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EAN : 9782080700124
247 pages
Flammarion (07/01/1993)
3.74/5   341 notes
Résumé :
Un ouvrage unique en son genre, relation écrite par l'acteur principal du drame qu'elle fait revivre, et publiée pendant cette guerre de huit ans, à des fins de propagande personnelle : un tour de force, qui ne fut jamais répété. Cette histoire d'un conflit prolongé est un livre de combat, en même temps que le témoignage le plus ancien et le plus important sur les origines de la France, la Belgique, la Suisse, l'Allemagne rhénane et la Grande-Bretagne.
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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En ouverture je voudrais poser la question de savoir si nous vivons bien en démocratie ? Personnellement j'en doute , car pour ce que j'en sais , des versions non modifiées des sources abondantes de l'antiquité classique , sont toujours enfermées sous clefs ( maintenant dans un cimetière numérique ) , sous prétexte qu'elles sont dérangeantes moralement ..

Alors que la pudibonderie menace à nouveau d'enterrer et d'engloutir le peu et le dramatiquement pas assez utilisé , très fantasmé , témoignage ( assez « hot » ) du décalage de civilisation ( je reste pudique ) entre nos belles sociétés libérales et l'antiquité soi-disant presque décadentes ou post soixante-huit hard avant l'heure et à manier avec précaution , surtout en ces temps troublés . Des documents qui pourtant ont eu le bonheur d'echapper à de nombreuses destructions partielles .

Je pense qu'il est de mon devoir absolu d'ami de l'antiquité , de vous rappeler ce que Suétone disait De César : « César était le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris. » . Cet homme , qui a jeté les bases de la notion d'empire en Europe , ne dédaignait donc pas d'être passif et de s'offrir généreusement à des hommes libres !

César avait pour objectif politique de prendre le pouvoir , seul ou pas trop seul , cela s'est modifié au grés des contingences politiques et au fil du temps , au début avec Pompé ensuite seul contre tous .
Il avait pour but de recentrer la République , dans une perspective plus nettement au bénéfice de la plèbe . Quitte à ce que les institutions en soient potentiellement modifiées , mais pas très en profondeur cependant , plus dans leur poids respectifs et dans leur économie globale que dans leur nature .

L'espace celtique continental est à ce moment encore très vaste , même s'il est en repli très net ( devant les poussées germaniques et slaves , indirectement ) , du Languedoc au Rhin et sur une partie des Alpes c'est un espace principalement celtique qui domine .

Rome a déjà fait antérieurement la conquête de la Transalpine ( celtique de la plaine du po ) , de la Narbonnaise ( donc du Languedoc , de la Provence , de Marseille ... ) .

César avait assez peu de soutient parmi les patriciens romains ( hormis Pompée ) .
La conquête de la Gaule chevelue , lui apportera à la fois , deniers en abondance , prestige politique et moyens militaires personnalisés .

Avec César et son passage du Rubicon , avec les guerres civiles qui ont précédées , et celles qui suivront , c'est un climat qui montre et montrera que le régime républicain , qui à bâtit Rome , semblait condamné à évoluer vers autre chose , sous la pression des maisons patriciennes rivales et opportunistes , mais aussi sous la pression des pronunciamientos militaires , et des tensions sociales amenées par une plèbe exigeante et nombreuses .

César , un nom gentilice , en viendra à définir une institution ( César a donné Tzar par exemple ) , la fonction impériale naitra officiellement avec Auguste son « successeur «.

Ce régime continuera d'un point de vue politique à tirer sa légitimité du Senat et du Peuple de Rome , mais également de ses couteuses et efficaces armées populaires et polyvalentes .

Les intérêts de césar sont parfaitement lisibles dans ce texte où il a pour ambition d'asseoir sa légitimité politique au jugé et à proportion de ses compétences et de ses capacités .
Le plus gros du texte est De César et Cicero ( le républicain forcené ) en vantera d'ailleurs les qualités de style , qui font selon lui de ces commentaires , un texte , franc , non excessivement élusif , clair , très factuel ...

Le lecteur appréciera chez l'auteur , l'art subtil de se mettre en valeur sans mépriser et sans trop dévaloriser l'ennemi ( du moins de ne pas le faire systématiquement et sans mesure ) et , sans dévaloriser non plus ses subordonnés , mais au contraire , en montrant qu'il sait les mettre en valeur , mais pas trop non plus non plus et nécessairement . César est l'homme du peuple romain et il aime ses hommes qui ne sont pas que des soldats . le lecteur contemporain ne dois pas l'oublier . Ils sont le peuple de Rome en marche ( pour la plupart encore , à cette période républicaine tardive )

César offre à Rome et à la plèbe de cette citée, la Gaule chevelue sur un plateau , et c'est ses qualités de stratèges et de politiciens aguerris qui lui ont permis de le faire , c'est le message des commentaires .
Cependant césar avait effectivement , beaucoup de qualités , c'est incontestable . le fait est que son égo est très peu surdimensionné en fait et de fait !

La guerre des Gaules est un texte très agréable à lire , que tout à chacun devrait lire , car ces évènements ont finalement modifié radicalement notre pays en profondeur et , en jetant les bases d'une Gaule latine , c'est la France que nous connaissons qui deviendra possible , et c'est un univers culturel entier qui sombrera dans l'oubli en contre mesure ( l'heritage celte ) .

Ces commentaires sont des textes passionnants , très vivants , circonstanciés et très pragmatiques , de portée très éclectique .
Ils sont véritablement une fabuleuse opportunité de découvrir des civilisations , des mentalités , des pays, des climats , des dieux , des temples , des institutions variées et pas seulement politiques , une géographie humaines .

Cependant c'est aussi un texte qui permet de saisir le caractère époustouflant des armées romaines et de leurs nombreuses compétences variées et multiples . C'est ainsi que César fait construire et détruire un pont sur le Rhin en un rien de temps . Vous serez étonnée de savoir que les gaulois portent des pantalons , qu'ils fabriquent des tonneaux , qu'ils ne font pas d'imago de leurs dieux , qu'ils n'écrivent pas les choses sacrées , qu' ils ont le culte des sources , que leur batelerie est d'une efficacité redoutable , que les druides sont les ennemis viscéralement acharnés de Rome , et que les gaulois ne sont pas vraiment des barbares au sens où vous l'entendez peut être .

Cependant ces textes traitent de campagnes militaires ( passionnantes ) et de stratégies avant tout , mais aussi et César l‘a voulu ainsi , ils traitent aussi de civilisation , de religio , et de politique ...
Apres avoir lu ce texte , avec ceux de Strabon ( géographie ) et de Tacite ( vie d'Agricola ) , assez peu de chose donc , vous aurez lu tous ce que l'antiquité classique à trouvé à nous dire sur ces irréductibles gaulois aux coutumes aussi raffinées que brutales , car finalement César n'est pas méchant au point de nous dire tous le mal qu'il aurait pu nous léguer sur la celtique , et oui ...
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J'ai mis près de deux ans pour achever cette lecture de la Guerre des Gaules de Jules César.
Je suis pourtant un passionné d'Histoire et de plus cette période antique m'intéresse particulièrement cela-dit j'ai été assez vite désappointé, je m'attendais à une autre lecture.
Je pensais, pour commencer, que l'essentiel du récit allait nous parler d'Alésia et Vercingétorix, le sujet n'est en fait abordé que dans le livre sept (sur huit), et s'il est relativement détaillé il apparaît presque comme anecdotique sur l'ensemble de l'ouvrage. Pour parler quand même du livre j'ai été déçu de n'y trouver que ce qu'il faut bien appeler l'apologie de César par César...
Il sera question de tactique, de stratégie et de guerre de mouvement, mais aussi de négociations et d'accords systématiquement violés par les gaulois. Il sera aussi question de clientélisme et de politique que l'on connaît sous le nom de "Pax romana", une main de fer...
Intéressant certes mais... il ne sera question que de cela répété de façon récurrente aux quatre coins de la Gaule, César est passé par ici, il repassera par là et bien sûr il gagne partout où il commande, veni, vedi, vici.
Il apparaît clairement que la Gaule d'alors était si divisée que sa conquête n'a été rendue possible qu'essentiellement grâce à l'aide d'auxiliaires gaulois, certains peuples nourrissant une haine séculaire les uns vis à vis des autres, ce que César saura mettre à profit.
Pour finir je vais déplorer les exagérations évidentes de l'auteur concernant les effectifs en présence lors des innombrables batailles, les chiffres de quarante à soixante mille hommes fréquemment annoncés et les pertes avoisinant souvent plus de cinquante pour cent sont simplement invraisemblables si l'on considère la population et les ressources de l'époque. Même les batailles du Premier Empire (Napoléon) n'engageaient que rarement autant de troupes...
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Un très beau texte, que j'ai lu il y a longtemps, découvrant ces commentaires de César presque en même temps que les histoires d' Uderzo et Goscinny. Et quel formidable document d'Histoire ! L'un des plus anciens documents antiques complets qui nous ait été légué !
Emprunt de philosophie stoïcienne, César relate ses campagnes militaires en Gaule avec dépouillement, privilégiant les faits et, s'il parle peu de lui, c'est avant tout sa perception juste et précise des situations et des hommes, et par suite son art politique et de chef de guerre, qui ressort des faits relatés. Son observation objective et respectueuse de ses ennemis font parfois penser à celle de Levi Strauss, tant sa perception aiguë des choses se rapproche parfois de celle de l'ethnologue. En ce qui concerne le style, déjà remarqué par Cicéron en son temps, César manie parfaitement l'art de la rhétorique classique : sans en faire trop, avec l'élégance simple d'un Bonaparte, il tourne les faits à son avantage.
Nos goûts actuels ne nous portent pas forcément vers de telles lectures, et ça ne se lit pas comme un roman, mais l'ouvrage est court (à peine 200 pages) et pourtant d'une grande richesse. Pour qui veut comprendre les origines gallo-romaines de notre pays, c'est un incontournable. Et l'on ne peut qu'admirer son auteur (traduit et commenté par Maurice Rat), qui, comme De Gaulle, non seulement faisait L Histoire mais, le sachant, a aussi participé à l'écrire.
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J'ai été agréablement surprise par la lecture de cette "Guerre des Gaules" de Jules César.
Contrairement à ce à quoi je m'attendais, je n'ai pas trouvé ici un auteur pompeux et imbu de lui-même, comme quoi les idées reçues, c'est idiot, et César, lui, était loin d'en être un.

J'ai trouvé un texte factuel et prenant de la conquête de la Gaule par César. Certes il avait son ambition politique et personnelle, l'envie de richesses (pour régler ses dettes) et la possibilité ainsi d'avoir sa propre armée, mais il nous narre ici tout de la vie de ses armées, et de la vie, également, de ses "ennemis", gaulois (celtes), germains, et belges. Et il montera jusqu'en Bretagne (la grande, de nos jours), même si brièvement, il y posera les jalons de la conquête ultérieure, ce qui augmentera considérablement son prestige à Rome.

Pour le novice (dont je suis), la pléthore de noms de tribus fait qu'on ne peut pas lire ce livre sans une bonne carte (vous en trouverez sans peine sur le net) des tribus, de leurs mouvements pendant ces guerres, etc.
Avec ça sous les yeux, tout devient bien plus clair.

La narration est simple, directe, sans fioritures, et on entrevoit, grâce à ce récit somme toute relativement honnête, je pense, la capacité de travail et la grande bravoure des unités de guerre romaines. On comprend tout l'intérêt aussi des "via romana", indispensables aux messagers pour rapatrier légions et centurions de leurs cantonnements divers (et d'hiver) quand besoin était.
On ressent que César apprécie ses hommes et son armée, et il se bat à ses côtés. C'est un stratège hors pair et, même si ces textes sont destinés à lui servir politiquement, ils sont, je pense, relativement fiables, eût égard au nombre de "témoins" qu'il y avait.

Il soigne dans ce récit son image de clémence, et quand il cède à la sauvagerie (quand il "lâche les chiens", on va dire), c'est par mesure de rétorsion, et donc le récit est tourné en ce sens. Il se peut, effectivement, qu'il ait plus ou moins "interprété" dans le sens qui lui convenait certains événements, mais bon, dans l'ensemble, tout semble plutôt logique et cohérent. (Hélas pour les perdants, ce sont les vainqueurs qui écrivent L Histoire).
Il se met en avant, mais aussi ses légats, ses lieutenants (qui sont tous cités par leurs noms, y compris les morts au combat) ne sont pas en reste, ni le gros de ses armées dont il vante le courage dès qu'il peut, et qu'il semble parfois "excuser" quand ils perdent les pédales sous la pression...

Certes les gaulois ne sont pas moins courageux, mais leur manquent l'organisation, la discipline, la constance, et la loyauté, peut-être, aussi, un peu. Ils sont divisés et n'arrêtent pas, somme toute, de se taper dessus entre eux. Leurs alliances sont aussi soudaines qu'éphémères et vu d'ici, ça fait un peu retournages de vestes au premier coup de vent... Ceci dit, je pense que quand ils voyaient arriver les légions romaines, il y avait de quoi "députer auprès de César" pour demander grâce et faire soumission... le hic étant qu'ils semblent également avoir eu la traîtrise (du point de vue de César) dans le sang (mais bon, en pays conquis, peut-on qualifier ça de traîtrise ?)...

Les remarques "ethnographiques" sont intéressantes, même si assez édulcorées, de même que la narration des contingences "matérielles" de la guerre, il faisait pas bon être agriculteur à l'époque, tu crevais la dalle parce que les armées de deux côtés venaient te piquer le blé et les animaux que t'avais passé l'année à cultiver et élever, et ce qu'ils ne prenaient pas ils le détruisaient pour pas que ça aille aux ennemis. VDM...

Après Vercingétorix et l'énorme bataille d'Alésia, la défaite des gaulois, le massacre et l'esclavage de l'armée, il y aura de nouveau quelques révoltes, vite matées, narrées par le secrétaire de César.
J'avoue qu'à part quelques batailles (Avaricum, Alésia, celle sur la plage en Grande Bretagne, et la toute dernière, Oxellodunum (Capdenac maintenant)) qui m'ont laissé des souvenirs assez précis, tout se mélange un peu dans ma tête tellement ça "bouge", dans tout ça.

Il faut dire que César ne ménage pas ses troupes et les "marches forcées" d'un bout à l'autre de la Gaule (et ça va donc de la grande-bretagne à l'aquitaine, en passant par le centre et après le Rhin... Oo) sont monnaie courante. Ces mecs-là c'était de vrais durs, je suis sûre que les meilleurs des meilleurs barbouzes de maintenant auraient du mal à les suivre... Et moi j'ai du mal à me souvenir de toutes leurs allées et venues ! Mdr !

Enfin bref, je suis contente d'avoir lu ce bouquin (un peu par hasard, je crois que c'est Sabisab qui l'a validé dans le challenge "historique" de BazaR sur le forum des Trolls, et ça m'a donné envie). (et ayant visé le palier "Jules César", c'était la moindre des choses... Mdrrrrr !).
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À la fois notre meilleure source et la plus trompeuse sur cette fameuse "Guerre des Gaules", ces commentaires sont le fruit des écrits journaliers de Caius Julius César alors en pleine campagne (on se doute qu'il aura pris soin de réécrire le tout et de le mettre en forme une fois revenu à Rome et réélu consul).
Les tournures latines perceptibles dans toute bonne traduction et le parti-pris du narrateur qui parle de lui à la troisième personne pourront agacer quelques lecteurs, mais il n'empêche que pour se mettre à la place du conquérant qui tente de comprendre ses adversaires et de justifier leur anéantissement, c'est quand même un régal !
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Cum tridui viam processisset, nuntiatum est ei Ariovistum cum suis omnibus copiis ad occupandum Vesontionem, quod est oppidum maximum Sequanorum, contendere [triduique viam a suis finibus processisse]. Id ne accideret, magnopere sibi praecavendum Caesar existimabat. Namque omnium rerum quae ad bellum usui erant summa erat in eo oppido facultas, 2 idque natura loci sic muniebatur ut magnam ad ducendum bellum daret facultatem, propterea quod flumen [alduas] Dubis ut circino circumductum paene totum oppidum cingit, 3 reliquum spatium, quod est non amplius pedum MDC, qua flumen intermittit, mons continet magna altitudine, ita ut radices eius montis ex utraque parte ripae fluminis contingant, 4 hunc murus circumdatus arcem efficit et cum oppido coniungit. 5 Huc Caesar magnis nocturnis diurnisque itineribus contendit occupatoque oppido ibi praesidium conlocat.

38 - Après trois jours de marche, on lui apprit qu’Arioviste, avec toutes ses forces, se dirigeait vers Vesuntio, la ville la plus importante des Séquanes, pour s’en emparer, et qu’il était déjà à trois jours des frontières de son royaume. César pensa qu’il fallait tout faire pour éviter que la place ne fût prise. En effet, elle possédait en très grande abondance tout ce qui est nécessaire pour faire la guerre ; de plus, sa position naturelle la rendait si forte qu’elle offrait de grandes facilités pour faire durer les hostilités : le Doubs entoure presque la ville entière d’un cercle qu’on dirait tracé au compas ; l’espace que la rivière laisse libre ne mesure pas plus de seize cents pieds, et une montagne élevée le ferme si complètement que la rivière en baigne la base des deux côtés. Un mur qui fait le tour de cette montagne la transforme en citadelle et la joint à la ville. César se dirige vers cette place à marches forcées de jour et de nuit ; il s’en empare et y met garnison.

1691 - [Le Livre de poche n° 1446/1447, p. 87]
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Début d siège d'Alésia :
Vercingétorix, avant que les Romains eussent achevé leur circonvallation, prit la résolution de renvoyer de nuit toute sa cavalerie. Avant le départ de ces cavaliers, il leur recommande "d'aller chacun dans leur pays, et d'enrôler tous ceux qui sont en âge de porter les armes ; il leur rappelle ce qu'il a fait pour eux, les conjure de veiller à sa sûreté et de ne pas l'abandonner, lui qui a bien mérité de la liberté commune, à la merci d'ennemis cruels ; leur négligence entraînerait, avec sa perte, celle de quatre-vingt mille hommes d'élite ; il n'a de compte fait, de vivres que pour trente jours au plus ; mais il pourra, en les ménageant, tenir un peu plus longtemps." Après ces recommandations, il fait partir en silence sa cavalerie ; à la seconde veille, par l'intervalle que nos lignes laissaient encore. II se fait apporter tout le blé de la ville, et établit la peine de mort contre ceux qui n'obéiront pas ; quant au bétail dont les Mandubiens avaient rassemblé une grande provision, il le distribue par tête ; le grain est mesuré avec épargne et donné en petite quantité ; il fait rentrer dans la ville toutes les troupes qui campaient sous ses murs. C'est par ces moyens qu'il se prépare à attendre les secours de la Gaule et à soutenir la guerre.
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Sur cet avis, César y envoie, au milieu de la nuit, plusieurs escadrons, avec ordre de se répandre dans la campagne d'une manière un peu bruyante. Au point du jour, il fait sortir du camp beaucoup d'équipages et de mulets, qu'on décharge de leurs bagages ; il donne des casques aux muletiers, pour qu'ils aient l'apparence de cavaliers, et leur recommande de faire le tour des collines. Il fait partir avec eux quelques cavaliers qui doivent affecter de se répandre au loin. Il leur assigne à tous un point de réunion qu'ils gagneront par un long circuit. De Gergovie, qui dominait le camp, on voyait tous ces mouvements, mais de trop loin pour pouvoir distinguer ce que c'était au juste. César détache une légion vers la même colline ; quand elle a fait quelque chemin, il l'arrête dans un fond et la cache dans les forêts. Les soupçons des Gaulois redoublent, et toutes leurs troupes passent de ce côté. César, voyant leur camp dégarni, fait couvrir les insignes, cacher les enseignes, et défiler les soldats du grand camp dans le petit, par pelotons pour qu'on ne les remarque pas de la ville ; il donne ses instructions aux lieutenants qui commandent chaque légion, et les avertit surtout de contenir les soldats que l'ardeur de combattre et l'espoir du butin pourraient emporter trop loin ; il leur montre le désavantage que donne l'escarpement du terrain ; la célérité seule peut le compenser ; il s'agit d'une surprise et non d'un combat. Ces mesures prises, il donne le signal, et fait en même temps monter les Héduens sur la droite par un autre chemin.
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Dans toute la Gaule, il n'y a que deux classes d'hommes qui soient comptées pour quelque chose et qui soient honorées ; car la multitude n'a guère que le rang des esclaves, n'osant rien par elle-même, et n'étant admise à aucun conseil. La plupart, accablés de dettes, d'impôts énormes, et de vexations de la part des grands, se livrent eux-mêmes en servitude à des nobles qui exercent sur eux tous les droits des maîtres sur les esclaves.Des deux classes privilégiées, l'une est celle des druides, l'autre celle des chevaliers. Les premiers, ministres des choses divines, sont chargés des sacrifices publics et particuliers, et sont les interprètes des doctrines religieuses. Le désir de l'instruction attire auprès d'eux un grand nombre de jeunes gens qui les ont en grand honneur. Les Druides connaissent de presque toutes les contestations publiques et privées. Si quelque crime a été commis, si un meurtre a eu lieu, s'il s'élève un débat sur un héritage ou sur des limites, ce sont eux qui statuent ; ils dispensent les récompenses et les peines. Si un particulier ou un homme public ne défère point à leur décision, ils lui interdisent les sacrifices ; c'est chez eux la punition la plus grave. Ceux qui encourent cette interdiction sont mis au rang des impies et des criminels, tout le monde s'éloigne d'eux, fuit leur abord et leur entretien, et craint la contagion du mal dont ils sont frappés ; tout accès en justice leur est refusé ; et ils n'ont part à aucun honneur. ( Tous ces druides n'ont qu'un seul chef dont l'autorité est sans bornes. À sa mort, le plus éminent en dignité lui succède ; ou, si plusieurs ont des titres égaux, l'élection a lieu par le suffrage des druides, et la place est quelquefois disputée par les armes. À une certaine époque de l'année, ils s'assemblent dans un lieu consacré sur la frontière du pays des Carnutes, qui passe pour le point central de toute la Gaule. Là se rendent de toutes parts ceux qui ont des différends, et ils obéissent aux jugements et aux décisions des druides. On croit que leur doctrine a pris naissance dans la Bretagne, et qu'elle fut de là transportée dans la Gaule ; et aujourd'hui ceux qui veulent en avoir une connaissance plus approfondie vont ordinairement dans cette île pour s'y instruire.
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Les druides estiment que la religion ne permet pas de confier à l'écriture la matière de leur enseignement, alors que tout le reste en général, pour les comptes publics et privés, ils se servent de l'alphabet grec. Ils me paraissent avoir établi cet usage pour deux raisons : parce qu'ils ne veulent pas que leur doctrine soit divulguée, ni que, d'autre part, leurs élèves, se fiant à l'écriture, négligent leur mémoire ; car c'est une chose courante quand on est aidé par des textes écrits, on s'applique moins à retenir par coeur et on laisse rouiller sa mémoire. Le point essentiel de leur enseignement, c'est que les âmes ne périssent pas, mais qu'après la mort elles passent d'un corps dans un autre ; ils pensent que cette croyance est le meilleur stimumant du courage, parce qu'on n'a plus peur de la mort. En outre, ils se livrent à de nombreuses spéculations sur les astres et leurs mouvements, sur les dimensions du monde et celles de la terre, sur la nature des choses, sur la puissance des dieux et leurs attributions, et ils transmettent ces doctrines à la jeunesse.
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