découvrir à présent sa plume ! Car Anouck est artiste plasticienne et autrice. Son univers déborde d'onirisme, de paysages qui sont autant de voyages intérieurs ; le tout lié à la nature, à la mer et aux racines, et aux mythologies, cette douce artiste étant née en Nouvelle-Calédonie. Dans un autre article, il faudra que vous parle de son livre d'art poétique Ta'aora, cosmogonie Océanienne, paru aux Éditions Apeiron.
Avant de vous livrer mon ressenti sur son premier roman, je la remercie très chaleureusement, ainsi que Xavier Dollo et les Éditions Argyll pour l'envoi de ce service presse ! La Cité Diaphane va sortir ce 3 février 2023, je compte sur vous pour vous le procurer et lui faire une place de choix dans votre PAL ou votre chevet !
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Introduction
Roche-Étoile, c'est comme l'écho lointain d'un rêve. Imaginez : le déclin du royaume dû à une malédiction, à un mal, le mal d'onde. Érigée à même la roche d'où lui vient son nom, elle se dresse, solitaire, au bord des territoires des démons. Sept années auparavant, elle a été maudite. Aussi, la cité de la déesse sans visage est aujourd'hui une cité fantôme. Mais voilà que l'archiviste a entrepris le voyage jusqu'à elle, pour retranscrire le récit de sa chute.
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La cité déchue peut-elle être sauvée ?
Dans les pas de l'archiviste, nous abordons le bois aux Astres et le lac, à la surface inerte et couleur encre qui témoigne de l'empoissonnement des eaux, le mal d'onde. L'ambiance est nocturne, hiémale, les arbres incarnent des silhouettes torturées, le silence rendant les lieux hantés. Tout à coup, une monstrueuse apparition fait face à l'homme envoyé par le maître des Marches : un démon ? L'archiviste a été mandé pour écrire la chute de Roche-Étoile. Il pense être la seule âme vivante à se rendre en ce territoire mortifère. Il se hâte de rejoindre la cité, délaissant la nature terrifiante derrière lui.
Avec lui, nous découvrons l'architecture labyrinthique de Roche-Étoile, ses innombrables ruelles qui dirigent toutes, si l'on n'y prend pas garde, jusqu'au sanctuaire de la déesse sans visage, d'ailleurs, une multitude de statues au visage voilée l'idolâtrant fluctuent. La cité est déserte, pas de cadavres, pas d'animaux ni d'insectes, les portes sont closes ; nous nous attendons à voir surgir à tout moment des fantômes. Et pourtant, ce sont des êtres bel et bien vivants que l'archiviste va rencontrer.
À commencer par le forgeron, occupé à ferrer un cheval ; le feu de sa forge brûle sans cesse. Toutefois, cet individu paraît décousu, peut-être un peu fou. Néanmoins, il apprend de sa bouche qu'une autre personne se trouve dans la cité : une jeune dame. Coïncidence que deux personnes se soient rendues ici au même moment ! Avant de rencontrer la jeune dame, l'archiviste va se retrouver face au mendiant, un jeune homme à la voix envoûtante mais aux déformations physiques repoussantes. le pauvre bougre souffre sans aucun doute du mal d'onde, l'archiviste consent à lui donner de l'eau du bassin qu'il lui réclame à boire ; là, l'eau est cristalline, visiblement non empoisonnée.
Quant à la jeune dame, il s'agit d'une chevaleresse au service de la déesse sans visage. Elle a fait le serment de lever la malédiction de Roche-Étoile. L'archiviste et elle n'ont de ce fait pas la même vision : pour le premier, la cité est morte, il est là pour écrire sa chute, tandis que la seconde est persuadée que la cité peut-être sauvée. Malgré tout, ils vont faire équipe pour une première étape, mettre la main sur les archives, là ils trouveront des pistes quant au mal qui s'est abattu ici.
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Un conte de fantasy gothique
Anouck nous offre un véritable conte de fantasy gothique : à travers Roche-Étoile, le culte de la déesse sans visage, les personnages, les monstres…
Roche-Étoile a été bâtie sur et en partie dans une roche tombée du ciel, de là lui vient son nom. Toutefois, elle se caractérise également par le fait d'être toute proche des territoires des démons, ces êtres qui dominent aisément les âmes en utilisant le nom des gens. Son architecture propose un véritable labyrinthe. À cette heure bien éloignée des fêtes et des lumières d'autrefois, les ombres grouillent en ses entrailles, comme des fantômes ou des monstres. Elle recèle encore bien des secrets, sur son déclin comme sur ses origines. Pour l'heure plongée dans la froidure mortifère, elle paraît exsangue : le mal d'onde qui a sévi a aspiré son essence vitale, elle n'est plus qu'une grise architecture. Les statues de la déesse sans visage veille, dames voilées au cou tordu tourné dans la direction du sanctuaire.
Au fil du récit, nous apprenons que le culte de la déesse sans visage a une emprise entière sur Roche-Étoile. C'est la déesse qui choisit Son roi, celui-ci doit suivre le rite du passage du roi pour être couronné. Pas d'épouse à leur côté, nous supposons que leurs héritiers sont conçus avec une prêtresse de la déesse. Au service de la déesse, des oracles se vouent à Elle, ils Lui sacrifient leur visage, en contrepartie, ils accèdent à Ses savoirs, à certaines facultés comme la prescience. Toutefois, la déesse n'a pas protégé Roche-Étoile du mal d'onde, alors pourquoi aujourd'hui, sept ans après la chute de Sa cité, la jeune dame a été envoyée pour défaire la malédiction ?
L'archiviste, la jeune dame, le forgeron, le mendiant, la princesse… : les personnages n'ont pas de nom, à part l'oracle mais j'y viendrai dans la prochaine partie. C'est pour ne pas que les démons puissent exercer le moindre pouvoir sur leur âme que les noms sont tus. Au-delà de ce fait, cela confère un aspect de conte en désignant par leur fonction les protagonistes. Un conte de sombre fantasy où la chevaleresse doit défaire une malédiction dans un univers nocturne et mortifère où nous croisons des monstres. Des êtres purs ont été corrompu, d'où la source du mal d'onde ; même la licorne blanche, émissaire de la déesse, a été pervertie, elle est devenue noire et monstrueuse, boursoufflée. Ne vous attendez cependant pas un conte entre le bien et le mal, à cet aspect si manichéen que renvoie de prime abord la métamorphose de la licorne. Nous sommes dans un conte de fantasy gothique au-delà de ces clichés, où se mêlent plusieurs quêtes, autant de fils qui composent la toile du labyrinthe de Roche-Étoile.
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Mise en abyme
Pour compléter ce tableau, il est temps d'évoquer Vanor, l'oracle de la déesse sans visage à Roche-Étoile. Ayant donné son visage à la déesse, Vanor a été doté du don de prescience, il a des visions de l'avenir. Pourtant, iel est plus que cela, mais je vous laisserai le découvrir par vous-même. Dans le présent du récit, c'est le forgeron qui nomme en premier l'oracle à l'archiviste, pour lui, Vanor reviendra dans la cité pour éradiquer le mal d'onde. Ce personnage au visage fluctuant, femme, homme, non-binaire, blanc, doré ou noir, est un personnage fascinant par excellence ! Quels sont ses réels pouvoirs ? Pourquoi la déesse l'a-t-elle rejeté.e ?
Pour découvrir cela et plus encore, il nous faut avancer, dans la cité, dans le temps en remontant les archives et plus loin encore.
Voyez-vous, la structure du récit proposé par Anouck se tisse avec brio : diverses narrations s'entremêlent, portées par les voix de plusieurs personnages. Ces mises en abyme confèrent une profondeur vertigineuse à l'histoire en nous offrant des points de vue cruciaux sur les mêmes évènements. Quand je dis ici « les mêmes évènements », ne pensez pas à des répétitions, mais des ajouts, des détails, des pensées qui viennent s'ajouter et éclairer sous leur vrai jour les actions des personnages.
Cela est vertigineux car ce procédé nous emmène autant dans les méandres de Roche-Étoile autant que dans ceux de psychés aux amours viscérales. Il y a une certaine grandeur dans le déclin de la cité, il vous faudra remonter aux origines pour l'observer dans toute sa splendeur et sa laideur.
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Les origines
Justement, remonter les archives est le but de l'archiviste et de la jeune dame. Seulement voilà, des phénomènes étranges se répètent pour l'archiviste. La jeune dame et lui voient un monstre dans le sanctuaire, le mendiant les traitent de blasphémateurs d'avoir ouvert le recueil d'archive… Les dernières lignes, lues par l'archiviste, évoquent la corruption de la princesse, ce serait à cause d'elle que le mal d'onde aurait pris source. Étrangement, l'archiviste va tout de même demeurer avec la jeune dame, jusque dans le bois aux Astres, pour traquer le monstre. Après tout, l'archiviste n'a-t-il pas vu, en arrivant aux abords de la cité, l'apparition monstrueuse à l'origine du mal ? Suffira-t-il d'éradiquer cette abomination pour défaire la malédiction qui a vampirisé Roche-Étoile ?
La mythologie qui imprègne la naissance de Roche-Étoile, la pierre tombée du ciel, s'incarnera plus vrai que nature, car pour remonter au mal, il faudra creuser jusqu'aux origines de la cité qu'il parasite. Les origines de ces deux tangentes se relient comme les étoiles d'une constellation, du cosmos duquel est venue la roche, du cosmos dont les étoiles fascinent Vanor qui souhaiterait voyager à travers leur matière. D'ailleurs, les couleurs et le blason de Roche-Étoile est un ciel bleu indigo paré d'étoiles or et argent. le cosmos et les entrailles rocheuses, qui abriteraient un lac, reliés par Roche-Étoile, cité ancrée s'élançant vers le ciel comme les arbres.
L'origine du mal d'onde, de Roche-Étoile, de la lignée royale même, le récit déterre tout cela, quitte à y laisser quelques ongles et la raison.
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Un goût de songes et d'éther
La plume d'Anouck nous transporte dans ce récit à la narration atypique, tant en mêlant plusieurs voix pour des mises en abyme vertigineuses que par le ton aux accents presque froids, indifférents, alors qu'amours viscérales riment avec les hurlements intérieurs de la trahison. Son écriture précise nous rend avides de tourner les pages : ma lecture a été impérieuse, tout comme la curiosité féroce de Vanor. Bien sûr, ce roman recèle tout ce que j'aime, mais quel plaisir de m'être plongée dans ce délicieux récit aux accents profondément mélancoliques, qui laisse un goût de songes et d'éther.
Cet univers labyrinthique et par moments monstrueux, en une renversante descente aux enfers, fleure également la neige, les pierres givrées, tout comme le feu entretenu sans cesse par le forgeron. Entre les lignes, demeure une trace d'encens, de fleurs de millepertuis, une fragrance orageuse nocturne, minérale. Ce genre de dualités, de couples complémentaires bien qu'antagonistes, se retrouvent à divers niveaux dans le récit : les couleurs, les matières, les éléments, les sentiments… Je crois bien qu'il s'agit d'une sensibilité artistique, car moi-aussi mes écrits en sont truffés.
Plusieurs fils se tendent et s'entremêlent dans le récit, tandis que les décors se succèdent, plus nous plongeons dans Roche-Étoile et découvrons sa vérité. Tout comme l'impression onirique et vaporeuse qui m'imprégnait au cours de la lecture, les personnages sont nimbés d'évanescence. Leur apparence indifférente et froide cache d'incroyables jardins intérieurs qui se heurtent à Roche-Étoile, à la déesse elle-même. Dans toute leur ambiguïté, leur amour dévorant, dévastateur, leur vanité voire leur folie, leurs émotions vibrent au point de pouvoir déclencher des séismes, des avalanches… ou la chute d'une cité. Cette retenue alors qu'ils sont animés de cette grandeur, de cette terrible effervescence, voilà qui est sublime, et qui n'a pas fini de me fasciner.
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Un écrin aux couleurs de Roche-Étoile
La Cité Diaphane se découvre dans son sublime écrin dont l'illustration de couverture par Xavier Colette représente à merveille l'univers onirique et éthéré, mystérieux et symbolique (les visages voilés, la "caverne") de Roche-Étoile, sans oublier la teinte indigo ni les étoiles ! En avant-propos, je vous précisais que Anouck est premièrement connue pour son travail d'artiste plasticienne, eh bien, sachez que dans les pages de ce roman, vous pourrez découvrir 9 représentations pleine page de gravures qu'elle a spécialement conçues pour cet ouvrage !
Anouck est une artiste à multiples facettes, et je trouve fort à propos que La Cité Diaphane en témoigne. Ses productions graphiques apportent une touche supplémentaire à la lecture, au travers de scènes symboliques de l'intrigue, l'aspect esthétique participe grandement à agrandir l'univers littéraire, en une résonance poétique et onirique.
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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Roche-Etoile autrefois cité florissante, jaillie des profondeurs et élancée vers les cieux, n'est plus que ruines et maléfices. Sept ans auparavant, les eaux du lac et des puits se sont brusquement changés en poison mortel pour tous les habitants de la cité. Aujourd'hui déserte et maudite, Roche-Etoile est morte.
Pourtant un homme avance dans ces vestiges.
Archiviste missionné par un royaume voisin, il tente de recueillir les derniers témoignages pouvant expliquer ce désastre. Au fur et à mesure de ses recherches et de ses rencontres, le même nom revient sans cesse, sur les lèvres mourantes : Vanor le Maudit.

Annouck Faure a une écriture recherchée.
Elle nous plonge dans une dark fantasy où se mêlent la noirceur et le merveilleux. L'architecture gothique, les personnages sombres et mystérieux, la présence de démons et la maladie qui rode donnent une atmosphère étouffante au récit.
La poésie des ténèbres est présente tout le long du roman.
Le récit offre une galerie de personnages envoûtants.
La construction narrative bénéficie d'un esthétisme recherché.
L'archiviste est comme le lecteur : décontenancé, effrayé et avide de comprendre les ténèbres qui hantent les lieux. Roche-Etoile se dévoile lentement et nous révèle sa naissance, son histoire et ses tragédies.

L'autrice nous offre une magnifique aventure où l'intime, la mythologie, les scènes d'action et les retournements de situation s'enchaînent sans temps mort.
Un conte gothique mêlant avec brio magie et poésie.
J'ai trouvé ce premier roman très réussi.
Un gros coup de coeur.
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Premier roman d'Anouck Faure, « La cité diaphane » est une oeuvre difficile à appréhender, à la fois intrigante et confuse, poétique mais sommaire. L'ouvrage met en scène un archiviste à propos duquel on ne sait rien si ce n'est qu'on lui a confié pour mission de se rendre dans la cité morte de Roche-Étoile afin de tenter d'en reconstituer la chute. Sept ans auparavant, cette ville florissante et protégée d'une entité baptisée « la Déesse » a en effet été victime d'une malédiction ayant contaminé ses eaux et emporté tous ses habitants. Tous… ou presque. Car comme notre archiviste va très vite s'en rendre compte, la cité est loin d'être aussi déserte que ce que le reste du monde à l'air de croire. Au fil de ses pérégrinations, l'érudit va être amené à rencontrer d'anciens habitants, tous plus étranges les uns que les autres, et ainsi retracer progressivement les derniers jours de Roche-Étoile ainsi que les causes de la malédiction. Mais les indices ne sont pas toujours faciles à assembler, ni les ombres rencontrées ce qu'elles semblent être, si bien que les interrogations s'accumulent. Pourquoi le forgeron est-il resté aussi longtemps seul dans la cité ? La licorne noire qui rode à la lisière de la ville est-elle la cause du mal d'onde qui fut fatal à la cité, ou bien la clé pour lever la malédiction ? Et la princesse, celle qui devait prendre la tête du clergé de la Déesse avant le désastre, où se terre-t-elle à présent ? La construction narrative du roman est quelque peu perturbante, et ce pour plusieurs raisons. D'abord, parce l'intrigue est morcelée en plusieurs grands pans dont l'achèvement pourrait chaque fois marquer la fin du roman avant que celui-ci ne reparte dans une nouvelle direction. L'histoire de l'archiviste n'occupe ainsi qu'une toute petite partie du récit qui prend régulièrement un tournant inattendu. L'autre particularité du texte réside dans l'imbrication permanente entre le passé de Roche-Étoile et son présent, l'autrice alternant les allers et retours dans l'histoire de la cité qu'elle ne nous révèle que par petits bouts. le résultat est un peu perturbant pour le lecteur, notamment dans la première partie puisque l'autrice y fait référence à quantité de personnages et d'événements sans les expliciter ou les présenter, cette étape ne venant que bien des chapitres plus tard.

Le lecteur évolue donc dans un premier temps dans un décor qu'il ne comprend pas et navigue entre des personnages dont il ne sait rien, et il faudra attendre la deuxième partie pour que le voile soit enfin levé sur des épisodes passés, évoqués dès le début mais sur lesquels on ne disposait jusqu'alors que de peu d'informations. L'autre aspect qui peut s'avérer déroutant (mais qui, à mon sens, est bien plus maîtrisé) concerne le doute entretenu concernant la fiabilité du récit qui nous est donné de la chute de Roche-Étoile. La version officiellement reconnue est ainsi amenée à évoluer à mesure que des révélations sur le narrateur nous parviennent. le roman repose ainsi sur plusieurs rebondissements qui nous amène à revoir l'intrigue sous un oeil totalement nouveau, et, en cela, l'intrigue est une vraie réussite, d'autant que le pari était plutôt risqué. Là où le bât blesse, c'est en ce qui concerne le cadre pour le moins rudimentaire de l'histoire, à la fois en terme de décor mais aussi de personnages. le roman se déroule exclusivement dans la cité de Roche-Étoile, parfois lorsqu'elle était encore peuplée et vivante, mais le plus souvent telle qu'elle apparaît aujourd'hui : vide et morte. le décor est par conséquent minimaliste, et, si l'atmosphère glauque dans laquelle baigne la cité a quelque chose d'envoûtant, elle peut aussi s'avérer oppressante à la longue. La noirceur et le désespoir qui émanent de la cité et de ses rares occupants sont en tout cas saisissants, et magnifiés par de sublimes illustrations intérieures signées de la main même de l'autrice, reproductions de gravures à l'eau-forte réalisées pour l'occasion. Peu nombreuses, ces dernières parviennent néanmoins à saisir la quintessence du drame de Roche-Étoile et de sa lignée royale et participent à donner une dimension plus poétique, parfois presque mythique, à l'histoire.

La sobriété du décor ne serait pas si dérangeante si ce dernier n'était pas habité par des personnages paraissant aussi éthérés et peu accessibles que le reste. L'absence de noms, bien que pouvant paraître anecdotique, n'aide pas à rendre vivants les êtres croisés lors du périple de notre héros. « L'archiviste », « la belle dame », « le forgeron », « le mendiant », « la princesse »… : tous ne sont définis que par un archétype (les noms ne pouvant être révélés sous peine de donner pouvoir à des démons), et cela renforce la distance entretenue entre le lecteur et les habitants de Roche-Étoile qui manquent cruellement de chair et de chaleur. Difficile de parler de tous sans trop en dévoiler, l'intrigue reposant sur l'identité cachée de plusieurs de ses protagonistes, mais deux d'entre eux tirent malgré tout leur épingle du jeu, tandis que les autres, trop succinctement évoqués, peinent à éveiller l'intérêt du lecteur. le narrateur est évidemment le personnage le plus développé, ce qui n'empêche pas d'éprouver quelques incompréhensions face à certaines de ses réactions ou à l'intensité démesurée de ses émotions. Il est également frustrant de constater que celui-ci laisse volontairement dans l'ombre plusieurs aspects de l'intrigue qu'il aurait été intéressant de développer afin d'insuffler davantage de vie aux différents acteurs du drame de Roche-Étoile, ou de profondeur à l'univers qui demeure ici très superficiel. L'égocentrisme dont le héros fait preuve participe d'ailleurs à renforcer l'impression de vide qui émane du décor puisque, lignée royale mise à part, très peu de personnes sont évoqués, ne serait-ce que des figurants, ce qui donne l'étrange illusion que la cité n'était pas vraiment plus vivante avant qu'après l'apparition du mal d'onde.

« La cité diaphane » est un roman déroutant qui baigne dans une ambiance glauque saisissante et met en scène l'arrivée d'un archiviste en quête de réponses dans une cité morte et maudite depuis des années. La construction narrative, quoique parfois source de confusion, est néanmoins soignée et bien pensée, réservant ainsi de belles surprises aux lecteurs. La sobriété du décor et le manque de vie insufflée aux personnages ne nuisent toutefois à l'immersion et ne permettent de véritable implication émotionnelle.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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"La cité diaphane" est un roman de dark fantasy doté d'une très belle plume qui vous immerge littéralement dans les méandres de "Roche-Étoile" un lieu maudit et déserté doté d'une ambiance gothique à souhait.
Nous suivont un archiviste missionné pour enquêter et écrire sur la cité.
L'écriture d'Anouck Faure est très recherchée, les mots sont calibrés à la virgule prêt, la grammaire et le vocabulaire sont choisis avec soin, le lecteur sent qu'un gros travail a été fait, c'est beau, poétique, sérieux et rien n'est laissé au hasard, vraiment bravo car pour un premier roman, personnellement j'ai eu l'impression de lire le plus beau des romans d'une très grande écrivaine, à la plume pleine de style et d'expérience.
Les personnages sont peu nombreux, c'est intimiste et en même temps une fois fini ma lecture j'ai l'impression d'avoir découvert tout un monde.
Une mention ++ pour les retournements de situations, les surprenantes scènes d'action, les moments d'angoisse et ce côté horrifique qui émerge tout du long.
Parfois épique, parfois intimiste, j'ai eu l'impression de lire un grand classique de la fantasy mais doté d'une modernité certaine.
Je ne dirais rien du bestiaire à part "mon dieu, quelle tuerie", ni de la fin, si ce n'est que j'ai l'impression de sortir du purgatoire.
La couverture est tres belle et les gravures interieures exceptionnelles donnent le ton et l'ambiance.
Je n'ai franchement trouvé aucun défaut, c'est même un gros coup de coeur que cette oeuvre.
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critiques presse (1)
Syfantasy
27 février 2023
Pour son premier récit, Anouck Faure vise aussi haut que les tours de Roche-Étoile avec une plume riche, dont la narration passe surtout par l'environnement, à l'image des jeux Dark Souls, dont les secrets enrobant l'univers ne se découvrent pas aux premiers venus.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La mort est peut-être finalement une excellente manière de résoudre les conflits, si elle apaise ainsi les cœurs et restaure leur clarté de jugement. Peut-être nous entre-tuer lorsque des différends nous opposent est-il ce que nous faisons de plus sage. Nous agissons guidés sans le savoir par l'instinct que la sagesse nous trouvera dans l'autre monde. Mais je sais qu'il existe également des fantômes pour qui les offenses de leur vivant deviennent une obsession qui ne connaît ni fin ni mesure.
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J'imagine qu'il y a un plaisir bien particulier, une forme d'orgueil, à incarner le monde entier de deux petites créatures, sans même qu'il soit besoin de recourir à magie pour cela.
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Dussé-je vivre mille ans, je n’oublierai jamais mon arrivée à Roche-Etoile. La cité florissante se parait de roses blanches et de pales bourgeons de pommiers. Un soleil pur enluminait d’or les tours effilées du sanctuaire. Dans son écrin de montagnes, la cité de la déesse sans visage semblait recevoir du ciel toutes les bénédictions. Un tableau qui m’apparait peut-être d’autant plus niaisement idyllique que les ombres des démons envahissaient alors le moindre recoin, à moins que ma propre fascination débordante n’ait magnifié mon souvenir.
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Les seuls témoins qu'il me plaisait d'interroger étaient des journaux, des manuscrits à décrypter, à la rigueur des cadavres, non des vivants imprévisibles et menteurs. (24)
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Peut-être éprouvèrent-ils du vertige à imaginer les ténèbres d'un esprit sans image.
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Vidéo de Anouck Faure
Anouck Faure : une graveuse inspirée par la nature calédonienne. Anouck Faure est une artiste graveuse née à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. La jeune femme installée depuis quelques années à Paris est aussi illustratrice. Reportage aux Ateliers Moret à Paris. Diffusé le 24 novembre 2022 sur Calédonie la 1ère. Nathalie Sarfati / Denis Rousseau-Kaplan / Rael Moine/Thomas Chudeau Querolle.
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