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Thierry Maré (Traducteur)
EAN : 9782877305853
224 pages
Editions Philippe Picquier (25/02/2002)
3.5/5   3 notes
Résumé :

Peu de temps après la capitulation du Japon, une vieille demeure campagnarde est le théâtre d'un chassé-croisé amoureux. Ce roman met en scène Akiyama et Tomiko, des personnages veules, attendrissants qui évoluent dans des paysages naturels minutieusement dépeints sur fond de marché noir et de marasme économique, caractéristiques de la société japonaise d’après -guerre.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Grand spécialiste et traducteur De Stendhal, Ooka Shohei nous raconte dans le climat du Japon d'après-guerre une histoire psychologique d'inspiration stendhalienne.
Dans la campagne japonaise, le Crû, une région qui aujourd'hui fait partie de la banlieue de Tokyo, les protagonistes sont deux couples et un jeune homme . L'un des maris , Akiyama, universitaire et spécialiste De Stendhal a des vues sur Tomiko, la femme de l'autre couple. Alors que la femme d'Akiyama , Michiko, et la même Tomiko sont fatalement attirées par le jeune homme de vingt-quatre ans, qui rentre de la guerre. Il s'appelle Tsutomu , cousin de Michiko, il a vingt-quatre ans et pour lui les choses sont un peu plus compliquées. On y suit un chassé-croisé amoureux psychologiquement très fouillé , assez atypique pour un roman japonais, vu l'ambiance libertine qui y règne à une époque où pudeur et pressions sociales sont de norme au Japon. Shohei justifie ce vent de liberté par l'influence occidentale sur le Japon moderne suite à l'affaissement des valeurs traditionnelles consécutif à la fin de l'Empire. L'histoire est basée sur les conditions sociales de l'adultère qui considéré comme un crime sera aboli par le nouveau Code civile après la guerre , une nouvelle étape dans l'émancipation de la femme, et l'expression symbolique de l'effondrement de l'ancien système familiale du Japon. le sentiment amoureux y est intellectualisé, « leur amour grandit donc à partir de la conscience qu'ils avaient chacun d'être amoureux….à sa manière l'amour est un produit de culture et la prise de conscience individuelle y marque une étape dont on ne saurait sous-estimer l'importance.”
Ce roman est aussi une large fresque du Japon de l'après-guerre plein d'amertume, où les hommes s'agrippent au communisme sans grande conviction . L' ensemble est enrichi de magnifiques descriptions d'une nature exubérante, et du fameux Mont Fuji, qui dans le Japon shintoïste sont des symboles qui assouvissent croyances et superstitions, « Tsutomu voyait dans ce cône parfait* le symbole même de l'amour eternel ». Et il termine en apnée, avec une petite intrigue qui mettra les pendules à l'heure et une pique qui plaira aux féministes 😁!
Un auteur que je viens de découvrir sans me souvenir d'où je l'ai déniché ni acheté. En tout cas un excellent roman d'analyse. Un bémol, la traduction n'est pas terrible.

« La littérature qu'il enseignait le tenait prisonnier: professeur, il était pour toujours en dehors de la vie réelle. »

*Mont Fuji

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Je descends du bus. Comme un étranger, je regarde autour de moi. La terre, les fleurs sauvages. Puis mes yeux s'élèvent doucement, une foule disciplinée en ligne droite venue marcher, prier, communier. Je lève la tête encore un peu plus, le cou s'étire comme les nuages au loin. Un rayon de soleil me caresse la nuque, je me retourne légèrement et là je le vois. Je suis frappé, de stupéfaction, de beauté, de reconnaissance : le mont Fuji s'offre à moi, à mon coeur, à mon âme. de son sommet, j'observe l'horizon, je vois la ligne de chemin de fer s'aligner le long des collines, celle des lacs de Tama où je me verrais bien manger de l'anguille grillée. Je vois la Combe-Aux-Amours, nom prédestiné aux rencontres clandestines mais les histoires d'Amour finissent... Je vois la Dame de Musashino, dans son kimono fleuri, ceinturé de son bleu obi.

Au Crû, qui l'eut cru, ce lieu-dit dans le lit de la Nogawa, une histoire d'amour dans les temps d'après-guerre du Japon. Une histoire d'adultère ou de libertinage, quand en même temps l'on discute sur la dépénalisation de ces coucheries extra-conjugales, comme sorties d'un roman De Stendhal. Moi Stendhal, je ne connais pas, mais je t'invite d'ors-et-déjà à lire Les Feux du même Ôoka, voilà pour ma digression littéraire. Revenons à la lune bleue qui illumine cette nuit le Mont Fuji, deux couples, un jeune cousin revenant de la guerre. le décor est planté, quel décor ! Si beau, que même sur un papier jauni, j'en suis ému, de souvenirs et de désirs.

Face au Mont Fuji, ainsi je garde le silence, son regard planté dans mon coeur. Quand les mots s'envolent au vent de la passion, il reste le silence. Celui de l'amour, celui de la mort. C'est donc dans cette parfaite quiétude que je suis les inquiétudes amoureuses de ce jeune cousin au coeur décousu comme les cicatrices de la guerre, devant les sourires attendrissants de ces dames, devant les esprits retords de ces messieurs, devant les flacons de saké qui se vident, les fleurs de cerisier qui s'envolent.

Un roman d'un autre temps, où la mélancolie de l'Amour prédomine et auquel les cinéphiles peuvent avoir leur version signée Mizoguchi. D'un rouge pivoine, le soleil se couche. D'un noir obscur, les nuages s'amoncellent. le ciel gronde, les coeurs s'ébattent. Que suis-je en train de faire ? Un moment de folie, un moment d'égarement ? Aux égards du Mont Fuji, je passerai ma main dans les pans de ton kimono, pendant qu'un air de Chopin caresse l'âme de ton sexe. Souvenir éternel.
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La dame de Musashino, nous raconte l'histoire d'un amour malheureux après la capitulation du Japon. Une période charnière du japon sert de base à ce drame : des mentalités qui évoluent, les lois sur l'héritage, la dépénalisation de l'adultère, le marasme économique. Dans l'exergue de ce roman, une citation de Raymond Radiguet : »Les mouvements d'un coeur comme celui de la comtesse d'Orgel sont-ils surannés ? ».


Ce roman est sous le style de Stendhal et de Radiguet, il met en scène Tsutomu, un soldat démobilisé amoureux de sa cousine Michiko, héritière d'un domaine élevée dans les traditions. Michiko reste fidèle à son mari malgré le désamour qui les unit.

Mais ce n'est pas le seul chassé croisé amoureux, nous avons des relations adultères entre Akiyama le mari de Michiko avec Tomiko, Akiyama est dépeint comme un spécialiste de littérature française, il va calquer ses comportements aux héros de Stendhal.

L'auteur nous fait une analyse psychologique très fine de chacun des protagonistes de ce drame avec un regard pénétrant sur la nature humaine et des conventions sociales et culturel du Japon d'après guerre..

Mizoguchi a réalisé une adaptation cinématographique ‘Lady Musashino' (武蔵野夫人,Musashino fujin) en 1951.

« La dame de Musashino » reflète de la société de l'après guerre à travers ces relations extra conjugales, mais malgré le caractère humoristique de certains personnages, a un petit goût de vaudeville, J'ai eu une peu de mal avec les noms des protagonistes qui ne sont pas nombreux pourtant. J'ai moins apprécié ce roman que L'ombre des fleurs ou les feux. Mais ce roman est peut-être à mettre en correspondance avec l'actualité de l'époque (Dépénalisation de l'adultère, 1949 ?) dont il est fait référence dans ce roman.
Lien : http://nounours36.wordpress...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Ne serait-ce que pour juger si elle est bien prise ou non , une photo est susceptible d’un grand nombre de lectures différentes. Il semble qu’en général personne ne trouve sa propre image ressemblante. Non qu’elle nous ressemble pas en réalité , mais seulement par ce qu’elle ne ressemble pas à ce que nous voudrions être: tel est le cas le plus fréquent.
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A peine Michiko se fut-elle avoué son amour qu'elle ne pensa qu'à l'étouffer. Elle avait beau n'aimer plus son mari, il lui semblait que son devoir d'épouse lui interdisait irrémédiablement de reporter ses sentiments sur un autre homme. Encore moins sur le cousin Tsutomu.. Elle lui avait trop longtemps donné, dans l'histoire de son cœur, le rôle d'un jeune frère chéri, pour ne pas trouver soudain monstrueux d'avoir à parler d'amour à son sujet.
Michiko n'avait encore jamais connu l'amour. Ce qu'elle en avait lu, jeune fille, dans les romans, était généralement voué à une conclusion funeste. Elle ne se sentait ni la force, ni le désir de l'affronter. On peut penser que dès lorigine, en effet, la passion même dont elle avait brûlé pour son mari nétait pas de l'amour.
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Il se promenait souvent seul au bord de la mer. Les jours de beau temps, au soir, on pouvait voir le mont Fuji de l'autre côté de la baie de Sagami. Il avait l'air plus grand qu'au Crû, plus gros, précédant à droite la chaîne de Tanzawa, à gauche sa troupe de volcans alignée de Hakone à Amagi ; sa silhouette se détachait nettement dans le ciel au couchant. La grande faille qui traverse l'archipel du Japon avait produit ce cône parfait, parce que au long des âges de formation de la Terre le cratère ne s'était jamais déplacé, expulsant continuellement laves et scories, ainsi que Tsutomu se rappelait l'avoir lu dans la bibliothèque du vieux Miyaji. S'il avait assez de patience, leur amour aussi, peut-être, trouverait les moyens et l'occasion de se réaliser un jour...
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La bise commença à faire gémir la cime des arbres. La surface du lac s'était soudain couverte de vagues triangulaires. On voyait en quelque sorte leur tête blanche se courber sous les pas du vent qui gagnait le cæur du lac.
La pluie leur battit les joues. IIs se relevèrent et remontèrent sur la route. La plaine de Musashi fumait déjà, les nuages s'amoncelaient. Une fois passé le second barrage de retenue, les deux amants furent emportés par un vent violent qui ne connaissait pas de répit.
Les eaux du lac supérieur surplombaient de six mètres celles du lac inférieur, fermées au fond par les hauteurs qui bordaient les collines à l'ouest et dominées par les montagnes du Kantô, auxquelles une couronne de nuages donnait des airs de femme échevelée. Au bas de cette digue, les eaux tombaient dans l'étang inférieur avec une brume de gouttelettes blanches que le vent, de temne temps, dissipait.
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- Papa, dis-moi ce que je peux faire ?
La tombe ne répondit évidemment rien, mais Michiko se rappela la fermeté des principes sur la vie et la mort dont, en digne fils de samouraï, son père s'enorgueillissait quelquefois.
- Quand j'étais enfant, les Japonais s'ouvraient encore le ventre. Le seul but de l'interdit chrétien du suicide est d'empêcher que les esclaves ne ruinent leur maître en se tuant l'un après I'autre. Le confucianisme est bien loin de cette pensée molle ! On meurt, et s'il faut mourir, on se tue. Voilà comme doit agir le Sage. Notre hara-kiri est dans le droit fil de la pensée de Confucius.
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