Avant de se lancer en politique, Dominique Baudis fut journaliste et, à ce titre, il s’est beaucoup intéressé au Proche-Orient, notamment au Liban. Il a écrit un roman historique que je trouve fort intéressant. Se basant sur une bibliographie très importante, il raconte les dernières années du Royaume de Jérusalem, établi en Terre Sainte après le succès de la première croisade.
Son déclin était peut-être inévitable, mais il a été accéléré par la faiblesse du roi Baudouin IV (qui était lépreux), par la rivalité entre ses vassaux, par la corruption et l'imprudence de certains grands seigneurs. Le seul qui trouve vraiment grâce aux yeux de l'auteur est Raymond III, comte de Tripoli (au Nord de l'actuel Liban), avec quelques-uns de ses amis. En fait, la plupart des chefs de guerre francs se comportaient comme des brutes, le pire étant Renaud de Châtillon. Dans le camp des Musulmans, un chef unique et intelligent s'était imposé: Saladin qui, après quelques déboires initiaux, vaincra l'armée des Francs et reprendra Jérusalem en 1187. Cet événement fut une tragédie pour le monde chrétien et motiva le lancement de la troisième croisade.
Le récit de D. Baudis est instructif et très agréable à lire. Il met en scène de nombreux personnages "bons" ou plus souvent "mauvais", conformément à ce qu'on en sait d'après les chroniques médiévales. Et, pour ma part, j'imagine bien le décor de cette fresque historique, car j'ai eu la chance d'aller sur place, notamment à Jérusalem, aux Cornes d'Hattin et à Kerak (dans l'actuelle Jordanie). Aux amateurs d'Histoire, je recommande ce livre sans restrictions.
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Tres beau roman qui nous emmene en Terre Sainte,au pays ou les trois religions du Livre se sont combattues,a toutes les epoques.
C'est un roman prenant ou on comprend ce qu'est pour un Franc d'arriver a Jérusalem completement paume mais avec tous les espoirs susceptibles de se realiser.Les partis pris,les complots ont change le cours de l'histoire.
Que serait-il arrive a Saladin,aux Templiers si d'autres décisions avaient ete prises.
J'ai beaucoup apprecie cette histoire,j'ai ete transportee dans un autre univers,une autre epoque,d'autres moeurs
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Elle rôdait autour de lui depuis deux semaines. Cette nuit-là, elle prit possession de son corps. Elle le pénétrait, tantôt doucement en le laissant somnoler, puis elle resserrait son étreinte en l'agitant de spasmes. La mort s'emparait du roi de Jérusalem.
Les physiciens de la cour chuchotaient dans la chambre d'Amaury Ier pendant que le soleil déclinait.
- Il n'aurait jamais dû consulter les médecins arabes.
- Leur science n'est pas moins bonne que la nôtre.
- Peut-être, mais ils sont infidèles.
Un mal de ventre l'avait terrassé alors qu'il conduisait l'armée pour des opérations de routine sur le plateau du Golan, près de Damas. Ramené à Jérusalem sur une litière, il n'avait plus quitté la citadelle de David. La graisse qui formait sur son corps des replis disgracieux avait fondu. Flasque, il gisait sur sa couche maculée, au milieu des souillures. Tout juste âgé de trente-huit ans, il avait l'air d'un vieil homme. Les praticiens royaux décelaient les signes d'une mort prochaine.
- Il se vide par le bas et par le haut. Ce sera sa dernière nuit. Laissons-le avec les siens.
Ils se signèrent et se retirèrent en marchant à reculons.
Le crépuscule avait éteint les ors de Jérusalem. On entendit sonner le carillon léger de la chapelle voisine, puis le bronze de la basilique. Dans sa chambre, il n'y avait plus que les êtres auxquels Amaury était uni par la chair et le sang : ses enfants et ses deux femmes successives. Sa seconde épouse, la reine Marie, se blottissait dans un recoin, sur un tabouret, loin du lit, déjà reléguée, secouée de sanglots qu'elle étouffait pour se faire oublier. Elle n'aurait bientôt plus le droit d'être dans cette demeure. Elle se voûtait comme une proscrite, chassée par le retour de la première épouse, la redoutable Agnès.
[C'est Raimond qui parle, p. 330]
"Toute ma vie aura été inutile. Je voulais la paix pour ce pays qui est le nôtre, mais qui n'est pas que le nôtre. Et voilà que nous allons faire la guerre. Pas une escarmouche, pas une bataille. Une guerre à mort, comme nos aïeux il y a près de cent ans quand ils arrivaient ici en croisade. Si nous perdons, nous serons jetés à la mer. Si nous gagnons, il faudra à nouveau cent ans pour rétablir la confiance".
5 minutes avec... Dominique Baudis, défenseur des Droits, invité de Pascale Clark dans le 7/9 de France Inter. (7h50 - 27 juin 2011)